Je suis juif!
Nous ne connaissons qu'une seule chose il était un excellent médecin. Quant à son judaïsme, l'histoire reste muette à ce sujet
Cette histoire se déroule sous le règne d’Alexandre II. Dans la ville de Shushvinishki ou vivait un Juif vénérable et respecté Aron-Leib Entin. Il savait très bien prier, il était le chantre et donc toujours à Yom Kippour et Roch Hachana, il officiait avec force et sa voix faisait vibrer tous les cœurs. Combien de bonnes décisions ont été prises quand ils écoutaient comment Aron-Leib priait majestueusement et solennellement.
Aron-Leib avait une famille nombreuse, mais l’un de ses enfants a suivi un tout autre chemin. Il se rendit alors dans la lointaine Saint-Pétersbourg pour étudier médecine.
Comment et où a-t-il obtenu l’argent pour l’université, comment a-t-il réussi à survivre dans une ville immense et étrangère –nul ne le savait. Nous ne connaissons qu’une seule chose il était un excellent médecin. Quant à son judaïsme, l’histoire reste muette à ce sujet. Pourtant: il avait eu un tel succès dans la vie séculière mais sa vie spirituelle était un échec. C’est peut-être pour cela que son nom ne nous est pas parvenu. Docteur et c’est tout. Le rabbin du village n’aimait pas les conflits et donc il ne mentionnait pas le nom du médecin. Mais un jour, un Juif qui revenait de Saint-Pétersbourg raconta son histoire qui força le rabbin à changer d’attitude sur l’apostat.
La Grande-Duchesse- sœur de l’empereur- était zélée dans le domaine de la santé. Elle consacrait une grande partie de son temps à inspecter les hôpitaux. Bien sûr, au moment où l’auguste personne arriva, l’hôpital inspecté se tenait aux garde à vou. Ils devaient laver tous les coins, enlever les toiles d’araignées des plafonds, et renouveler les stocks de médicaments. Il est vrai qu’il est impossible de nettoyer plusieurs mois de décombres en un seul nettoyage, mais les avantages de telles inspections peuvent difficilement être sous-estimés. La Grande-Duchesse était bien consciente de la situation réelle et ne donnait pas de date précise pour l’inspection.
Une fois, elle visita un hôpital où notre médecin était le médecin-chef. C’est ainsi qu’on raconte. Comment un Juif de la Russie tsariste était-il devenu médecin-chef et comment pouvait-il occuper un tel poste sans être baptisé? Enigme. La Grande-Duchesse s’est longuement promenée dans l’hôpital. Elle passait de chambres en chambres et ne pouvait cachait son ravissement devant la qualité de l’hopital. Tout était en ordre : les médicaments les rapports, les sols étaient parfaitement propres – la Grande-Duchesse savait voir la qualité du travail ; quand elle passait ses doigts, le long des panneaux et des rebords de fenêtre ils revenaient propres. Elle n’avait pas rencontré de patients aussi satisfaits depuis longtemps. La Grande-Duchesse interrogeait les patients sur les soins, l’alimentation, l’attitude du personnel médical. Non pas qu’elle cherchait à découvrir des défauts, mais un tel bien-être était stupéfiant. L’inspection dura deux fois plus de temps que d’habitude.
Tout était merveilleux. Le secrétaire de la princesse a déjà rempli, sous sa direction, un énorme dossier. Le soir, lors d’un dîner de famille avec l’empereur, elle avait l’intention de parler de l’hôpital, dans lequel – vous ne pouvez même pas le croire – tout s’est déroulé comme prévu. Et bien sûr de féliciter le médecin-chef. Le médecin-chef, qui suivait l’invité de marque comme une ombre silencieuse, ne la dérangeait jamais par ses explications, laissant la parole aux employés. La princesse l’aimait aussi beaucoup. Ayant fini sa tournée, elle s’arrêta dans le hall et, avant de s’envelopper d’un manteau de fourrure, se tourna vers le médecin-chef :
– Je suis très, très satisfaite. Aujourd’hui, je vais parler à mon frère de votre hôpital. Mon très cher Docteur vous êtes tout simplement géniale. Si seulement tous les médecins-chefs vous ressemblaient…” elle ne termina pas sa phrase, et un gros soupir et un sourire mielleux qui n’avaient pas besoin de mots. elle tendit au médecin-chef sa grosse croix pour un baiser. Un murmure d’admiration parcourut le hall. Un tel geste allait bien au-delà de la bienveillance habituelle. Apparemment, le médecin-chef avait un bel avenir devant lui. Et puis… et puis l’impensable s’est produit. Au lieu de se pencher et de toucher respectueusement la croix avec ses lèvres, le médecin-chef hésita, rougit, puis dit calmement mais fermement :
« Je suis juif, Votre Altesse Impériale. Je suis juif.
– Juif ? La princesse haussa les sourcils avec mépris. Elle baissa silencieusement la croix, fronçant légèrement les sourcils, enfila un manteau de fourrure et quitta l’hôpital.
Voici, en fait, toute l’histoire. L’acte audacieux du médecin-chef a changé les intentions de la princesse et le soir, dînant avec son frère couronné, elle ne se souvenait même pas d’avoir visité l’hôpital.
Après avoir écouté l’histoire jusqu’au bout, le rabbin invita Aron-Leib chez lui.
« Je sais ce qu’on dit en ville sur votre fils le docteur, dit-il au chantre, je pense que cela vous causent beaucoup de soucis. Sachez que son « je suis juif » est apprécié au ciel au-dessus de nombreux actes de dévotions.
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