L’inventaire

Tels sont les comptes du Tabernacle… » ​​(Exode 38 :21).

La Torah fait allusion au fait que le saint Tabernacle est une métaphore pour chaque Juif, car elle dit : « Et ils me feront un sanctuaire et j’habiterai en eux » (Exode 25 : 8). Nous nous attendrions à ce que la Torah dise : « Et ils me feront un sanctuaire et j’y habiterai » . Nos sages interprètent « en eux » comme « dans le cœur de chaque Juif ». Par conséquent, comme le Tabernacle est interchangeable avec chaque Juif, chaque détail du Tabernacle est une directive subtile pour chaque Juif.

« Ce sont les comptes du Tabernacle » – Onkolos », oriente vers un type d’inventaire personnel que chaque personne doit faire quotidiennement. Le livre des « Devoirs du cœur » dit qu’une personne ne peut pas atteindre un tikkoun, dans sa vie sans se consacrer une heure quotidienne à  « faire le point sur soi-même ». Pourquoi et comment ? L’épicier du quartier vérifie chaque jour son stock. Par exemple, supposons qu’il vende normalement 100 litres de lait, 100 miches de pain et 500 œufs chaque jour. A la fin de chaque journée, il vérifie son stock et commande en conséquence pour le lendemain. Par exemple, s’il lui reste encore 10 litres de lait, 10 miches de pain et 100 œufs, alors il ne commandera que 90 litres de lait, 90 miches de pain et 400 œufs pour le lendemain. S’il ne fait pas son inventaire quotidien, il perdra de l’argent de toute façon : s’il lui manque du stock, il perdra des clients ; s’il a du surstock, les produits et son argent seront gaspillés.

Si l’épicier local doit vérifier quotidiennement son inventaire, alors nous – les serviteurs d’HaChem – le devons certainement. Comment nous sommes-nous comportés au cours des dernières 24 heures ? Avons-nous traité équitablement nos affaires et nos questions professionnelles avec d’autres personnes ? Avons-nous prié dans un minyan ? Avons-nous consacré le temps dont nous disposions à l’étude de la Torah ou à faire des mitsvot, ou avons-nous gaspillé notre temps sur le Web? Ce « bilan » quotidien de nous-mêmes est d’une importance cruciale. Dans la loi d’HaChem, comme le comprend toute société démocratique, il n’y a pas de double incrimination. Une personne ne peut pas être jugée devant plusieurs tribunaux pour le même crime. La Guemara souligne que là où il y a jugement en bas, il n’y a pas de jugement en Haut. Concrètement, cela signifie que lorsque nous nous évaluons nous-mêmes, la Cour Céleste n’est pas autorisée à nous évaluer. Quelle immense faveur !

Imaginez qu’une personne ne parvienne pas à s’évaluer un jour donné. La Cour Céleste ouvre son dossier et entame un examen rigoureux : « Yankel’e, pourquoi n’as-tu pas prié dans un minyan ce matin ? Pourquoi as-tu parlé au milieu du Kaddish ? Pourquoi as-tu crié à ta femme et tes enfants ? Pourquoi tu n’as pas donné de tsedaka aujourd’hui ? Tu as perdu 40 minutes en bavardages inutiles et tu prétends que vous n’as pas le temps d’ouvrir une Guemara ? Et la liste est encore longue. Chaque accusation appelle un jugement sévère qui se manifeste par une sorte d’aggravation dans ce monde. Yankel’e aurait pu s’épargner tant de chagrin…

Plus une personne s’engage quotidiennement dans une auto-évaluation, meilleure est son évaluation. De plus, il n’a pas besoin d’attendre Eloul et les grandes fêtes pour « faire Techouva » comme il le faisait pour les examens. S’il ne s’est pas évalué pendant la semaine, alors il devrait au moins s’évaluer et faire Techouva avant Chabbat, afin de recevoir la sainteté de Chabbat avec une âme pure.

En pratique, une auto-évaluation quotidienne est requise pour Techouva. Qui peut se souvenir de ce qu’il ou elle a fait à Adar pendantle mois d’ Eloul et avant Roch Hachana ? Souvent, nos difficultés dans la vie sont la conséquence de transgressions non rectifiées, de celles pour lesquelles nous n’avons jamais fait Techouva. Ainsi durant notre inventaire spirituel quotidien,  nous faisons le point sur tout ce que nous avons fait au cours des 24 heures précédentes, et c’est le plus grande bien que nous puissions nous rendre. Sans parler de qui dans le monde voudrait laisser passer l’occasion quotidienne d’avoir une audience privée avec le Roi des rois ? C’est le paradis sur terre, quelles que soient les difficultés auxquelles nous devons faire face. Ce qui est bon pour l’épicier du quartier est donc bon pour chacun d’entre nous.