Le Tsitsith: La protection totale
On peut dire que les tsitsith incarnent la célérité et la sainteté avec lesquelles il convient d'accomplir la mitsvah.
Parle aux enfants d’Israël et dis-leur de se faire des franges aux coins de leurs vêtements, dans toutes leurs générations… des franges dont la vue vous rappellera tous les commandements de l’Eternel… afin que vous ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux… Vous vous rappellerez ainsi et vous accomplirez tous Mes commandements… (Nombres 15:38-40).
Le Léka’h Tov demande: Nous voyons tous les jours nos tsitsith sans pour autant nous rappeler toutes les mitsvoth; ils n’exercent aucune influence sur nous? De plus, pourquoi le verset mentionne-t-il deux fois le concept de souvenir: dont la vue vous rappellera, et vous vous rappellerez ainsi (Beth Yits’hak)?
Le Roi David avoue à Dieu: des maux sans nombre m’assiègent et je ne peux voir (Psaumes 40:14). Il est aussi écrit: Vos méfaits ont mis une barrière entre vous et votre Dieu (Isaïe 59:2). Car les transgressions bouchent le cœur. Nos Sages enseignent à cet effet (Yoma 39a): Ne lis pas vénitmétem (vous en serez souillés), mais vénitamtem (vous serez bouchés, vous en perdrez la raison). Comme nous ne voyons plus rien, la sainteté ne peut pas nous imprégner. Si notre faculté de vue était bonne, nous aurions discerné la sainteté et accompli les préceptes divins: les tsitsith exerceraient alors une influence sur nous… Nous trouvons deux fois le concept de souvenir parce que, si nous voyions [les tsitsith], nous nous rappellerions [les mitsvoth] et serions sanctifiés. Mais si nous nous égarons après notre cœur, nous ne nous rappellerons rien et les tsitsith n’exerceront aucune influence sur nous.
A notre grand désarroi, nous voyons aujourd’hui de nombreux érudits qui s’engagent dans l’étude de la Torah, mais ne veillent pas à l’accomplissement des mitsvoth: ils parlent des futilités, médisent l’un de l’autre, et leurs péchés arrivent jusqu’au Ciel (Erkhin 15b). Pourquoi alors les tsitsith ne les aident pas à éliminer ces mauvais traits?
Car si nous voulons que les tsitsith nous protègent, nous devons prendre constamment conscience de leur présence sur notre corps. Nous nous rappellerons alors toutes les mitsvoth de la Torah car la mitsvah des tsitsith équivaut à tous les autres commandements (cf. Nédarim 25a). Nos yeux ne se détourneront certainement pas vers le mal. Mais si nous oublions que nous portons les tsitsith, nous finirons par oublier la présence de Dieu parmi nous.
Le Talmud (Ména’hoth 44a) raconte l’épisode d’un homme qui se préparait à commettre l’adultère, quand il en a été empêché par les franges qui lui frappèrent le visage. La mitsvah des tsitsith l’a ainsi protégé de ce grave péché… La question se pose toutefois: comment cet homme s’est-il laissé séduire? Pourquoi les tsitsith ne l’ont-ils pas protégé avant qu’il ne commençât son acte infâme?
Notre homme portait certes des tsitsith, mais il ne s’est tout simplement pas rappelé qu’il en était revêtu, il s’est abstenu de les regarder.
Le Alchikh compare les franges à un fil qu’on enroule autour du doigt pour se rappeler quelque chose. Mais si on ne les met pas dans l’intention précise de nous rappeler les mitsvoth, on ne se rappellera rien… Ce n’est qu’en commençant son acte infâme que notre pécheur a jeté un regard sur les tsitsith: au lieu de commettre un péché redoutable, il s’est rappelé les préceptes divins.
Hâtons-nous donc de porter les tsitsith avant que le mauvais penchant n’exerce son influence sur nous. La célérité fait partie des dix vertus de l’échelle des valeurs de Rabbi Pin’has ben Yaïr (Avodah Zarah 20b; voir aussi Pessa’him 4a). Accomplissons de même toutes les autres mitsvoth avec célérité et enthousiasme (Bérakhoth 6b). Comme cet homme, nous fuirons alors le péché.
Parlant de Yossef, le verset (Genèse 39:11) dit: comme il était venu dans la maison pour faire son travail… c’est-à-dire d’après certains commentateurs, pour commettre l’adultère avec la femme de Potiphar, la femme de son maître (Sotah 36b): comme il se déshabillait, qu’il a vu ses tsitsith et que le visage de son père lui est apparu (loc. cit.) il abandonna alors son vêtement dans sa main, s’enfuit, s’élança dehors (Genèse 39:12)… Car celui qui porte les tsitsith, la Providence Divine réside en lui (Zohar, fin de la sidrah Chéla’h). C’est cette Chékhinah que Yossef a vue, comme il s’apprêtait à commettre le péché.
Nous pouvons ainsi mieux comprendre le commentaire de Rachi du verset Joseph se précipita au cou de son père et pleura longtemps dans ses bras… (Genèse 46:29). Ya’akov est resté impassible à cette scène et n’a pas montré le moindre signe de surprise. N’oublions pas que cela faisait dix-sept ans qu’il n’avait pas vu son fils: il était tout entier plongé dans la récitation du Chéma’… Ya’akov venait d’être informé par ses fils que Yossef était le gouverneur de la contrée; c’était lui qui veillait sur la distribution du blé à tout le peuple du pays (Genèse 42:6), qu’il avait réussi à éliminer les forces du mal qui sévissaient en Egypte. Ya’akov voulait savoir si, lors de son séjour en Egypte, Yossef n’avait pas oublié les commandements divins. Lorsqu’il comprit qu’il régnait sur la kelipah de l’Egypte, il s’est exclamé: Je puis mourir à présent, puisque j’ai vu la face… (ibid. 46:30). Il a compris que son fils était vraiment intègre et qu’il n’avait pas commis de péché.
On peut dire que les tsitsith incarnent la célérité et la sainteté avec lesquelles il convient d’accomplir la mitsvah. En effet, le verset stipule: dis-leur de se faire des franges sur kanfé (littéralement: les ailes) de leurs vêtements.
L’Eternel promet aux enfants d’Israël de les porter sur kanfé nécharim (l’aile des aigles) (Exode 19:4): nos Sages expliquent que tout comme l’aigle dépose ses petits sur la partie supérieure de ses ailes pour que les chasseurs ne les tuent pas (Tan’houma, Exode loc. cit.) il préfère que les flèches de l’arc le touchent personnellement le Saint, béni soit-Il, protège les enfants d’Israël de tout mal. D’ailleurs, le terme KaNFé a la même valeur numérique que ‘AF (150, voler), pour montrer que les tsitsith visent essentiellement à rappeler à l’homme qu’il doit accomplir les mitsvoth avec la célérité de l’oiseau qui vole, fuit le chasseur. Autrement, il tombera dans le filet. Il en est de même de l’individu: s’il n’accomplit pas en toute hâte les mitsvoth, il court le risque de se laisser séduire par le mauvais penchant par son cœur et ses yeux.
Mais s’il se rappelle les commandement divins, il sera toujours saint, comme il est écrit: Vous serez saints pour votre Dieu. Il aura aussi le mérite de sortir du pays d’Egypte, celui des forces du mal, et grâce à ce mérite, il pourra accomplir toutes les mitsvoth.
Pour achever ce chapitre, citons quelques vertus des tsitsith, telles qu’elles sont mentionnées dans le Zohar (fin de la sidrah Chéla’h):
1) Grâce à cette mitsvah, on en accomplit toutes les autres. Elle sert en somme de plaque d’or pur (Exode 28:39), signe des mondes supérieurs, qui expie l’insolence quand on la regarde (Zéva’him 88b). C’est aussi le rôle que jouent les tsitsith.
2) Tout celui qui sort de chez lui revêtu de tsitsith et de téfilin, la Providence Divine réside en lui, et l’ange qui veut porter des accusations contre lui doit s’en abstenir et dire Amen malgré lui. En revanche, celui qui ne s’en revêt pas, subit un châtiment sévère: en se présentant dans le monde futur, aux portes de l’enfer, les habits crasseux, il doit revêtir un autre habit avant de passer en jugement dans le Tribunal Céleste. Le plus sage des hommes nous conseille qu’en tout temps, tes vêtements soient blancs… (Ecclésiaste 8:9). Mais celui qui porte régulièrement des tsitsith ne péchera certainement pas (Ména’hoth 43b).
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