Laissons entrer le soleil
« Il faut que tu voies les bons points en toi, que tu saches que tu es quelqu’un de bien ». « Moi ? Quelqu’un de bien ? » s’étonna la femme, « je suis pleine de fautes...»
« Il faut que tu voies les bons points en toi, que tu saches que tu es quelqu’un de bien ». « Moi ? Quelqu’un de bien ? » s’étonna la femme, « je suis pleine de fautes, de défauts et de tristesse, je crie sur mes enfants, je les mine et je rends mon mari fou ! En quoi suis-je quelqu’un de bien ? »
La joie des femmes
Les femmes d’Israël sont très chères aux yeux d’Hachem, béni-soit-Il, et comme nous l’avons vu dans les articles précédents, elles portent en elles des richesses et des potentielles uniques sur lesquelles reposent le judaïsme tout entier – une foi naturelle, le dévouement, la force d’une prière expriment d’un cœur doux, une sagesse unique, la sensibilité, et bien d’autres encore.
Et il se trouve que, proportionnellement à leur place importante et à leur niveau élevé, les femmes d’Israël doivent faire face à un plus grand yetser ara (mauvais penchant) qui cherche à les affaiblir de sorte qu’elles ne soient pas en mesure d’accomplir les nombreuses tâches qui incombent. Les armes les plus efficaces qu’utilisent le yetser ara pour atteindre son mais sont la tristesse et le découragement. Chaque femme sait très bien qu’il y a des périodes où tout parait tellement sombre dans sa vie, qu’elle peut en arriver à perdre le goût de vivre, D.ieu préserve, et évidemment dans ces moments-là, tout le foyer juif s’effondre.
Avant d’apprendre comment échapper au yetser ara de la tristesse, observons tout d’abord la vie de la reine Esther, voyons quelles épreuves elle a dû traverser et comment elle les a surmontées. Il faut savoir que la prise d’Esther au palais d’Assuérus s’est passée quelques années avant le décret d’Aman, de telle sorte que Mordeh’ai (Mardochée) et Esther ne s’imaginaient pas que cela était lié à la délivrance du peuple juif, mais cela ressemblait plutôt à un enlèvement d’Esther à son mari par les serviteurs du roi, conformément à ses ordres.
La reine Esther avait près de soixante-dix ans quand on l’a prise au palais. Chacune peut s’imaginer quelle épreuve cela représente !
Une femme pieuse, proche d’Hachem, qui mène sa vie dans la maison où elle a grandi -celle de Mordeh’ai, le juste de sa génération- se retrouve soudain emmenée au palais d’un roi idolâtre avec pour choix d’être soit sa femme, soit sa maîtresse. Dans un tel moment de crise et d’abattement, le yetser ara a dû se présenter à Esther de toutes ses forces pour la faire tomber – comme il le ferait avec toute personne perturbée- en l’attaquant à coups de pensées tristes, de désespoir : « Regarde un peu ce qu’Hachem te fait ! Il te jette dans les bras de ce goy, que vas-tu devenir ? Comment pourras-tu préserver ton identité juive ? Qui te fera le Kiddouch ? Qui te chantera des chants de Chabat ? Et le seder de Pessah’ ? Regarde-toi ! Tu es dans une maison d’idolâtrie, tout le monde ici blasphème… Ca y est !
C’est ici que tu finiras ta vie ! Tu es une impie ! Sinon Hachem ne t’aurait pas fait ça, Il te déteste ! Regarde-toi : tu n’étudies pas, tu ne pries pas, tu es vêtue comme une goya, tu perds ton temps ! Regarde où tu es tombée ! A soixante-dix ans, quelle honte ! »
Ce ne sont là que quelques exemples de toutes les sortes de pensées déprimantes que le yetser ara aurait facilement pu mettre dans le cœur de la reine Esther. Il est clair qu’elle a dû se renforcer contre lui, car si elle l’avait écouté et était tombée dans la déprime, elle n’aurait pas été la reine Esther grâce à qui le peuple d’Israël a été sauvé, mais Esther la désespérée dont personne n’aurait entendu parler. Elle n’aurait pas eu le mérite de délivrer le peuple juif, d’écrire la Méguila, et Pourim n’existerait pas.
Mordeh’ai traversa, de son côté, une épreuve similaire. Le fait qu’on lui prenne Esther était certainement une tragédie, et le yetser ara a dû venir l’affaiblir également : « Regarde comme on te punit ! Hachem est en colère contre toi ! Comment peux-tu rester assis et accepter cela ? Apparemment tu es un impie, si tu étais juste, Hachem ne t’infligerait pas ça… »
Donc si Mordeh’ai et Esther s’étaient laissés aller au désespoir, nous n’aurions aujourd’hui ni Pourim, ni Pessah’, ni quoi que ce soit…
Comment Esther s’est-elle renforcée ?
Esther s’est renforcée le plus simplement du monde : par sa foi. Elle s’est dit : « La réalité est telle que je suis ici, c’est donc la volonté d’Hachem que je me trouve ici. Il en a décidé ainsi, et c’est comme ça qu’Il veut que je Le serve : d’ici. Peut-être qu’Il veut que je fasse émerger des étincelles de sainteté, tombées en ces lieux bas et indécents. Peut-être y a-t-il un autre message dans le fait que je sois là. Ce qui est sûr, c’est que j’ai ici une mission à accomplir. Seul le Saint béni soit-Il sait pourquoi Il veut que je sois là, et à partir de là, je vais me renforcer et Le servir du mieux que je peux ! ».
Esther aurait pu voir les choses différemment : « Hachem ne m’aime pas, j’ai échoué » et toutes sortes de pensées déprimantes. Mais elle a choisi de travailler à se renforcer : « Hachem m’aime toujours, et s’Il veut que je sois ici, dans cette situation, qu’importe ? Tout est pour le bien. Hachem veut que je le serve dans ces conditions difficiles, et ici aussi, je suis entre Ses mains ». Grace à son renforcement, Esther est restée dans la joie et a mérité de libérer le peuple d’Israël.
Mordeh’ai en a fait de même, le salut est donc venu de ces deux justes qui se sont renforcés et ont servi Hachem dans les conditions et la réalité qu’Il leur a données.
C’est une leçon essentielle pour chacun : savoir combien il incombe à l’homme de se renforcer dans toute situation. Une personne doit parfois se trouver dans un endroit où il lui est difficile de servir D.ieu, comme chez ses beaux-parents, ou tout autre éloignement qui ne lui convient pas, aussi bien pour vivre que pour servir D.ieu. Et s’il ne se renforce pas, il tombe immédiatement et se convainc que de là où il est, il ne peut servir D.ieu. Il rouspète : « Comment puis-je bien servir D.ieu dans des conditions pareilles ? Je n’étudie pas, je ne prie pas, quel exil, quelle obscurité, où Hachem m’a-t-il mis ? Qu’attend-Il de moi ? Est-ce qu’Il veut me faire tomber ? M’éloigner de la sainteté ? Apparemment je n’ai pas de mérite, je suis mauvais… » etc.
Et même si l’exil qu’il traverse est « un peu » moins pénible que le palais d’Assuérus, malgré tout, il ne se renforce pas, mais glisse doucement dans les bras du désespoir en collaboration avec le yetser ara, auteur de ce chaos…
On peut donc voir les choses de deux façons. L’homme se doit de voir ce qu’il traverse positivement, sous l’angle de la foi, du renforcement : « J’ai ici un travail à faire, quelque chose à clarifier, c’est comme ça qu’Hachem veut que je le serve, c’est une satisfaction pour Hachem de voir que je veux me rapprocher de Lui… » etc.
Sache qu’à partir du moment où l’homme s’attache à la foi, il peut servir Hachem de n’importe où et dans n’importe quelle situation, comme l’écrit notre saint Rabbi Nah’man :
« Quand l’homme a un cœur, l’endroit où il se trouve n’a aucune importance, car au contraire, il est lui-même l’endroit du reste du monde, car la sainteté réside dans le cœur, comme il est écrit (Psaumes, ע”ג) : « le rocher de mon cœur » et dans la Paracha Chemot : « mon endroit et en moi » –l’homme est l’endroit du monde et pas l’inverse. Donc celui qui a un cœur d’Israël, il n’est pas convenable qu’il dise que cet endroit n’est pas bon pour lui, puisque le concept d’endroit ne le concerne pas. Au contraire, il est l’endroit du reste du monde. »
Comme nous l’avons vu avec la reine Esther -qui a atteint, dans un endroit et une situation terribles, des niveaux élevés, jusqu’à la prophétie, grâce au fait que son cœur était rempli de foi et de sainteté-, lorsque une personne à un cœur, l’endroit où elle se trouve n’a plus d’importance.
Tout le monde a ce mauvais penchant qui cherche les mauvais côtés, surtout les femmes, le yetser ara les tracasse beaucoup plus avec ça car elles font beaucoup de mitsvotes (commandements) pratiques et sont plus impliquées dans le monde matériel ; elles doivent donc énormément se renforcer et surmonter le mauvais penchant de l’auto-rabaissement.
Il arrive que ce rabaissement de soi-même soit si grand que la femme ne peut plus bouger, elle est sous l’emprise de la tristesse et du désespoir. Comme cette femme qui est venue un jour se plaindre à un Rav : « Je ne peux rien faire, ni dire des psaumes, ni prier !
Qu’est-ce qu’Hachem attend de moi ? Pourquoi ne me laisse-t-il pas Le servir ? Sur quoi dois-je faire téchouva (me repentir) ?
Le Rav lui répondit : « Hachem, béni soit-Il n’attend rien de toi, au contraire, Il est très content de toi, et se vante de toi ! C’est toi qui n’es pas satisfaite de toi-même, tant et si bien que tu n’es même pas en mesure de dire un psaume à cause de la tristesse qui t’habite. Tout ce qu’Hachem, béni soit-Il, veut, c’est que tu souries et que tu te réjouisses de toi-même.
Tu te demandes sur quoi te repentir ? Souris ! C’est là ton repentir. Car se repentir, c’est sourire. Pourquoi ? Parce que la joie, c’est la foi. Quand une personne sourit, elle exprime sa foi qu’il n’y a rien d’autre que Lui, et qu’elle se trouve entre les mains bienveillantes et aimantes du Créateur, qui veille sur elle et la guide, et que toutes les chutes et les échecs viennent de Lui et ne sont que pour son bien. Donc qui veut se repentir doit commencer par sourire et laisser Hachem le guider. »
« Alors que dois-je faire ? » demanda la femme.
Le Rav répondit : « Tu dois comprendre que la téchouva commence par un sourire, et pour ça, tu dois voir les bons points en toi, et savoir que tu es une bonne personne. »
« Je suis une bonne personne ? » demanda-t-elle. « Je suis pleine de fautes, de défauts et de tristesse, je crie sur mes enfants, je les mine et je rends mon mari fou ! En quoi suis-je quelqu’un de bien ? »
« Tu es une bonne personne ! » lui dit le Rav. « Tu es pleine de mitsvotes et de bonnes actions, de dévouement, de bonne volonté. Dis-le ouvertement : je suis quelqu’un de bien ! »
La femme se mit à bégayer, elle ne réussissait tout simplement pas à prononcer ces mots tant le mauvais penchant l’avait habituée à regarder ses propres défauts. Elle était dans une dynamique d’auto-rabaissement si forte que son image d’elle-même était terriblement négative.
Le Rav lui parla longuement et renforça son âme jusqu’à réussir à lui redonner le sourire et à lui faire dire : je suis quelqu’un de bien. Il lui expliqua également comment s’isoler pour travailler sur ses points positifs et pour remercier, et la femme s’en alla, réconfortée et joyeuse.
On peut maintenant comprendre l’origine de l’avertissement sévère de Rabénou sur la Torah רפ”ב, qui enjoint l’homme de toujours rechercher en lui pour trouver ses points positifs et ses bonnes actions, et de s’en réjouir. Comme il est écrit :
« L’homme a tout intérêt a augmenter sa joie par chaque bon point de la sainteté d’Israël qu’il trouve encore en lui-même, et ainsi, en se revigorant et en se réjouissant il peut prier, chanter et louer Hachem comme il est écrit (Psaumes, קמ”ו) « Chanter mon D.ieu tant que j’existerai ». C’est-à-dire que grâce au fait que je trouve en moi un peu de « splendeur » par chaque point positif, je peux chanter et remercier Hachem, chanter des chants et des airs composés de cet ensemble de points positifs. »
Et Rabénou, que son âme repose en paix, nous conseille fortement d’aller dans le sens de cette Torah, qui est un fondement important pour qui souhaite se rapprocher d’Hachem béni soit-Il, et pour ne pas perdre son monde, D.ieu préserve. « Car la majeure partie des gens qui sont éloignés d’Hachem le sont à cause de leur rancœur et de leur tristesse, à cause du fait que leur moral est bas, qu’ils voient eux beaucoup de défauts qui les ont amenés à faire des erreurs et à tomber dans la douleur… La plupart des gens se découragent complètement et, à cause de ça, ne prient pas avec ferveur et n’arrivent même plus à faire ce qu’ils faisaient jusqu’alors. C’est pourquoi l’homme doit beaucoup s’investir sur ce point. »
« Car toutes les chutes de l’homme, même causées par de mauvaises actions, son effondrement, la tristesse et la mélancolie dans lesquelles il sombre, tout cela ne vient que l’affaiblir pour le faire tomber complétement, D.ieu préserve. Il nous faut donc énormément nous renforcer selon cette Torah, tout le temps rechercher et trouver un peu de bon, des bons côtés en nous, et c’est de cette façon qu’on se revigore, qu’on se réjouit, et qu’on peut encore s’attendre à une libération. On sera aussi capable de prier, de chanter et de remercier Hachem, et on aura le mérite de se rapprocher de Lui. »
Donc le premier isolement que l’homme doit faire revient en fait à rechercher en lui ses points positifs, jusqu’à qu’il puisse chanter et louer D.ieu, comme il est dit dans le Torahנ”ד : « S’isoler entre lui et son Créateur et s’entretenir avec Hachem béni soit-Il, ouvrir son cœur, chercher son bon esprit, c’est-à-dire les bons points qu’il a encore en lui, les dissocier du mauvais esprit… Et il pourra alors déverser ce qu’il a sur le cœur, comme il est écrit « verse ton cœur comme de l’eau en présence d’Hachem ».
De là on comprend, qu’avant de penser à s’isoler pour se remettre en question ou se repentir, il faut d’abord isoler son bon esprit de l’esprit du mal, c’est-à-dire chercher et mettre en évidence ses bons côtés, et s’en réjouir. Ce n’est qu’une fois qu’une personne est de bonne humeur, joyeuse, heureuse, qu’elle peut commencer à s’isoler sur différents thèmes : remerciement, repentir, remise en question, amélioration des traits de caractère etc. Mais tant qu’elle n’est pas satisfaite d’elle-même, elle ne devrait pas faire autre chose que rechercher ses bons côtés ; c’est sa téchouva à ce stade et c’est le travail que le Créateur lui demande de faire, car avant tout, Il veut que cette personne soit joyeuse. Comme l’écrit Rabbi Nah’man, même si une personne est en effet pleine de fautes, lorsqu’elle veut se repentir elle commet une grande faute par sa tristesse. Car comme nous l’avons déjà écrit, la téchouva consiste avant tout à sourire, ensuite, le Saint béni soit-Il guide l’homme.
Chaque femme doit voir cette règle comme une limite à ne pas dépasser : la première chose à faire lorsqu’elle s’isole est de trouver en elle des points positifs et s’en réjouir jusqu’à pouvoir dire « je suis quelqu’un de bien ». Et même si ça lui prend une heure, même si ça lui prend des jours et des années, elle devra consacrer chaque isolement à cela, et elle ne passera pas à autre chose avant d’être vraiment dans la joie.
Puisse Hachem réjouir les femmes et le peuple d’Israël tout entier, et puissions-nous avoir le mérite de suivre la voie de notre saint rabbi et de toujours nous attacher aux bons côtés, et grâce à cela, nous aurons certainement le mérite d’un repentir et d’une délivrance entiers, très vite et de nos jours ! Amen.
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