Un triangle spirituel
Le moment est arrivé ! Toutes nos bonnes résolutions, tous les changements auxquels nous aspirons pour devenir la personne que nous voulons vraiment être...
Attention, attention ! Le moment est arrivé ! Toutes nos bonnes résolutions, tous les changements auxquels nous aspirons pour devenir la personne que nous voulons vraiment être (si seulement…), sont maintenant mis à l’épreuve ! Et si nous réussissons, apparemment, nous aurons une bonne raison de danser…
Une fois, j’ai assisté à une conférence lors de laquelle le Rav souligna un point très intéressant : le fait que la relation que nous entretenons avec nous-mêmes et avec notre entourage nous permet en fait de mesurer notre lien avec le Tout-Puissant. Il compara cette dynamique à un triangle : nous pouvons décider et déterminer la force et la puissance de notre relation avec D.eu à travers notre pratique et notre persévérance en ce qui concerne le commandement «Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Ou comme le dit le vieux proverbe yiddish : « Tes besoins matériels sont ma spiritualité ». En d’autres termes, le fait de s’occuper des besoins matériels de son prochain, c’est la spiritualité de l’homme.
Il n’y a pas si longtemps, tout récemment, nous avons célébré une puissante fête spirituelle : Yom Kippour. Dans ses derniers moments, juste avant que les portes du repentir ne se ferment, des couches de vanité, d’arrogance et de jalousie remontèrentà la surface, et l’étonnement nous saisit, en pensant qu’on avait devant nous une occasion qui nous avait presque glissé entre les doigts. Nous étionsdéterminésà changer, à continuer à nous concentrer sur les valeurs les plus chères et importantes de la vie, et à nous rapprocher du Créateur.
Et voilà déjà la veille de Souccot. La maison doit être propre, les repas doivent êtreprêts et bons, la soucca doit être construite et… Tout cela en continuant à s’élever, avec les feuilles de myrtes et de saule qui remplissent le frigo, alors qu’il y a à peine assez de place pour la nourriture qu’on a préparée ! Car nous voulons nous réjouir pendant la fête (on en a même le commandement – « tu te réjouiras pendant ta fête… »), nous voulons rester connectés, êtreà un niveau spirituel élevé –si seulement les gens (surtout nos proches) arrêtaient de nous courir entre les jambes et de nous barrer le passage.
Mais mes chers amis, c’est ça ! Toutes nos bonnes résolutions, tous les changements auxquels nous aspirons pour être de meilleures personnes sont maintenant mis à l’épreuve ! Ce n’est pas facile (et personne n’a dit que ça le serait) et pour être tout à fait honnêtes, admettons tout simplement que c’est très difficile. Mais le verdict n’est pas encore signé. Nous avons une occasion de prouver qui nous sommes vraiment, de montrer à Hachem, béni soit-Il, que nous sommes sérieux en ce qui concerne nos bonnes résolutions, avant que les livres ne soient signés et refermés à Hochana Rabba. Et si l’on y arrive, alors on aura une bonne raison de danser…
Il y a une belle histoire, qui illustre bien les hauteurs que l’on peut atteindre par la mitsva « tu aimeras ton prochain comme toi-même » :
« On ne pouvait ne pas remarquer cet homme, couché dans un coin de la synagogue et ronflant bruyamment. Ses vêtements étaient sales et une forte odeur d’alcool émanait de lui. Les fidèles de la synagogue étaient choqués ! Comment était-ce possible qu’un juif en arrive là, qui plus est la veille de Yom Kippour !
Lorsque le soleil commença à décliner, le calme s’installa dans la synagogue. Le Rabbin entra et marcha vers l’arche sainte. Celle-ci s’ouvrit, et le bedeau commença à en sortir les sifrei Torah pour se préparer à la prière du Kol Nidrei, se faisant imminente.
C’est alors que l’homme ivre décida que c’était le moment de se réveiller. Il se dirigea vers la bima, frappa sur la table et appela les fidèles pour les akafot ((les tours de danse que l’on fait à Sim’hat Torah, en portant les rouleaux de la Torah).
Choqués et abasourdis, les fidèles n’étaient pas loin de le mettre dehors, lorsque le Rabbin s’adressa à eux en disant : « Laissez-le. Pour lui, c’est le moment des akafot. Il y est déjà. »
Le lendemain soir, alors qu’il était attablé avec ses disciples autour du repas de la fin du jeun, le Rabbin leur raconta l’histoire de cet homme, Rabbi Shmouel, l’ivrogne Kol Nidrei…
« Le matin de la veille de Kippour, le jour le plus saint, une rumeur parvint aux oreilles de Rabbi Shmouel : on avait jeté en prison un juif (qui était son ami), sa femme et leurs six enfants, parce qu’ils n’avaient pas payé leur loyer. Rabbi Shmouel se tourna vers le propriétaire et le pria de libérer la famille, mais celui-ci refusa. « Tant que toute la somme ne me sera pas versée, jusqu’au dernier centime que cet homme me doit » jura-t-il, « ce juif et sa famille ne seront pas libérés. Et maintenant, sors d’ici avant que je ne lance mes chiens sur toi. »
Rabbi Shmouel ne supportait pas l’idée que la famille de son ami allait passer le jour le plus saint, Yom Kippour, en prison. Il décida de récolter la somme qu’ils devaient pour pouvoir les libérer.
Il passa toute sa journée (la veille de Kippour), à faire du porte à porte pour recueillir de la tsedakaet les faire libérer. Malgré le fait que tout le monde ouvrit son cœur et son portefeuille, l’après-midi arrivée, il manquait encore 200 roubles. A quelques heures de la fête, où trouverait-il l’argent ? Il passa alors à côté d’une taverne et y aperçut un groupe de jeunes gens, bien habillés, jouant aux cartes. Il remarqua également une grosse pile de billets et de pièces d’or et d’argent sur la table.
Rabbi Shmouel hésita. Que peut-on attendre d’un groupe de jeunes juifs qui passent la veille du jour le plus saint de l’annéeà se pervertir dans ces futilités ? Mais il se souvint alors de cette pauvre famille qui devrait passer ce jour dans une cellule, et comprit qu’il n’avait pas d’autre choix. Il se dirigea vers leur table et leur parla de la situation de la famille.
Ils allaient le renvoyer –les mains vides- quand l’un d’eux se leva et dit : « Ne serait-il pas marrant de voir un hassid juif ivre ? » Il fit signe au serveur de venir et commanda un demi litre de vodka. « Si vous buvez cela en une fois, » dit-il à Rabbi Shmouel, « je vous donne 100 roubles. »
Rabbi Shmouel fixa le grand verre qui était posé devant lui, puis regarda la pile de billets que l’homme lui montrait. A part quelques « Leh’ayim » le
Chabath ou lors de mariages, Rabbi Shmouel n’avait jamais bu en dehors de Pourim (puisque c’est une mitsva à Pourim)… Mais il était déterminéà aider son ami. Il but le verre de vodka, en une seule fois.
« Bravo ! » S’écria l’homme en lui tendant un billet de 100 roubles.
« Mais ce n’est pas suffisant, » dit Rabbi Shmouel, et sa tête se mit à tourner sous l’effet de la boisson. « Il me faut encore 100 roubles pour sortir cette famille de prison ! »
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