Le vendeur de chaussettes 

Rabbi Méïr raconte que dans une ville habitait un artisan qui ne manquait jamais sa prière dans la synagogue, qu’il pleuve ou qu’il vente. Et lorsqu’il n’y avait pas minyan, il priait tout seul. Regardant une fois par la fenêtre tout en fumant sa pipe, avant la prière du matin, le Baal Chem Tov vit l’artisan qui se dirigeait vers la synagogue, et trembla de stupéfaction. 

“Regarde ! Qui est cet homme qui tient son talith et ses téfilin sous le bras ?” demanda-t-il au maître de maison.  

“C’est un artisan qui se dirige vers la synagogue”. 

“Appelle-le et dis-lui de venir me voir”. 

“C’est impossible ! Il n’acceptera jamais de venir”, répondit le propriétaire. Le Becht se tut. 

Après la prière, il fit appeler l’artisan pour qu’il lui vende quatre paires de chaussettes. Ce qu’il fit.  

“Combien vaut chaque paire ?”, lui demanda le Becht. 

“Une pièce d’or et demie”, répondit-il.  

“Peux-tu me la vendre pour une pièce?” demanda le Becht. Mais l’artisan ne répondit point.  

Le Becht chargea alors une tierce personne de marchander avec lui.  

“Tu refuses ainsi de vendre à moins d’une pièce et demie d’or ?”lui dit-il. 

“Si je voulais les vendre à un prix inférieur, je l’aurais dit tout de suite”, répondit l’artisan.  

Le Becht lui acheta quatre paires de chaussettes au prix demandé. 

“De quoi vis-tu ?”demanda le Becht. 

“De mon métier”, répondit l’artisan. 

“Comment fabriques-tu tes chaussettes ?” 

“…Je plonge mes quarante ou cinquante paires dans une auge pleine d’eau chaude, et je les écrase avec les pieds… » répondit-il. 

“Et comment fais-tu pour les vendre?” 

“Je ne sors pas du seuil de ma maison; les marchands m’apportent de la laine que je leur paie en leur laissant une marge de bénéfice ; je leur vends ensuite mes chaussettes…Sachez que c’est pour vous honorer que je suis venu chez vous… Mes sorties sont exclusivement réservées à la synagogue où je fais ma prière avec ou sans minyan”. 

“Comment penses-tu financer le mariage de tes enfants ?” demanda le Becht. 

“D.ieu me viendra en aide, et mon commerce me permettra de le financer”, répondit l’artisan. 

“Que fais-tu quand tu te réveilles à l’aube ?” 

“Des chaussettes, également”. 

“Et comment récites-tu les Psaumes?” demanda le Becht. 

“Ce que je sais par cœur, je le récite”, répondit-il. 

“Ce Juif représente la base et le fondement de la synagogue, jusqu’à l’arrivée de Machia’h” dit le Becht. De là on peut comprendre l’importance de celui qui gagne son pain honnêtement. 

Tiré des prodiges du Baal Chem Tov. 

C’est une grande ségoula de raconter les histoires du Baal Chem Tov à Motsé Chabbat, pour la parnassa, la bonne santé et la réussite.