La révélation du Baal Chem Tov

Quelque temps avant que le Baal Chem Tov ne se révèle, un des disciples de Rabbi Guerchon entreprit un voyage pour rendre visite à son maître. De passage chez le Becht, ce dernier le reçut avec tous les honneurs. Après le repas, le disciple lui dit : « Israël, prépare-moi mes chevaux, je dois partir sur-le-champ !». Le Becht s’exécuta puis lui demanda : « Que diriez-vous de passer le Chabbat avec nous ? » Ce dernier se moqua de lui… Mais alors que son carrosse avait à peine parcouru deux kilomètres l’une des roues se brisa ainsi que d’autres pièces. Le disciple dut revenir pour la réparer et fut retenu jusqu’au vendredi, contraint de passer le Chabbat dans le village. Attristé, il se demandait ce qu’il allait faire avec ce villageois. Sur ce, il vit que l’épouse du Becht préparait douze pains. « Pourquoi douze ‘hallot? » demanda-t-il. « Si mon mari est un ignorant, c’est malgré tout un homme intègre. Quand j’ai vu mon frère faire le kidouch sur douze pains, j’en ai fait de même pour mon mari », dit-elle. « Avez-vous une salle d’eau ? » demanda-t-il. « Oui, nous avons même un mikvéh ». « A quoi vous sert le mikvéh ?» demanda-t-il. « Mon mari est un homme intègre qui s’y immerge tous les jours ». Malgré tout, l’hôte n’était pas satisfait d’être obligé de rester en leur compagnie. A l’heure de la prière de min’hah, il lui demanda : « Où se trouve ton mari ? » « Il est dans les champs avec le bétail », dit-elle. Le disciple récita seul la prière de min’hah et du vendredi soir, tandis que le Becht priait dans sa maison retirée.Quand il revint chez lui, il changea ses vêtements et son comportement. « Chabbat Chalom; ne vous avais-je pas dit que vous passeriez le Chabbat ici ?»

Il fit ensuite semblant de prier, puis se dit : « Si je fais le kidouch comme j’en ai l’habitude, avec une grande concentration, il va connaître la vérité ». Aussi l’invita-t-il à le faire. Ils se mirent à table à la façon des villageois et prirent leur repas dans la joie. Mais l’hôte ne pouvait cacher sa déconvenue. « Rabbi, dites-nous quelques paroles de Torah », lui demanda le Becht. Il raconta alors de façon simple l’histoire de la paracha Chemot. Puis tout le monde alla se coucher. A minuit, l’hôte se réveilla et vit un grand feu venant du poêle qu’il pensait être en train de brûler, mais ne vit qu’une grande lumière. Tout ébahi, il recula et s’évanouit. Après l’avoir réveillé, le Becht lui dit : « Tu n’aurais pas dû regarder quelque chose qui t’est défendu !». Le lendemain, le Becht retourna dans sa maison retirée pour y prier puis revint d’excellente humeur, se promenant dans la pièce en chantant. Il fit le kidouch avec beaucoup de ferveur comme à son habitude et au milieu du repas, il demanda à son hôte de lui dire quelques paroles de Torah mais, très troublé, il ne put que développer un passage simple. Après les actions de grâce, le Becht se retira dans sa maison isolée. Ce n’est qu’après min’ha qu’il se révéla. Il dévoila des secrets de la Torah que nulle oreille humaine n’avait jamais entendus. Après la prière de ma’ariv et la havdala, le Becht ordonna au disciple de se rendre chez Rabbi Guerchon sans rien lui révéler. Il le chargea aussi d’annoncer au groupe de ‘hassidim de la ville ainsi qu’au Rav de la communauté : « Une grande lumière se trouve dans votre entourage, il serait bien d’envoyer une délégation pour l’inviter à venir s’installer dans votre communauté ». Quand ils apprirent cela, ils surent qu’il s’agissait du Becht dont ils se rappelèrent les prodiges. Ils se rendirent tous dans son village pour lui demander de venir se fixer en ville. Le Becht qui avait vu tout cela avant qu’ils n’arrivent, se trouvait déjà à proximité de la ville où ils l’accueillirent et le nommèrent Rav de leur communauté…