La capacité de dire « Je me suis trompé »

Notre estime de nous-mêmes est l’une des choses les plus précieuses à nos yeux. Nous sommes prêts à tout pour la protéger. Mais tout dépend sur quoi repose cette estime.

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Posté sur 07.01.25

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi il est si ardu pour une personne de reconnaître ses erreurs ? Seules les grandes âmes, les véritables leaders d’exception, sont capables de le faire. Paradoxalement, c’est précisément depuis les hauteurs de leur grandeur qu’ils trouvent la force d’admettre leurs fautes, de consulter des personnes moins qualifiées qu’eux, d’écouter la vérité même lorsqu’elle vient de jeunes gens, et de revenir sur leurs propos si nécessaire.

Dans Pirkei Avot, l’une des qualités d’un sage est d’« admettre la vérité », même lorsqu’il pourrait utiliser des arguments pour avoir raison et gagner un débat. Ainsi, lorsque Moshé Rabénou exprima des reproches aux fils d’Aharon, et qu’Aharon répondit avec des arguments, la Torah rapporte : « Moshé entendit et cela lui sembla bon ». Nos Sages ajoutent : « Il admit son erreur sans honte et dit : ‘Je ne l’ai pas entendu’, ou encore : ‘Je l’ai entendu mais j’ai oublié’ ».

Ce modèle a été suivi par tous les sages d’Israël à travers les générations, toujours prêts à reconnaître leurs erreurs. Le Pele Yoetz dit : il faut accepter la vérité de celui qui la dit, même du plus petit des petits.

Même dans le monde profane, la capacité d’admettre ses torts est perçue comme une qualité noble et rare, car tout le monde comprend combien cela peut être difficile, presque surhumain.

La source de la difficulté

Notre estime de nous-mêmes est l’une des choses les plus précieuses à nos yeux. Nous sommes prêts à tout pour la protéger. Mais tout dépend sur quoi repose cette estime. Si elle dépend de l’opinion des autres, nous ferons tout pour ne pas paraître fautifs à leurs yeux, quitte à sacrifier la vérité.

Cependant, si notre valeur personnelle ne dépend pas des regards extérieurs, alors admettre une erreur ne pose aucun problème. Cela ne diminue en rien notre estime de nous-mêmes. Elle réside dans la conscience que D.ieu nous aime inconditionnellement. Comme l’écrit Rabbi Nathan, chaque juif est précieux et important aux yeux de D.ieu. Lorsqu’un homme vit pleinement cette vérité dans son cœur, il acquiert une estime de soi absolue, éternelle et indépendante. Cette certitude lui confère une confiance saine et authentique.

Seul quelqu’un doté de cette solidité intérieure peut apprendre de tous, demander conseil à chacun, et bien sûr, reconnaître ses erreurs sans chercher à s’imposer ou à argumenter à tout prix.

L’humilité véritable

Reconnaître ses erreurs découle d’une véritable conscience de sa valeur et n’a aucun mal à accepter la supériorité intellectuelle ou spirituelle de quelqu’un d’autre. Seul un homme de cette envergure peut se soumettre au Tsadik. La soumission au Tsadik est « L’essentiel et le fondement dont tout dépend ». Quel est l’essentiel ? « Se lier au Tsadik de la génération, et accepter ses paroles sur tout ce qu’il dit, qu’il vide son esprit sauf de ce qu’il reçoit du Tsadik et du rav de la génération”.

C’est ce que la Torah nous enseigne à travers l’histoire de Yossef et de ses frères. Yossef était le juste que ses frères auraient dû respecter et suivre, comme ses rêves l’avaient annoncé. S’ils s’étaient inclinés devant lui – non pas physiquement, mais en acceptant son autorité – la délivrance aurait pu arriver bien plus tôt.

Si l’annulation de soi ne repose pas sur une perte d’importance personnelle, en quoi consiste-t-elle alors ? Elle se manifeste dans le fait d’accepter la sagesse et la connaissance du Tsadik. Comme le souligne Rabbi Na’hman, il s’agit de « mettre de côté sa propre compréhension » pour recevoir celle du Tsadik.

D.ieu t’aime, et tu es précieux et important à Ses yeux. Il n’y a aucune différence entre l’amour qu’Il te porte et celui qu’Il porte au Tsadik. Mais D.ieu fait descendre dans le monde la sagesse et l’intelligence par le biais de la Torah et des Tsadikim qui y sont profondément enracinés. C’est pourquoi il est nécessaire de s’annuler devant leur compréhension.

Même si tu as étudié abondamment la Torah et acquis de la sagesse, il reste essentiel d’écouter et de prêter attention aux paroles de tes pairs et de tes élèves, et d’annuler ta propre opinion lorsque tu constates qu’ils ont raison !

Cela n’est possible que si tu es conscient que ta valeur personnelle est absolue, éternelle et indépendante.

Nous n’avons ni la capacité ni l’intention de porter un jugement sur les saints frères de Yossef, les tribus d’Israël. Yossef était le tsadik auquel tous ses frères auraient dû s’annuler. Cette soumission signifiait qu’ils reconnaissaient son autorité spirituelle et recevaient de lui. S’ils l’avaient fait, la délivrance complète aurait pu s’accomplir.

Même après avoir vu l’accomplissement des rêves de Yossef et constaté sa grandeur, notamment par son absence de rancune, ils n’ont pas pleinement saisi la portée de sa sagesse et n’ont pas demandé à devenir ses élèves.

Reconnaître que quelqu’un a atteint une compréhension plus profonde que soi, même si cette personne est plus jeune ou vient d’un milieu différent, est une épreuve difficile. Si notre sentiment d’importance repose sur des critères externes – comme l’ordre de naissance ou des distinctions sociales – il devient presque impossible de s’annuler devant quelqu’un que l’on considère, à tort, comme inférieur.

Lorsque tu sais que tu es précieux aux yeux de D.ieu et que Son amour pour toi ne dépend d’aucune condition extérieure, tu es capable de recevoir la vérité de n’importe qui, sans peur ni obstacle d’orgueil.

L’annulation au Tsadik

L’annulation au Tsadik ne signifie pas que tu ne vaux rien. Bien au contraire ! Ce n’est qu’en étant pleinement conscient de ta valeur que tu peux vraiment t’annuler devant un Tsadik. Ce processus n’affecte pas ta personne, mais seulement ta sagesse et ta compréhension. Tu mets ta propre intelligence de côté pour accepter celle du Tsadik, qui est enracinée dans la sagesse divine.

Dieu t’aime et te considère comme précieux et unique, et cette vérité est le fondement même de ta capacité à te lier au Tsadik et à recevoir de lui la véritable compréhension spirituelle.

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