
Les deux côtés d’une carte de crédit
L’une des créations les plus sournoises du système bancaire moderne est celle de la carte de crédit. Ce simple morceau de plastique représente à la fois la plus grande source de commodité personnelle et de liberté d’opportunité. Mais il est aussi à l’origine d’angoisse, de faillites...

L’une des créations les plus sournoises du système bancaire moderne est celle de la carte de crédit. Ce simple morceau de plastique représente à la fois la plus grande source de commodité personnelle et de liberté d’opportunité. Mais il est aussi à l’origine d’angoisse, de faillites et même de tragédies encore plus grandes pour les familles et les individus. Car, comme tout dans l’existence humaine, les cartes de crédit ont un prix. Une partie de ce coût est immédiate, mais la majorité est à long terme.
Il ne s’agit pas seulement de devoir régler la facture mensuelle – ici, en Terre Sainte, l’argent est directement prélevé sur votre compte bancaire sans préavis – mais également de gérer toute une série d’inquiétudes liées à la carte de crédit : le vol d’identité, la gêne ressentie lorsque la carte est refusée sans raison apparente, invraisemblable et injustifiée, ou encore les tracas liés à la perte de la carte, que D.ieu nous en préserve. Autant de préoccupations qui me hantent en permanence.
La liberté d’acheter sans compter grâce à une carte de crédit, comme toutes les autres libertés de la vie, peut être dangereuse. De nombreuses familles ont été ruinées financièrement et, par conséquent, détruites sur le plan domestique à cause de dettes de carte de crédit incontrôlées. Fournir une carte de crédit à un adolescent peut, si cela n’est pas strictement encadré, être la recette d’un désastre personnel et familial. Ainsi, comme la plupart des avancées et des commodités apparentes de la vie et de la société, les cartes de crédit sont une arme à double tranchant selon la manière dont elles sont utilisées ou contrôlées. La règle fondamentale de la vie, selon laquelle il n’existe pas de repas gratuit, s’applique ici avec une rigueur implacable.
Dans Pirkei Avot, il est dit que ce monde est comparable à un magnifique magasin, rempli de toutes sortes de biens que l’on peut acheter et savourer. Non seulement le magasin est ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, mais le commerçant est prêt à accorder des crédits généreux, sans aucun acompte en espèces. Mais, à l’image du système de carte de crédit israélien, le paiement est régulièrement exigé et prélevé, généralement sans aucun préavis pour le détenteur de la carte, c’est-à-dire le débiteur.
Nous sommes toujours surpris, voire pris au dépourvu, par les événements et les épreuves qui nous attendent. Et Pirkei Avot met cette réalité en évidence de manière limpide. Nous vivons tous, pour ainsi dire, sur une dette de carte de crédit. Et dans le monde spirituel, tout autant que dans le monde physique et financier, une dette doit finalement être remboursée, ou du moins négociée et réglée d’une manière ou d’une autre. La crise financière actuelle dans le monde occidental illustre puissamment cette loi de fer inéluctable du crédit et de la dette.
Les conséquences du non-paiement d’une dette spirituelle envers l’Éternel sont clairement exposées au peuple juif dans la Torah. Toute l’histoire juive peut être résumée comme un enchaînement d’emprunts sur crédit, suivis inévitablement de la nécessité de rembourser la dette contractée. Une grande partie de notre dette spirituelle, tout comme nos dettes financières personnelles, a été accumulée à travers des achats insensés et inutiles.
Notre carte de crédit spirituelle, tout comme notre carte bancaire, a une limite de crédit disponible. Je suppose qu’il y a bien des aspects de l’histoire juive que nous souhaiterions aujourd’hui pouvoir retourner au magasin. Mais le magasin de la Torah a une politique de retour très limitée, basée uniquement sur une téchouva sincère et sur une utilisation plus réfléchie de notre crédit moral et spirituel. Et ces conditions semblent assurément restreindre notre liberté d’achat dans cette vie.
L’un des grands problèmes de la société juive actuelle est le vol d’identité. Notre véritable identité, notre carte de crédit personnelle, a été soit volée, soit perdue à cause de l’ignorance, de l’aliénation, de l’apathie ou d’une négligence tragique. Si l’on demandait à certains de s’identifier auprès du Propriétaire du magasin, de nombreux Juifs en seraient incapables. Des millions de Juifs ont été privés de leur héritage et de leur histoire, de leur système de valeurs et de leur véritable mission dans la vie et dans le monde. Leur carte de crédit n’est plus valide, ayant expiré après plusieurs générations d’assimilation et d’anéantissement, tant physique que spirituel.
Aujourd’hui, de nombreux Juifs, en particulier ici en Israël, sont en train de faire une demande pour obtenir une nouvelle carte de crédit, pour eux-mêmes et pour leur famille. Nous savons tous que ces demandes ne sont pas traitées facilement, et qu’elles ne sont pas toujours acceptées. Néanmoins, la volonté de tant de Juifs de retrouver leur véritable identité, ainsi que le fait qu’Israël, dans son ensemble, adopte une vision plus traditionnellement juive – et même un comportement plus en accord avec la Torah – est un développement des plus encourageants. Cela est de bon augure pour notre avenir ici, sur notre terre.
Le crédit peut être une bénédiction, mais il doit être utilisé avec sagesse.
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