Va vers toi-même

« La rue de la paix » n'existe pas dans un quartier juif. Les défis et les tests ne sont pas seulement normaux, mais nécessaires pour mener une vie de croissance

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Ya'aqov Rupp

Posté sur 03.11.19

« Ce sera facile. Tu vas être dans un endroit où tout le monde sera d'accord avec toi. » Avant de tout quitter pour monter en Israël il y a deux ans, tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec moi mettaient fin à nos conversations avec ce sentiment. À la fin de mes études, je passais pour un cinglé de droite qui croyait réellement que la Torah était vraie. Je pensais qu'une fois arrivé à Jérusalem, ma vie serait du gâteau.

Mais j'avais tort ! La vie à Jérusalem m'a mis au défi d'une manière que je n'avais jamais imaginée. J'ai été plongé dans un monde de pensée juive dans une langue que je ne comprenais pas et j'ai commencé à lutter pour me construire d'une manière que je n'aurais jamais imaginée possible. D.ieu merci, bien que je sois marié et que je commence à m'adapter à mon environnement, la vie reste difficile. « La rue de la paix » n'existe pas dans un quartier juif. La paracha de cette semaine nous enseigne que les défis et les tests sont non seulement normaux, mais nécessaires pour mener une vie de croissance et de maturité.

La paracha de Lech Lécha se concentre sur Avraham, l'un des hommes les plus importants et les plus influents de tous les temps. Durant la vie d'Avraham, la spiritualité de l'homme a considérablement évolué. Initialement, toute l'humanité avait une part égale dans la mission divine. Tout le monde sur terre était censé recevoir la Torah. Pourtant, les deux mille premières années de la création étaient pleines d'idolâtrie, de meurtre et de vol. Bien que beaucoup de gens aient le potentiel de devenir de grands tsadikim, personne n'a relevé le défi de ramener la sainteté dans le monde. Seul Avraham a réalisé son potentiel pour devenir une personne très sainte et, en conséquence, ses enfants ont été bénis de recevoir la Torah.

Le voyage d'Avraham vers la grandeur a commencé comme suit : « Va de ton pays, de tes parents et de la maison de ton père, vers le pays que Je te montrerai. Et Je ferai de toi une grande nation ; Je te bénirai, ton nom sera grand et Tu seras béni » (Béréchit 12: 1).

Quel était le secret du succès d'Avraham ? Sa maison à H’aran n’était pas l’idéal ; Hachem lui a ordonné de la quitter et de se rendre en Canaan. Au début, il n’avait pas de grandes richesses et la Torah ne mentionne pas qu’il a fréquenté une université prestigieuse. Avraham était un homme qui s’est fait soi-même. Son ascension vers la grandeur s’est basée sur sa capacité à surmonter dix épreuves difficiles. Son succès dans ces difficultés est, pour nous, une source d'inspiration. Nous aussi, nous pouvons être formidables, quand les défis auxquels Avraham a été confronté constituent l'archétype des dilemmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui.

Mais soyons honnêtes. Qui veut vraiment faire face à un défi ? Le défi ne correspond pas au style de vie d'aujourd'hui. La technologie moderne garantit que davantage peut être accompli plus rapidement que jamais auparavant avec peu d'effort ou de diligence. Pourtant, les besoins fondamentaux de l’humanité restent les mêmes. Nous aspirons à être heureux, à tirer le meilleur parti de la vie et à nous sentir accomplis. Malheureusement, il n’existe pas de cafetière suffisamment perfectionnée pour répondre à ces besoins fondamentaux, mais les agences de publicité ne veulent pas le reconnaitre !

Le test d'Avraham est introduit avec la phrase « Lech-Lécha » qui se traduit par « Va vers toi-même ». Rachi explique que la structure des mots peut nous paraitre étrange. « Va vers toi-même : agis pour ton propre bénéfice et pour ton propre bien. » Aujourd'hui, lorsque relever des défis est moins attrayant que jamais, nous avons besoin de Rachi pour nous dire (comme à Avraham) que les épreuves auxquelles nous sommes confrontés sont totalement pour notre bénéfice. 

Le défi d'Avraham est l'archétype des dilemmes auxquels les Juifs sont confrontés partout. Avraham a été mis au défi avec dix épreuves. Quel était la première ? Clairement, pas le fait de déménager dans une nouvelle ville. Si c'était le cas, cela n’aurait pas été un test important puisque D.ieu a promis à Avraham la réussite une fois qu'il aurait atteint Canaan. Qui ne changerait pas d'adresse si on lui promettait des enfants, la richesse et l'honneur, et ce par nul autre qu’Hachem Lui-même ? 

Le rabbin Moshe Feinstein explique que l’épreuve d'Avraham était de nature non physique. Premièrement, D.ieu a testé la rationalité d'Avraham. Puisqu'Avraham avait reconnu la grandeur de D.ieu, il savait que D.ieu n'était pas inhibé par le lieu. D.ieu pouvait donner des enfants, la richesse et une bonne réputation à n'importe qui, n'importe où. Si la volonté de D.ieu était qu'Avraham ait des enfants, pourquoi aller à Canaan ? Les habitants de Canaan étaient encore plus immoraux que ceux vivant à H’aran. Avraham aurait certainement intérêt à élever sa progéniture dans le meilleur environnement possible. 

D.ieu a également testé les midotes d'Avraham (traits de caractère). Notre ancêtre était l'homme le plus gentil qui ait jamais vécu. En quittant son pays d'origine, il causerait des souffrances aux membres de sa famille qu'il laisserait derrière lui. Pourquoi D.ieu, la plus grande source de bonté, demanderait-il à Avraham de faire quelque chose qui ferait souffrir quelqu'un d'autre ?

En quittant H’aran, Avraham devait maîtriser à la fois sa logique et ses midotes, et simplement faire ce que D.ieu lui avait commandé de faire. C'était son test. Et cela, sous une forme ou une autre, est aussi la nature des dilemmes dans nos vies.

Hachem a testé la foi d'Avraham en lui demandant de faire quelque chose qui semblait contraire à la rationalité. Quand Avraham a choisi d'agir selon la volonté de D.ieu, il s'est soumis et a montré sa confiance ultime en D.ieu. 

Dans nos propres vies, la turbulence, les frustrations et les tests sont monnaie courante. Ces dilemmes nous aident à assujettir notre yetser hara, ce qui renforce notre contrôle sur nous-mêmes et nous construit en tant que personnes. Les tests deviennent de plus en plus difficiles à mesure que nous grandissons. Cela nous permet d’être constamment poussés vers de nouveaux sommets. 

La vie n'est pas une part de gâteau. Nous avons une mission importante. Nous sommes chargés de devenir nous-mêmes un reflet de l'image divine. Mais qui veut du gâteau quand même ? Il y a beaucoup plus de choses dans la vie qui offrent un plaisir plus durable sans causer un gros tour de taille. Nous devrions nous efforcer d’aborder tous nos tests avec une force et un dévouement sans faille, à l’instar de notre ancêtre Avraham. Et puissions-nous, comme lui, apporter au monde une lumière extraordinaire !

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