Dominer ses émotions
Lorsque nous irons épancher notre âme devant D-ieu, nous pourrons briser notre cœur et nous repentir. Le reste du temps, nous ne nous laisserons pas tourmenter par la culpabilité.
Cœur brisé
Le cœur brisé et la tristesse sont deux états totalement différents, voire opposés.
La tristesse, c’est de l’amertume, de la colère, une sorte de révolte contre sa condition. Le cœur brisé, c’est un noble sentiment de regret, comme un fils qui est peiné de ne pas plaire à son père. Être triste est une interdiction formelle, un grave péché. Avoir le cœur brisé peut permettre de se repentir et, donc, de se rapprocher de D-ieu.
Hélas, nous vivons dans un siècle de confusion, et rares sont ceux qui parviennent à discerner les nuances subtiles des sentiments, encore plus rares ceux qui parviennent à les diriger, à les dominer.
Rabbi Na’hman fit de la joie, un devoir sacré et chassa la tristesse, tout au long de sa vie et de son œuvre. Il conseilla de réserver au cœur brisé, au repentir, un moment précis de la journée. Le reste du temps, il faudra être gai ou s’efforcer par tous les moyens de l’être.
Lorsque nous irons épancher notre âme devant D-ieu au moment et à l’endroit fixé, nous pourrons briser notre cœur et nous repentir. Le reste du temps, nous ne nous laisserons pas tourmenter par la culpabilité.
Quelle merveilleuse idée que vivre les vingt trois heures restantes de la journée dans la joie, en nous interdisant formellement les angoisses ; puis le moment venu, d’épancher notre cœur devant le Seul qui nous comprend, veut vraiment nous aider et qui nous pardonne, lorsque nous regrettons nos fautes et que nous les Lui avouons.
Le parfait élève
Soucieux de progresser vraiment, de s’élever, Rabbi Nathan transformait systématiquement toutes les leçons qu’il apprenait de son Maître – en prières. Il savait que chaque mot contient une précieuse indication, encore faut-il le déchiffrer ! C’est précisément l’un des buts de la prière.
Il pria puis il prit note de toutes les prières qu’il fit, afin de pouvoir les redire et profiter ainsi plus tard de moments d’inspiration exceptionnels que cette pratique lui permettait.
Ses élèves découvrirent les manuscrits et le supplièrent de les publier. C’est le merveilleux Liqouté Téfiloth dont tant ont fait leur livre favori. À la fin de cet ouvrage, nous avons inséré quelques-uns de ces textes que le lecteur pourra méditer, réciter ou prolonger.
Les prières de Rabbi Nathan furent écrites dans une petite cabane qu’il avait construite dans sa cuisine, faute de trouver un autre endroit pour s’isoler ! Elles reprennent les enseignements du Liqouté Moharan et sont des hymnes purs émanant d’une âme dont le seul souci était de se rapprocher de D-ieu.
Bien que selon la tradition ‘hassidique, la récitation de ces prières ne remplace nullement notre méditation personnelle, la fréquentation de ces prières demeure une excellente école. Le souffle autant que le style de formulation sont les meilleurs modèles dont l’aspirant puisse rêver.
Il est recommandé d’imiter cet exemple et de noter les plus belles prières que nous ferons.
Pour ne pas oublier les sujets importants à propos desquels nous voudrions prier – par exemple pour le nom d’un être cher, tel ou tel point à corriger, telle ou telle faute à réparer… – il est bon de les noter et d’avoir toujours son carnet sur soi. Le moment venu, lorsque l’on s’isolera pour parler à D-ieu, on ouvrira le carnet et on pourra mentionner ce que l’on aura noté.
Appels
À tout moment peut surgir en nous une envie soudaine de faire le bien : d’étudier toute la Tora, d’aider les autres, de faire ses prières avec recueillement etc.
Ne prenons pas ces pensées à la légère : elles sont en fait très précieuses ; elles nous sont envoyées du Ciel, pour nous réveiller ; ce sont des appels. Il s’agit donc de les utiliser, de ne pas les laisser s’évanouir.
La kabbale nous enseigne que la parole a un très grand pouvoir. Un pouvoir littéralement créatif. Ce qu’il conviendra de faire, dès qu’une bonne idée nous vient, c’est de l’exprimer. Tout de suite, sur-le-champ, formulons notre envie soudaine par une courte prière que nous composerons pour la circonstance. Ceci créera déjà une forme, ce qui permettra à la pensée de se concrétiser. Ceci nous aidera par la suite, avec l’aide de D-ieu, de pouvoir accomplir réellement notre beau projet.
Cumul
“Aucune bonne intension est perdue“ enseigne le Zohar. Toutes nos pensées généreuses, nos velléités positives, nos rêves de progrès… sont enregistrés et nous vaudront une récompense. D-ieu ne lèse personne.
Il existe un principe de cumul qui totalise les milliers d’aspirations et conduit finalement à la réalisation : ceux qui ont réalisé leur rêve vous le diront. Ils surent, souvent des années durant, se contenter d’imaginer – quitte à passer pour des illuminés – jusqu’au jour glorieux où la fiction se fit réalité.
Si D-ieu tient compte et récompense le moindre élan du cœur, combien plus seront rétribuées nos bonnes paroles, nos prières – par le fait qu’elles représentent un plus grand effort que la simple pensée !
Quant au cumul, à propos de la prière, c’est tout simplement le nombre de mots requis comme récipients de la lumière du Salut. Tant que cette quantité n’est pas atteinte, le salut se transformerait en excès néfaste. Exemple : le Salut final ; il arrivera lorsque le nombre de prières nécessaire sera accompli. Ceux qui ont cherché à le précipiter ont causé des catastrophes.
Qui parle ?
S’adresser à D-ieu, entamer un dialogue avec Lui, c’est se mettre en condition pour recevoir des paroles qui nous sont envoyées du Ciel pour nous éclairer.
Lors d’une bonne séance de méditation, on pourrait arriver à un point où l’on ne sait plus vraiment qui parle ou qui répond… C’était le cas des Prophètes dont la bouche énonçait la parole du Seigneur: la Che’hina grondait dans leur propre gorge !
Ainsi, on notera dans certaines prières de Rabbi Nathan, que la personne s’adresse plutôt à elle-même qu’à son Créateur.
Mais en vérité, c’est la partie consciente qui invite la partie divine (supra-consciente) à l’éveil et ceci, au Nom de son Créateur. Il y a donc ici parfaite unification, ce qui est le vrai but de la prière !
Nous développerons ce thème important au chapitre ”Faisons l’Homme”.
Inspiration
S’isoler pour parler à D-ieu, c’est se mettre en condition pour recevoir l’inspiration: des paroles qui nous sont envoyées du Ciel pour nous éclairer. D’autres jaillissant du fond de nous-mêmes, de ces zones inexplorées où sommeillent de vrais trésors. Nous apprendrons bien des choses, édifiantes et indispensables à nos progrès de demain.
Paroles du Ciel : des efforts pour comprendre ce qu’il nous faut comprendre et pour écouter la Voix de D-ieu – nous voici prêts à recevoir l’inspiration. Si D-ieu le veut, notre moment de méditation va se transformer en leçon. À travers nos propres paroles se glissera la nouveauté du jour, le mot qui manque à une situation, le déclic émotif vital pour régler un conflit, le trait de génie qui relativise soudain les états les plus complexes… autant de messages divins sans lesquels la vie serait bien sombre et grâce auxquels l’impossible devient soudain accessible.
Du fond de nous-mêmes : parler avec D-ieu c’est susciter une leçon d’initiation à soi-même en découvrant les secrets que renferme notre trésor intérieur et qui se libèrent à la faveur du recueillement.
Savez-vous que les perles de votre enfance ne sont pas perdues à jamais ? Il se peut que vos éducateurs, votre milieu, les circonstances, les nécessités et pressions de la vie vous aient amené à enfouir ces perles tout au fond de pénombres lointaines… et même si elles remontaient occasionnellement, vous n’oseriez les partager avec personne, de peur de sembler insolite ou par crainte de les voir profanées.
Grâce à l’intimité qui se crée lors de votre dialogue avec D-ieu, grâce à la confiance que votre instinct nourrit pour ce parfait Confident, grâce à la joie et à l’audace que le fait de prier vous confère, voici que les plus profondes mémoires ressurgissent des abîmes du temps. De vos profondeurs jaillissent des sons, des soupirs, des expressions qui – passant par la parole – sortent par votre bouche entrent dans vos oreilles et atteignent ainsi votre conscient actuel – et vous voici initiés aux secrets de votre âme, sans besoin d’analyse, d’interrogatoire ni de manipulation d’aucune sorte.
Nous comprendrons l’utilité de noter sur un carnet, toutes les bonnes idées qui nous seront venues à ce moment-là. Quel journal poétique ! En le relisant plus tard, nous pourrons continuer notre recherche et profiter, pour toujours, des moments privilégiés d’inspiration.
A suivre…
Extrait du livre “La porte du ciel – Hitbodédouth ” par Rabbi Yits’haq Besançon. Reproduit avec l’aimable autorisation des Éditions du chant nouveau.
Ecrivez-nous ce que vous pensez!
Merci pour votre réponse!
Le commentaire sera publié après approbation