Il est écrit : “[Avraham] leur parla ainsi : ‘Si vous trouvez bon que j’ensevelisse mon mort… qu’il me cède le Caveau de Mach’pela (le Caveau des Patriarches) qui est à lui… qu’il me le cède contre argent comptant…’ Efron répondit : ‘… le champ, je te le donne et le caveau qui s’y trouve je te le donne aux yeux de tous mes concitoyens… une terre qui vaut quatre cents sicles d’argent, qu’est-ce entre nous ? Enterre-là ton mort.’ Avraham compta le prix qu’Efron avait énoncé.” (Béréchith 23:8-16)
La discussion entre Avraham et Efron porte sur le paiement. Avraham offre un bon prix pour le Caveau de Mach’pela et Efron le H’ithéen, de son côté, lui propose en cadeau le Caveau avec le champ qui l’entoure, mais en fin de compte “Efron parle beaucoup et ne réalise pas une seule de ses promesses.” (Baba Metsia 87a) Il exige quatre cents sicles d’argent pour le caveau, en ajoutant même : “Qu’est-ce entre nous ?”
Les commentateurs remarquent à ce sujet qu’Avraham ne demande qu’à acheter le Caveau qui était au bout du champ, tandis qu’Efron précise plusieurs fois “le champ et le caveau.” Pourquoi veut-il lui donner le champ en plus du caveau, alors qu’Avraham ne le lui demande pas ? Finalement, Avraham achète aussi le champ, comme il est écrit (ibid. 17-18) : “Ainsi le champ d’Efron, situé à Mach’pela en face de Mamré, le champ avec son caveau, les arbres qui le couvraient dans toute son étendue à la ronde, fut dévolu à Avraham comme acquisition, en présence des fils de H’eth.”
Pourquoi, en fin de compte, Avraham achète-t-il aussi le champ ?
Pour expliquer cela, il faut savoir que l’on trouve toujours l’impureté parallèle à la sainteté, parasite qui s’attache et qui se nourrit de la sainteté. Si elle ne trouve pas de nourriture, elle meurt d’elle-même et disparaît. Comment peut-on effectivement empêcher l’impureté de se nourrir ? Grâce à l’amélioration des qualités personnelles, à l’étude assidue de la Tora, à la prière sincère, et aux bénédictions que l’on dit avec l’intention adéquate.
Ce sont ces choses-là qui empêchent l’impureté de s’alimenter et la font même disparaître, ce qui accroît la sainteté, la renforce et lui permet de grandir et de se propager. Et alors le Nom de D-ieu est glorifié dans le monde, comme il est dit d’
Avraham qu’il “invoqua le Nom de D-ieu et enseigna aux gens à l’invoquer.” (
Sota 10b,
Yalqouth Chimoni,
H’ayé Sara 27)
Nous pouvons expliquer qu’Efron désirait donner à Avraham le champ en plus du caveau, de deux façons
Tout d’abord, Efron a beaucoup parlé mais n’a pas traduit ses paroles en actes et personne n’était plus pervers que lui. Pour gagner les coeurs des habitants de sa ville, afin d’être honoré par eux, il a montré à tous combien il était généreux et prêt à venir au secours des nécessiteux; non seulement il donne le Caveau mais il consent aussi à donner gratuitement le champ qui l’entoure ! Cela le rendra très riche et il aura droit à des louanges éternelles, pour avoir donné le caveau et le champ à nos Patriarches.
D’autre part, Efron veut donner le champ en plus du caveau, afin que son nom à lui, Efron l’impur, soit pour toujours inscrit sur le caveau à côté de celui d’Avraham, ce qui immortaliserait son souvenir.
Mais Avraham a compris les mauvaises intentions d’Efron et, désirant les saper, il refusa ce cadeau. Il voulait, lui, extirper le nom d’Efron de ce lieu, et prouver aux yeux du monde entier qu’Efron était hypocrite et mal intentionné; c’est pourquoi il paya les quatre cents sicles d’argent comptant. C’est justement pour cela que le nom d’Efron est maudit, comme il est écrit (Michlé 10:7) : “Que le nom des méchants pourrisse”, et ainsi l’impureté ne pourra plus se nourrir de la sainteté du lieu.
Avraham acheta finalement le champ, bien qu’il n’en ait eu aucun besoin. Mais voyant la grande effronterie d’Efron, et désolé de sa grande impureté, il ne désira pas être son voisin et donner à tout le monde l’occasion de dire que le caveau appartenant à Avraham se trouvait au bout du champ d’Efron. Une telle association aurait profité à Efron et c’est pourquoi Avraham accepta tout de suite d’acquérir le champ avec le Caveau.
Ceci dit, la méchanceté d’Efron présente un autre aspect.
Dans le récit de l’enterrement de
Sara, le mot “enterrer” précède à six reprises l’expression “ton mort.” Ce n’est qu’à la fin du récit qu’
Efron dit (ibid. 23:15) : “Ton mort, enterre-le.” Pourquoi après la conclusion de la vente, l’ordre des mots est-il inversé ?
Les gens du pays se référaient à Sara avec respect, et par respect, ils mentionnaient l’enterrement avant la mort, pour ne pas commencer leurs phrases par le mot “mort.” Même Efron, qui était méchant et trompeur, s’exprimait envers elle avec respect. Et pourtant, à la fin, il a révélé à sa grande honte tout son mépris :
Tout d’abord il a déclaré devant tous les habitants de sa ville qu’il donnait gratuitement le caveau à Avraham, et en fin de compte il en demande un prix énorme, en argent comptant.
Ensuite, lorsqu’il dit à
Avraham quel prix il voulait pour la vente, il ajouta avec dédain : “et ton mort, enterre-le.” Ce dédain est typique des gens méchants, qui parlent des hommes vertueux avec respect, mais en fin de compte, les méprisent. “Tout ce qui est considéré comme bon par les méchants est considéré comme mauvais par les hommes vertueux.” (
Yévamoth 103a,
Zohar I 141a). Il faut éviter ces gens-là comme la peste.
Cela enseigne à chacun à “s’éloigner d’un mauvais voisin” (
Avoth I:7), et à éviter de recevoir des cadeaux de quelqu’un de méchant, pour ne pas satisfaire sa méchanceté et lui donner une raison de s’enorgueillir et de chercher à dominer. De plus, un tel cadeau va aussi avoir une influence sur celui qui le reçoit. Pourtant, l’homme vertueux, grâce à sa sainteté et sa prière, peut éliminer l’impureté dont le cadeau est entaché en le faisant sien par une acquisition complète et ainsi en opérer la purification.
Ceci concerne les gens qui sont simplement méchants. Par contre, l’homme vertueux doit refuser tout commerce avec les gens pervers dont l’attitude est plus grave. L’homme vertueux doit absolument éviter de recevoir d’eux des cadeaux.
Le pouvoir de l’impureté vient du mauvais penchant, et nous voyons combien le mauvais penchant est puissant , qui trouve toujours le moyen d’accompagner l’homme et de s’attacher à lui, comme les Sages le disent (Chabath 198b) : “Aujourd’hui il lui dit fais ceci, demain fais cela…” C’est chez lui un art. Il est capable de convaincre l’homme qu’en fait il ne veut que son bien, qu’il ne cherche qu’à l’aider, comme si sans lui l’homme ne pouvait pas vivre.
L’homme doit en toute circonstance surmonter le mauvais penchant et le déraciner de son coeur, même si cela lui coûte, car finalement, “le mauvais penchant est un roi vieux et bête” (Qohéleth Rabba 4:15), et il ne faut pas écouter un vieux qui radote… Il faut éviter les plaisirs passagers qu’il fait miroiter et le repousser vigoureusement, lui et ses conseils. En rejetant ses arguments, on montre publiquement à tous combien ses conseils sont mauvais, comme l’a fait Avraham qui refusa de recevoir un cadeau d’Efron et acheta le champ et le caveau au prix fort, afin de l’écarter de lui autant que possible.
Il est du devoir de l’homme vertueux de démasquer les stratagèmes du mauvais penchant qui ne fait que se moquer des gens en leur faisant croire qu’il est leur ami, qu’il veut leur bien, qu’il défend leurs intérêts, uniquement pour se faire une réputation et se faire accepter. C’est l’essence même d’Efron dont le nom est lié à celui de Pharaon qui est “le prototype du mal et de l’impureté” (voir Zohar II 17a, 52b), et qui a voulu se faire une renommée parmi les fils de H’eth pour mieux les dominer.
C’est ce qui est écrit dans la Tora : “Le péché est tapi sur le seuil” (Béréchith 4:7), car lorsque l’homme a le malheur de lui ouvrir la moindre brèche, qu’il l’écoute et suit ses conseils, il s’ensuit nécessairement que le Satan – le mauvais penchant – qui tout d’abord était tapi sur le seuil, va ensuite l’habiter, et devenir le maître de la maison.
Mais à celui qui ouvre une brèche à la parole de D-ieu, comme le disent les Sages (Chir HaChirim Rabba 5:3) : “Ouvrez-moi seulement une brèche de la grandeur du chas d’une aiguille”, D-ieu ouvre les portes toutes grandes. Il est sauvé de ce Satan, délivré de l’impureté, et sanctifié dans le service exclusif de D-ieu.
Quelle est la voie à suivre ?
Avraham a refusé l’offre gratuite d’Efron. Cela nous enseigne que nous devons nous éloigner des hommes méchants et refuser leurs cadeaux, afin qu’ils n’aient aucune emprise sur nous
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