Accepter nos limites

Notre vie ressemble un peu au Titanic : nous essayons tant bien que mal de nous frayer un passage à travers les difficultés de la vie tout en colmatant les brèches qui s'ouvrent

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

 27 tamouz 5769 – 19 juillet 2009

Nous aimerions souvent vivre dans un autre monde. Sans guerres, sans antisémitisme, sans méchanceté… Le monde dont nous rêvons n'est pas très éloigné du monde des enfants. Ce que nous avons acquis au fil des années : culture, histoire… – et que nous pensions d'une valeur inestimable – se révèle ainsi d'une utilité questionnable. Si le rêve auquel nous aspirons ressemble à ce que nous souhaitions à l'âge de l'enfance, à quoi sert tout ce que nous avons appris à l'école, à l'université ?
 
À bien des égards, notre vie ressemble un peu au Titanic : nous essayons tant bien que mal de nous frayer un passage à travers les difficultés de la vie – relations de couple, éducation des enfants, recherche d'un revenu, santé… – tout en colmatant les brèches qui s'ouvrent les unes après les autres. Nous pourrions sourire de l'analogie, si certains ne sombraient pas entièrement. Combien de ménages brisés, ou qui vivent dans la tension, face aux défis de la vie moderne ?
 
L'écart entre nos rêves et ce qui fait l'ordinaire de notre vie s'explique par notre refus habituel de faire face aux problèmes. Il est sans doute plus facile de repousser sous un coin de tapis les quelques grains de sable qui nous embêtent, plutôt que de s'en débarrasser complètement. Le résultat est cependant inévitable : un jour ou l'autre, l'accumulation de grains de sable fait gripper la machine de notre vie. Dans ce cas, c'est à une crise grave et profonde à laquelle nous devons faire face. Le coin du tapis est plein et nous n'avons plus le loisir d'agir comme si tout allait bien.
 
Entre un cœur de pierre et une éponge
 
Si nous désirons vivre une vie marquée par la joie et par le bonheur, nous devons accepter tout ce qui la fait comme quelque chose de positif. Cela est extrêmement difficile si nous vivons une vie sans émouna (foi). Untel perd son emploi et c'est sa vie qui s'effondre ; un autre a des difficultés pour élever ses enfants et tout semble se renverser… La vie ne manque pas de défis pour nous rappeler notre faiblesse.
 
Face à ceux-ci, nous avons le choix : s'en remettre à notre intelligence, à notre savoir… ou à D-ieu. Si nous pensons avoir les épaules suffisamment solides pour affronter tous seuls les obstacles quotidiens, nous courons le risque de finir énervés, stressés et angoissés. D'autre part, si nous nous en remettons à Hachem, nous pouvons toujours lui déclarer : “Maître du monde ! N'ai-je pas fait ce que Tu attends de moi ? J'ai prié, j'ai essayé de m'améliorer, j'ai fait tout ce que je pouvais pour essayer de régler la situation. Maintenant, c'est Ton tour !”
 
Avec une telle déclaration, nous disons au Maître du monde que nous acceptons Sa direction du monde et qu'après avoir fait notre part, nous Lui demandons de faire la Sienne.
 
Cette attitude nous place entre la personne qui possède un cœur de pierre – et qui se fiche éperdument des problèmes des autres – et celle qui a un cœur d'éponge – et qui n'arrive pas à surmonter les nombreuses difficultés de la vie. Notre cœur tendre est ce qu'il nous faut pour mener une vie remplie de joie et de bonheur.
 
Il est de la première importance de connaître notre force et nos obligations, mais il est tout aussi important d'être conscients de nos limites. Ainsi, nous devons faire de notre mieux pour adopter un comportement résolu face aux défis de la vie : la paix conjugale nécessite que nous comprenions l'importance d'avoir une femme heureuse comme conjointe ; l'éducation de nos enfants est plus importante que notre travail et ce sont eux qui doivent être en tête de notre liste, plutôt que notre patron ; dans tous les cas, nous devons faire nos devoirs de juif.
 
Cependant, l'erreur à ne pas commettre est de penser qu'après avoir fait tout cela, le succès doit être notre lot et que dans le cas opposé, il ne nous reste plus rien à faire. C'est précisément après avoir fait notre part – et pas avant – que nous devons nous tourner vers Hachem pour Lui “rappeler” de faire la Sienne.
 
Le règlement des contentieux
 
Si nous appliquons cette règle – sans exception et même si nous ne la comprenons pas toujours entièrement – nous ne perdrons pas de temps à régler des problèmes qui nous dépassent et pour lesquels nous n'avons pas les compétences nécessaires.
 
Vouloir régler tous les problèmes de la planète – et tous ceux de notre vie – est certainement louable, mais cela est irréaliste.
 
Le conflit israélo-palestinien, l'économie mondiale, mais également l'état de notre relation avec notre conjoint-e et avec nos enfants… nous savons ce qu'il nous reste à faire : travailler sur nous-mêmes afin de devenir des meilleures personnes, nous rapprocher un peu plus de D-ieu – chacun-e selon ses capacités – et demander à Hachem de régler ce qui doit être réglé. À cette fin, c'est chaque jour que nous devons nous adresser au Créateur.
 
Ce dialogue saint possède le pouvoir de tout emporter sur son passage. C'est notre malheur de l'avoir oublié depuis si longtemps. Si nous désirons sortir de notre fosse, il nous suffit de retrouver le chemin des Paroles saintes : un dialogue quotidien avec D-ieu. Laissons le monde tourner et concentrons nos efforts sur ce qui est en notre pouvoir.
 
 
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