Redevenir humain

Le mois d'éloul nous réserve une surprise. En élevant nos pensées, c'est notre cœur et notre âme qui se mettent à chanter une chanson que nous avions perdu l'habitude d'entendre.

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

3 eloul 5769 – 23 août 2009

Cette semaine, les juifs d'origine séfarade commencent à réciter les prières des Séli'hoth, en préparation des fêtes du mois juif prochain : Roch Hachana (le jour de l'an juif), Yom Kipour (le jour du Grand Pardon) et Soukoth (la fête des cabanes). Quant aux juifs d'origine achkénaze, ils commenceront à réciter ces prières dans seulement trois semaines.
 
Un moment unique de l'année juive
 
Le mois juif d'éloul (août-septembre) est une période à ne pas manquer dans toute l'année. Certes, nous sommes tous-tes bien occupés-es à vaquer à nos occupations habituelles du premier jour de l'année… jusqu'au dernier. De fait, nous sommes tellement occupés-es – préoccupés-es ? – que nous passons souvent l'année entière sans prendre le temps de nous arrêter sur l'essentiel.
 
À l'exception de notre satisfaction de savoir qu'il bat, quand pensons-nous réellement à notre cœur ? Les sentiments purs qui y résident sont fréquemment noyés parmi ceux qui ne le sont pas : notre volonté d'argent, d'honorabilité, notre désir pour la nourriture, pour les plaisirs sensuels… Combien de fois avons-nous échoué à garder la tête au-dessus de la mêlée ! Tout semble nous attirer vers le bas.
 
Pourtant, si nous prenions le temps d'écouter une petite voix qui se fait entendre au fond de nous, nous entendrions son cri pour vivre une vie épanouie, une vie où nous lui accorderions la place qu'elle mérite. Notre âme est ce qui nous sépare du monde animal ; ne pas l'écouter nous fait ressembler à un animal à deux pattes. Quel gâchis !
 
Le mois d'éloul représente la période idéale pour se mettre à l'écoute de notre âme et de notre cœur. Cette écoute attentive nous fera découvrir quelque chose que nous avions oublié depuis longtemps à propos de nous : notre sensibilité à sentir la douleur réelle que notre âme éprouve à cause des nombreuses bêtises que nous avons faites pendant cette année.
 
Qui ne faute pas ? La liste est longue des pièges qu'on nous a tendus… ainsi que de ceux que nous avons creusés nous-mêmes. Pourtant, le passé est le passé et pour redresser un tant soit peu la barre, il nous suffit de le vouloir. C'est cette volonté qui nous rend perceptifs à la petite voix de notre âme.
 
Une nouvelle sensibilité
  
Notre société n'aime pas les faibles. Avouer ne pas savoir, ne pas comprendre, ne pas vouloir se battre… sont autant de défauts que nous décrions tous les jours. Pourtant, c'est lorsque nous admettons nos limites – intellectuelles, physiques, spirituelles… – que nous devenons réellement humains.
 
Cette sensibilité humaine nous est accessible d'une façon merveilleuse pendant le mois d'éloul. Bien sûr, c'est tout au long de l'année que nous pouvons nous mettre à écouter notre petite voix. Cependant, pendant le mois d'éloul, le silence se fait plus facilement lorsque nous tendons l'oreille. Là où des efforts importants sont nécessaires, nous devons seulement faire preuve de volonté : celle de vouloir marquer une pause et réfléchir à propos de nous.
 
Les forces du mal n'aiment pas cela. Elles qui nous poussent toujours à agir, parler, acheter, bouger, décider, juger… Ces forces savent très bien que notre occupation dans ce monde est le plus formidable obstacle à une prise de recul salutaire. Notre absence de sensibilité pour nos fautes et nos erreurs sont la meilleure garantie que nous poursuivrons une vie matérielle bien remplis. Quant au spirituel… qui s'en soucie ?
 
Pourtant, le mois d'éloul réserve une surprise à toutes les personnes qui le désirent. Si nous prêtons l'oreille, nous pourrons sentir naître au fond de nous un appel différent. Cet appel n'a que faire de notre porte-monnaie et de tout ce qui nous attache à ce monde matériel. En élevant nos pensées, c'est notre cœur et notre âme qui se mettent à chanter une chanson que nous avions perdu l'habitude d'entendre.
 
Vouloir redevenir humain n'est pas facile. Si nous désirons mettre au placard – quelques instants seulement – notre habit de consommateur-rice effréné-e, nous devons nous attendre à une attaque en règle des forces du mal. Mais peu importe ! Soyons persévérants-tes et décidons de poser les armes, même que pour une journée, pour une soirée.
 
Rien ne sert d'attendre un signe du Ciel pour commencer. C'est celui-ci qui attend de nous voir emprunter un nouveau chemin pour se révéler ! Avons-nous entendu d'un employé qui se fasse payer avant de commencer son travail ? Dans les sphères spirituelles – comme dans ce monde-ci – les avances ne sont pas monnaie courante. À nous de retrousser les manches et de faire nos preuves.
 
Redevenir humain pour découvrir un nouveau chemin
 
En quittant nos habits de pantin – et en remettant ceux d'être humain – nous acquerrons une nouvelle vision. Même si cette vision nécessite un certain temps pour être perceptible, elle est indéniable. Les personnes qui ne l'ont pas rencontrée sont les impatientes qui désiraient tout, tout de suite et qui ont abandonné sur le chemin.
 
Si nous parvenons à sentir un sentiment de gêne d'avoir passé autant de temps à flâner dans les chemins de traverse, nous devons l'accompagner avec une joie nouvelle : celle de savoir que nous nous dirigeons vers la bonne direction. Fini les allées de traverse, c'est une autoroute qui se présente devant nous.
 
La signalisation routière de cette autoroute est simple : ce sont les pages des livres des prières des Séli'hoth que nous commençons à réciter ce mois-ci. De la même manière qu'en roulant des kilomètres nous ne sentons pas que nous nous rapprochons de notre destination finale, nos prières ne nous font pas toujours sentir que nous nous rapprochons de nos racines. Cependant, dans les deux cas, c'est notre confiance qui nous assure que nous sommes sur la bonne voie. Même si nous ne sentons rien, nous poursuivons notre route.
 
En ce dernier mois de l'année, n'hésitons pas à emprunter l'autoroute d'un type nouveau qui se présente à nous. Chaque jour représente une occasion unique d'avancer à grands pas vers la destination finale. Les Séli'hoth sont nos bornes kilométriques de fin d'année. Notre livre de prière notre Cadillac. Dans ces conditions, qui voudrait bien rester au garage ?
 
 
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