Un nouveau souffle

Je dormais profondément quand, à bout de souffle, mon fils de quatre ans fit irruption dans ma chambre : Maman, Aide-moi, Je ne peux pas respirer… »

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la rédaction de Breslev Israël

Posté sur 04.04.21

J’imagine que ce devait être une toux forte et suffisamment sifflante pour pouvoir me réveiller –au sens propre et figuré- au beau milieu de la nuit.

Je dormais profondément quand, tout paniqué, mon fils de quatre ans fit irruption dans ma chambre, haletant : Maman, (toux), Aide-moi, (toux) Je ne peux pas (toux) Respirer… »

Sa respiration, tellement sifflante, et son petit être qui tremblait complètement suscitèrent en moi un sentiment de panique. Je me levai du lit d’un seul coup. Il n’avait pas eu une telle crise d’asthme depuis longtemps. Pour tout vous dire, je pensais en avoir fini avec cette période-là. Qu’est-ce qui avait pu la déclencher ? Avait-il mangé par erreur un aliment auquel il était allergique ? M’étais-je embrouillée avec les barres de céréales, et lui avais-je donné celle au beurre de cacahuète au lieu de celle aux mures ?

Je courus vers lui et le serrai dans mes bras.

« Ça va Elie, » lui dis-je, peut-être sur un ton plus nerveux que convaincant, « tout va bien aller ».

Mon mari sauta du lit, lui aussi, et se dépêcha de préparer un cocktail de médicaments. Alors qu’il sortait le nébuliseur, l’inhalateur, le Benadryl et les gouttes de rescue, je pris mon fils à la fenêtre, que j’ouvris pour laisser entrer l’air frais de la nuit dans ses petits poumons frénétiques.  

Il est rare qu’Elie montre des signes de peur. Même récemment, quand il a dû être recousu après être rentré dans une voiture en stationnement et s’être ouvert la cuisse, il est resté vraiment calme. D’habitude, c’est un enfant intrépide, un petit diable qui repousse toutes les limites. Il fait tout ce qui lui plait, et avec le sourire ! Dernièrement, son autonomie s’est manifestée par le mouillage quotidien de son pantalon. Cette nouvelle rébellion odorante s’est répétée plusieurs fois par jour, chaque jour, pendant plusieurs mois. Et malheureusement, toutes les tactiques parentales habituelles comme les tableaux à gommettes, les récompenses, les punitions, n’ont rien donné.

Alors que la préparation de son remède continuait, mon fils cherchait encore sa respiration. Le fait de voir quelqu’un qui est incapable de prendre une bouffée normale de ce carburant invisible que nous consommons tous si naturellement et avec tant de désinvolture, de façon automatique, est complètement déroutant. Je lui aurais donné ma respiration si j’avais pu. Au lieu de cela, je prononçai des prières pour son rétablissement tout en plaçant le masque à inhalation sur son visage. Mais je voulais faire quelque chose de plus. D’habitude, comme toute maman, je viens à la rescousse avec un pansement, un bisou, un sac de glace ou un peu d’héxomedine. Mais, là, je me suis sentie impuissante. Je ne pouvais pas apaiser ses alvéoles. Je ne pouvais pas lui donner ma respiration. Il n’y avait rien d’autre que je puisse faire pour lui. A moins que si ?

Je dois admettre qu’avec toutes les lessives, l’odeur de l’urine dans toutes les pièces de la maison, les flaques dispersées un peu partout, j’étais devenue un peu impatiente et irritable ses derniers jours. J’essayais de garder mon calme, mais cette histoire de mouillage de pantalon délibéré avait grignoté le meilleur de moi. J’étais en colère contre lui, je criais plus souvent, j’étais très critique, avare en sourires.

Respirer était toujours un combat. Les soins à domicile n’étaient pas suffisants, clairement, il lui fallait quelque chose de plus fort. « Daniel, » dis-je à mon mari, avec un ton de tristesse dans la voix, « s’il-te-plait, prends quelques affaires, il faut le prendre aux urgences ».

Après leur départ, j’avais l’espace nécessaire pour réfléchir plus clairement. Je me mis à parler à Hachem, à le remercier, et à le supplier de guérir mon fils. Je Lui demandai de m’aider à lui faire plus confiance, et de me montrer le bon dans chaque situation.

« Hachem, rien de ce que Tu fais n’est au hasard, et ce n’est certainement pas mal. Alors s’il-te-plait, aide-moi à comprendre le sens de tout cela ! Elie a besoin de respirer, il a besoin d’air, et je veux l’aider mais je ne sais pas comment ! »

Et puis… Boom ! Ça m’a frappée comme un coup de poing dans le ventre : l’air dans le monde de mon fils est mauvais pour lui. C’est de l’air rempli de colère. Il est même toxique.  Mon fils a besoin d’un air nouveau. Et je suis celle qui peut tout changer, parce que c’est moi qui le produis.

Immédiatement, je me suis vue plus aimante, lâchant prise des frustrations et créant une atmosphère plus paisible autour de lui. Cette image était belle, source d’inspiration, et j’ai décidé de m’y tenir à la lettre. Avec une sensation de forces renouvelées vers un objectif défini, je louai Hachem pour ce réveil génial.

« Merci de m’avoir fait sortir du lit au milieu de la nuit pour me dire que je devais changer ! Merci de nous aimer suffisamment mon fils, moi, et notre relation, pour déclencher une crise d’asthme comme moyen de me montrer que je devais être une maman plus patiente et plus gentille. A partir de maintenant, quand il mouillera son pantalon, je respirerai profondément, d’un amour inconditionnel, et je l’aiderai à se changer. Je ne mentionnerai ni le pipi, ni l’odeur, et je ne me mettrai certainement pas en colère. Après tout, si je suis prête à sacrifier ma respiration pour lui, je devrais aussi être prête à sacrifier ma colère… »

Assez miraculeusement, quelques instants plus tard, mon mari me téléphona : « Nous faisons demi-tour » dit-il. « Dès que nous sommes arrivés aux urgences, Elie s’est remis à respirer normalement… C’est peut-être l’air frais, ou peut-être que les médicaments ont fini par faire effet, je ne sais pas. En tout cas, il est bien maintenant, on rentre à la maison. »

Comme le plus grand des poètes ou des artistes, Hachem communique brillamment avec nous, par des symboles et des métaphores. Et si nous le Lui demandons sincèrement, Il nous guidera et nous aidera à comprendre.

Chers amis, alors que je transformais mes critiques en bouffées d’oxygène, Elie a instinctivement pris sur lui de rester sec !

Traduit de l’anglais par Carine Illouz

 

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