Une langue meurtrière

« Et la terre ouvrit sa bouche et les engloutit, eux et Kora'h (Nombres 26:10). »
Nous apprenons beaucoup de leçons importantes de l'épisode de la révolte de Kora'h contre Moïse, comme les terribles dangers et les dommages de la discorde, en particulier quand elle implique un soulèvement contre les chefs spirituels choisis par Hachem.

Créer des dissensions est une transgression abominable de la Torah, si bien que dans le cas de Kora'h et ses partisans, même des petits bébés innocents ont été engloutis dans le sol. Ceux qui attisent les feux de la discorde doivent donc être avertis que, ce faisant, ils mettent la vie de tous les membres de leur famille en danger.

La dissension est le signe avant-coureur de la destruction. Par conséquent, les foyers, les synagogues et les communautés où règne la discorde voient rarement une fin heureuse.

Qu’y a-t-il de si terrible dans la discorde ? Rabbi Shimon ben Halafta enseigne que le seul vrai réceptacle digne de contenir la bénédiction d’Hachem est la paix. Par conséquent, là où il n'y a pas de paix, il ne peut y avoir aucune bénédiction.

La halacha, la loi religieuse juive, fait une distinction intéressante. Le Chafetz Chaim écrit qu'une « querelle » peut exister entre deux pairs. Mais, si une personne crée des dissensions avec un érudit de la Torah, même si celui-ci n’est pas son rabbin ou son enseignant, le pêché est double ; ainsi que la punition. Rav Yehuda dit que quiconque dénigre un érudit de la Torah ne trouvera aucun remède ou soulagement à ses maux. Une personne qui souffre d'un problème de santé tenace ferait bien de réfléchir s’il a pu lui arriver d’insulter un érudit de la Torah. Si oui, elle devrait demander pardon, car cela pourrait conduire à son rétablissement complet et à sa bonne santé.

Le Code de la loi juive va plus loin et dit que quelqu'un qui déshonore un érudit de la Torah est soumis à la punition de karet, le même châtiment que pour manger intentionnellement le jour de Yom Kippour, violer le Chabbat ou manger du hamets à Pessa'h.

Mais qui est donc un érudit de la Torah? Le Chafetz Chaim répond que toute personne ayant une ordination rabbinique dans cette génération est considérée comme un érudit de la Torah. Avec cela à l'esprit, nous pouvons comprendre dans quelle mesure créer des dissensions avec nos chefs spirituels, en particulier les grands de la génération, est immensément plus grave.

De plus – tout ce dont nous avons parlé jusqu'à présent fait référence à la création de dissensions ou de dénigrement en privé. Mais, si le péché a été fait en public – comme c’est le cas de Kora’h et de ses partisans qui se sont rebellés contre Moïse et ont essayé d'inciter la nation toute entière à faire de même – le péché est si odieux qu’Hachem est forcé de créer une nouvelle punition : la terre qui engloutit Kora’h et ses adeptes, de la tribu de Reuven.

L'incitation publique contre des érudits de la Torah et contre nos chefs spirituels est plus grave que les mots ne peuvent le décrire. Le prophète Elie avertit que pour une telle transgression, on pourrait même perdre ses enfants, comme Kora’h. Selon toutes les opinions, dénigrer un érudit de la Torah sur les médias sociaux comme Facebook et Twitter tombe certainement dans la catégorie des dissensions et du dénigrement en public. C’est pire que de jouer avec une arme chargée.

Le roi Salomon a dit que la vie et la mort sont entre les mains de la langue. Par tous les moyens, choisissons la vie et les bienfaits de la paix et évitons les dissensions avec tout être humain sur terre, en particulier avec nos chefs spirituels aimés et estimés.

Traduit par Carine Rivka Illouz