Sodome ou Ninive ?

Ne pensez pas qu’Hachem a agi sur un caprice quand Il a fait pleuvoir le feu de l’enfer et le soufre qui a transformé Sodome, Gomorrhe et les environs de la Mer Morte en désolation totale. Le Midrash nous dit que Sodome jouissait de  cinquante-deux années d’abondance en or. Mais, au cours des 25 dernières années de son existence, Sodome a subi une série de tremblements de terre, de tempêtes et d’autres catastrophes naturelles. Hachem leur a envoyé un appel de réveil après l’autre, chacun plus fort que le précédent. Pourtant, personne n’a pris au sérieux les signes d’Hachem. À Sodome et Gomorrhe, les affaires continuèrent comme d’habitude jusqu’à une fin amère (voir Yalkout Chimoni, Job, Ch. 9, 904).

Cette image nous montre la tombe de Jonah le Prophète à Ashdod, en Israël, à côté du phare d’Ashdod,

Voyons le contraste dramatique entre Ninive et Sodome.
Ninive était très similaire à Sodome. C’était la métropole principale de l’ancien empire assyrien, où se trouve aujourd’hui la ville de Mossoul, en Irak. Dans le Croissant Fertile situé entre le fleuve du Tigre, où se trouvaient Ninive et l’Euphrate, Ninive était aussi une ville florissante. Mais, comme à Sodome, leur argent et leur confort leur sont montés à la tête et ils sont aussi devenus socialement et moralement corrompus. Hachem, dans son amour pour toutes ses créations – même le mal – leur a donné une chance de changer leurs habitudes. Au lieu d’envoyer des catastrophes naturelles à Ninive, Hachem leur a envoyé le prophète Jonas pour les avertir que leur destruction était imminente et qu’ils étaient désormais confrontés au même verdict que Sodome et Gomorrhe. Jonas dit seulement cinq mots – béod ch’amicha yamim Ninive nééfech’et – dans cinq jours, Ninive sera détruite (voir Jonas, chapitre 3). Les habitants de Ninive ont pris Jonah au sérieux, contrairement à leurs prédécesseurs de Sodome qui ont ignoré vingt-cinq ans de messages d’Hachem
Le roi de Ninive pris immédiatement des mesures. Il enleva sa cape royale, brodée d’or, descendit de son trône, enfila un sac et s’assit sur le sol, exprimant un repentir total. La population entière emboîta le pas. Non seulement les gens jeûnèrent, mais même le bétail s’abstint de manger. La révolution spirituelle de Ninive pour le bien fit une telle impression dans la cour céleste que tous les décrets sévères firent annulés.

Nous voyons quelque chose d’incroyable ici : 25 ans de catastrophes naturelles n’ont eu aucun effet sur Sodome et Gomorrhe, mais cinq mots de Jonas le Prophète ont provoqué un bouleversement total à Ninive, du roi à l’esclave le plus bas du royaume. Quelle est la différence entre les deux ?

Rabbi David Kimchi, le « Radak » (1160-1235), l’un de nos grands rabbins médiévaux et commentateurs bibliques, explique que les marins qui ont assisté à tous les miracles en mer, avec Jonas à bord, venaient de Ninive. Quand Jonas est arrivé dans leur ville, ils ont immédiatement couru trouver le roi de Ninive et lui dire que Jonas, l’homme de D.ieu, était sérieux, qu’ils devaient tenir compte de son avertissement (voir Radak, Jonah 3: 5). Le roi prit à cœur les paroles des marins et Ninive fut sauvée.

A chaque génération, Hachem envoie un individu juste et pieux dont les bénédictions et les prières invoquent des miracles. Pourtant, ce ne sont pas les miracles qui donnent à cette personne le titre de « Tsaddik de la génération », ni même sa droiture impeccable. C’est son instruction et sa direction morale pour toute la génération, juive et non-juive. Le Midrash nous dit en fait que Jonas a prophétisé parmi les Juifs et les non-Juifs, à Jérusalem et à Ninive (Pirkei D’Rav Eliezer, Ch. 10). En tant que tel, quand ce Tsaddik dit à la génération de faire quelque chose, il serait sage d’écouter, car cela pourrait faire la même différence qu’entre Ninive et Sodome.