Les mauvaises herbes

Chaque mouvement de nos ancêtres avait une seule intention : servir HaChem.  Comment cela s’applique-t-il à notre époque ?

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le rabbin Lazer Brody

Posté sur 21.11.24

« Et Isaac sortit pour méditer dans le champ… » (Genèse 24:63)

Chaque action de nos ancêtres était guidée par la plus pure intention de servir Hachem. Avec cela en tête, pourquoi Isaac a-t-il fait l’effort particulier de sortir dans le champ pour s’adresser à Hachem ?

Si je ne me trompe pas, le concept de « champ » fait allusion au service de Hachem. La Guemara mentionne le cas d’un champ en mettant en lumière le devoir qu’a chacun de raffiner son caractère. Elle enseigne : « Celui qui loue un champ à son voisin et refuse d’en arracher les mauvaises herbes, disant : ‘En quoi cela te dérange-t-il, tant que je te paye le loyer ?’ – on ne doit pas l’écouter, car le propriétaire peut lui répondre : ‘Demain, tu quitteras le champ, et moi, je me retrouverai avec les mauvaises herbes’. »

L’interprétation la plus simple de ce passage est qu’une personne loue un champ, mais par paresse, elle néglige de le maintenir en bon état. Le propriétaire a donc des raisons légitimes de se plaindre. Lorsque le locataire lui demande : « Pourquoi es-tu si contrarié ? Je paie le loyer, donc je peux faire ce que je veux avec le champ. » Le propriétaire répond : « Non, tu ne peux pas ! Tu dois payer des indemnités. Ce champ, qui pouvait produire des épis de blé robustes et sains, est maintenant rempli de mauvaises herbes. Il ne produira plus que des épis maigres et faibles, et le rendement sera bien inférieur. »

Le locataire propose alors : « Ce n’est pas grave ! Je vais t’acheter le meilleur blé du marché et te rembourser la différence. » Mais le propriétaire refuse, affirmant : « Je ne veux pas du blé du marché. Je veux mon propre blé, cultivé sur mon propre champ. »

Face à cela, le locataire propose de désherber et de cultiver une partie du champ pour compenser les dégâts. Mais le propriétaire refuse également cette solution, expliquant que le locataire a terni la réputation de son champ.

Quelle réputation ?
Rachi explique que les voisins, connaissant la diligence habituelle du propriétaire pour entretenir son champ, verront pourtant ce dernier envahi par les mauvaises herbes. Cela donnera une mauvaise réputation au champ, réduisant considérablement sa valeur si le propriétaire décide un jour de le louer ou de le vendre.

Le locataire pense qu’en payant le loyer, il remplit son obligation, mais il ne réalise pas le préjudice à long terme qu’il cause par sa négligence. Les mauvaises herbes laissées sur le terrain vont se développer, libérer leurs graines, et se propager encore davantage à chaque pluie. Ces mauvaises herbes réduiront les rendements, abîmeront la qualité du sol et affaibliront durablement le champ. C’est pourquoi, comme le souligne la Guemara, « on ne doit pas l’écouter ». La loi religieuse insiste sur le fait qu’un locataire ne peut négliger l’état du champ, car une telle négligence engendre des dommages durables.

Une allusion spirituelle
Ce passage fait écho à l’obligation spirituelle de chaque individu de raffiner et corriger son caractère. Le propriétaire du champ représente Hachem. Le champ symbolise l’âme, confiée temporairement au locataire, qui est le corps. Les mauvaises herbes du champ renvoient aux traits de caractère négatifs. Par un « bon labour », c’est-à-dire par l’étude de la Torah et de l’éthique juive, une personne « désherbe le champ » et affine son caractère.

Le locataire paresseux, en particulier celui qui arbore une apparence religieuse sans réellement étudier la Torah ou la Emouna, ne fait pas qu’endommager son propre « champ de Hachem ». Ses défauts et son manque d’efforts jettent également l’opprobre sur toute la communauté. C’est pourquoi chacun doit redoubler d’efforts, car dans le judaïsme, la paresse n’a pas sa place.

Isaac dans le champ : un modèle de service divin
Nous comprenons maintenant pourquoi Isaac se trouvait dans le champ. Il ne se contentait pas d’y réciter la prière de l’après-midi, mais consacrait un temps précieux à des supplications personnelles envers Hachem, Lui demandant de l’aider à se purifier. C’est ce travail constant qui a fait d’Isaac l’un de nos Patriarches sacrés. Chacun d’entre nous est invité à suivre son exemple.

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