Roch Hachana : une voix familière

En sonnant du chofar lors de Roch Hachana, nous rappelons à Hachem les vertus de nos ancêtres. De la sorte, nous espérons pouvoir atténuer les jugements sévères...

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le rabbin Lazer Brody

Posté sur 20.09.22

En sonnant du chofar lors de Roch Hachana, nous rappelons à Hachem les vertus de nos ancêtres. De la sorte, nous espérons pouvoir atténuer les jugements sévères que nous pensons mériter à cause de nos mauvaises actions de l’année précédente. 
“Heureux le peuple qui connaît l’appel du chofar !” (Psaumes 89:16 ; verset prononcé immédiatement après le service du chofar le jour de Roch Hachana).
  
Rabbi Na’hman de Breslev nous a appris que l’appel du chofar – la corne de bélier – atténue les jugements sévères (“Conseils“, Mo’adé Hachem, Roch Hachana 3).
Vraisemblablement, la source de Rabbi Na’hman est une lettre écrite par le Rav Sa’adia Gaon, il y a plus de dix siècles. Dans cette lettre, le Rav Sa’adia liste dix raisons pour lesquelles nous sonnons du chofar le jour de Roch Hachana. Deux de ces raisons ont trait à notre volonté d’atténuer l’aspect sévère des jugements ; selon la troisième raison citée dans la lettre, le chofar nous permet de nous souvenir de l’appel du chofar sur le Mont Sinaï, lorsque le peuple d’Israël accepta d’une façon déterminée la Tora ; selon la sixième raison citée dans la lettre, le chofar – une corne de bélier – nous permet de nous souvenir du bélier qui servit au dernier moment de substitut au sacrifice d’Yits’haq, lorsqu’Avraham était sur le point de tuer son fils, selon la volonté d’Hachem.
En sonnant du chofar lors de Roch Hachana, nous rappelons à Hachem les vertus de nos ancêtres. De la sorte, nous espérons pouvoir atténuer les jugements sévères que nous pensons mériter à cause de nos mauvaises actions de l’année précédente. La parabole suivante nous aidera – avec l’aide gracieuse d’Hachem – à comprendre le pouvoir spirituel que le chofar possède et qui permet d’atténuer les jugements sévères.
Dans les premières années de son règne, un roi avait l’habitude de diriger lui-même la cavalerie royale. Lors d’un combat contre un royaume hostile, le roi avait presque perdue la vie. Ses troupes avaient été exterminées, son cheval avait été tué et lui-même était gravement blessé à une jambe.
Avec la tombée de la nuit, un silence sinistre et inquiétant planait au-dessus du champ de bataille. Le hululement d’un hibou et les cris d’un loup avaient remplacé provisoirement le bruit de ferrailles des sabres et les cris des soldats tués pendant le combat. Le roi parvint à ramper jusqu’à une forêt proche ; blessé, exténué, il avait presque perdu conscience.
L’obscurité de la nuit terrifiait le roi : il anticipait une fin amère. De fait, s’il parvenait à survivre jusqu’au petit jour, il serait dans tous les cas sans défense face à l’épée de l’ennemi qui surgirait sur le champ de bataille dès la levée du jour. Peut être valait-il mieux qu’il meure de suite. D’une façon ou d’une autre, la situation semblait sans espoir. Pourtant…
Une main se posa sur l’épaule du roi, elle le fit sursauter. L’obscurité empêchait le roi de discerner à qui appartenait cette main qui semblait être venue de nulle part. Tout ce qu’il entendit, fut la voix bienveillante d’un jeune fantassin qui lui chuchotait : “Votre Majesté, vous êtes grièvement blessé. Ne vous inquiétez pas : je vais vous transporter dans un endroit plus sûr. S’il vous plait, gardez le silence car l’ennemi est embusqué de tous les côtés !”
Le jeune fantassin – fils d’un villageois fidèle au roi – dut utiliser toute sa force afin de porter le roi sur son dos. Après une marche qui dura une bonne partie de la nuit, ils atteignirent finalement les forces amies ! Le roi reçut le traitement dont il avait besoin, et grâce à l’attention qu’on lui apporta, il recouvra la santé. Afin de montrer sa reconnaissance envers le jeune fantassin courageux qui lui avait sauvé la vie, le roi l’emmena avec lui dans le palais. Il le récompensa avec une médaille d’honneur et il lui offrit une place dans l’Académie militaire royale, l’institution pédagogique la plus prestigieuse du royaume et l’école des officiers de l’armée royale.
Le jeune homme excella dans ses études et il reçut rapidement le brevet de l’Armée royale. Son ascendance rapide dans les rangs militaires occasionna de la jalousie parmi ses compagnons officiers. De fait, la plupart des officiers étaient des enfants de nobles ou d’aristocrates, tandis que le jeune homme était d’origine villageoise. Malgré cette différence, il surpassait tous ses camarades. Lorsqu’il fut choisi pour devenir le commandant de la Garde royale – un poste envieux que convoitait le fils d’un ministre du roi – la jalousie des aristocrates ne pouvait plus être contenue.  
Les rivaux au sang noble complotèrent contre le nouvel officier auquel ils faisaient référence avec dédain comme “l’homme du peuple”. Guidés par la haine qu’ils éprouvaient contre lui, ils assemblèrent un dossier complet de fausses preuves accablantes, de faux témoignages et de lettres accusatrices qu’ils cachèrent parmi ses possessions. Accusé de trahison et de conspiration dans le but de tuer le roi, le nouveau commandant de la Garde royale fut honteusement jeté en prison en attendant le jour de son procès.
Plusieurs dizaines de témoins et d’heures de procès semblaient garantir un verdict de trahison et la mort par le peloton d’exécution. Les évidences fabriquées de toutes pièces ne laissaient aucun espoir. De fait, le nouveau commandant – l’homme à qui on reprochait d’être issu du peuple – fut condamné par le tribunal.
Tel que cela se fait pour tous les condamnés à mort, on accorda au jeune officier un dernier voeu. Celui-ci était simple : apparaître devant le roi, la veille de son exécution. En accord avec la loi royale, sa demande fut acceptée.
“L’homme du peule” demanda à tout le monde de garder le silence ; il demanda ensuite qu’on éteigne quelques minutes les lumières de la cour royale. Enchaîné et sous la garde serrée de plusieurs militaires, le jeune se tint devant le roi. Dans l’obscurité la plus totale, on commença à l’entendre prononcer ces paroles : “Votre Majesté, vous êtes grièvement blessé. Ne vous inquiétez pas : je vais vous transporter dans un endroit plus sûr. S’il vous plait, gardez le silence car l’ennemi est embusqué de tous les côtés !”
Immédiatement, le souvenir de cette nuit fatidique revint à l’esprit du roi. Celui-ci se rappela la certitude qu’il avait de vivre ses dernières heures et de ne plus revoir la lumière du jour. En entendant la voix de celui qui l’avait sauvé, le roi était convaincu – du fond de son coeur – que celui qui avait mis sa vie en danger pour le ramener parmi ses troupes, celui qui n’avait pas un seul instant pensé à lui, cette personne n’aurait jamais pu conspirer contre le roi. Le roi déchira le verdict, libéra l’accusé et le rétablit à son poste prestigieux de commandant de la Garde royale. En même temps, le roi laissa éclater sa colère contre tous les méchants officiers qui avaient fomenté la calomnie et les fausses accusations.
Les forces du “din” (jugement sévère) conspirent contre le peuple juif dans le but de lui faire infliger des punitions et des verdicts cruels. Souvent, de la longue liste d’accusations qui sont levées contre nous, nous ne savons même pas la façon dont nous pourrions nous défendre. C’est pour cette raison que nous sonnons du chofar à Roch Hachana. L’appel du chofar permet de rappeler nos vertus au Roi des Rois, de la même façon que l’officier d’origine villageoise a rappelé au roi l’épisode de cette nuit fatidique sur le champ de bataille, lorsqu’il avait sauvé la vie du roi.
Le chofar atténue les jugements sévères car il permet à Hachem de se souvenir que le saint peuple juif est la seule nation sur terre qui accepta de recevoir et de se conformer à la Tora. De plus, notre ancêtre Avraham était prêt à sacrifier son unique fils aimé, le fils qu’il avait eu à un âge avancé, car Hachem le lui avait demandé. De la sorte, Avraham a prouvé qu’il n’avait aucune limite dans sa volonté à suivre les commandements de D-ieu. Le fait que chacun d’entre nous appartient à une telle nation, rend impossible l’idée de transgression intentionnelle. “Heureux le peuple qui connaît l’appel du chofar !”  
Puissions-nous mériter une inscription merveilleuse dans le livre de la vie. Que nous puissions tous avoir une longue, joyeuse et saine vie. Amen.
Ketiva ve’hatima Tova !

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