La volonté de D-ieu

À cet instant, je réalisai que la spiritualité et la réflexion peuvent être utilisées au service d'un mensonge et d'un simple désir, s'il n'y a pas un ordre divin obligatoire...

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le rabbin Erez Moché Doron

Posté sur 06.04.21

“Je fus choquée. À cet instant, je réalisai que la spiritualité et la réflexion peuvent être utilisées au service de n’importe quel mensonge et d’un simple désir, s’il n’y a pas un ordre divin obligatoire… Tous les beaux discours sur l’univers n’étaient que du bluff…"
 
 
Il y a quelques années, la femme d’un ami donna naissance à un bébé qui mourut âgé seulement de quelques jours. Avant de l’enterrer, ses parents le nommèrent “Ratson Hachem”, la volonté de D-ieu.
 
Le choix des parents pour ce prénom a montré qu’ils ont accepté leur souffrance avec amour. Mais cela montre aussi quelque chose de bien plus profond.
 
Le Créateur des étoiles et des galaxies, Celui qui a façonné toute la création, Celui dont émane toutes les âmes et Celui qui planifie tous les évènements de la vie, Lui seul connait le but de la vie ; tout ce qui arrive est la volonté du Tout-Puissant, qui est d’une Bonté insondable, la Lumière infinie et qui est au-delà de toute imagination, évaluation et compréhension.
 
Tout ce qui arrive est la volonté d’Hachem, le désir d’Hachem.
 
Cette connaissance nous apporte beaucoup de joie ! Je ne suis pas perdu ; je ne suis pas sans but. Bien que je ne pourrai jamais comprendre Hachem, je sais qu’Il a révélé Sa volonté à Moché (Moïse) : "Moché a reçu la Tora du Mont Sinaï et la transmise à Yéhochou’a (Josué). Yéhochou’a l’a transmise aux anciens ; les anciens aux prophètes et les prophètes l’ont transmise aux hommes de la Grande assemblée" (Avoth 1 : 1). La Tora a été transmise de génération en génération, jusqu’à ce qu’elle devienne mon héritage personnel !
 
Ainsi, si je désire vraiment ce que Hachem veut, alors je peux établir une relation entre l’Infini et l’Illimité d’une part et le fini et le limité d’autre part. Une relation illuminée est née ; un secret, un lieu de réunion intime, profond et délicat, émouvant et houleux.
 
Mais quelle est la volonté d’Hachem ? Comment peut-on savoir ce qu’Il désire ?
 
Après toutes les expériences spirituelles, après toute l’inspiration et le réveil, après toutes les sensations et émotions, après toute la beauté, les idées profondes, après toutes les paroles, les strophes, les insinuations cachées et les histoires – qui sont toutes vraies et justes  – après tout cela, que devons-nous vraiment faire ?
 
La halakha – l’expression de la volonté d’Hachem
 
Quelle est la volonté d’Hachem ? Dans Sa grande bonté, Il a resserré Sa Lumière divine dans des instructions simples, précises et saintes – qui est détaillée dans les ouvrages de halakha (loi juive) – et qui prennent en compte tous les aspects de notre vie. En respectant la halakha, je peux construire un réceptacle pour Sa lumière ; je peux respecter Ses commandements.
 
Je suis capable – en intériorisant sa Divinité – de permettre à Sa Volonté divine de pénétrer chaque aspect de ma vie ; cela possède le pouvoir de me changer complètement, de me façonner en une Création divine. En respectant Ses lois, je peux montrer que je suis Son serviteur et je suis asservi à Sa volonté.
 
La halakha englobe tout : comment se laver les mains et se comporter dans les toilettes ; ce que l’on peut manger et ce que l’on ne peut pas manger ; comment parler et quoi dire ; à quels moments nous sommes censés être  joyeux et à quels moments nous devons être tristes ; à quels moments nous pouvons manger et à quels moments il faut se retenir de manger… Si toutes ses lois n’avaient pas un impact direct dans tous les gestes de notre vie, toutes les merveilleuses pensées que nous pouvons avoir sur D-ieu resteraient simplement… des pensées, des concepts philosophiques dotés – dans le meilleur des cas – d’une touche de tradition ; cela serait une imitation pathétique et indigne du vrai. Ma vie serait restée un espace vide.
 
J’ai entendu une fois une histoire amusante qui incite à la réflexion et qui illustre ce point.
 
Un jeune homme qui commençait à vivre selon la Tora et les mitswoth désirait convaincre sa sœur – qui avait étudié le bouddhisme en Inde – à approfondir sa connaissance du judaïsme. Cependant, la sœur n’était pas intéressée. Elle faisait confiance à son gourou comme conseiller spirituel.
 
Le frère se refusait à abandonner. Quand sa sœur vint lui rendre visite en Israël, il l’a supplia d’assister à un cours de Tora qu’un jeune et dynamique rabbin donnait. Elle accepta, mais au grand désespoir du jeune homme, le rabbin tomba malade ce jour-là et à la place, il y eut un cours sur les lois techniques concernant la restitution d’un objet perdu à son propriétaire. Le cours consistait en des détails difficiles halakhiques plutôt que des profondes révélations spirituelles éloquentes.    
 
"Si un homme prend un objet qu’il a trouvé et qu’il ne le rend pas, il annule un commandement positif (il a perdu l’occasion d’accomplir un des commandements de la Tora qui consiste à s’efforcer à retrouver le propriétaire de l’objet) et il transgresse deux commandements négatifs ("Tu ne dois pas te cacher" et "Tu ne dois pas voler." (La Tora nous ordonne de ne pas prétendre que l’on n’a pas vu l’objet perdu. Au contraire, on doit s’en occuper et s’assurer de le retourner à son propriétaire. Également, la Tora interdit le vol et par conséquent, la personne qui trouve un objet perdu et le garde pour elle est un voleur).
 
"Même si le propriétaire de l’objet perdu est mauvais, c’est une mitswa de le lui rendre. (On pourrait penser que puisqu’il est mauvais, celui qui a trouvé l’objet perdu n’a pas à le lui rendre. Dans ce cas la halakha vient corriger cette erreur)." (Rambam, Hilkhoth Guezel véaveda, 4 : 12).
 
La sœur du jeune homme ne fut pas du tout impressionnée. Elle retourna en Inde alors que son frère continua à prier pour elle. Mais deux semaines plus tard elle revint en Israël et s’inscrivit dans une yéchiva pour femmes.
 
Quand son frère lui demanda ce qui s’était passé, elle lui raconta l’histoire suivante :
 
"Quelques jours après mon retour en Inde, je marchai avec mon gourou, lorsqu’il trouva un porte-monnaie remplit d’argent sur le trottoir. Il le mit dans sa poche. Je lui demandai qu’est-ce qu’il comptait faire avec l’argent et il me répondit que dans la mesure où c’est lui qui l’avait trouvé, l’argent était maintenant à lui ! Je lui demandai : "Et le pauvre homme qui a perdu tout cet argent ? Est-ce que vous ne pouvez pas essayer de le retrouver pour lui rendre son porte-monnaie ?"
 
Le gourou sourit et me dit : "C’est l’univers qui me l’a donné."
 
"Je fus choquée. À cet instant je réalisai que la spiritualité et la réflexion peuvent être utilisées au service de n’importe quel mensonge et d’un simple désir, s’il n’y a pas un ordre Divin obligatoire. Selon la loi juive ceci était un vol, pur et simple. Tous les beaux discours sur l’univers n’étaient que du bluff. J’ai réalisé la valeur de la halakha.”
 
Même si mon histoire peut sembler simpliste, ce qu’elle raconte exprime clairement la volonté de D-ieu. C’est seulement par son observance que l’on se protège des illusions du type : "C’est l’univers qui me l’a donné."
 
Étudiez la halakha !
 
Il est écrit dans le Talmud que nous devons apprendre la halakha.
 
“On enseignait dans l’École d’Eliyahou (Elie le prophète) : celui qui étudie la halakha chaque jour est assuré d’avoir une place dans le Monde à venir, tel il est dit (‘Habaqouq 3 : 6) : ‘Ce sont des chemins éternels pour lui’ (halikhoth ‘olam). Ne lisez pas ‘chemins’ (halikhoth) mais plutôt ‘lois’ (halakhoth)” (Nida 73, Méguila 28).
 
Le monde (‘olam) n’existe que par le mérite de l’étude de la Tora et plus particulièrement de la halakha
 
Le Rif (Rabbi Yits’haq Alfasi) explique (ad. loc.) : "S’il n’y avait pas l’étude de la Tora, le monde entier se serait déjà écroulé. Sans étude, il n’y aurait pas de monde. C’est parce que le peuple d’Israël allait accepter l’étude de la Tora dans le futur que le monde fut créé. Le monde existe grâce au mérite de celui qui étudie la halakha.  Dans la mesure où cette personne maintient le monde, elle est assurée d’avoir une portion dans le Monde à venir."
 
Pour quelle raison les lois juives sont-elles appelées “halakhoth” (la racine du mot hébreu “HaLaKHa” est la même que celle du mot “HoLeKH” qui veut dire “aller”) Lorsqu’une personne étudie les halakhoth, elle étudie ce qui est le chemin de la vie. "Elle remplit sa vie de promenades (halakhoth) et de chemins (halikhoth) qui représentent le chemin direct vers le repos tranquille du Monde à venir" (HaBoné Ein Ya’aqov, ad. loc.). Les halakhoth apportent à celui qui les étudie et les respectent, la vie éternelle dans le Monde à venir.
 
En conséquence, le verset de ‘Habaqouq (3:6) signifie : "Halikhoth“la personne qui étudie les halakhoth”, "‘olam lo“acquiert le Monde qui est entièrement bon.”
 
Rabbi Nathan explique la relation entre l’étude halakhique et la vie dans le Monde à venir : "Selon l’effort que la personne a consacré dans ce monde à étudier et à réviser les halakhoth, elle acquerra le Monde à venir, qui représente la compréhension de la connaissance et les secrets des halakhoth, Ceci correspond au véritable plaisir du Chabath, qui représente le plaisir et l’agrément du Monde à venir (Liqouté Halakhoth, Reichith HaGueiz, 3).
 
Les halakhoth sont des vêtements pour les secrets célestes et elles exposent la façon dont le Créateur dirige Son monde. La lumière et le contenu profond de ces vêtements seront révélés – aux personnes qui les étudient et les respectent dans ce monde – dans le Monde à venir.
 
Rabbi Israël Meïr Kagan (le ‘Hafetz ‘Hayim) a écrit une halakha dans la “Michna Beroura” (155 : 9) : "La chose à faire pour une personne qui n’a pas beaucoup de temps pour apprendre la Tora est de consacrer la majeure partie de son étude à la halakha ; de la sorte, cette personne saura de quelle façon elle doit se comporter. En référence à ce verset : ‘Hachem aime les portes de Sion plus que toutes les demeures de Ya’aqov (Jacob)’, nos Sages ont dit : ‘Hachem aime les portes qui excellent en halakha (les lieux d’étude) plus que toutes les synagogues.’ Ils ont également dit : ‘Celui qui étudie la halakha chaque jour est assuré d’avoir une part dans le Monde à venir.’" 
 
Lorsque nous disons qu’il faut étudier les halakhoth, nous voulons dire les Codes des lois juives (i.e. les travaux des posqim). Il s’agit de savoir de quelle manière nous devons nous comporter. Cette étude est différente de celle du Talmud dans lequel sont exposés les débats rabbiniques, ainsi que leurs commentaires.
 
La halakha à laquelle nous faisons référence est la "halakha pessouqa”, c’est à dire la halakha claire, débarrassée de toute forme de débat et qui permet de savoir d’une façon claire ce que nous sommes censés faire. Il est écrit dans le Tanya : "Nos Sages ont dit : ‘La personne qui étudie la halakha chaque jour est assurée d’avoir une part dans le Monde à venir.’ Ceci fait référence aux halakhoth qui sont claires et pessouqa (précises) ; la halakha pratique, comme Rachi l’explique" (Iguéreth Haqodech 13).  
 
Rabbi Na’hman a souligné l’importance de l’étude quotidienne des halakhoth, même s’il recommandait d’étudier également en profondeur tous les autres domaines de la Tora.
 
Suite à ce qu’il a entendu de Rabbi Na’hman, Rabbi Nathan a écrit à ce sujet : "Le Rabbi nous a mis en garde en ce qui concerne l’étude des travaux des autorités halakhiques (les posqim), plus que tout autre étude. Il est important d’étudier les quatre sections du Choul’han ‘Aroukh (le Code de lois juives) du début à la fin et dans l’ordre; (nous avons une directive claire de l’étudier en totalité dans l’ordre et ne pas sauter d’un sujet à l’autre)" (Si’hoth HaRan 29).
 
Selon Rabbi Na’hman, nous bénéficions d’une rectification importante lorsqu’on étudie la halakha dans l’ordre et de manière ponctuelle. "[Étudier la hala’ha], c’est une grande, une très grande rectification. De fait, à cause de nos péchés, le bien et le mal sont entremêlés (dans le monde et dans l’âme de celui qui a péché). Lorsqu’une personne étudie les règles halakhiques précises (psaq halakha) qui clarifient ce qui est approprié de faire et ce qui ne l’est pas, ce qui est permis et ce qui est interdit, le pur et l’impur, le bon se sépare du mauvais (aussi bien dans le monde que dans l’âme de celui qui a péché) ; en étudiant la halakha, on clarifie et délimite le bien du mal, le permis et l’interdit" (Ibid.).
 
"Ensuite [lorsque nous étudions les autorités halakhiques] toutes les questions qui siègent dans notre cœur seront annulées et nous pouvons servir Hachem de tout notre cœur, avec nos deux désirs (le yetser hara et le yetser hatov) et les portes de la compréhension s’ouvrent devant nous…" (Liqouté Moharan, I 62 :  2).
 
Rabbi Nathan a également écrit : "L’étude des Codes halakhiques représentent la rectification principale pour le péché d’Adam Harichon (Adam, le premier homme). Cela comprend les rectifications de tous les péchés, comme je l’ai entendu de Rabbi Na’hman z.ts.l. (Liqouté Halakhoth, Pessa’h, 4 : 3).
 
"En étudiant les Codes halakhiques et le Choul’han ‘Aroukh, nous méritons d’être le propriétaire et le souverain de la Terre (le peuple d’Israël mérite d’hériter la Terre d’Israël). Nous méritons de lever les portes du jardin d’Éden et d’atteindre la Sagesse céleste et la sagesse terrestre, ce qui représente le plaisir principal du Monde à venir. (Ce qui signifie que nous goûtons de la saveur du jardin d’Éden pendant que nous vivons dans ce monde-ci). Ceci est une grande rectification : se séparer et rectifier toutes les imperfections que l’on a faites avec nos péchés. De fait, en étudiant les Codes halakhiques, nous séparons le bien du mal, ce qui est le principe de toutes les rectifications." (Qitsour Liqouté Moharan, I 286 : 1).
 
Chaque jour !
 
Lorsqu”on parle de rectification de l’âme, on doit se souvenir que Rabbi Na’hman a promis d’accomplir sa promesse de rectification de l’âme : "Il a dit de manière explicite, en ces termes : ‘Toute comportement que j’ai recommandé d’adopter est une ségoula et une rectification. Cela permet de donner un effet bénéfique à ce qui a été fait dans le passé, ce qui sera fait dans le futur, lorsqu’une personne décède, aux temps messianiques, à la résurrection des morts, au Monde à venir…’ Ce que le Rabbi a conseillé est une conduite générale qui concerne tout le monde : étudier les Codes halakhiques chaque jour. Même le jour où l’on n’a pas eu le temps, il faudrait étudier au moins un se’if (un paragraphe) du Choul’han ‘Aroukh peu importe où l’on se trouve. Selon le Rabbi, cela est une grande obligation pour chaque juif " (Si’hoth HaRan 185).
 
Le Rabbi a également écrit : "Toute forme de connaissance dans les jugements de la Tora – qu’il s’agisse des commandements entre les hommes et leurs pairs, ou des commandements entre l’homme et D-ieu – est un succès de l’âme" (Sefer Hamidoth ; Limoud, 10).
 
"Chaque juif est obligé d’étudier les Codes halakhiques chaque jour, sans exception. Même s’il est dans une situation où il n’a pas de temps libre, il devrait étudier au moins un se’if du Choul’han ‘Aroukh dès qu’il le peut, même si ce n’est pas la partie du Choul’han ‘Aroukh qu’il devait étudier ce jour-là, car nous devons étudier chaque jour une loi du Choul’han ‘Aroukh, chaque jour de notre vie. Lorsque nous terminons les quatre sections du Choul’han Aroukh, nous devons recommencer à l’étudier du début et ainsi de suite. Chaque personne doit se conduire de la sorte, tous les jours de sa vie" (Si’hoth HaRan 29). 
 
Sur son lit de mort, Rabbi Nathan parla de l’importance d’étudier la halakha – chaque jour – et ordonna aux disciples de Rabbi Na’hman  :  
  1. De voyager à Ouman, afin de se rendre sur la tombe de Rabbi Na’hman à Roch Hachana.
  2. D’étudier le Choul’han Aroukh chaque jour.
  3. De faire hitbodédouth, c’est à dire de s’isoler chaque jour dans le but d’initier une conversation privée avec le Créateur (Nétiv Tsadiq, Biour HaLiqoutim 61). 
La personne qui ne sait pas comment étudier le Choul’han Aroukh devrait l’apprendre à l’aide du Qitsour Choul’han Aroukh (l’Abrégé des codes de lois juives) ou d’un autre travail basé sur la halakha. Il existe également des programmes qui offrent des cours audio et des possibilités d’apprendre par téléphone, etc.
  
Je vous souhaite beaucoup de succès ! 
 
Traduit avec l’aimable autorisation de: http://www.levhadvarim.com/ 

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