Détailler sa prière

Sache que la prière composée avec la Tora que l’homme a apprise est remplie de charme et qu’elle est exaucée par le Créateur. Cette prière est l’accomplissement de la Tora.

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Marcher avec la Tora
 
A la lumière de tout ce qui précède, la conclusion qui s’impose est que l’essentiel de la prière doit porter sur la foi.
 
On sait que lorsque l’homme prie et demande quelque chose à HaChem béni soit-Il, sa demande doit être détaillée en expliquant les différents aspects de la chose attendue, comme il est rapporté à propos d’un homme qui étant exténué par une longue marche, se mit à prier : “Maître du monde, donne-moi un âne”, sans préciser qu’il voulait un âne pour le monter.
 
Or, voici qu’au moment où il priait, une caravane passa où une ânesse venait de mettre bas. Les voyageurs ne savaient que faire de l’ânon qui ne pouvait pas se tenir sur ses pattes et qui les retardait. Lorsqu’ils passèrent auprès de l’homme et qu’ils entendirent sa prière, ils se réjouirent de l’occasion de se débarrasser du jeune animal, ils le lui donnèrent gracieusement et poursuivirent aussitôt leur route, laissant derrière eux l’homme déconcerté. D’un côté, il voyait comment sa prière fut exaucée en un clin d’œil, mais de l’autre, lorsqu’il pria pour un âne il ne pensait pas à ce jeune ânon qu’il devrait maintenant porter sur ses épaules et qui alourdirait encore davantage sa marche, déjà difficile.
 
La prière de cet homme fut en effet entendue, et il reçut l’âne qu’il demanda, mais au lieu de monter l’âne, c’est l’âne qui le monta, parce qu’il n’avait pas détaillé sa prière comme il faut.
 
Nos Sages nous enseignèrent que chaque demande doit être précise et détaillée. Lorsque l’homme demande la foi au Créateur, il doit donc préciser sa demande ; car s’il ne fait que répéter sa demande, et dit par exemple : “Maître du monde, donne-moi la foi, Maître du monde, donne-moi la foi” – c’est très bien, mais il manque encore de nombreux détails qui enrichissent la prière, la colorent et lui donnent un contenu ; et l’homme peut y ajouter à chaque fois de nouveaux éléments.
 
L’abondance que l’on reçoit est proportionnelle aux paroles prononcées. En effet, on peut se demander à première vue pourquoi la prière est-elle nécessaire ? HaChem béni soit-Il ne connaît-Il pas nos pensées ? Mais comme la parole est un réceptacle grâce auquel on reçoit l’abondance, celle-ci n’est prodiguée que selon la parole prononcée. Il s’ensuit que lorsqu’on prie en limitant ses paroles, on reçoit de même une chose limitée ; comme cet homme qui demanda un âne et qui reçut un âne inutile. En revanche, lorsqu’on détaille abondamment sa prière, la chose reçue est elle aussi complète et détaillée. Il est donc nécessaire de prolonger ses prières, de multiplier et de varier ses paroles afin de recevoir une chose pleine et complète.
 
Etudier à condition d’agir
 
Pour que l’homme puisse multiplier ses prières, afin qu’elles soient variées et riches de contenu, il doit éprouver un grand désir d’acquérir la chose requise. Par conséquent, il doit bien étudier le sujet afin de connaître ses grandes qualités et propriétés, aussi bien que les grands dommages qui s’ensuivent lorsqu’on en est privé ; et cela jusqu’à ce qu’il considère que sa vie et sa finalité dépendent de cette chose. C’est alors qu’il s’enflammera pour cette chose qu’il désirera ; elle lui sera chère et il la représentera à HaChem avec amour et maints détails. Par conséquent, lorsqu’on veut prier pour la foi, il est nécessaire d’étudier ce livre à plusieurs reprises ; de méditer sur l’importance de chaque principe, de chaque niveau, de chaque épreuve étudiée, et alors, il est certain qu’on priera pour la foi avec désir et volonté – et avec force de détails – jusqu’à mériter de l’accomplir en vérité.
 
Par exemple : lorsqu’on étudie les niveaux de la foi, il faut prier pour accomplir le premier niveau de la foi, qui consiste à croire que tout ce qui arrive est en accord avec la volonté divine, et détailler dans la prière tous les aspects étudiés concernant ce niveau ; comme demander au Créateur qu’Il lui donne la parfaite foi qu’Il est le maître de toutes les actions, et que toute action dans le monde dépend de la providence divine particulière. De même, on doit prier pour croire que les épreuves proviennent de la volonté divine, et il faut les détailler explicitement ; comme lorsque sa femme crie sur lui, il ne verra qu’HaChem en face de lui, et il devra croire d’une foi parfaite que sa femme n’est pas en colère contre lui, mais qu’HaChem lui parle. Mais s’il ne réussit pas dans ce travail, qu’il voie HaChem, sans dépendre d’aucune cause naturelle, etc.
 
De même, il priera pour le second niveau, qui est la foi que tout est pour le bien, et que sa bouche se remplisse des mots appris dans ce livre : Maître du monde ! Donne-moi la pure foi que tout est pour le bien, que je mérite de délaisser la raison et de comprendre avec la foi parfaite que tout est pour le bien ; que même si je vois d’après l’intellect que ce qui m’arrive est terrible et dramatique, je rejette cette pensée qui me conduit au désespoir, et que je croie d’une foi parfaite que c’est pour le bien ; que j’accepte tout avec joie et amour et que je sache qu’il n’existe aucun mal dans le monde. Et de même, il faut détailler toutes les épreuves qui lui arrivent, et croire que chaque chose est pour le bien.
 
Il en va de même pour le troisième niveau, il doit prier qu’il croie parfaitement qu’il n’existe aucune souffrance sans faute et que tout ce qui lui arrive est un message de la part du Créateur. De même dans chaque chapitre étudié, dans celui sur les épreuves de la foi, il doit prier sur les siennes, par exemple sur la paix domestique, d’avoir le mérite d’accomplir tout ce qu’il a étudié ; de ne pas oublier un seul instant qu’il est soumis à une épreuve de la foi, en maîtrisant sa colère et croire que tout est pour le bien. De même, il doit prier le Créateur et même le supplier avec toutes sortes d’expressions différentes pour qu’Il ait pitié de lui et le fasse mériter de tel niveau ou telle qualité, et de l’épargner de tout manque de foi.
 
De même, il faut détailler les qualités et les niveaux de la foi, et savoir comme elle est importante aux yeux d’HaChem et combien de bienfaits il mériterait de recevoir s’il avait la foi, etc. Et inversement, il faut détailler tous les préjudices que lui entraîne le manque de foi. Il existe encore de nombreux détails que chacun peut comprendre de lui-même et lorsque l’homme prie ainsi sur ce qu’il a appris et que son entretien devient chaque fois plus détaillé, il peut prolonger sa prière avec beaucoup de plaisir et mériter d’accomplir ce qu’il a appris.
 
Une biche gracieuse
 
Sache que la prière composée avec la Tora que l’homme a apprise est remplie de charme et qu’elle est exaucée par le Créateur. Car cette prière est vraiment l’accomplissement de la Tora et elle prouve que cet homme veut accomplir ce qu’il a appris de toute sa force, comme un homme qui désire une chose et la demande à celui qui peut la lui donner. Dans ce cas, il est évident qu’il explique au mieux ce dont il a besoin, avec tous les détails nécessaires, et le pourquoi de ce besoin. Il tentera aussi de trouver grâce aux yeux de cette personne pour la convaincre de son grand besoin pour cette chose. Il est évident qu’il ne vient pas lui dire brièvement: Donne-moi ceci ou cela.
 
Par conséquent, cette idée de faire une prière de la Tora, se situe au niveau des merveilleux délices du Créateur du monde, comme il est rapporté (Likouté Maaran Tanina, 25) :
 
“Il convient aussi de faire de la Tora une prière, à savoir, se servir des mots de Tora étudiés et entendus pour les intégrer dans une prière, demander et supplier HaChem béni soit-Il à propos de tout ce qui est dit dans cette étude, quand aura-t-il le mérite de parvenir à un tel niveau et combien il en est éloigné. HaChem conduira l’homme sage à suivre la voie de la vérité. Il comprendra par lui-même comment ses paroles doivent être agréables, ses arguments justes pour être agréés par HaChem béni soit-Il ; qu’Il le rapproche vraiment de Son culte, surtout lorsqu’on prie avec les mots de la Tora, car cela provoque un grand plaisir dans les Cieux.
 
Conseils supplémentaires pour mériter la foi
 
Il est écrit dans les Si’hot Maaran (les Causeries de rav Na’hman, 146) : “Le mot Kachia (problème) est l’acrostiche hébraïque des mots du verset “’Chema ‘HaChem ‘Koli ‘Ekra” (Ecoute HaChem ma voix qui T’appelle, Psaumes 27 : 7). Lorsque la foi est très déficiente, on peut la mériter grâce aux cris vers HaChem béni soit-Il, c’est-à-dire élever et augmenter la foi jusqu’à la disparition de tout problème. Le cri en soi, exprimé aussi dans le cœur, est très bénéfique, même lorsque l’homme ne mérite pas encore. Car le cri du cœur montre que l’homme conserve une étincelle de foi sainte et s’il ne restait aucune trace de sa foi, que D. nous en préserve, il ne crierait pas. Il en résulte que le cri par lui-même est l’expression de la foi. Comprends-le bien”.
 
‘Je suis rempli de foi lorsque je parle’
 
La foi dépend de la bouche de l’homme. Lorsqu’il veut se renforcer dans la foi ou qu’il la perd, que D. nous en préserve, le conseil à donner est le suivant : prononcer des paroles de foi selon sa compréhension, comme il est écrit dans les Psaumes (89 : 2) : “Ma bouche proclamera Ta foi”, c’est-à-dire qu’il est nécessaire d’exprimer des idées de la foi avec les lèvres. Lorsque l’homme éprouve un relâchement de sa foi, il doit au moins exprimer des paroles de foi et dire à voix intelligible : Je crois d’une foi parfaite qu’HaChem béni soit-Il est Unique, qu’Il me voit, me surveille, m’aime toujours en toute circonstance et qu’Il écoute constamment mes prières.
 
Chacun doit multiplier ses paroles de foi afin de se renforcer, selon le thème qu’on veut consolider, par exemple : Je crois qu’HaChem béni soit-Il est le seul qui nourrisse; je crois qu’HaChem béni soit-Il est le seul qui guérisse, qu’Il est le seul à pouvoir me guérir ; je crois qu’HaChem béni soit-Il est le seul à me donner le juste conseil pour tel ou tel problème, etc. Car lorsqu’on prononce en vérité des paroles de foi avec la bouche, on réveille l’étincelle de la foi authentique qui est présente en chaque Juif, et on mérite d’acquérir la foi adéquate (Hichtapekhout HaNefech, 45), comme il est écrit (Psaumes 116 : 10) : “Je suis rempli de foi quand je parle”.
 
En revanche, il faut faire très attention de ne proférer aucune parole d’hérésie ou d’incrédulité, même en plaisantant, que D. nous en préserve ; c’est-à-dire que même si on est croyant dans le cœur, il est absolument interdit de prononcer une parole d’hérésie au nom de quiconque sous prétexte de se moquer de lui, car de cette manière, la foi est endommagée. Il est en effet interdit de plaisanter à propos d’HaChem béni soit-Il (Likouté Etsot, 46).
 
Le jugement
 
Il existe une bonne recommandation pour parvenir à la foi, c’est de s’habituer à se juger chaque jour pour chaque pensée, parole et action et se demander s’il convient, oui ou non, de se conduire ainsi. En se jugeant ainsi sur tout, on parvient à la foi que le Créateur voit et surveille nos actions ; à la foi dans l’existence du Créateur et en la providence divine particulière. La foi se renforce et s’enracine ainsi grâce à la crainte du Créateur qui juge toute chose.
 
Celui qui craint les Cieux, craindra bien sûr qu’HaChem le juge pour chacune de ses pensées, paroles et actions. Par conséquent, il fera précéder son propre jugement, se confessera, regrettera, demandera pardon pour tout, corrigera ses actions, sans attendre d’être jugé d’En-Haut. Par contre, celui qui ne se juge pas, montre de cette manière qu’il est, pour ainsi dire “son propre maître”, qu’il n’a de compte à rendre à personne et dans la pratique, il vit sans la foi car selon la foi, il y a un ordre, un jugement et un Juge.
 
La simple crainte de la punition est le fondement de la foi. Sans elle, la foi authentique et sainte est impossible. A plus forte raison, on ne peut parvenir sans elle à la crainte révérencielle de la Gloire d’HaChem, qui représente le plus haut niveau de la crainte d’HaChem, auquel il faut aspirer et qui est le principe de la foi. Pourtant, lorsqu’on s’efforce de se conduire selon la simple crainte des Cieux – la peur de la punition – en se jugeant une fois par jour sur la journée écoulée, la foi s’enracine et peut aussi conduire à la foi concrète et à la crainte révérencielle.
 
Il convient ici d’avertir à nouveau le lecteur de ne pas tomber dans la mélancolie, que D. nous en préserve, à cause du jugement porté sur soi-même. Dès qu’on s’aperçoit que le jugement mène à la tristesse, il faut tout arrêter, prier pour la foi et la joie, afin de croire que tout provient de la providence divine pour le bien. Les manques spirituels sont liés aussi à la providence divine selon la mission. La raison pour laquelle on ne réussit pas à les corriger jusqu’à maintenant, est que le Créateur veut la multiplication de nos prières. On ne peut continuer à se juger que lorsqu’on est joyeux.
 
À suivre…

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