Aucune raison pour désespérer
Chacun et chacune qui croit que sa situation est l’expression de la volonté divine, que tout est pour le bien, peut être joyeux en toute occasion !
Envers et contre tout
Nous devons savoir que lorsque la Tora nous rapporte l’image d’un certain personnage, c’est pour nous enseigner une morale à appliquer dans notre vie. Par conséquent, lorsque nous lisons dans la Tora la section concernant les épreuves subies par Joseph le Juste, chacun doit s’arrêter et méditer sur la réalité telle qu’elle fut, se mettre soi-même à sa place et penser comment on réagirait si on vivait les mêmes événements.
Joseph n’avait pas la moindre idée du temps qui lui restait à passer en prison. Peut-être devait-il y demeurer toute sa vie, loin de sa famille et de ses proches, sans aucun ami, sans aucune chance de pouvoir progresser dans sa vie comme tout le monde, sans aucune chance de monter une affaire, d’arriver à une bonne situation, sans pouvoir se marier, engendrer des enfants, acheter un appartement, etc. Il ne pouvait même pas étudier la Tora ou servir HaChem, et il est certain qu’il a dû ruminer toutes sortes de pensées et éprouver les mêmes angoisses que celui qui traverse une de ces épreuves ; à plus forte raison, lorsque toutes ces épreuves arrivent ensemble.
Si Joseph le Juste ne s’était pas renforcé, s’il n’avait pas eu la simple foi que tout est pour le bien, en dépit des apparences où tout était très mauvais, s’il n’avait pas complètement “rejeté sa raison” sans chercher à comprendre quoi que ce soit, qu’aurait-il fait ? Ce que tout le monde fait lorsque quelque chose ne marche pas : il aurait été brisé, il se serait plaint et aurait été rempli d’amertume sur sa vie. Il aurait accusé ses frères de l’avoir plongé dans une situation aussi difficile ; il aurait été plein de haine et d’esprit de vengeance à leur égard et il aurait pleuré sur sa vie difficile.
Il aurait éprouvé des ressentiments envers HaChem, et clamé avec assurance : “Je suis un Juste, quelle est ma faute et quel est mon péché ? On s’est joué de moi ! Après avoir surmonté l’épreuve de la femme de Potiphar, ma récompense est de me retrouver en prison ? C’est cela la récompense d’observer la Tora ? Comment est-il possible de servir HaChem avec de telles épreuves ? Comment est-il possible d’étudier la Tora en prison parmi les idolâtres et les sorciers, loin de sa famille, dans un lieu impur, sans la moindre trace de sainteté et de Judaïsme ? Que va-t-il m’arriver? Comment suis-je tombé ? Le Saint béni soit-Il a décidé d’en finir avec moi ! Il me déteste, je ne vaux rien, je ne suis qu’un être impie, je n’ai aucune chance de me corriger, HaChem ne me supporte plus et a décidé de me punir, la vie m’est devenue insupportable. Il vaut mieux que je mette fin à mes jours et d’en finir avec ces souffrances”.
Ou bien, il se mortifierait, nourrirait des sentiments de culpabilité envers lui-même, tomberait dans le désespoir, la mélancolie et l’amertume, comme quelqu’un qui est contrecarré dans ses projets.
Pourtant, Joseph le Juste s’est renforcé ! Il s’est débarrassé de sa raison, il s’est renforcé dans la foi qu’HaChem est toujours bon, que tout ce qu’HaChem fait, Il le fait pour le bien et qu’évidemment, Il l’aime toujours. Il ne comprend rien, il croit seulement que tout est pour le bien et il danse ! Il est joyeux ! Il remercie HaChem pour tout ! Il s’efforce de remplir chaque instant libre pour accomplir les commandements le mieux possible, en particulier la prière dans l’isolement, qui est l’essentiel qu’il peut faire en prison.
On peut expliquer la réussite de Joseph en prison de deux façons différentes. Selon le Midrach (Midrach Raba, 86), sur le verset “HaChem était avec Joseph, qui réussit”, rabbi Berekhia dit : Il sautait, c’est-à-dire qu’il sautillait et dansait en prison car il était heureux de son sort. Ainsi il mérita qu’HaChem soit avec lui et réussit dans tout ce qu’il entreprit. Rachi rapporte une explication supplémentaire : il parlait couramment de D. et disait à tout venant: Avec l’aide d’HaChem, selon la volonté d’HaChem, si HaChem le veut, etc. Par conséquent, HaChem le fit réussir et toutes ces années en prison se déroulèrent pour lui d’une manière agréable. Finalement, il fut élevé aux honneurs et régna sur toute la terre d’Egypte. Tout ceci arriva, grâce au renforcement de sa foi que tout est pour le bien !
Quand mes actions parviendront-elles au niveau de celles de mes ancêtres ?
Celui qui éprouve des insuffisances qui l’empêchent d’être joyeux, ne doit jamais oublier la réussite de Joseph le Juste. Il doit méditer sur les événements qu’il a vécus. Son séjour en prison ne fut jamais fixé selon une quelconque sentence judiciaire. Dans sa colère, son maître l’y jeta arbitrairement et il semble qu’à cette époque, l’Egypte ne connaissait pas les ‘droits de l’homme’. Dans ces conditions, qui pouvait prendre en pitié cet esclave perdu et dépourvu de tout, et considérer le crime qu’on commettait contre lui ? D’après la nature des choses, il n’avait aucune chance de s’en sortir.
Par conséquent, l’homme qui tarde à trouver son conjoint et pense que cela justifie la mélancolie, doit savoir qu’à Joseph aussi on ne proposa aucun conjoint pendant qu’il était en prison et qu’il devait probablement y demeurer jusqu’à la fin de ses jours. Et pourtant, il était rempli de joie.
Un homme privé d’enfants, est sûr de ne pouvoir être joyeux dans une telle situation. Joseph aussi n’avait aucune chance d’avoir des enfants, puisqu’il était en prison et peut-être pour toute sa vie. Et pourtant, il était rempli de joie.
Un homme sans appartement, qui a fermé son commerce ou qui est condamné à servir les autres est certain que sa mélancolie est justifiée. Joseph aussi était sans appartement, ne possédait rien et était contraint de servir les autres prisonniers. Et pourtant, il était rempli de joie.
Celui qui observe ses insuffisances spirituelles, qui ne réussit pas dans son étude et souffre de grands empêchements pour servir HaChem, ou qui est rempli de défauts ou de mauvais désirs, est certain que la mélancolie est un devoir. Joseph aussi, en prison, avait des difficultés et il faisait face à d’innombrables obstacles : il ne pouvait étudier, prier ou réaliser aucun précepte. Et pourtant, il était joyeux.
Celui qui éprouve des difficultés dans sa vie conjugale à tel point qu’il lui semble que vivre en compagnie de son conjoint est une épreuve insupportable, doit savoir que cela est incomparable avec l’épreuve de Joseph, qui fut astreint de vivre en prison avec toutes sortes d’assassins, de violeurs et de brigands, et dut s’arranger avec eux. Et pourtant, Joseph était convaincu que c’était pour le bien et il était joyeux.
Qu’un homme sans enfants, sans famille qui se sent abandonné et malheureux, se rappelle que Joseph le Juste était très seul et ne recevait aucun courrier ; que personne ne lui rendait visite en prison et qu’il était persuadé de ne plus jamais revoir sa famille. Et pourtant, il était joyeux.
Ainsi, chacun et chacune qui croit que sa situation est l’expression de la volonté divine, que tout est pour le bien, peut être joyeux en toute occasion ! Sans enfants, sans conjoint, sans épargne, sans appartement, avec le pire des conjoints, et à plus forte raison lorsque dans la majorité des cas, la situation n’est pas si difficile. Cependant, seule la foi qui manque à l’homme mécontent de son rôle et de sa mission, aggrave les difficultés de son épreuve qui lui inspire un sentiment d’horreur.
La guerre contre les mauvaises pensées
Le lecteur pourrait dire: “Joseph ? C’était un Juste ! Tout était facile pour lui !” Il faut savoir que cela est incorrect. Joseph aussi fut confronté à de mauvaises pensées, des pensées de désespoir et de mélancolie ; qu’il devait rester célibataire toute sa vie ; qu’il n’engendrerait pas d’enfants ; qu’il ne trouverait pas de logis ; qu’il n’aurait ni épargne ni commerce et serait abandonné sans que personne ne se soucie de lui. Qu’il n’étudierait jamais la Tora et ne progresserait jamais dans la spiritualité ; qu’il sombrerait toujours davantage parmi les idolâtres et les êtres vicieux, sans pouvoir réaliser les commandements, parce qu’entouré d’idolâtrie et d’impureté. Il avait donc de bonnes raisons pour se mortifier et se culpabiliser à propos de tout et de se mettre en colère contre HaChem, puis gémir et pleurer.
Nous ne devons pas oublier que l’épreuve de Joseph fut bien plus difficile que la nôtre, car d’après la nature des choses Joseph aurait dû rester en prison pour le restant de ses jours, et quelle est la valeur d’une telle vie ? Comment pouvait-on lui donner le moindre encouragement ou la plus petite assistance ? De quel rayon de lumière pouvait-il éclairer sa triste réalité ? En particulier après son séjour en prison pendant plusieurs années et surtout en sa douzième année là-bas ? Quelles pensées de désespoir ne lui venaient pas à l’esprit !
Pourtant, Joseph a combattu ces pensées ! Et il les subjugua ! Il appela HaChem pour qu’Il lui donne la foi que tout est pour le bien ! Il se débarrassa de sa raison et décida qu’il ne comprenait rien. Il crut seulement qu’ainsi le voulait HaChem et que c’était probablement sa réparation dans ce monde et que la volonté divine était de croire en HaChem jusqu’à la fin de sa vie, dans ces conditions difficiles. Ainsi, il continua d’être joyeux, de chanter, de danser et de remercier HaChem béni soit-Il ! En effet, il se fit une raison en disant : “Joseph ! Soit tu crois en HaChem, soit tu n’y crois pas. Si tu crois que tout provient d’HaChem béni soit-Il, alors tu dois croire que tout est pour le bien, te réjouir, danser et rendre hommage à HaChem”.
Lorsqu’il sentait qu’il avait de bonnes raisons d’être mélancolique, il se disait : “Tu peux avoir raison car en effet, tu as de ton côté de bonnes raisons pour être triste, mais d’après ce raisonnement tu es perdant, car à l’instant où tu sombres dans la mélancolie, HaChem t’abandonne et tu perdras la foi avec le peu de spiritualité que tu possèdes, et beaucoup d’ennuis s’abattront sur toi. Donc, au lieu d’avoir raison, sois plutôt sage et comprends que ce raisonnement te perd, que c’est un projet satanique qui vise à te faire tomber dans le plus complet désespoir.
N’aie pas raison ! Donne raison à HaChem, car HaChem a évidemment raison. Crois en Lui et tu verras la délivrance !”
Ainsi, si l’homme donne raison à HaChem et décide qu’il croit en Lui, que tout provient de la providence divine et que tout est pour le bien, lui aussi peut se réjouir de tout ce qui lui arrive – même le pire – et il verra ensuite de grandes délivrances !
Je ne comprends rien !
Lorsque le mauvais penchant vint auprès de Joseph et lui dit : “Vois où tu es tombé, tu finiras tes jours en prison et tu ne te marieras jamais”. Comment Joseph réagit-il ? Il dansa et chanta : “Je ne comprends rien et que m’importe ! Il arrivera ce qu’HaChem veut qu’il soit. Et ce qu’HaChem fait, tout est pour le bien ; et si je ne me marie pas, c’est la meilleure des conditions. Je Te remercie pour tout, HaChem Tout-puissant ; je ne comprends rien, je crois seulement que l’homme doit être joyeux et qu’il doit toujours danser”.
Voici le seul choix laissé à l’homme à chaque instant de sa vie : être joyeux ou être triste. Et choisir la joie n’est possible que grâce à la foi.
De même, lorsque le mauvais penchant lui dit : “Tu n’engendreras jamais d’enfants”, “Tu n’économiseras jamais rien”, “Vois avec quelles personnes insupportables tu devras finir ta vie”, “Tu es bloqué sur cette terre impure, que feras-tu ? Quand reviendras-tu vers HaChem ? Il n’existe pas de souffrance sans faute. Il semble que tu es le pire des impies et des pécheurs, etc.”
Face à toutes ces pensées, Joseph dansa, chanta et rendit hommage à HaChem : “HaChem béni soit-Il, je Te remercie pour tout ; je ne comprends rien, je crois seulement que tout est pour le bien et que la finalité de l’homme dans ce monde est de croire en Toi ; et béni soit HaChem, j’atteins mon but car je crois en Toi ; je danse, je suis joyeux et je Te rends hommage pour la foi que Tu me donnes”.
“Vous sortirez dans la jubilation”
Dans chaque domaine, spirituel ou matériel, lorsque l’homme est pris au piège contre son gré, il doit se renforcer et croire que ce fut prévu par la providence divine pour son bien et accepter sa situation dans la joie, et c’est seulement alors qu’il pourra sortir de sa ‘prison’ personnelle.
Tant que l’homme ne se réjouis pas de sa situation et ne danse dans ‘sa prison’ pendant une certaine période, il n’en sortira pas !
Sache que c’est seulement lorsque l’homme est joyeux, qu’il peut prier. Par conséquent, tant que l’homme est incapable de prier, c’est le signe qu’il n’est pas encore parvenu à la foi que tout est pour le bien et à la joie authentique, car dès l’instant où l’homme croit que tout est pour le bien et qu’il est vraiment joyeux, il peut prier avec facilité pour tout et continuellement.
Tout est bien qui finit bien
Comment s’est terminée l’histoire de Joseph le Juste ? Il mérita de se marier, d’avoir des enfants dont tout Israël est béni par leurs noms, Menaché et Ephraïm. Il mérita la richesse et même l’opulence, puisqu’il nourrit et entretint toute sa génération, y compris son père et ses frères, comme il est écrit (Genèse 42 : 6) : “C’est lui qui faisait distribuer le blé au peuple du pays”. De même, il mérita la Tora et la sagesse éminente que l’ange Gabriel lui enseigna en prison, ainsi que d’autres qualités et élévations que notre raison ne peut saisir : le tout à cause de la foi aveugle que tout est pour le bien.
Sans la foi, Joseph serait tombé dans la mélancolie et dans la dépression ; la sainte inspiration n’aurait certainement pas été avec lui et il n’aurait pu interpréter les rêves du maître échanson et du maître-panetier. De même, il est certain qu’il aurait été impuissant à affronter Pharaon et ses magiciens et d’interpréter le rêve de Pharaon ; tout le monde l’aurait oublié et abandonné et il aurait fini ses jours en prison.
On sait que c’est seulement grâce au mérite de Joseph le Juste, qui descendit en Egypte et surmonta des épreuves aussi difficiles, que tout le peuple d’Israël put être délivré du pays d’Egypte car en surmontant ses épreuves, Joseph brisa la dure écorce d’impureté de l’Egypte. Mais s’il ne l’avait pas brisée, elle aurait tellement dominé, qu’Israël n’aurait jamais pu en sortir.
La Tora nous enseigne les histoires de nos saints ancêtres et des Justes, pour nous inculquer une leçon applicable dans notre vie. Par conséquent, chacun pèsera ses insuffisances et les obstacles qu’il rencontre dans sa vie, et constatera que ce n’est qu’une partie infime de ce que Joseph le Juste a connu dans la sienne. Si Joseph avait réagi comme tout un chacun, avec mélancolie, désespoir et colère, il ne serait jamais devenu Joseph le Juste, mais Joseph le désespéré, le malheureux, le grincheux ou le fou.
Il ne mérita tout cela que grâce à la foi que tout est pour le bien. Ainsi, pour peu qu’on se renforce dans la foi que tout est pour le bien, chacun peut transformer le tout en bien et mériter une élévation et une réussite dans tous les domaines. On le constate très clairement avec Joseph le Juste, qui s’éleva littéralement d’une fosse profonde au pinacle matériel et spirituel. Il devint gouverneur de l’Egypte après avoir été un esclave humilié et déshonoré ; l’homme le plus riche au monde après avoir été pauvre et misérable et le plus recherché et apprécié, après avoir été le plus détesté et repoussé.
Mais que l’on ne se trompe pas en pensant que quelques jours ou quelques semaines suffisent pour que tout se transforme en bien, mais on doit croire que le temps qu’HaChem décide est nécessaire, fusse-t-il illimité.
La voie des Justes
Le roi David, lui aussi, a traversé durant sa vie toutes les souffrances et persécutions imaginables et il avait les meilleures raisons pour tomber dans la mélancolie, le désespoir, etc. mais tout comme Joseph, il s’est contenté de danser, de chanter, d’être joyeux et de remercier HaChem pour tout. Et il a écrit le livre des Psaumes, dont la majorité sont des prières, chants et hymnes. Lui aussi a donc mérité de parvenir aux honneurs et à la royauté.
Chaque Juste a eu son lot et sans le renforcement de sa foi que tout est pour le bien, jamais il n’aurait pu surmonter les difficiles épreuves qu’il a subies. L’essentiel de leur foi que tout était pour le bien, fut basée sur la compréhension qu’en dépit de leur plans précis, le Saint béni soit-Il avait Ses projets les concernant.
Il est bien évident qu’ils auraient préféré, eux aussi, étudier tranquillement la Tora, recevoir facilement leur subsistance, et jouir d’avoir engendré de bons enfants, etc. Et en vérité, il n’est pas du tout interdit d’aspirer à tous ces biens. Cependant, lorsqu’une de ces choses ne s’arrangea pas comme ils le voulurent, ils annulèrent leur volonté devant celle du Créateur et acceptèrent avec amour tout ce qu’il leur arriva. Car ils savaient que le Créateur décide du cours de leur vie et qu’Il est toujours bien intentionné à leur égard. Ils prièrent donc, se renforcèrent, attendirent et méditèrent sur chaque chose afin de se rapprocher du Créateur et ils méritèrent, ensuite, de connaître une grande élévation.
Ce n’est pas sans raison que Joseph et David méritèrent que les deux Machia’h, ben David et ben Joseph, fassent partie de leur descendance, car HaChem béni soit-Il les a choisis pour leur parfaite foi, en dépit des souffrances et des persécutions particulièrement dures qu’ils subirent sans prononcer la moindre plainte, et pour l’hommage qu’ils rendirent à HaChem béni soit-Il.
À suivre…
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