Parler à D-ieu

Le 22ième jour du mois juif d'eloul (août/septembre) 5562 (1802) Rabbi Nathan de Némirov frappait à la porte de son futur Maître. Rabbi Na'hman était âgé de trente ans...

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le rabbin Israël Yits'haq Besançon

Posté sur 06.04.21

Rabbi Na’hman de Breslev – illustre descendant du Ba’al Chem Tov – fut l’un des plus grands Maîtres spirituels de tous les temps.
 
Il fut envoyé dans ce monde – il y a près de deux siècles – pour guider nos générations dans les derniers moments d’exil. Il a prédit que les années qui précéderaient l’arrivée du messie seraient bouleversées par un déluge d’hérésie, des torrents de confusion. Il a prévu les remèdes qui permettront de résister pour conserver notre identité juive la plus authentique. Il a ouvert les portes de l’espoir aux épuisés, aux égarés, leur indiquant avec les plus beaux accents de sa poésie sacrée sur quels points placer leurs efforts en toute priorité. Avec l’autorité d’un Initié, il nous annonce que les simples diseurs de Psaumes seraient les rescapés du déluge et qu’ils couronneront le Libérateur. Pureté de coeur, joie et simplicité seront donc les valeurs primordiales à préserver coûtent que coûte.
 
Certains ont eu le bonheur d’hériter de ces qualités, d’autres les ont perdues ou ne les ont jamais connues. Pour les maintenir pour les acquérir – ou encore pour les retrouver – il nous faudra une certaine clé, car, plus le monde ira, plus ces valeurs seront délaissées. Quelle sera cette clé? Rabbi Na’hman nous la révèle : parler à D-ieu !
 
Ce sera l’arme qui permettra à Machia’h (au Messie) de conquérir le monde sans coup férir. C’est un moyen très simple, à la portée de chacun, qui nous aidera à traverser l’épreuve du déluge en conservant la précieuse étincelle qui vieille en nous.
 
Le 22ième jour du mois juif d’eloul (août/septembre) 5562 (1802) – après des années de recherche – Rabbi Nathan de Némirov frappait à la porte de son futur Maître. Rabbi Na’hman était âgé de trente ans. Cela se passait huit ans avant son départ de ce monde. Déjà entouré d’élèves, parmi lesquels d’éminents kabbalistes, Rabbi Na’hman décela chez le nouveau venu les qualités d’un disciple exceptionnel. Celui grâce à qui son oeuvre survivrait et se répandrait dans le monde entier. Posant sa main sur l’épaule de l’élève, il l’emmena dans la forêt et, conversant avec lui, lui révéla le secret de la méditation. Cet enseignement est retranscrit dans le Liqouté Moharane I, 52.
 
"Pour annihiler son ego et s’inclure dans l’Absolu, on ne peut le faire qu’en parlant à D-ieu, dans un endroit précis et à une heure indiquée. Le temps, c’est la nuit, l’endroit : un chemin solitaire. En s’isolant là-bas et en parlant avec D-ieu, on nettoie son coeur de tout, on abolit complètement son ego et l’on s’unit à l’Infini. Car D-ieu est Absolu, mais le monde est relatif. En s’annulant à lui, on s’unit à Lui."
 
Entendant ces mots inouïs, Rabbi Nathan fit un bond et se mit à courir dans la forêt :
 
"Aha ! Je vais le dire au monde ! J’irai partout et je dirai : Ah! Que pensent-ils !"
 
Mais Rabbi Na’hman le rattrapa et lui dit :
 
"Tu n’y arriveras pas ainsi !"
 
Il lui prescrivit un programme d’études joignant codes (de loi) et kabbale, malgré les connaissances que l’élève avait déjà. Ensuite, il l’initia à son message. Bien qu’il ne portât pas le nom de "successeur", c’est lui qui après le départ de Rabbi Na’hman répandit dans le monde l’enseignement de Breslev, en écrivant, en parlant, en voyageant et en allant jusqu’à imprimer les livres de ses propres mains et dans sa propre maison !
 
Un tel dévouement, un tel esprit de sacrifice pour une cause noble nous a valu le maintien, jusqu’à ce jour, d’un trésor vivant de pensée et de précieuses solutions.
 
Dans le Liqouté Moharane – l’oeuvre maîtresse de Rabbi Na’hman – il nous est enseigné ceci :
 
"S’isoler pour parler à D-ieu – est une valeur qui est supérieure à tout." (II, 25)
 
Dans d’autres passages et dans d’autres oeuvres, Rabbénou désigne clairement cette pratique comme la plus importante, voire même la seule qui puisse nous permettre d’accéder à notre idéal, de rester vraiment fidèles à la Tora. C’est la clé des clés.
 
Mais résumons déjà les points essentiels, traçons un plan succinct qui permettra au lecteur de bien situer notre démarche, et, s’il le désire, d’en tirer plein profit. Pourquoi et comment méditer :
 
–          Le but : établir un rapport personnel avec notre Créateur, apprendre à avoir recours à Lui.
  
–          Le moyen : Lui parler de façon régulière, chaque jour, en employant notre langue maternelle.
 
En développant ces points principaux, nous démontrerons les immenses bienfaits que nous pouvons obtenir en décidant simplement de parler à notre Père chaque jour ! Mais, d’emblée, une certitude apparaît : cette méditation est un grand pas vers la guérison; que l’issue soit triomphale ou plus modeste en apparence, nous aurons fait quelque chose pour résoudre nos problèmes. Après quelques essais, nous commencerons à nous découvrir intérieurement. Sans fard et sans peur, notre visage intérieur se profilera sous le bienveillant éclairage de la Présence divine. Nous explorerons les secrets de notre âme, émerveillés d’y découvrir des splendeurs cachées qui attendaient un appel pour se révéler. Simultanément, le jour se fera sur la grille complexe de nos sentiments, décelant des sources d’erreurs que nous ne soupçonnions pas. Lucidement, sans nous effrayer, nous redoublerons de ferveur pour demander à D-ieu force et protection. Bientôt, nous nous surprendrons à aimer ces moments de confidence et de recherche, en nous demandant comment nous avons pu vivre tant d’années, privés d’une telle plénitude.
 
Dans les collines d’Ukraine – il y a deux cents ans – s’est allumé un brasier qui brûle encore et brillera jusqu’à l’arrivée de Machia’h. Les braises ont allumé d’autres braises qui scintillent de-ci, de-là. Cette flamme réchauffe le coeur d’Israël : ni la froide technique, ni le modernisme ne parviendront à l’éteindre !
 
La ‘hassidouth parle au présent. Elle porte en elle une dynamique intemporelle et universelle. Le message divin qu’elle communique dépasse la notion de secte et s’adresse à qui prête l’oreille. Certains s’y consacrent assidûment; ils se nomment ‘hassidim. Ceci n’exclut pas d’autres degrés de perception ! C’est à nous, ici et aujourd’hui, que s’adressent Rabbi Na’hman et son cher élève, qui, dans quelques milliers de pages enflammées reprend et développe les paroles du Maître.
 
Nous avons recueilli quelques gouttes dans cet océan de sagesse pour les offrir, au cours des pages qui suivent, à tous nos frères et soeurs qui cherchent une clé.
 
Qu’ils suivent ce rayon de lumière – quoi qu’il leur advienne par ailleurs – et ils découvriront le trésor qu’ils sont venus chercher dans ce monde et qui se trouve en eux-mêmes! Confiance et courage, patience et fidélité : confiance, malgré les doutes et les critiques! Courage, malgré les obstacles et les embûches du temps ! Patience pour traverser les périodes sombres et attendre la réussite! Fidélité, enfin, comme le semeur qui a planté sa graine et ne la quitte plus jusqu’au printemps.
 
Six cent mille âmes
 
Les six cent mille lettres de la Tora correspondent aux six cent mille âmes présentent au Sinaï, quand la Tora fut promulguée.
 
Chaque lettre habille une âme, un esprit; chaque âme juive représente un principe unique. Chacun de nous est porteur d’un message divin ; il est venu sur terre pour l’exprimer. Ce message, le génie de chacun, est extrêmement précieux ; sa révélation est indispensable à l’humanité tout entière, à commencer par son propre porteur. Directement issu du Trône glorieux, le génie de notre âme se languit sans cesse de sublime et de perfection. Son seul désir est de s’unir à son essence qui est l’Absolu.
 
Mais la vie, dans ce monde, est un exil pour l’âme qui n’a de rapport avec la matière et ses aléas que par sa présence circonstancielle dans tel ou tel corps. Or, ce corps est pétri de terre, animé d’instincts et d’exigences fonctionnelles, dont la direction générale et finale est le retour à la terre. D’où grand conflit voire guerre entre ces deux tendances opposées qui attirent l’homme, chacune vers son pôle.
 
La conscience qui réside dans l’être humain devrait arbitrer ce conflit et régler harmonieusement le rôle de chaque partie, afin de produire une association fructueuse. Pour ce faire, il faudrait que cette conscience soit guidée et éclairée par le Point divin dont le rôle est précisément d’inspirer l’homme vers le haut et lui permettre par cette démarche d’élever son corps, sa matière. Mais les passions brisent le coeur, troublent la conscience. Elles sont des partis pris pour la pesanteur qui faussent tout jugement et écartent l’homme de sa finalité idéale.
 
Pour permettre au coeur de se reconstruire, il faut casser la carapace qui étouffe notre for intérieur ! En parlant à D-ieu, c’est notre Point divin qui s’exprime, se libère, se renforce, grâce au contact avec son origine. Aussitôt, il se met à briller, il éclaire notre vie et nous guérit graduellement des passions et des hontes. Il nous enseigne notre “lettre”, ce message profond que nous devons connaître et vivre pour gagner notre place parmi les six cents mille lettres de la Tora
 
Quelle merveilleuse leçon d’espoir, nous ont donné les Justes, en nous révélant ce principe ! Se trouver enfin, trouver sa place, sa lettre dans le contexte idéal – grâce à un moyen aussi simple et aussi agréable que de parler à D-ieu, comme on parle à son père ou à un ami.
 
Le Rocher
 
Un roi demanda à son fils :
 
"Fais donc monter cet énorme rocher au premier étage du palais !"
 
La pierre était immense. Ni hommes, ni chevaux, ni machines n’auraient réussi à la faire bouger. Le prince était fort perplexe. Après de vains essais, il se découragea et abandonna.
 
Lorsque le roi revint et demanda des comptes, le prince penaud avoua son échec :
 
"C’était impossible !" S’excusa-t-il.
 
"Crois-tu vraiment que je t’aurais demandé l’impossible?" S’exclama le roi. "Il te fallait réfléchir ! T’ai-je demandé de faire monter ce rocher entier? Si tu avais pris un marteau et si tu avais commencé à frapper le rocher, tu aurais pu, petit à petit, accomplir ton travail !"
 
Ce rocher, cette pierre immense, c’est notre coeur. Notre Roi nous a demandé de l’élever. Nous avons essayé, la tâche semblait au-dessus de nos forces…
 
Prenons un marteau : un moment chaque jour.
Frappons : parlons avec D-ieu.
Le rocher : notre coeur, se brisera peu à peu.
Morceau par morceau nous pourrons l’élever.

A suivre…

Extrait du livre “La porte du ciel – Hitbodédouth ” par Rabbi Yits’haq Besançon. Reproduit avec l’aimable autorisation des Éditions du chant nouveau.

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