N’abandonnez pas !

Combien ont abandonné le combat avec cette mauvaise formule "tout ou rien". Combien ont déserté les rangs de la Tora en prétextant : "Puisque je ne parviens pas à..."

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le rabbin Israël Yits'haq Besançon

Posté sur 06.04.21

Symptômes
 
On observe parfois, chez certaines personnes qui prient et méditent, étudient la Tora et suivent les conseils de Rabbi Na'hman, que la gaieté de cœur dont il est ici question n'a pas été atteinte ; on peut également constater cela chez nous.
 
Ces clichés pourraient nous troubler et nous amener à nous poser des questions. Pour dissiper ces doutes, nous allons rapporter une histoire qui a eu lieu, il y a quelques années et qui fut écrite dans une lettre – par celui qui l'a vécue – pour répondre à cette même question.
 
"Il y a dix ans, j'étais malade et je suis allé consulter un médecin. Celui-ci prescrit douze injections en me prévenant que la première injection ne me ferait aucun effet. Ni la deuxième, ni la troisième, ni la quatrième. En plus, le médecin rajouta qu'après la cinquième ou sixième injection, la situation se détériorerait, mais que si je m'efforçais à continuer le traitement, alors, la situation irait en s'améliorant et s'arrangerait complètement par la suite. Effectivement, cela se passa ainsi.
 
Il m'expliqua ainsi le processus : il y a dans le sang, une matière qu'il faut rejeter. Les quatre piqûres ne parviennent pas encore à agir contre cette matière. Mais après la cinquième ou la sixième injection, la matière en question – qui ne veut pas être encore éliminée – commence à réagir contre le vaccin. Si le patient n'abandonne pas et ne s'effraye pas, alors, finalement, il triomphe et il peut être heureux de s'être débarrassé de sa maladie."
 
Il en est de même pour celui qui commence à étudier les ouvrages de Rabbi Na'hman. Le mal qu'il y a en lui commence à se réveiller et à réagir : il ne veut pas quitter l'homme et celui-ci, voyant les mauvaises habitudes revenir – parfois plus forte que jamais – déprime.
 
Alors, si au lieu de baisser les bras, la personne persévère et s'applique à écouter les bons conseils qui lui sont donnés, il finit par gagner le combat et à être heureux, comme il est dit : "car c'est dans la joie que vous sortirez".
 
Ces lignes sont éloquentes ; est-il besoin de les commenter ? Quand nous pratiquerons notre méditation quotidienne depuis un certain temps et que de mauvaises pensées nous accableront de plus belle, notre état nous semblera avoir empiré. Nous nous souviendrons des piqûres et de la réaction ! La patience de continuer nous amènera, à coup sûr, à la victoire et à la guérison.
 
L'âme du texte
 
Plus le dénouement se fera imminent, plus la dose d'optimisme nécessaire pour résister devra s'accroître et surtout se personnaliser. Les lieux communs ne suffisent plus : il nous faudrait des idées fortes !
 
Vivante dans son œuvre, la pensée du Juste demeure, à ce titre, la meilleure planche de salut. Il est permis à chacun d'y accéder et de s'y régénérer. Il suffit pour cela d'ouvrir les livres du Juste et de les étudier. Ceci peut se faire de mille façons et porte toujours ses fruits.
 
Pour en obtenir le maximum, une certaine méthode est recommandée et nous l'avons exposée dans notre "Mélodie du Juste": choisir un texte que l'on fréquentera pendant quelques mois, tout en l'approfondissant, le questionnant, le commentant jusqu'à en faire jaillir la mélodie profonde qui est à la fois l'âme du texte et celle du Juste.
 
Mais le plus court chemin qui conduirait du cœur du texte vers le nôtre demeure la traduction de ce texte en langage sentimental et personnel, c'est-à-dire en prière.
 
A la fin de cet ouvrage et à titre d'exemple, vous trouverez quelques unes des milliers de prières que composa Rabbi Nathan pour traduire des leçons de son Maître en prière.
 
Courage
 
Au long des siècles, dans l'amer et glorieux chemin de la diaspora, nous avons vu des Justes, des héros, des martyres… mais nous arrivons maintenant à une phase d'appauvrissement. Il nous faut comprendre que ce que D-ieu attend de nous n'est pas au-dessus de nos forces. Ce que D-ieu veut de nous, c'est précisément que – malgré notre pauvreté – nous nous renforcions et mettions tout notre courage pour faire au moins ce qui nous est possible.
 
Combien ont déjà abandonné le combat avec cette mauvaise formule "tout ou rien". Combien ont déserté les rangs de la Tora en prétextant : "puisque je ne parviens pas à la perfection…". Ils n'ont pas su ce que D-ieu attendait d'eux ; ils n'ont pas entendu le message des Justes qui nous répètent : "N'abandonnez-pas ! ".
 
Quelle que soit votre chute éventuelle, votre défaillance du moment, continuez à faire le peu et le plus que vous pouvez. Ne vous souciez pas d'évaluer, de peser et – encore moins – de comparer, mais faites, faites au moins ce que vous pouvez : le désespoir n'existe pas !
 
Heureux celui qui prendra à cœur ces paroles ; il y trouvera courage et soutien et, puisqu'il se sauvera lui-même, il fera partie de ceux qui sauvent le monde.
 
Sérénité
 
A plusieurs égards, le jour de Chabath sera un jour de recueillement par excellence.
 
Ceux qui maintiennent l'Alliance du Chabath ressentiront par eux-mêmes le lien étroit qui lie ces deux thèmes.
 
Voici quelques idées qui leur permettront de mieux vivre leur Chabath en l'honorant d'un délice supplémentaire : le plaisir spirituel de l'union avec D-ieu par la prière.
 
Premier point commun : le Chabath – considéré comme méditation – correspond à des principes de sérénité. Qui dit repos véritable, dit déconditionnement. La foule des habitudes, le tourbillon des automatismes auxquels nous sommes amenés par nos devoirs terrestres ont tôt fait d'emporter notre esprit dans un manège qui étourdit notre conscience et nous fait oublier notre but ! Un jour de repos, une heure de désengagement – rien de tel pour échapper à l'anxiété du mouvement et pour acquérir un maximum de lucidité.
 
Prenons un exemple. Il est bon qu'une montre soit esthétique, il est encore meilleur qu'elle soit de solide fabrication mais il est indispensable qu'elle fonctionne car l'essentiel est qu'elle indique l'heure !
 
Il est bon qu'un homme ait de bonnes qualités et, de plus, qu'il soit courageux, mais l'essentiel est que toutes ces qualités soient employées pour le vrai but. Or, dans le feu de l'action, on a toujours tendance à s'appliquer à la forme et oublier le fond – d'où la nécessité d'un recul, d'une halte salutaire qui permet de contempler l'œuvre et, surtout, de vérifier si elle est toujours dirigée vers son but initial.
 
L'Éternel a donné le Chabath aux enfants d'Israël, en partie pour cette raison. Pour leur permettre – par un arrêt périodique – de s'éloigner de leur entreprise, afin de ne jamais sombrer dans l'inversion des valeurs qui consiste à oublier le “pourquoi” lorsque l'on s'occupe du “comment”.
 
Le recueillement de ceux qui méditent est, sur ce point déjà, identique au Chabath : il rompt la routine en remplaçant l'effervescence par la sérénité.
 
Deuxième point commun (répond à une question qui a pu se poser en lisant le paragraphe précédent : s'il s'agit de prendre du recul, cela peut se réaliser n'importe où, n'importe quand, n'importe comment, pourvu que l'idée soit sauvée ? Pourquoi spécialement le septième jour ? Et pour la méditation, pourquoi ne pas la remplacer par de la relaxation ou par une promenade ? ) :
 
C'est que le Chabath correspond au concept de prières et que celles-ci sont des principes de foi – et c'est là leur second point commun.
 
Rappelons brièvement en quoi consiste la foi. Nous pouvons aborder la vie de deux façons différentes : soit en nous fiant uniquement à l'expérience des sens et de l'esprit, c'est le cas de la science profane. Soit en adhérant à l'explication transcendante ou prophétique des réalités, explication qui dément souvent notre entendement et requiert de ce fait une simple adhésion, privée de compréhension : ceci se nomme la foi.
 
Au pied du Mont Sinaï, Israël a adopté cette dernière option. Partant de cela, la vie juive sera dirigée par la Révélation divine dont nous prenons connaissance par la voix des prophètes et des Sages. Puisque nous croyons que cette révélation transcende et précède les réalités, nous admettons que la parole de D-ieu – la Tora – comprend mieux que quiconque ces mêmes réalités, qu'elle est la seule doctrine objective puisque étant, elle-même le plan de cette réalité.
 
Dès lors nous cheminons confiants, ne craignant plus telle ou telle question passagère, issue d'une observation partielle et qui pourrait contredire momentanément nos données de base. Nous attribuons cela au manque d'évidence voulu, que D-ieu a ménagé dans ce monde pour permettre le choix. En contrepartie, outre la sérénité que nous avons gagnée, outre cette paix du cœur, nous découvrons bientôt des “preuves” qui viennent confirmer le bien-fondé de notre engagement, mais qui sont souvent intransmissibles à autrui, toujours pour la raison du “choix” que nous avons évoquée plus haut.
                                                                                               
Troisième point commun : le Chabath et la méditation sont des fenêtres qui ouvrent sur le Paradis. Chaque moment d'un Chabath bien observé, chaque mot de prière prononcé avec cœur font étinceler en nous des rayons de lumière qui sont un avant-goût du bonheur futur.
 
Quatrième point commun : quand le premier homme fut chassé de l'Éden, il se réfugia dans le Chabath. Comme il ressentit une délicieuse consolation, il s'émut et se mit à chanter : "Cantique en l'honneur du Chabath !" C'était la toute première méditation…
 
Comme le premier homme – loin de notre Éden sur cette terre d'épines et de ronces – courons vite nous réfugier dans le Chabath et employons ces heures précieuses pour unir notre âme avec notre Créateur par la prière.
 
A suivre…
 
 
Extrait du livre “La porte du ciel – Hitbodédouth ” par Rabbi Israël Yits'haq Besançon. Reproduit avec l'aimable autorisation des Éditions du chant nouveau.

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