Un moment unique

Voici un bon plan pour faire hitbodedouth. Ce plan, c'est la Guemara qui nous le trace : "Que l'homme soit toujours reconnaissant pour le passé et qu'il implore pour le futur!"

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le rabbin Israël Yits'haq Besançon

Posté sur 06.04.21

Évoluer
 
Comme la situation évolue sans cesse et qu’aucune journée ne ressemble à une autre, nous devons, nous aussi évoluer et adapter notre recherche aux circonstances du moment.
 
Lorsque nous parlerons à D-ieu, apprenons à nous renouveler autant dans l’esprit que dans la forme. Cherchons ce qu’il y a d’unique dans notre situation présente, exprimons-le du mieux que nous pouvons : ce sera une prière toute nouvelle qui sera parée de grâce !
 
Un bon plan
 
Voici un bon plan pour faire hitbodedouth. Ce plan, c’est la Guemara elle-même qui nous le trace : "Que l’homme soit toujours reconnaissant pour le passé et qu’il implore pour le futur !" (Traité Berakhoth)
 
Nous nous permettrons de le tracer ici, explicitement, afin de bien assimiler la structure idéale de la prière et pour en faire bon usage, le moment venu.
 
1- Passé : Reconnaître ses fautes et les avouer clairement devant D-ieu. C’est l’aveu qui est indispensable à la repentance. Reconnaître aussi les millions de bienfaits et de miracles que D-ieu nous a prodigués en nous donnant la Tora, en nous aidant à s’approcher de Lui, en nous comblant de bienfaits matériels, santé, prospérité… Pour cela, il convient de Le remercier.
 
2- Futur : Implorer, prier pour la santé, même si on la possède ; pour la subsistance, même si on est comblé ; pour plus de compréhension, même si l’on a beaucoup étudié la Tora ! Enfin, prier pour être épargné des dangers prévus ou imprévus matériels et spirituels.
 
Nous remarquerons – comme le souligne le Talmud – qu’implorer s’applique uniquement au futur. Le passé est révolu. L’aveu et les remerciements sont des bilans et non des retours. Bien que ces comptes soient nécessaires, considérons, à chaque instant, que nous venons de renaître : nous ne vieillirons jamais !
 
Ce plan nous suggère les grandes lignes de notre prière, mais il ne devra pas nous limiter dans notre élan. C’est une charpente que chacun pourra meubler, selon ses besoins personnels et selon sa situation.
 
L’étau
 
Un étau nous serre la gorge, notre cœur est un bloc de pierre, nos dents ne laissent pas passer le moindre souffle… et, pourtant, nous sommes là, dans notre chambre ou notre champ, décidés à parler à D-ieu…
 
Que faire?
 
1- Savoir que l’essai en lui-même est d’une très grande valeur. Nous sommes là pour essayer. La réussite ne dépend pas de nous. Si nous avons essayé, cela même est un résultat.
 
2- Persévérer. Essayer de desserrer ses lèvres… Dire au moins : "Mon D-ieu !"
 
Répéter: "Mon D-ieu, mon D-ieu Maître de l’univers." Un ‘hassid a avoué, qu’incapable de dire autre chose, il pouvait répéter "Maître de l’univers" pendant trois mille fois !
 
Dès que la porte s’entrouvre un tant soit peu, nous pourrons ajouter quelques mots et, très souvent, une fois franchi le cap aride, la glace fondra tout d’un coup et notre cœur s’épanchera. Ces moments de grand bonheur couronnent la persévérance. Il n’y a rien de plus beau qu’un instant d’intimité avec son Créateur.
 
Le monde nous semblera nouveau, dès que nous aurons goûté à de tels délices ! Chargés de force et d’espoir, nous voici régénérés ; les ombres ne nous feront plus peur et les mirages nous séduiront beaucoup moins.
 
Silence
 
Il existe des états d’angoisse au cours desquels aucun mot ne nous est possible. À ces états particuliers correspond une forme de méditation que Rabbi Na’hman recommanda fortement: faire la grève !
 
Voici comment : fermer les yeux, fermer la bouche et les oreilles, pour un moment de grève intégrale, pendant lequel vous vous attacherez en pensée à l’Infini. Et votre peine disparaîtra.
 
Si vous êtes comme moi de nature dissipée et que vous avez peine à vous concentrer, il existe un moyen simple et efficace de remédier à cela et de rentrer en grève ou même en méditation : prenez un foulard ou une écharpe, et entourez vos yeux (comme le font les enfants dans certains jeux). Effet magique : vous vous trouvez isolés comme un ermite dans haute forêt.
 
Musique
 
Pour composer une mélodie, il faut assembler des notes. Quelles notes sont dignes de chanter les louanges de D-ieu et où allons-nous les trouver ? En hébreu, le point se dit “néqouda”. Il y a, en chacun, un point valable, un point véritablement pur, une note sublime. Ce point risque d’être enfoui, recouvert par une carapace de défauts, de pesanteur, de tristesse…, mais, au fond, le point reste pur, parce que le Bien émane de D-ieu et qu’il est incorruptible.
 
Pour permettre à ce point d’émerger, de sortir des abîmes de son exil, pour s’envoler dans la mélodie sacrée, il suffira de faire confiance au Juste : il nous recommande l’indulgence. Envers les autres, juger chacun du côté du mérite, envers nous-mêmes quelle que soit notre chute – en jugeant avec indulgence du côté du mérite, nous faisons passer celui que nous jugeons du côté du mérite. Les saints qui sont emplis d’indulgence à notre égard nous aident à progresser en nous jugeant toujours du côté du mérite.
 
Rabbi Na’hman nous invite à partir à la recherche du bien en nous-mêmes. Il n’est pas possible que nous n’ayons pas quelque bonnes actions à notre actif. Cherchons-les.
 
Nous les trouvons, nous les regardons. Mais voici que cette découverte est elle-même recouverte de taches: notre bonne action était motivée par des intentions troubles…
 
Cherchons encore ; il n’est pas possible qu’au fin fond de ce point ne resplendisse la lumière! Ainsi, nous continuerons à chercher, à trouver et à assembler des notes et nous aurons composé notre mélodie.
 
Commentant ce principe formidable, Rabbi Nathan indiqua le quota et la proportion : supposons que sur mille actions, seulement une seule soit acceptable : cela fait du un pour mille. Or dès que l’on va l’observer de plus près, on ne manquera pas d’y trouver faiblesses, scories et défauts. Supposons que sur mille aspects de notre bonne action, un seul soit valable. Cela fait encore du un pour mille… mais si nous cumulons les deux calculs, nous arrivons à un pour un million : c’est cela la vraie proportion. Nous devrions sauter de joie pour ce un millionième, car pour apprécier le Divin, il n’y a pas de petites quantités !
 
Irréductible
 
Être entêté, acharné, obstiné, irréductible, telles sont les qualités nécessaires pour conquérir sa vraie place. Les attaques qui viennent de l’extérieur sont les moqueries, le scepticisme, la jalousie.
 
D’autres attaques proviennent de notre for intérieur: une partie de nous-mêmes refuse de s’améliorer.
 
Contre ces deux ennemis, il faudra opposer la même ténacité.
 
Aujourd’hui
 
Il n’y a qu’un seul jour dans la vie, qu’un seul moment propice : c’est aujourd’hui !
 
Hier n’existe plus, demain, qui sait ce qu’il sera ? Le meilleur jour pour commencer, c’est aujourd’hui. Non seulement le meilleur, mais le seul qui existe vraiment.
 
Les Justes
 
Les Justes de tous les temps et de tous les pays n’ont pu atteindre leur degré de perfection que grâce au rapport personnel qu’ils entretenaient avec D-ieu. Rapport peuplé d’actions, de sentiments, de réflexions mais surtout de paroles : la vie n’est-elle pas un long dialogue entre notre âme et sa racine ?
 
Or plus ce dialogue se fait conscient, plus les reparties seront claires et plus les indications qui nous proviendrons de D-ieu comme réponses, seront intelligibles et donc utilisables : c’est le chemin qui mène à l’aboutissement et c’est pourquoi nul Juste n’y parvint jamais, qu’au moyen de cette méthode.
 
A suivre…
  
Extrait du livre “La porte du ciel – Hitbodédouth ” par Rabbi Yits’haq Besançon. Reproduit avec l’aimable autorisation des Éditions du chant nouveau.

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