Se régaler d’un agneau non kacher ?
Le Ba'al Chem Tov était assis dans le couloir, en train de fumer sa pipe. Il fixait d'un regard perçant l'animal suspendu et semblait plongé dans une grande concentration.
“Afin qu'on distingue l'impur d'avec le pur, et l'animal qui peut être mangé de celui qu'on ne doit pas manger.” (Vayiqra 11:47)
Il arriva que le Ba'al Chem Tov voyageait vers la ville de Kamenka. Tandis qu'il s'approchait de la ville, il entendit une voix céleste lui dire : “Rav Israël, je te demande d'enlever le cho'het (la personne qui est responsable de l'abattage rituel) de Kamenka de son poste.”
Cette directive laissa le Ba'al Chem Tov perplexe : “Pour quelle raison y-aurait-il un décret céleste pour enlever le cho'het de son poste ?”
Le Ba'al Chem Tov savait que Rav Baroukh – le Rabbi de Kamenka – était un homme doté de sagesse et qu'il était un rabbin respecté de sa communauté. Rav Baroukh était réputé pour être extrêmement méticuleux dans le domaine de la halakha (loi juive). Le Ba'al Chem Tov était certain que s'il y avait un problème halakhique avec le cho'het de la ville, Rav Baroukh l'aurait su et qu'il aurait apporté les changements nécessaires.
“Peut-être,” pensa le Ba'al Chem Tov, “le problème n'est pas d'ordre halakhique. Sans doute, le cho'het se trouve dans une position “spirituelle” qui exige qu'il soit enlevé de son poste.”
Lorsqu'il arriva à Kamenka, le Ba'al Chem Tov se rendit immédiatement à la maison de Rav Baroukh ; ce dernier fut ravi et honoré d'accueillir le Tsadiq dans sa ville. Rav Baroukh proposa au Ba'al Chem Tov de se reposer quelques instants, pendant qu'il préparerait un repas de fête pour l'arrivée du Tsadiq. Il envoya quelqu'un demander au cho'het d'abattre plusieurs agneaux de choix pour l'occasion.
Après avoir abattu les animaux, le cho'het les inspecta, comme l'exige la halakha. Le cho'het trouva qu'un des animaux avait une lésion et il décida que cet animal n'était pas kacher. Il enleva l'animal du milieu des autres et le suspendit sur un crochet, dans un couloir situé à l'arrière de la maison de Rav Baroukh.
Quelques heures plus tard, Rav Baroukh trouva le Ba'al Chem Tov assis dans le même couloir, en train de fumer sa pipe. Il fixait d'un regard perçant l'animal suspendu et semblait plongé dans une grande concentration. Après quelques minutes, le Ba'al Chem Tov se tourna vers Rav Baroukh et dit : “Rabbi Baroukh, auriez-vous l'obligeance de couper pour moi un morceau de viande de cet animal et de la faire griller à mon attention ?”
Rav Baroukh pensa que son Rabbi faisait une erreur.
“Rabbi, cet animal est treif (non kacher). Permettez-moi de vous préparer un morceau de viande d'un des autres animaux que le cho'het vient d'abattre.”
“Non,” répondit le Ba'al Chem Tov, “je désire un morceau de cet animal précisément.”
“Mais Rabbi, le cho'het m'a dit personnellement que cet animal n'est pas kacher.”
Le Ba'al Chem Tov expliqua : “Je comprends parfaitement. Cependant, je peux entendre cet animal crier et me supplier de le laisser remplir sa mission dans ce monde. Cet animal devait être abattu par un cho'het doté de la crainte du Ciel et un juif devait prononcer une bénédiction avant de le consommer. De la sorte, sa nefech (âme) pourra être élevée au Ciel. Laissons le cho'het nous expliquer la raison pour laquelle il considère cet animal non kacher.”
Immédiatement, Rabbi Baroukh envoya chercher le cho'het. Lorsque celui-ci arriva, Rav Baroukh lui demanda en présence du Ba'al Chem Tov : “Pour quelle raison avez-vous estimé que cet animal est treif ?”
Le cho'het expliqua qu'il avait hésité à déclarer cet animal entièrement kacher et à permettre à un autre juif d'en manger. Il poursuivit : “D'autre part, il est exact qu'il existe un débat parmi les autorités rabbiniques et que certaines auraient déclaré cet animal kacher, tandis que d'autres l'auraient déclaré non kacher.”
Le Ba'al Chem Tov comprit alors la “position” dans laquelle se trouvait le cho'het et la raison pour laquelle il devait être enlevé de son poste. Même si le cho'het était une personne dotée de la crainte du Ciel et un expert dans son domaine, il ne comprenait pas les conséquences spirituelles que pouvaient avoir sa position sainte.
“Dans ce cas,” le Ba'al Chem Tov à Rav Baroukh, “pouvez-vous me couper un morceau de cette viande et la faire griller pour moi ?” Rab Baroukh ouvra de grands yeux et regarda le Ba'al Chem Tov ; il était en état de choc. D'un côté, il désirait certainement faire la volonté de son Rabbi. D'un autre côté, comment pouvait-il donner à son Rabbi de la viande treif, ce qui représente une interdiction biblique ?”
Le Ba'al Chem Tov comprit le dilemme auquel Rabbi Baroukh faisait face.
“S'il vous plaît, pouvez-vous envoyer un messager à Rabbi Chmouel – le dayan (juge) de la communauté sainte de Polonnoye – avec une lettre explicative des doutes du cho'het. Lorsqu'on lui aura exposé les doutes liés à cet animal, il pourra juger en connaissance de cause s'il est kacher ou pas.”
Rav Baroukh fut soulagé de la décision du Ba'al Chem Tov. Il envoya immédiatement le messager à Rabbi Chmouel. L'envoyé revint le même jour, avec la réponse de juge. Dans sa lettre, Rabbi Chmouel avait écrit que l'animal était bel et bien kacher et il exposait les raisons halakhiques qui lui avaient permis d'arriver à cette conclusion.
Le Ba'al Chem Tov avait suivi la volonté du décret céleste. Le cho'het fut enlevé sur le champ de sa position et remplacé par un meilleur.
Nous remercions la Fondation du Baal Shem Tov pour son aide précieuse. Afin d'en savoir plus sur le Baal Shem Tov, nous vous invitons à visiter le site Internet de la Fondation : http://www.baalshemtov.com/
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