Plus tard, il rencontra un homme très grand dont la taille n'était pas humaine. Il portait un arbre énorme ; dans les pays habités, on ne rencontre pas de si grands arbres. Cet homme lui demanda : “Qui es-tu ?” ; “Je suis un homme !” lui répondit-il. Le géant s'étonna et dit : “Il y a longtemps que je suis dans ce désert et je n'ai jamais rencontré d'homme !”
Le vice-roi raconta toute l'histoire… qu'il cherchait une montagne en or et un château en perles. Le géant lui répondit qu'une telle chose n'existait certainement pas ! Puis il le découragea et lui dit : “On t'a raconté des bêtises car cela n'existe certainement pas !” Le vice-roi se mit fort à pleurer. “Cela existe certainement ! Cela doit certainement exister !” Mais le géant le découragea. “On t'a raconté des bêtises !” Le vice-roi insista : “Cela existe certainement quelque part !”…
Le vice-roi a maintenant atteint une nouvelle étape dans sa recherche. Arrivé à ce stade, il ne rencontre plus aucun obstacle lié à la présence de désirs malsains et vulgaires. Plutôt, les obstacles auxquels il fait face revêtent l'apparence de personnes en chair et en os. Dans son cas, ces personnes ne sont pas les simples individus que nous avons l'habitude de rencontrer. De fait, il s'agit de personnes d'une dimension formidable, tel qu'il est fait allusion dans l'histoire de Rabbi Na'hman de Breslev : “il rencontra un homme très grand.” Cela nous indique qu'il s'agit de personnes qui possèdent un grand savoir, un statut particulièrement élevé.
Cet homme “portait un arbre énorme”, car il était également “énorme” dans son savoir de la Tora. C'est un fait que les obstacles peuvent quelque fois surgir au sein du monde de la Tora. Il est intéressant de noter que dans le livre des Proverbes (3:18), la Tora est comparée à “un arbre de vie pour ceux qui s'en rendent maîtres…” Ainsi, l'homme qui “portait un arbre énorme” est sans doute une allusion à l'opposition possible que nous pouvons rencontrer au sein de certaines autorités religieuses.
Rabbi Na'hman nous apprend que les personnes que nous rencontrons peuvent s'avérer être les plus grands obstacles dans notre recherche de la vérité. Ici, le Rabbi fait allusion à l'étendue que peut atteindre l'aveuglement d'une personne dans sa volonté de trouver la plus simple des vérités. Le vice-roi ne rencontre pas de simples personnes. Plutôt, il croise des individus qui sont véritablement d'un niveau extrêmement élevé. Le niveau de ces personnes est tellement élevé, qu'elles peuvent être les maîtres de toutes les bêtes sauvages, de tous les oiseaux et même de tous les vents ! Cela est raconté plus loin dans notre histoire.
Selon ces personnes – d'une stature hors du commun – le vice-roi représente une erreur vivante ! Comment pourrait-on trouver une montagne en or et un château de perles ? En d'autres termes, voici ce qu'elles lui disent : “Cher ami, nous avons déjà atteint des niveaux spirituels extrêmement élevés. Nous vous le disons le plus simplement du monde : il n'est pas possible de se comporter de la sorte, de s'enflammer à ce point pour la Providence divine sans fournir – en échange – un minimun d'effort.”
De fait, la montagne en or est une allusion à la confiance parfaite en D-ieu, un niveau où la personne a brisé entièrement son désir d'argent. À ce niveau, cette personne ne fait plus aucun effort pour obtenir son gagne-pain ; elle ressemble à un oiseau qui se sert de ce qu'il trouve autour de lui pour combler sa faim.
En refusant d'écouter ces personnes formidables – et en ayant une confiance aveugle en les paroles du Tsadiq – le vice-roi réussit le test qu'il lui était proposé. Pour lui, l'essentiel consistait à rester aussi proche qu'il pouvait de la simple émouna (la foi). Cela signifie qu'il doit être convaincu – d'une façon natuelle – qu'Hachem est Celui qui procure le gagne-pain à toutes Ses créatures, en toute bonté et au-delà de la nature ou de la logique.
Cette absence d'efforts s'applique également dans le domaine spirituel. La personne qui possède une confiance entière en Hachem reçoit son gagne-pain, sans avoir même besoin de prier !
Une place dans le Monde à venir
Notre véritable émouna se révèle dans notre façon de percevoir notre rôle en relation avec notre gagne-pain. C'est en fonction de ce que nous pensons dans ce domaine que notre émouna montre son véritable visage.
C'est pour cette raison que toutes les personnes qui prononcent trois fois par jour le chapitre 145 des Psaumes possèdent une place dans le Monde à venir. Ce chapitre nous rappelle l'importance d'avoir l'émouna en la Providence divine pour nous fournir notre gagne-pain. Dans la même veine, la Guémara pose la question suivante : “Pour quelle raison la prière du 'Halel' est-elle appelée 'Halel HaGadol ' ('le grand Halel ') ?” La Guémara de répondre : “Parce que dans cette prière il est fait mention du fait que D-ieu est la source de notre gagne-pain. Croire en toute certitude que cela est bien le cas est une grande chose !”
C'est de cet aspect que dépend la totalité de notre 'Avodath Hachem (Service de D-ieu) et de notre téchouva (repentir). Les principaux obstacles que la majorité des personnes rencontrent dans leur 'Avodath Hachem sont les confusions et leurs erreurs de jugement en ce qui concerne la source de leur revenu. Ce sont seulement les personnes qui croient avec une émouna parfaite que c'est D-ieu qui leur accorde leur gagne-pain – même si elles décidaient de ne plus lever pas le petit doigt – qui servent le Maître du monde comme il ce doit.
Le vice-roi possède une détermination à toute épreuve. Cette détermination trouve son origine dans le nombre important d'années où il a prié et supplié D-ieu de lui accorder l'émouna. Maintenant, le vice-roi est capable de faire exactement ce que la princesse lui a ordonné. Nul ne peut le faire vaciller de son émouna parfaite. Celle consiste à savoir qu'il n'existe rien dans le monde à l'exception de D-ieu et que la terre est remplie de Sa gloire. Partant, nous savons que tout ce qui arrive dans le monde est pour le meilleur, que tout se trouve sous Sa direction et que tout est dirigé à la perfection.
Une personne qui possède une telle émouna n'éprouve aucun souci, ni aucun stress envers les évènements qui font sa vie. Ceci est bel et bien l'aspect principal de notre vie : vivre avec émouna, prières, joie et innocence.
N'avoir peur de personne
Arrivés à ce stade de notre raisonnement, nous devons marquer une pause et réfléchir quelques instants.
Imaginons que nous rencontrions une personne d'une stature hors du commun, un individu qui connaîtrait tous les secrets et les mystères de la Tora. Imaginons également que cette personne réalise des miracles et qu'elle ait atteint un degré extrêmement élevé de spiritualité. La nature serait sous son contrôle et elle pourrait – lorsqu'elle le désire – ordonner à toutes les bêtes sauvages, à tous les oiseaux et à tous les vents de se présenter devant elle !
Quelle admiration serait la nôtre ! Quelle excitation ressentirions-nous devant une telle merveille ! Nous voyons même cette personne converser avec les bêtes sauvages ! Maintenant, cet individu s'adresse à nous pour nous dire que toute notre façon de faire est une erreur et que nous nous trompons lourdement. Selon cette personne, il n'y a aucune possibilité de vivre une vie basée sur une émouna simple et qui ne comporte pas un minimum d'efforts.
Si nous rencontrions un individu de cette trempe, n'est-il pas certain que nous mettrions entièrement de côté notre façon de penser ? Ne penserions-nous pas : “Qui suis-je ? Comment pourrais-je argumenter avec cette personne unique et ne pas suivre ses conseils ?”
C'est pour cela que nous devons savoir que la vérité pure telle que nous l'enseigne le Tsadiq – c'est-à-dire l'émouna simple et parfaite dont le seul objectif est d'obtenir encore plus de simplicité et de perfection – se trouve dissimulée aux yeux de la plupart d'entre nous. En fait, le nombre de personnes qui la détiennent est infiniment petit.
Des individus à grande stature et qui portent sur leurs épaules de grands arbres – un grand savoir de la Tora – peuvent réaliser des merveilles ou même des miracles. Même si nous devons respecter ces individus et reconnaître qu'ils sont plus grands que nous, s'ils ne nous enseignent pas le chemin doux de l'émouna simple, nous ne pouvons pas les laisser guider nos pas. À plus forte raison, nous ne devons pas nous laisser impressionner par leur enseignement et nous rendre confus. Nous devons prendre ces personnes pour ce qu'elles sont : des obstacles à recevoir les conseils du Tsadiq.
Nous devons savoir qu'ainsi va le monde : un nombre extrêmement petit de personnes croient véritablement en le pouvoir de la prière et de l'émouna. Lorsque la majorité des personnes rencontrent un individu simple, qui désire réellement se coller à D-ieu grâce à une émouna parfaite et mener une vie de prières et de téchouva (de repentir), elles s'opposent à lui et le considèrent comme quelqu'un de stupide. Ces personnes méprisent l'émouna de cet individu.
Ces opposants s'exclament : “Hitbodédouth ? Qui peut avoir besoin de cela ? Cela s'adresse aux Tsadiqim. Pour qui te prends-tu ? Concentre-toi sur d'autres choses et abandonne ces bêtises. Ceci n'est pas fait pour toi. Tu ne peux pas coller à D-ieu avec emouna. Cela est tout simplement impossible !”
Les 'hassidim retraités
Selon Rabbi Na'hman, il existe certains 'hassidim qui ont commencé à servir D-ieu, mais qui par la suite, se sont découragés. Il arrive quelque fois que ces personnes en voient d'autres servir D-ieu avec un grand enthousiasme, prier pendant un temps qui semble infini et avec une concentration admirable.
Dans ce cas, elles se moquent le plus souvent d'elles et cherchent à la mettre dans la gêne. Ceci est particulièrement vrai si ces personnes pleines de vie sont plus jeunes que ces 'hassidim atrophiés. Leur seule volonté est d'affaiblir ces étincelles de vitalité car elles leur font ressentir un grand sentiment de douleur. Elles aussi – il y a longtemps – étaient dotées de cet enthousiasme. C'est seulement par la suite que celui-ci leur a échappé. Tout ce qu'elles désirent, c'est faire tomber ces étincelles de vie là où elles se trouvent.
Une grande ténacité
Le vice-roi s'attache à son émouna et pleure abondamment lorsqu'il entend ces paroles d'hérésie qui s'opposent aux voies de la vérité. Il insiste en disant qu'il est convaincu de l'existence dans le monde d'un chemin d'une émouna simple. Selon le vice-roi, chaque personne peut emprunter à loisir ce chemin, peu importe le niveau spirituel auquel elle se trouve.
Il est important de savoir que dès l'instant où l'on désire suivre les conseils du Tsadiq, des personnes s'opposeront à nous : autant celles qui appartiennent à notre entourage, que celles qui n'en font pas partie. C'est pour cela que nous devons posséder une grande ténacité et accorder une confiance sans limites en les paroles du Tsadiq.
Par conséquent, si le Tsadiq a dit qu'il nous est possible d'atteindre un niveau spirituel spécifique, ou de réaliser une chose particulière dans notre service de D-ieu, il est évident que ces paroles sont empreintes de vérité. Aucun doute ne doit résider en nous à ce propos. Nous devons faire notre maximum pour les paroles du Tsadiq se réalisent à la perfection.
C'est cette attitude que Rabbi Nathan de Breslev avait suivie à la lettre. De fait, l'élève principal de Rabbi Na'hman s'était appliqué – d'une façon inégalée par la suite – à faire sien chaque conseil et chacune des paroles du Rabbi. Après avoir entendu le Rabbi délivrer une leçon, il se précipitait chez lui afin de crier toute la nuit sa volonté de suivre au moindre détail tout ce qu'il avait entendu de la bouche sainte de son Maître.
C'est pour cette raison que nous ne devons pas nous étonner d'apprendre que Rabbi Nathan fut l'élève le plus proche de Rabbi Na'hman, son élève principal. Tandis qu'il criait son envie de faire sien les mots du Rabbi, les autres élèves se rendaient chez eux afin… de dormir ou de s'occuper à d'autres tâches de ce monde.
Dans l'histoire de Rabbi Na'hman, nous voyons que dès l'instant où le vice-roi devient ferme dans sa détermination et qu'il insiste à suivre le chemin qu'il s'est tracé, des hommes d'une stature bien plus grande que la sienne s'efface devant lui et viennent même l'aider.
De nouveau, nous sommes les témoins de ce principe : lorsqu'une personne est ferme dans ses convictions – et qu'elle croit véritablement en ce qu'elle fait – tous les obstacles se transforment et deviennent autant d'occasions d'être aidé. Peu importe que les entraves viennent de notre épouse, de notre père (comme cela fut le cas pour Rabbi Nathan) – ou même de rabbins de grande réputation : notre conviction possède le pouvoir de les annuler tous et même de les transformer en aides potentielles.
À suivre…
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