L’esclave devenu maître
Rembourser les sommes que l'on doit est un concept d'une telle importance, que les Sages du Talmud ont décrété qu'un mauvais payeur doit être flagellé...
Il n'y a pas d'excuses !
Le phénomène des personnes endettées n'est pas nouveau dans le monde. Cependant, notre génération a vu apparaître une calamité supplémentaire : la baisse drastique des standards éthiques et moraux de la part des personnes qui doivent rembourser les sommes qu'elles doivent.
De nombreuses personnes endettées ne font pas les efforts nécessaires pour rembourser leurs dettes. Plutôt, elles préfèrent vivre une vie empreinte de mensonge : celle des personnes qui ne doivent rien à personne.
Certaines ont même le culot de penser que l'argent qu'elles ont emprunté est réellement le leur et que l'individu qui leur a prêté – et exige maintenant d'être remboursé – désire en fait le leur voler ! Ces personnes lui reprochent de leur rendre leur vie misérable et de ne pas comprendre la situation difficile dans laquelle elles se trouvent. Leur raisonnement est simple : “Pour quelle raison cet individu ne nous laisse-t-il pas tranquilles ?” pensent-elles. Selon elles, c'est le monde entier qui doit être rempli d'égards envers elles.
La conséquence de ce genre de comportement est de renverser complètement la réalité. La personne qui doit de l'argent à une autre – et qui devrait en théorie se sentir gênée de ne pas pouvoir rembourser ses dettes – est celle qui adopte un comportement de grand seigneur, tandis que c'est à celle qui a prêté son argent à qui revient la responsabilité de chercher par tous les moyens possibles ce qu'elle doit faire pour recouvrer son argent !
Ainsi, l'esclave est devenu le maître, tandis que le maître est maintenant l'esclave. Il ne faut pas perdre de vue que c'est la situation exactement inverse qui devrait prévaloir : c'est la personne qui a prêté son argent qui devrait être considérée comme ayant la main sur celle qui le lui doit. Cette situation ne devrait pas changer jusqu'au jour où le débiteur a remboursé la totalité de la somme qu'il devait. Que les choses soient ce qu'elles sont est un des signes de la chute spirituelle terrible de notre génération.
Les choses les plus simples et que tout le monde devrait comprendre et appliquer ne le sont plus. Nous sommes tombés bien bas !
L'arrêté du “Comité des quatre terres”
Afin de nous aider à comprendre la gravité du problème, il est sans doute utile de réfléchir à l'arrêté qui fut promulgué – il y a plus de quatre cents ans – par les leaders rabbiniques de l'époque, dont le saint Rabbi Chmouel Eliezer Halevi Ideles (le “Maharcha”). Ces leaders s'étaient réunis en une assemblée que l'histoire a retenue sous le nom de “Comité des quatre terres.”
Voici les trois points principaux de ce décret :
1. Les juges du tribunal rabbinique peuvent constater qu'une personne endettée ne rembourse les sommes qu'elle a empruntées et que cette personne ne travaille pas jour et nuit afin d'éponger sa dette. De plus, cette personne formule toutes les excuses possibles pour expliquer les raisons de son incapacité à rendre l'argent qu'elle doit. Dans un tel cas – et comme premier avertissement – cette personne n'a plus le droit d'entrer à la synagogue ! Également, elle n'a pas le droit d'y revenir tant qu'elle n'a pas remboursé sa dette !
2. Dans le cas où cette situation perdure, c'est également sa femme qui n'a plus le droit d'entrer dans la section des femmes de la synagogue. En fait, les autres sections de la synagogue lui sont également interdites d'accès, jusqu'au jour où son mari ne doit plus d'argent.
3. Si ces mesures n'ont pas permis d'aboutir à une conclusion satisfaisante, ce sont les enfants de la personne qui sont expulsés de leur école !
Il est important de préciser que de nos jours, à cause de la chute abrupte des standards moraux dans le domaine des remboursements de dettes, cet arrêté peut nous sembler cruel à de nombreuses personnes. Nous pouvons nous étonner de l'absence évidente d'une recherche de compromis et craindre que ses conséquences ne fassent qu'aggraver la situation.
Cependant, nos Sages des générations précédentes savaient pertinemment ce qu'ils faisaient. Ils connaissaient très bien la force du mauvais penchant de chaque individu et notre capacité à toujours expliquer notre comportement fautif et à nous trouver les bonnes raisons pour expliquer notre attitude, peut importe sa nature. Il est toujours tentant de chercher à ne pas faire face à nos responsabilités et de ne pas rembourser nos dettes.
Par conséquent, nos Sages ont promulgué cet arrêté dans le but de décourager les mauvais payeurs et de les forcer à mettre en œuvre tout ce qui leur est possible de faire pour rembourser leurs dettes. Dans le cas contraire, ces personnes doivent souffrir l'humiliation à laquelle nous avons fait référence. Également, pour rendre leur force de conviction plus efficace, nos Sages ont inclus dans leur arrêté la femme du mauvais payeur, afin que celle-ci l'incite à accélérer le remboursement des sommes qu'il doit et à ne pas augmenter ses dettes.
Le fait que la personne qui emprunte se retrouve dans une situation désavantageuse par rapport à celle qui prête – et non pas l'inverse, comme le veut notre société – a été inscrit dans la halakha (le droit juif), c'est-à-dire dans le Choul'han 'Aroukh ('Hochen Michpat, 107). Également, la Guémara est remplie de décrets de la même sorte.
Tous ces arrêtés et tous ces décrets possèdent le même fondement : la personne qui emprunte a la responsabilité de rembourser les sommes qu'elle doit. Il est demandé à cette personne de rembourser son prêt selon les échéances prévues et de respecter toutes ses obligations.
De fait, rembourser les sommes que l'on doit est un concept d'une telle importance, que les Sages du Talmud ont décrété qu'un mauvais payeur doit être flagellé à cause de son manque de volonté de faire face à ses responsabilités. Ce qui est reproché à cette personne est de ne pas déployer tous les efforts nécessaires pour rembourser sa dette. C'est pour cette raison que dès l'instant où elle reconnaît que sa responsabilité est engagée – et qu'elle s'engage à rembourser les sommes qu'elle doit – les coups de fouet s'arrêtent.
Ce que nous apprenons des paroles des Sages du Talmud est qu'un emprunteur est lié à son créditeur, à l'image d'un esclave à son maître. En d'autres termes, le créditeur possède un droit de regard sur les biens de l'emprunteur ; c'est même l'indépendance physique de l'emprunteur qui est remise en question : celui-ci ne peut pas choisir à loisir de travailler – ou pas – pour rembourser sa dette. Ceci correspond au verset (Proverbes 22:7) : “Le débiteur est asservi à son créancier.”
Une personne qui ne peut pas rembourser ses dettes – et qui ne possède pas les biens matériels pour faire face à ses obligations – est identique à l'esclave face à son maître. Tant qu'elle doit un euro à son créditeur, elle ne possède pas le droit à la parole et sa seule obligation est de travailler jour et nuit pour rembourser ce qu'elle doit.
À notre grande douleur, nous constatons que nous vivons dans un monde où la réalité a été inversée : c'est le créancier qui doit travailler jour et nuit et qui doit pourchasser le débiteur pour recouvrer son argent.
À suivre…
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