Une émouna musclée

“Moi aussi j'aurais bien voulu être le grand Sage de la génération ; mais que voulez-vous ? Le Ciel en a décidé autrement !” On comprend de suite l'intérêt du relativisme natal.

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

9 chévat 5770 – 24 janvier 2010

Comment peut-on expliquer le fait que certaines personnes semblent posséder une émouna (foi) plus grande que la nôtre ? Sont-elles nées ainsi ou ont-elles travaillé dur pour parvenir à ce niveau ? Également : existe-t-il un niveau spirituel qu'on pourrait qualifier de “satisfaisant” pour chaque personne ou faut-il viser la progression constante ?
 
L'émouna : cela se travaille !
 
Il est faux de croire que certaines personnes sont nées plus douées que d'autres. Même si ce sujet mériterait une plus longue dissertation que mes quelques lignes, déclarer que nous sommes tous égaux à la naissance n'est pas très éloigné de la vérité De fait, nous utilisons le plus souvent l'argument selon lequel chaque individu est né avec un potentiel différent pour nous reposer sur nos lauriers.
 
En d'autres termes, si Untel est plus avancé que moi, cela est certainement dû à un don du Ciel. Aussitôt, ma paresse et ma fainéantise ont trouvé leur prétexte : ma constitution à la naissance. “Moi aussi j'aurais bien voulu être le grand Sage de la génération ; mais que voulez-vous ? Le Ciel en a décidé autrement !” On comprend de suite l'intérêt du relativisme natal.
 
Pourtant, l'émouna peut être comparée à un muscle : elle ne se développe que si l'on s'en sert. De plus, les premiers mouvements – c'est-à-dire les première fois où l'on s'ouvre réellement et sincèrement à elle en commençant à étudier et à poser des questions – sont généralement douloureux. Les courbatures physiques s'apparentent à de nouveaux questionnements intellectuels qui ne sont pas toujours aisés, ni agréables.
 
La personne qui ne se décourage pas le sait : ces courbatures disparaissent après quelques séances. Dans le domaine spirituel également, les douleurs du début passent avec le temps. Par contre, celle qui abandonne au premier tiraillement risque de rester pour longtemps avec cette impression d'insatisfaction typique des personnes qui ont baissé les bras.
 
Les douleurs dont je parle sont réelles. Par exemple : un individu a vécu pendant de nombreuses années en étant persuadé que la science et la religion ne font pas un bon ménage et que la première dément sans ambigüité la seconde. Pourtant, lors d'une lecture anodine ou de l'écoute d'une leçon à propos de ce sujet, elle apprend qu'il en est rien.
 
Certes, on ne peut pas apporter des réponses à toutes les questions (la science fait face à la même situation), mais il est faux de croire qu'être scientifique et croyant et contradictoire. Les milliers de scientifiques religieux qui sortent chaque année diplômés des universités israéliennes en sont la preuve !
 
Partant, les tiraillements apparaissent : il n'est pas aisé d'être mis face à ses propres contradictions. Si la personne en reste là et décide de ne pas changer son mode de réflexion, elle aura raté une opportunité qui lui avait été envoyée par le Ciel. Cependant, si elle décide d'être honnête avec elle-même et d'approfondir le sujet, les tiraillements se transformeront rapidement en gain ; de fait c'est l'émouna de cette personne qui aura pris du poids et de la force.
 
On le constate : les questions nous renforcent. À l'opposé, la politique de l'autruche nous laisse dans un état d'atrophie intellectuelle qui n'est pas digne d'une créature de D-ieu. Il est sans doute confortable de vivre dans ses certitudes, mais en fin de compte, c'est notre image d'être doté de raison que nous perdons un peu plus chaque fois que nous n'attrapons pas la perche que le Ciel nous tend à intervalles réguliers.
 
Retrouvons la vie !
 
Cette semaine, nous célébrons la fête de Tou biChevat. Je vous invite à lire les différents articles que Breslev Israël vous propose afin de prendre connaissance de la signification de cette fête. En quelques mots, il me suffira de dire que Tou biChevat est le jour de l'an des arbres et qu'à l'époque où le Temple Jérusalem se dressait sur l'endroit de plus saint d'Eretz Israël, cette date était importante pour déterminer à quelle année appartenaient les récoltes en regard de la dîme.
 
Selon la Guémara, Tou biChevat est également la date où la sève des arbres recommence à monter des racines. C'est le signe que la végétation retrouve la vie et qu'une nouvelle saison s'annonce. C'est pour cette raison qu'à Tou biChevat, nous récitons une prière particulière pour demander à Hachem de nous réserver un étrog superbe pour la fête de Soukoth. Même si nous n'achèterons ce fruit indispensable à la fête des cabanes que plusieurs mois plus tard, c'est à Tou biChevat qu'il est possible de faire remonter ses origines.
 
Profitons de cette fête pour donner une nouvelle vigueur à nos facultés intellectuelles.
 
Vous êtes cordialement invités à lire les billets du jour sur le blog de David-Yits'haq Trauttman à www.davidtrauttman.com/

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