Le Moussar-une condition essentielle -Ki Tissa

La Torah apprend à l’homme la propreté, la pureté (la perfection) du culte divin, elle lui apprend à faire régner l’harmonie entre...

7 Temps de lecture

le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 05.04.21

Dans le début de notre Paracha, Hashem ordonna ainsi à Moche «Tu feras une cuve de cuivre avec son support en cuivre, pour les ablutions» (Exode 30:17-18). «Il fabriqua la cuve en cuivre, et son support de même, au moyen des miroirs de femmes qui s’étaient attroupées…» (Id. 38:8). Que représente cette cuve et ces miroirs

La Torah apprend à l’homme la propreté, la pureté(la perfection) du culte divin, le concept de «Je me lave les mains en état de pureté» (Psaumes 26:6): elle lui apprend à faire régner l’harmonie entre l’expression de la bouche et celle du cœur, car la propreté doit s’exprimer intérieurement et extérieurement aussi bien chez les enfants d’Israël que chez l’Eternel, comme il est écrit: «vous serez propres devant le Seigneur et envers Israël» (Nombres, 32:22). Ils trouveront alors faveur et bon vouloir aux yeux de Dieu et des hommes (Proverbes 3:4)
 
La cuve[Kiyor] du sanctuaire représente le culte divin[avodat Ashem] accompli dans la pureté et la sainteté, tandis que les miroirs font allusion à l’image de l’homme qui se reflète… Ce qu’il y voit, c’est son aspect extérieur, et non intérieur. L’homme doit donc posséder un seul aspect, et non deux, comme le miroir: il doit être équilibré aussi bien dans le domaine physique que dans le domaine spirituel.
 
L’homme atteindra ce niveau par l’étude intensive du Moussar  (la morale), qui lui apprend ce que «l’Eternel son Dieu demande de lui» (cf. Deutéronome 10:12), et comment combattre le mauvais penchant qui lui fait croire qu’il est parfait «de l’extérieur» .S’il s’engage assidûment dans l’étude de la Torah, son étude se dévoile a l’extérieur, selon les termes de la Guémara (Mo’ed Katan 16b)c'est a dire que ses actions révéleront que son étude est avec la bonne volonté demander comme est écrit dans le Likoute Moharan Tora 1.
 
Le Talmud (Chabath 117b) nous indique par exemple le nombre de repas que nous devons prendre le Chabath. Apparemment, qu’importe à nos Sages combien de repas nous consommons le jour de notre repos, qu’on mange peu ou beaucoup? Cela nous apprend que dans tous les domaines de notre vie, nous devons nous conformer aux prescriptions de nos Sages et il nous est interdit d’agir à notre guise. Combien d’heures doit-on consacrer par jour à l’étude de la morale? Plus on étudie, plus on est digne de louanges. Si on n’étudie qu’un peu, on peut momentanément vaincre son mauvais penchant, mais on est susceptible de faiblir par la suite… Rattachons-nous donc CONSTAMMENT à Dieu, aussi bien en pensée, en parole, qu’en action, en mangeant, en dormant, partout, et toujours… Même si on étudie jour et nuit, on n’est jamais satisfait. Seule l’étude du Moussar rassasie l’âme de l’homme et l’imprègne de la crainte du Ciel. On sait d’ailleurs à cet effet que les grands de la génération ont habitué leurs disciples à étudier quotidiennement la morale juive.
 
Ce qui nous conduit à la controverse entre le Rambam et le Ramban concernant la motivation des sacrifices. D’après le Rambam, le sacrifice vise à couper l’idolâtrie du cœur de l’homme. Il prescrit de sacrifier ces animaux, non aux idoles, mais à l’Eternel (Moréh Névoukhim 3:46). Le Ramban estime quant à lui, que le sacrifice vise à effrayer l’homme à la vue de l’animal qu’on égorge, brûle, dont on jette le sang, etc. et qu’il doit se sentir à la place de l’animal (Lévitique 1:9). C’est pour cela qu’à l’issue de ce cérémonial, celui qui apporte le sacrifice doit dire: «Mon Dieu, considère que j’ai sacrifié ma graisse et mon sang sur Ton autel» (Bérakhoth 17a).
 
D’après le Rambam, celui qui a commis le moindre péché s’est laissé influencer par le mauvais penchant (qui est comme une idole), et que pour s’en débarrasser, il doit éprouver une grande frayeur, le regret seul ne suffit pas. L’homme se repent et prend du Moussar à la vue du sang. Pour anéantir son yetser hara’ (mauvais penchant), il doit faire un sacrifice. Le Ramban estime quant à lui que l’homme doit se voir tout entier à la place du sacrifice. Si son mauvais penchant l’incite à pécher, il le fait fuir par la frayeur qu’il éprouve. Le sacrifice qu’il offre le pousse au repentir et l’imprègne de la crainte du Ciel.
 
Même ceux qui offrent un sacrifice de remerciement à Dieu, intensifient leur Emouna en Lui. Hével s’est complètement annulé devant D-ieu, il n’était que hével havalim, vanité des vanités, devant Lui. Il n’en demeure pas moins qu’«il offrit des premiers-nés de son bétail, de leurs parties grasses» (Genèse 4:4). C’est que Hével, qui était aussi humble que Moché(dont il était la réincarnation), voulait s’annuler encore davantage en offrant un sacrifice, car il voulait ressentir cette grande frayeur dont nous parlions plus haut. Son sacrifice a donc été accepté par D-ieu. En revanche, l’offrande de Caïn, qui n’agit que superficiellement, ne fut pas agréée par Dieu (id. 5). C’est que son sacrifice ne visait pas à lui faire éprouver une grande frayeur, ni à le rapprocher du Saint, béni soit-Il.
 
Le verset dit: «Si quelqu’un d’entre vous(mikem) veut présenter au Seigneur une offrande (léhakriv) de bétail (min habéhémah), c’est dans le gros (min habakar) ou le menu bétail (oumin ‘hatson) que vous pouvez choisir cette offrande» (Lévitique 1:2); en d’autres termes, celui qui veut se rapprocher (léhakriv ou léhithkarev) de Dieu doit veiller à réciter quotidiennement mikem (valeur numérique 100), cent bénédictions, comme le prescrit le Talmud (Ména’hoth 43b), ce qui représente un sacrifice à Dieu.
Min habéhémah: il convient que même les actes «profanes» et bestiaux quotidiens de l’homme: manger, plaisirs divers, etc. soient dirigés avec la volonté de faire ce que D-ieu veut.
 Min habakar: doit joindre boker (boker a la même valeur numérique que habakar, plus 1 pour le collel) le matin, au soir; c’est-à-dire étudier la Torah toute la journée, selon l’interprétation du Talmud (Michnah Bérourah, Ora’h ‘Haïm 102) du verset: «Il fut soir, il fut matin…» (Genèse 1:5). Ce sera là l’offrande de l’homme à D-ieu.
Oumin hatson:l’homme doit prendre constamment conscience du fait qu’il dépend entièrement du Ciel, que l’Eternel veille individuellement sur chacune de ses créatures. Sans cette protection continue, on est susceptible d’être la proie des bêtes féroces, comme le menu bétail l’est quand il est privé de berger.
 
Si, comme notre ancêtre Avraham, on se lève avec rapidité de bon matin (Genèse 22:3) pour servir son Créateur, on anéantit déjà au moins de moitié la force du mauvais penchant, et à celui qui commence à accomplir la mitsvah on lui dit: «achève-la!» (Yérouchalmi, Pessa’him 10:5): purifie-toi, tu le peux, car tu as maîtrisé ton mauvais penchant en accomplissant une mitsvah, même dans un but qui n’est pas désintéressé. L’offrande que tu as faite avec célérité, t’a sanctifié et imprégné de crainte du Ciel, intérieure et extérieure(comme les miroirs du sanctuaire)… D’ailleurs, la valeur numérique de vayikra el Moché, est similaire à celle de ’hich maher yigal lanou: Il nous libérera au plus tôt: l’étincelle de sainteté qu’il reçoit du Ciel, incite l’homme, qui a l’aspect de Moché, à accomplir ses mitsvoth avec célérité, à réciter les cent bénédictions quotidiennes, à joindre le jour à la nuit, comme nous l’avons vu plus haut, à croire en la protection divine permanente, à avoir foi que rien n’est caché à l’Eternel «qui sonde les reins et le cœur» (Jérémie 11:20).
 
Cependant, à cause de nos nombreux péchés, notre Temple a été détruit, et nous n’avons ni cuve, ni miroirs, ni sacrifices à offrir. Il ne nous reste que les prières et notre table, qui remplacent les offrandes (Bérakhoth 55a). Notre situation ressemble à celle d’une brebis entourée de soixante-dix loups «et vous, mes brebis que Je fais paître, vous êtes des hommes, Moi, Je suis votre Dieu» (Ezéchiel 34:31). Seule l’étude des livres de Moussar et les livres de Rabenou Hakadoch Rabbi Nah'man de Breslev , nous aidera à accomplir les préceptes divins avec célérité et un dévouement exemplaire, nous imprégnera d’une crainte du Ciel extrêmement pure (cf. Michnah Bérourah, Ora’h ‘Haïm 1:12).
 
Selon la vérité de la Tora, il ne suffit pas d’étudier le Talmud et les Codes de la loi juive [Halah'a] par simple routine: il convient de s’y concentrer au maximum. N’agissons pas comme ces «Sages» très versés en Torah extérieurement, qui disent du mal de leur prochain, bavardent pendant la prière, ne répondent pas Amen, yéhé chémeh rabah, comme il convient… Nous avons déjà examiné le cas de Elicha’ ben Avouya (A’her) qui, extérieurement, était un des plus grands sages de sa génération, mais lisait des livres empreints d’athéisme à l’insu de ses compagnons, et finit par se dépraver (’Haguigah 15b); celui d’Essav que son père prenait pour un Tsadik, car il lui demandait comment on prélève le ma’asser sur le sel et la paille! (Béréchith Rabah 65:1, 97:9). Ce voleur, cet assassin, n’était en vérité qu’un porc qui montre ses sabots fendus en proclamant: «Regardez comme je suis pur!» (id. Yalkout Chimoni, Psaumes 830). Imitons plutôt notre ancêtre Jacob «homme intègre, vivant sous les tentes» (Genèse 25:27) (ohalim au pluriel), car son intégrité était en même temps celle de la bouche et du cœur, comme l’explique Rachi (id.). Il se conformait à la prescription divine «Reste tamim [intègre] avec l’Eternel ton Dieu» (Deutéronome 18:13; là aussi tamim au pluriel).
 
Si les premiers étaient des anges, enseigne le Talmud (Chabath 112b), nous ne sommes que des hommes, et si les premiers étaient des hommes, nous sommes des ânes et mais pas comme l’âne de Rabbi Pin’has ben Yaïr, qui avait refusé de consommer de la paille dont on n’avait pas prélevé le ma’asser, après avoir été volé à son maître (’Houline 7a-b)mais vraiment des ânes . Voir aussi le cas de l’âne de Rabbi ‘Hananya Ben Dossa (Ta’anith 24a).
 
C’est que la compagnie de Rabbi Pin’has ben Yaïr lui a fait acquérir la connaissance de son Créateur. Même dépourvu d’âme, il était en mesure de connaître comme le bœuf son possesseur, et comme l’âne la crèche de son maître (Isaïe 1:3)… Remplissons-nous donc notre visage de honte devant cet âne saint prêt à mourir de faim si on ne lui donne pas une nourriture sans défaut. A-t-on prélévé le ma’asser sur ce que nous consommons? Veillons-nous assez à la cacherouth de notre nourriture? Peut-être a-t-elle été volée ?
 
Les premiers ressemblaient à des anges: il leur suffit de recevoir l’ordre une fois pour accomplir leur mission, aussi bien sur le plan intérieur (le cœur) qu’extérieur (la bouche). Comme on le sait, les Tsadikim ressemblent à des anges (cf. Nédarim 20b). Quant à nous, nous avons besoin d’un ordre double (bouche et cœur) pour servir Dieu, comme il est écrit: «Parle aux pontifes et dis-leur…» (Lévitique 21:1).
 
Que Dieu nous donne la force d'accomplir à la perfection Ses saints commandements pour Le servir d’un cœur pur. Amen!
 
***
Tiré du livre Pah'ad David ,Presenté avec l'amabilité du site www.hevratpinto.org 
 

Ecrivez-nous ce que vous pensez!

Merci pour votre réponse!

Le commentaire sera publié après approbation

Ajouter un commentaire