Un festin de roi

Je me suis dit que cette fête était la plus authentique de l’année, celle qui révèle que notre monde habituel est un monde de costumes.

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M. Oded Mizrah’i

Posté sur 27.02.23

Je me suis dit que cette fête était la plus authentique de l’année, celle qui révèle que notre monde habituel est un monde de costumes. Et me voici : une âme sainte déguisée en femme divorcée de 47 ans…

J’ignore si vous croirez mon histoire, mais ce que je vais vous raconter a bel et bien eu lieu, et si malgré tout, vous avez du mal à vous en convaincre, buvez quelques gorgées du vin de Pourim, gouttez le secret de la vie : tout deviendra plus facile.

Je suis divorcée, j’approche la cinquantaine et je vis avec ma fille dans un petit appartement dans le centre d’Israël. Il y a quelques années, j’ai fait téchouva, « je me suis renforcée, » comme on dit ; mais ma fille ne m’a pas suivie. Je prie toujours pour elle.

Avant ce fameux Pourim, ma situation financière était particulièrement difficile. Je n’avais même pas un centime à mettre dans la séouda (le repas) de Pourim ou dans un michloa’h manot (deux mets qu’on s’offre le jour de Pourim). Selon la hala’ha (la loi juive), j’étais une personne qu’on définit comme pauvre, mais aucun gabay tsedaka (aumônier qui récolte les dons pour les pauvres) n’avait entendu parler de moi –et je ne voulais pas non plus que ce soit le cas. Je ne voulais demander de faveur à personne, sauf à Lui, béni soit-Il, surtout le jour de Pourim où l’on dit « toute personne qui tend la main, on lui donne ».

« Maman, à quelle heure on mange le repas de Pourim ? » Ma fille me demanda-t-elle.
« Dans une heure, » assuré-je sans comprendre sur quoi je me reposais.

Je m’imaginais exactement ce que je voulais pour ce repas de Pourim : quelques ozné aman –biscuits qu’on mange à Pourim- bien croquants, deux bouteilles de coca bien frais (malgré le froid), un assortiment de fruits, des belles fraises pour le dessert, et quelques douceurs à offrir comme michloa’h manot.

Ce n’est pas exactement le festin de Pourim tel que les gens le conçoivent, mais c’est ce que je voulais. J’avais calculé dans ma tête que ça me reviendrait dans les soixante-dix shekels. Dans ma détresse, j’ai décidé de m’isoler pour prier, selon la voie de Rabbi Nah’man de Breslev.

Je suis descendue dans la rue, très déterminée. D’un coup, j’ai ressenti que ma foi était sans limite. Je marchais sur le trottoir, c’était un jour de Pourim ordinaire : les enfants étaient déguisés, les pétards retentissaient sur fonds d’éclats de rires. Je me suis dit que cette fête était la plus authentique de l’année, celle qui révèle que notre monde habituel est un monde de costumes. Et me voici : une âme sainte déguisée en femme divorcée de 47 ans dans une situation financière difficile…

Mais qu’y a-t-il de vrai, dans ce monde de tromperie ? D.ieu, et Lui seul ! Je me suis donc tournée vers Lui : « Je n’ai personne à qui demander de l’argent, et Tu me connais, Tu sais que je n’aime pas demander d’argent à qui que ce soit, mais je veux faire un repas de Pourim en Ton honneur… »

J’ai continué à marcher dans cette rue bondée, je me sentais comme en transe et j’ai commencé à imaginer que le salut était proche. J’étais déterminée et dans mon esprit, il n’y avait pas d’autre possibilité qu’un dénouement positif. Et c’est ainsi que j’ai fini de parler au Créateur : « Je veux que tu m’amènes l’argent jusque chez moi… »

Au terme d’une vingtaine de minutes de prière au cœur de cette rue animée, je suis revenue vers mon immeuble, quelque peu délabré.

J’ai jeté un œil dans ma boîte aux lettres grinçante, et j’y ai trouvé une enveloppe blanche, fermée, lumineuse…

Elle ne portait aucune inscription. Je savais que si c’était ma mère, elle aurait écrit « Pour Efrat » ou « Joyeux Pourim ! » Je savais aussi qu’elle ne m’enverrait pas quelque chose sans m’en parler.

J’ai ouvert l’enveloppe… Elle contenait soixante-dix shekels !

J’ai pris l’argent tout à fait naturellement, et je me suis vite dirigée vers le supermarché le plus proche pour arriver à l’heure que j’avais fixée avec ma fille. J’ignore si vous me croyez ou non, après tout, je ne suis qu’une simple femme qui vient de faire téchouva et pas une sainte qui décrète et D.ieu exécute. Mais sachez que ma foi était tout simplement parfaite durant ces instants de prière, probablement grâce à Pourim.

Ma fille et moi nous sommes assises à table. Je me suis vraiment sentie comme à un festin de roi, ou pour être plus précise, un festin offert par Le Roi.

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