Un petit mot qui change tout

Il est un petit mot qui nous apprend à nous réjouir de ce qu’on a, car quand on sait remercier, on est plus joyeux…

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Tsipora Berrebi

Posté sur 18.03.21

Nous apprenons à nos enfants à remercier, en pensant qu’on leur inculque la politesse. Mais dire merci, c’est bien plus que de la politesse. Dire merci –en le pensant-, c’est accepter ce qui vient avec humilité.

Le fait de dire merci nous apprend, ainsi qu’à nos enfants, à nous réjouir de ce que nous recevons, à nous enthousiasmer et à remercier. Il faut savoir que dire merci, ce n’est pas juste être poli, parce que nombre de points importants de l’éducation de nos enfants (et de notre éducation, à nous-mêmes) se cachent derrière ce petit mot.

A la porte de ma maison, se tenait le fils de ma voisine, un bout de chou de trois ans. De ses grands yeux, il me fixa, son visage rayonnant comme le soleil, et dit : « Merci ! » Ses yeux me souriaient vraiment, un peu intimidé aussi, certes, mais l’on ne pouvait pas louper la joie qu’ils exprimaient.

Debout derrière lui, sa maman était fière. « Il est tellement content du chocolat ».

J’ignorais combien il était content, mais elle l’avait envoyé me remercier. Parce qu’on ne peut pas recevoir quelque chose et ne pas remercier ! Cette chose ne nous revient pas, mais quelqu’un a pensé à nous et nous l’a donnée. Cela nous réjouit, et cela implique aussi qu’on soit reconnaissant.

Il est donc venu frapper à ma porte, et quand j’ai ouvert, il m’a regardée de ses yeux intimidés mais pleins de lumière et m’a dit : Merci !

Cela m’a touchée. Quelle douceur, quelle magie, dans ce petit mot sortant de la bouche d’un enfant de trois ans aux yeux si purs, venant spécialement pour remercier ! Il n’avait même pas encore gouté les chocolats, parce que d’abord, il faut dire merci.

Un petit mot ? Un mot géant !

Un mot qui nous apprend à nous réjouir de tout ce que nous avons et de tout ce que nous recevons. Car quand on sait remercier, on est plus joyeux. Quand on regarde ce qui manque, on est plus amer.

Je regarde autour de moi, et je me demande si je me rappellerai de remercier pour tout. Pour toutes les bontés que Tu m’as faites. Alors merci beaucoup, mon D.ieu ! Pour toutes les petites bontés, à chaque instant et chaque jour.

Avec la joie d’une petite fille, j’observe autour de moi et je sais que quelqu’un s’inquiète de moi, quelqu’un me fait des cadeaux en permanence.

Une autre fois, c’est la petite de cinq ans qui frappa à ma porte. D’un sourire timide, elle me tendit un dessin qui entourait le mot « merci ».

Une gaufrette ! C’était l’origine de sa joie et de ce merci !

Merci.
C’est si simple, si magique et tellement émouvant.

C’est de cette façon que la joie se renforce chez les enfants. C’est de cette façon qu’ils apprennent à se réjouir de ce qu’ils ont, de ce qu’ils reçoivent. Cela ne va pas de soi. Personne ne leur doit rien. C’est une agréable surprise que l’on se doit de bénir et pour laquelle il faut remercier.

Une pause, le temps de dire merci, entre le moment où l’on reçoit une douceur et le moment où on la déguste, en améliore le goût et l’élève à un niveau particulier.

Les enfants qui ne savent pas remercier, ceux qui sondent leurs cadeaux d’un air critique, auront du mal à être joyeux. « Quoi ? C’est tout ? » « Oh, j’en ai déjà un… » Ou encore : « Je n’aime pas du tout… »

De nombreux instants de leur vie sont consacrés à énumérer ce qui leur manque ou qui ne leur convient pas. De nombreux moments de joie qui sont gâchés, car transformés en déception et en amertume. Dans leur vie aussi, en tant qu’adultes, ils continueront à courir après la joie, après le bonheur, mais auront du mal à les découvrir, même quand ils seront juste devant leurs yeux.

Le regard de ce petit de trois ans m’accompagne partout où j’ai quelque chose à donner. Partout où je reçois quelque chose. Un regard plein de joie et d’émotion, juste à l’idée de donner quelque chose.

Saurons-nous être petits et aussi émus devant le Saint, béni soit-Il ? Nous mettrons-nous à sonder Ses cadeaux ou bien les recevrons-nous avec joie en Le remerciant de tout notre cœur ?

Avant de manger, consciencieusement, nous faisons la bénédiction. Parfois, par habitude, nous oublions de souligner le « Béni sois-tu », le « Merci Hachem pour les nombreuses choses dont Tu nous combles ».

Notre joie pour tout ce que nous avons doit se renouveler chaque jour, nous remplir de la magie de l’attention et d’une sensation d’appartenance au monde merveilleux du Saint, béni soit-Il.

Car Son monde est un monde de don.
Nous n’avons qu’à récolter.
Et remercier.
C’est ainsi que nous construirons notre propre bonheur.
Etape par étape.

Car Il nous envoie tellement de bontés :

Le sourire d’un(e) voisin(e) le matin.
La caissière qui m’aide à vider mon cadi.
Les enfants qui se réveillent de bonne humeur et sont contents du petit déjeuner que je leur ai préparé.
Le désordre à la maison, parce que grâce à D.ieu, il y a des enfants qui chahutent.
Mon patron qui apprécie mon travail.
Le soleil qui brille après des jours de froid.

Ils sont nombreux, ces petits instants magiques capables de faire briller nos yeux et de nous redonner des forces de joie, et de l’amour pour le monde qui a été entièrement créé pour nous, un monde qui n’est que bonté.

Alors au lieu d’énumérer ce qui nous manque, énumérons plutôt nos trésors. Au lieu de se demander ce qu’on va recevoir, vérifions ce qu’on peut donner, ce qu’on peut faire pour sa famille, pour son entourage.

La force d’agir, c’est en fait la force de remercier pour ce qu’on a.

Si l’on a reçu quelque chose, qu’on s’en est réjoui et qu’on a dit merci : si on a su recevoir, alors il est certain qu’on saura aussi donner.

Parce que l’on ne possède que ce que l’on donne.

Traduit de l’hébreu par Carine Illouz
 

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