Quand on aime, on parle

Tout a commencé par le nom bizarre de ce village, en continuant sur une recherche aux résultats surprenants, même pour le chercheur lui-même. Que révélait-elle ?

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Edna Kadoch

Posté sur 17.03.21

C’est l’histoire des habitants d’un petit village reculé. Son nom était Se rencontrer, se lier… Une minute, ce n’est pas un peu bizarre comme nom, pour un village ? Quoi qu’il en soit, quelque chose lui a fait faire les gros titres, mais quoi ?

Un jour, un médecin compétent aux nombreuses années d’expériences vint y faire un tour, dans le cadre d’une étude sur les maladies et en quête de remèdes. Il découvrit que tous les habitants du village de moins de 57 ans étaient en bonne santé. Au-delà de cet âge, il y avait des problèmes de vieillissement naturel. Il n’en revenait pas et décida d’observer comment les habitants du village préservaient leur santé. Et comme dans toute étude, il chercha et identifia différents paramètres, afin de découvrir le facteur ou le point clé qui lui donnerait sa réponse. Voici les options qu’il examina :

Opportunité : Y avait-t-il, dans ce village, une opportunité particulière ou un facteur qui favorisait la santé ? L’opportunité de naitre ou de grandir dans ce village garantissait-elle une bonne santé ? Quelqu’un qui viendrait s’installer dans ce village jouirait-il d’une bonne santé ?

Aptitude : Les habitants du village avaient-ils un talent particulier qui faisait qu’ils réussissaient à être en bonne santé ? Etait-ce un talent inné ou qui s’acquiert ?

L’air : Le village jouissait-il d’un air particulièrement pur qui influait sur la santé des habitants ? L’altitude du village ou sa distance par rapport aux zones industrielles faisaient-elles que l’air était pur et sain ? Non, au contraire, l’étude montra que le village était entouré de nombreuses usines polluantes.

Le sommeil : Existait-t-il des habitudes particulières quant au sommeil des villageois, influant sur leur santé ?

Gênes : Le médecin analysa l’éventualité que les habitants aient des gênes forts. Peut-être était-ce la raison de leur bonne santé ? Mais non : certains habitants avaient des parents cardiaques, ou d’autres problèmes qui s’étaient déclarés relativement tôt alors qu’ils étaient en bonne santé.

Les dates de naissance : on vérifia les dates de naissance de tous les habitants du village dans l’idée que peut-être, les gens nés lors d’une année ou d’un mois spécifique étaient en meilleure santé. Il apparut que les données ne concordaient pas.

L’environnement : on analysa l’éventualité que l’environnement du village soit propice à une bonne santé. L’emplacement du village, la vue, le silence, la verdure… Mais rien de particulier, l’environnement était le même que beaucoup d’autres villages.

L’investissement : le mystère grandissait et l’on vérifia l’éventualité que les villageois s’investissaient dans leur village, chose qui les aidait peut-être à se maintenir en bonne santé ou à guérir…

Alimentation : on analysa les habitudes alimentaires des habitants. Peut-être que le fait de consommer ou non certains aliments contribuait à leur santé ? Mais leurs habitudes se révélèrent tout-à-fait ordinaires.

Exercice : Le médecin se dit que peut-être, les habitants étaient-ils particulièrement sportifs ou pratiquaient le yoga, le tai-chi, l’aérobic ou la zumba… Ou bien qu’ils étaient tout le temps en mouvement et ne s’asseyaient pas devant la télé ni ne se déplaçaient en voiture. Mais rien, sur ce point, ne les différenciait d’autres populations.

Vu que l’étude n’avançait pas et ne révélait aucun facteur particulier, le médecin se dit que les habitants jouissaient peut-être d’une façon de penser créative et productive ? Là encore, les résultats furent ordinaires.

Intelligence : on fit aux villageois des tests de QI. Existait-t-il un lien entre l’éducation, l’intelligence et la santé ? Très vite, le médecin comprit que non.

Salaire : Ce que les gens gagnaient influençait-il leur santé ? Non, les bulletins de paye révélaient des salaires moyens…

Technologie : Les moyens technologiques du village influençaient-ils la santé de ses habitants ? Le médecin vérifia cette éventualité et conclut que la technologie était la même que partout ailleurs.

Le médecin se disait que le défi de comprendre le secret de la bonne santé des habitants de Se rencontrer, se lier commençait à se corser, mais il ne baissait pas les bras. Et puisque les réponses lui manquaient et qu’il n’avait pas le moindre indice pour l’aider, il décida d’aller dormir. Avant de s’endormir, il pensa à son énigme, se concentra, focalisa ses pensées et pria que le lendemain matin ou les jours suivants, la réponse se révèle à lui. Il respira profondément… et s’endormit enfin.

Le lendemain matin, il se réveilla plus tard qu’à son habitude. Il commença sa routine matinale, mais la surprise ne se fit pas attendre.

Il se fit un café et s’assit tranquillement sur le balcon. C’est à cet instant-là qu’il remarqua : les gens qui se rendaient au travail ou qui se croisaient dans la rue, s’arrêtaient et échangeaient quelques mots. Il vit aussi que ce n’était pas juste un bonjour, mais ils se serraient dans les bras, discutaient vraiment et se regardaient dans les yeux.

Il était tout excité et comprit qu’il y avait là quelque chose de spécial et de différent, quelque chose qui n’existait nulle part ailleurs. Pourquoi ? Parce que partout dans le monde, les gens se dépêchent. Certains sont même froids entre eux, et se prendre dans les bras ne fait pas partie de leurs habitudes, ni le fait de discuter quelques minutes ; quant au contact visuel, il est inexistant. C’est vrai : quel que soit l’endroit, tout en parlant à quelqu’un, on est occupé à vérifier les messages et les mails sur son portable, s’excusant de devoir y aller…

C’est sur ce point que notre médecin choisit de se focaliser, et il constata que le fait d’avoir des amis avait un effet protecteur. Il comprit que c’était une certaine forme d’intelligence pratique et qu’il fallait concrétiser – car à la portée de n’importe qui !

Il conclut également que les liens sociaux avaient un effet protecteur, porteur de satisfaction, de réalisation personnelle, d’un sentiment d’être aimé et important, et d’énormément de libre-arbitre.

Parler avec ses amis est un art. C’est le fait de se lier aux autres.

Il existe différents types de discutions : les bavardages ou les échanges au cours desquels on veut impressionner, ceux où l’on fait mine de s’intéresser, ceux liés à des intérêts ou encore les ragots et les commérages…. Ah, cette liste est longue. Quoi qu’il en soit, ce sont des échanges créateurs de distance.

Mais il existe une autre voie : celle des paroles qui sortent du cœur, des paroles vraies, exprimant réellement ce à quoi on pense, ce qu’on ressent et ce qu’on fait. Ces paroles-là suscitent la cohésion et l’amour, stimulent l’effet protecteur qui existe dans les liens sociaux.

Rabbi Nah’man de Breslev dit : « L’art de la parole est porteur d’une force spéciale capable de réveiller le côté spirituel de l’homme ». La parole éveille un lien et des forces spirituelles protectrices et porteuses d’énormément de bien.

Crier ? C’est quand le cœur se sent loin.
Quand on aime, on parle ou on murmure.

Traduit de l’hébreu par Carine Illouz

 

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