Les deux fils

Il était une fois, deux fils : l’un était intelligent et extrêmement bien éduqué, et l'autre était un sauvage, incapable d’épeler son propre nom correctement...

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 17.03.21

Je vais vous raconter une histoire sur une famille qui avait deux fils très opposés. Ce n'est qu'une histoire, mais elle représente quelque chose que vous pourriez éprouver dans votre propre vie ou avec vos propres enfants. Cette histoire va répondre à deux questions que tout le monde se pose : d'abord, qu’est-ce qui manque à une personne qui ne réussit pas ? Deuxièmement, qu'est-ce que le succès ?

Voici l'histoire :
Une famille avait deux fils très différents ; l'un était intelligent et bien élevé, un élève droit, qui faisait la joie de ses rabbins et de ses professeurs. A quinze ans, il avait déjà terminé une douzaine de traités de Guemara en profondeur et il n'était pas non plus insensible à ses études séculaires. Il aimait les sciences et les mathématiques, apparemment sur la voie de la réussite. Ses parents adoraient ce fils, que nous appellerons Avi. À la maison, il n'était pas moins bon, il débarrassait toujours la table ou allait jeter la poubelle sans qu’on ait besoin de lui demander quoi que ce soit.

Le frère aîné, Kevin, c’était une autre histoire. A seize ans et demi, il avait déjà volé deux voitures et se trouvait en probation juvénile. Il avait migré d'école en école jusqu'à abandonner complètement les enseignants, les rabbins et les salles de classe. Il était maintenant complètement en dehors de la voie du judaïsme, menant la vie d'un chat égaré avec d'autres enfants comme lui dans les rues de Brooklyn. Il savait lire l'anglais et l'hébreu, mais il pouvait à peine épeler son nom dans l'une ou l'autre langue. Mais, contrairement à son frère, Kevin était fort physiquement, il avait des muscles d’acier. Les gens avaient peur de lui, même si, au fond, il était sensible et toujours prêt à venir au secours d'un enfant intimidé ou d’une personne âgée dans le besoin.

Les parents réprimandaient constamment Kevin : « Pourquoi ne peux-tu pas être comme ton frère, pourquoi nous donner tant de douleur, pourquoi te promener dans les rues tard dans la nuit, tu es la honte de la famille ! Bon à rien ! Tu n'as pas idée de la punition qui t’attend dans le monde futur… »

Pas étonnant que Kevin méprisait son frère. Avi, le « juste » et la prunelle des yeux de tous, aimait bien être le petit protégé de maman et papa. Kevin détestait être comparé à son frère et entendre combien Avi était merveilleux et combien lui, était nul.

À ce stade, je vais interrompre l'histoire. Les parents ont tout faux. Demandons maintenant à Hachem ce qu'il pense d'Avi et Kevin, et du favoritisme des parents. Voici ce qu’Hachem dirait aux parents de Kevin :
« Avi est un bon garçon parce que je lui ai donné un mauvais penchant faible. Avi ne fait face à aucune résistance quand il met ses Téfilin, qu’il ouvre une Guemara ou met la table du Chabat. Il a une correction spirituelle très mineure à faire, et puisque je ne veux pas qu'il détériore tout le bien qu'il a déjà atteint dans ses incarnations précédentes, il jouit d’une protection spéciale contre le péché… »

« Kevin, d'autre part, a une grosse correction spirituelle à faire, il a donc un énorme penchant au mal, sa vie ne sera jamais facile et il aura toujours à lutter contre la tentation, toute sa vie. Chaque minuscule mitsva que Kevin fait dans ce monde, comme aider une personne âgée avec un déambulateur à traverser la rue en toute sécurité, illumine les Cieux plus que les mitsvotes de Rabbi Akiva et de ses contemporains. Une fois que Kevin canalisera ses énergies vers la techouva, il fera des choses énormes. Il n'est donc pas gratifiant pour moi que vous louiez et choyiez Avi sans encourager Kevin, même s’il appuye sur l’interrupteur de sa chambre le Chabat. Patience – couvrez-le juste d’amour et ne vous inquiétez pas de ce que les autres disent. Potentiellement, il peut vous donner dix fois la joie et la gratification que vous obtenez d'Avi. »

Et voici ce qu’Hachem dirait à Kevin :
« Kevin, mon fils bien-aimé, tu as cent fois la force et le potentiel de ton frère. Regarde ce que tu fais dans les rues – tous les autres garçons te regardent : tu es courageux et bon, ne crois-pas une seconde que je ne vois pas toutes les bonnes choses que tu fais pour les gens – discrètement, sans fanfares ni certificats de récompense. Tu es un visionnaire, mon fils, et un leader né. Utilise tes forces pour construire plutôt que pour détruire. Je serai toujours avec toi. » C'était la première fois que Kevin entendait quelque chose de bon sur lui-même. Il écouta Hachem. Il alla travailler pour un entrepreneur en bâtiment ; en un rien de temps, il avait acquis toute une gamme de compétences de construction. Peu de temps après, il est devenu indépendant et a connu un gros succès. Il est devenu l'entrepreneur qui a lancé des projets de logements de haute qualité et à bas prix pour des familles de Torah…

Avi aussi réussissait, mais dans la Cour Céleste, toute son étude de Guemara au Kollel, qu’il faisait presque sans l’interférence de son mauvais penchant, ne pouvait pas être comparée aux accomplissements de Kevin, gagnés au prix d'une guerre sans fin avec l’adversaire le plus puissant qui soit, un penchant au mal digne de celui de Caïn.

Comment puis-je savoir ce qu’Hachem dirait à Kevin ? C'est exactement ce qu'il a dit à Caïn, le « mauvais garçon ». Caïn avait un mauvais penchant qui pouvait tuer cinquante ouvriers forcenés. Abel était un bon garçon avec un mauvais penchant minuscule. Si Caïn avait écouté Hachem, nous ne pouvons pas imaginer les hauteurs qu'il aurait atteintes. Mais, il a utilisé son pouvoir pour détruire son frère plutôt que de faire la volonté d’Hachem.

Maintenant, à la lumière de notre histoire, répondons à nos questions. Pourquoi une personne ne réussit-elle pas ? C'est parce qu'elle se mesure contre ce que le monde appelle le succès. Si elle n'est pas aussi riche que Rothschild, elle se considère comme nulle. Si elle n'est pas aussi brillante qu’Einstein ou aussi pieuse et savante que le H’azone Ich, elle se décourage et se considère comme bonne à rien. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité.

La réussite n'est pas ce que la société pense de vous ! La réussite est le fait d’être heureux de votre lot dans la vie. Hachem ne regarde pas les résultats de ce que vous faites, parce que les résultats dépendent de lui ! Hachem regarde vos efforts – vos prières, votre désir, votre volonté. C'est ce qui compte ! Si toute réalisation n'est pas liée à la emouna, ce n'est pas une réussite.

Nous vivons dans une génération difficile, à tel point que les saints Amoraim Ula et Raba ont dit qu'ils ne voulaient pas vivre dans la génération qui rapproche le Messie. Rabbi Nah’man nous enseigne que le plus petit accomplissement spirituel dans cette génération pleine de défis dépasse les magnifiques réalisations de nos anciens sages.

À partir de cet instant, ne soyez pas dur avec vous-même si vous n'êtes pas une réussite aux yeux de la société, et encore moins avec vos enfants. Parlez-leur comme Hachem le ferait. Encouragez-les et enseignez-leur la emouna, car apprendre la emouna est notre tâche principale sur la terre. Qu’Hachem vous aide à réussir, Amen !

Traduit par Carine Rivka Illouz

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