La force trompeuse

Il vous envoie un message que vous devez être au-dessus de vous-mêmes, mais il n’agit pas par amour, ou par souci de vous faire progresser. Il est là pour saboter votre emouna.

Dans une démarche spirituelle, le sentiment de faible estime de soi peut devenir une torture émotionnelle et, développer une autre façon de se diminuer.

J'ai connu des femmes qui chaque mois allaient au Mikveh, dans un cauchemar de doute et d'inquiétude. Elles n’étaient pas sûres qu'elles aient vraiment bien fait, qu'aucun détail n’ait été négligé par elles ou par la préposée ?

Ces femmes n’arrivent pas à accepter que tout était bien, conforme, cacher, et qu'elles ont fait de leur mieux. Souvent, ces femmes, dès qu'elles rentrent chez elles, retournent au Mikvé; elles trouvent invariablement quelque chose, des détails qu'elles ont manqués.

Le monde de la Yeshiva est peuplé de jeunes hommes souffrant de TOC (trouble obsessionnel compulsif) et les Halachot les lois juives offrent des possibilités infinies de doutes et de tourmentes. Les jeunes hommes peuvent passer une heure à faire le Chema. Et un simple lavage rituel des mains peut les remplir de doutes.

Mon mari, qui enseigne les lois de la cacherout reçoit régulièrement des appels frénétiques de personnes qui sont tellement sûrs qu'elles ont fait quelque chose de « treif » de pas Cacher, qu'elles ont du mal à accepter quand il leur dit que c’est bien.

Un jour, j'ai observé un jeune père, en quête constante de ne manger que pour servir son Créateur. Il refusait de prendre une bouchée de nourriture jusqu'à ce qu'il soit sûr d'avoir les bonnes intentions. Entre chaque cuillère, il examinait sa faim car il essayait de déterminer : peut-être il mangeait comme un animal, sans penser à Dieu. Il était très mince et pendant que tout le monde profitait d'une bonne conversation et d'un délicieux dessert, il restait là, les yeux fixés sur sa Gemara,.

Je connaissais une fille qui se sentait un échec si elle ne priait pas trois fois par jour, bien que les femmes ne soient pas obligées de le faire. Elle s'imaginait qu'elle laissait tomber Dieu.

J'ai entendu des jeunes mères harcelées se réprimander pour ne pas avoir plus d'invités pour le Chabbath, ne pas faire assez de bonnes choses, et parfois d’acheter les hallot au lieu de les faire cuire.

Quel est le but de cette souffrance inutile, ce tourment quotidien que les gens s'infligent ?

C'est le travail du  «Froom Yetzer Hara», la force obscure, qui est là pour vous affaiblir, pour finalement vous étouffer et vous conduire au désespoir.

Cette force établit son camp dans votre psyché et vous juge toute la journée, trouvant la faute dans la façon dont vous servez Dieu. Quelle prise a-t-il ? Vous n'êtes tout simplement pas assez bien, et de plus vous ne le serez jamais. Pourquoi s'embêter à dire, c'est bien comme ça, faites le mieux que vous pouvez. Il vous informe que Dieu n'est pas impressionné et que personne d'autre ne l'est. Si jamais c'est le cas, c'est parce qu'ils ne connaissent pas vraiment votre niveau réel car en fait vous êtes un nul. Vous n’avez rien de spécial, vous ne réussirez jamais, et vous n'entrerez jamais dans le Saint Temple, vous ne verrez jamais la gloire de Dieu. Personne n'écrira un livre sur vous, et si vous ne brûlez pas en enfer pendant onze mois vous aurez de la chance. Très probablement, vous serez renvoyé sur terre pour un autre départ, puisque vous avez échoué si misérablement cette fois ci (et qui sait combien d’autres tentatives celle-là… ?).

Les gens qui souffrent du besoin d'être parfaits veulent le bien. Ils veulent tout faire pour se rapprocher de Hachem. Mais c’est le contraire qui se produit. Parce qu'ils sont tellement obsédés par le besoin d'éviter une erreur, ils servent Dieu avec tension, nervosité et douleur. Ils font les mitsvot avec angoisse, sans plaisir, se jugent durement et ne peuvent jamais prendre plaisir à leurs petites victoires.

Il en résulte un sentiment de tristesse et de désespoir qui peuvent conduire la personne à abandonner toute véritable tentative d'amélioration.

Et qu'arrive-t-il au Froom Yetzer ? Il gagne un Oscar pour sa performance exceptionnelle en tant que votre meilleur mentor, votre plus grand allié et votre propre entraîneur spirituel.

Mais il fraude et il le sait. Il est ton ennemi et non ton ami. Tu dois te battre contre lui avec ta Emouna, et avec tout l'amour qu’Hachem te porte. Nous ne sommes pas censés être parfaits, c'est pourquoi Hachem nous a donné les prières du coucher que nous disons tous les soirs avant d'aller dormir.

"Je pardonne par la présente à tous ceux qui ont péché contre moi (c'est-à-dire que les gens blessent les gens chaque jour) et que ce soit Ta volonté que je ne pèche plus … (Oui, ma chérie.)

Mais juste au cas où nous commettrions à nouveau le péché, nous aurons à dire cette prière la nuit suivante et la suivante et la prochaine parce que bien que nous nous cherchions la perfection, nous sommes seulement des êtres humains ; ni des robots, ni des anges,

Nous serons récompensés pour nos efforts, les résultats sont à la hauteur de Hachem. Ne vous tuez pas pour car cela va à l'encontre du but. Nous sommes censés choisir la vie ; nous sommes censés être heureux. Les voies de la Torah sont douces et agréables. Si ce n'est pas le cas, vous pourriez essayer de vivre un peu de fantaisie. Vous pouvez être à l'écoute de la voix de la trahison et vous devrez peut-être vous rappeler que le froom yetzer hara est juste un autre nom pour le diable déguisé.

Taduit par la rabbanite Simha Benchaya