Le comble du mime

Rabbi Elimelech de Lizensk avertit à propos des Tsadikim, nous faisons ce qu’ils nous disent mais sans les imiter, car nous ne savons pas ce que nous voyons...

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le rabbin Lazer Brody

Posté sur 14.03.21

« Et ils ne viendront pas regarder à l’intérieur de la sainteté, de peur de mourir » (Nombres 4:20).

La tâche des Cohanims était de couvrir les ustensiles sacrés et l'arche de l'alliance avant chaque voyage dans le désert, et la tâche des Lévites du clan de Kehat était de porter ces vaisseaux sacrés couverts sur leurs épaules. La Torah avertit les Lévites de ne pas regarder les couvertures directement, ni vers les vaisseaux sacrés, car regarder ce qu'ils ne sont pas autorisés à voir est punissable de mort.

La sainteté est comme un combustible nucléaire puissant- ce n'est pas un jeu.
Ne croyez pas que notre passage –ci-dessus- se réfère uniquement à l'ancien Tabernacle dans le désert. Comme tout le reste de la Torah, il a un message pour la postérité.

Rabbi Shimon Bar Yochai, dans le saint Zohar, définit ce qu'est un vrai tsaddik – man denatar brit, dit-il en araméen, une personne qui garde l'alliance de la sainteté personnelle. En tant que gardien de la sainteté personnelle, le tsadik lui-même est l'incarnation de la sainteté, de la sainteté même. Chaque fois que la Torah se réfère à la sainteté, elle peut probablement dire quelque chose à propos du Tsadik.

Le Rabbin Ephraïm de Sidilkov de mémoire bénie, le « Dégel Mah’ané Ephraïm », a entendu l'histoire de son saint grand-père, la Baal Shem Tov de mémoire bénie : un h’assid rendit visite à son Rebbe, mais celui-ci était malade et très faible. Le h’assid vit son Rebbe siroter une tasse de café alors qu'il était encore vêtu de son talit et de ses Téfilines. Le h’assid rentra chez lui et commença à faire la même chose, un acte qui n’était pas conforme à la loi religieuse.

En ce qui concerne les tsadikim, nous faisons ce qu'ils nous disent, mais nous ne les imitons pas. Rebbe Elimelech de Lizensk de mémoire bénie écrit : « Parfois, il y a des gens qui voient les gestes de tsadikim {pendant la prière] et qui, comme eux, commencent à imiter les mêmes mouvements et se balancent comme des arbres du champ », explique-t-il. De tels gestes conviennent bien à un saint tsadik qui s'accroche totalement à Hachem, mais sont ridicules chez un individu ordinaire.
Le vêtement de la mariée a l'air ridicule quand il est porté par la femme de ménage.

La Guemara raconte quelques anecdotes époustouflantes sur le prix élevé de l'imitation, même si c'est uniquement pour l'amour d’Hachem : Ben Azai, un collègue-étudiant de Rabbi Akiva, l’a suivi dans les toilettes et l’a espionné pendant que Rabbi Akiva se soulageait. Rabbi Yehuda, un autre élève de Rabbi Akiva, a châtié Ben Azai. Ben Azai se justifia et dit : « Cela aussi c'est la Torah et je dois l'apprendre. »

De nombreuses personnes ne relient pas l'anecdote ci-dessus à une autre histoire tirée de la Guemara. Une fois encore, Ben Azai a suivi Rabbi Akiva, mais cette fois, il a perdu la vie. Quatre érudits sont entrés dans le royaume spirituel suprême – Rabbi Akiva y est entré en paix et en est sorti en paix. En d'autres termes, Rabbi Akiva était prompt à contenir une telle sainteté. Mais, « Ben Azai est entré et est mort ». Ben Azai n'aurait pas dû imiter son Rabbi. Il se considérait plus comme un collège, mais il aurait dû se considérer davantage comme un élève, réalisant qu'il n'avait aucune idée du véritable niveau de sainteté de Rabbi Akiva.

Rav Kahana a fait la même erreur. Il s'est un jour caché sous le lit de Rav quand Rav était en pleine intimité avec sa femme. Lors d’une occasion ultérieure, Rav Kahana regarda le saint Rabbi Yoh’anan directement, en face ; il mourut subitement et Rabbi Yoh’anan dut demander grâce pour le ramener à la vie.

La Guemara nous dit que l’homme devrait considérer son rabbin et guide spirituel comme un ange d’Hachem ; sinon, il ne devrait pas être son rabbin et son guide spirituel. Dans ce cas, il est dangereux d'imiter, car c'est comme imiter un ange.
Qui peut dire qu'il est à un tel niveau pour faire une telle chose ?

Aspirer à, oui – imiter, non ! Nous comprenons rarement ce que nous voyons quand nous observons un vrai tsadik. Nous suivons le conseil du tsadik, qu'il nous donne explicitement, sinon, nous ne l'imitons pas. Nos sages nous apprennent que l’une des 48 voies de la Torah est de reconnaître notre propre niveau spirituel. Nous pouvons toujours nous efforcer d'atteindre des niveaux plus élevés, mais en attendant, pour notre propre sécurité – physique et spirituelle – nous devrions rester dans les limites de notre propre niveau et ne pas essayer d'imiter ceux qui nous dépassent. Quand nous sommes nous-mêmes, nous sommes à la fois heureux et bénis.

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