Invitation à Uman

Oman Roch Hachana est impossible à décrire. C’est un lieu révélé de la Divine Providence. Un lieu de prière sincère. Un lieu de prise de conscience et d'ascension spirituelles…

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Howard Morton

Posté sur 23.08.20

Ouman est une petite ville ukrainienne à environ trois heures de route de Kiev, avec de petites ruelles poussiéreuses et un lien juif fort, passé et présent. C’est là que Rabbi Nach'man de Breslev a été enterré il y a plus de deux cents ans, et c’est là que des dizaines de milliers de ses partisans et admirateurs du monde entier se rassemblent chaque année à Roch Hachana.

 

Je n'étais jamais allé en Ukraine auparavant. Sur ma liste des dix meilleurs endroits à visiter, l'Ukraine se classait autour de la 49ème place. Mais j'ai développé un fort désir de me trouver à Ouman pour Roch Hachana, de déverser mon cœur à D.ieu sur la sainte tombe de Rabbi Nach'man, pour recharger mes batteries spirituelles – pour le bien de ma famille.

 

Le problème est que j'habite à plus de cinq mille kilomètres d’Ouman, cela aurait aussi bien pu être cinq millions de kilomètres. C'était hors de portée. Avec la montée en flèche des dépenses et d’autres engagements, je n’avais pas un sou de plus pour faire un voyage en Europe de l’Est.

 

Pourtant, à peine quelques mois avant que le rassemblement de Roch Hachana n'ait lieu à Ouman, mon désir d'être à Ouman s'est renforcé et j'ai envoyé un e-mail au rav Lazer Brody pour obtenir des conseils. Le rav Brody a suggéré : « Parles-en à Hachem pendant 10 minutes par jour pendant les 45 prochains jours. »

 

Et c’est ce que j'ai fait.

 

En marchant dans des parcs boisés, le long d'une rivière boueuse et dans des rues densément peuplées de la ville, j'ai consacré 10 minutes par jour de mon hitbodedoute quotidienne, (ma prière personnelle), à demander à Hachem de m'aider à me rendre à Ouman. Après avoir fait cela pendant la plus grande partie de l'été dernier, j'étais toujours sans billet d'avion, toujours sans logement et toujours sans aucun arrangement.

 

Il ne restait plus que quelques jours avant que les 35 000 Juifs du monde entier commencent à se rendre à Ouman. Et j'étais aussi loin d'y arriver que jamais.

 

Jusqu'à ce que, apparemment à l'improviste, je reçoive un appel téléphonique à mon bureau.

 

C'était un de mes amis. Il s’était occupé de tout organiser pour voyager à Ouman ; il avait même réservé une chambre avec repas. Il m'appelait pour me dire que quelque chose d’inattendu s’était produit, qui l'empêchait de se rendre à Ouman, et il voulait me céder sa place à Ouman. Je n’aurais rien à payer ; c'était pour lui. La seule chose qu’il me demandait : de dire le Tikoun HaKlali et de prier pour lui et sa famille sur la tombe de Rabbi Nach'man.

 

Je l'ai remercié abondamment, puis j'ai raccroché et j’ai remercié encore plus Hachem. J'étais tellement submergé par ce miracle évident que j'ai commencé à danser dans mon bureau. Et presque immédiatement après cela, il y a eu d'autres miracles. Ma merveilleuse épouse m'a donné son consentement avec joie. Et en deux heures, j'ai eu mon billet d'avion pour Kiev sans même le payer.

 

La semaine suivante, j'étais dans un avion pour Kiev via Düsseldorf, en route pour Ouman. A bord, les stewards parlaient en allemand, et c’était la première fois que j’entendais le mot « verboten » (interdit), en dehors d’un film sur l’Holocauste. Après avoir atterri à l'aéroport de Kiev, je suis monté à bord d'un bus affrété à destination d'Ouman. Je suis passé devant des immeubles d'appartements incroyablement hauts de la région soviétique, regroupés dans une oasis d'oppression, sur la rivière du Dniepr et dans la campagne ukrainienne.

 

Trois heures plus tard, je suis arrivé à Ouman pour la première fois.

 

J'avais entendu des rumeurs, de ceux qui n'étaient jamais allés là-bas, selon lesquelles Ouman à Roch Hachana était une scène de fête massivement sauvage, mi-Woodstock et mi-Mardi Gras. Oui, il y avait des chants et de la musique spontanés, et même des hassidims dansant parfois dans les rues, mais pas la révélation décadente des rumeurs que j'avais entendues. Ce que je voyais, c'etait une multitude de Juifs désireux de se rapprocher de D.ieu et heureux d'être près de Rabbi Nach'man.

 

Ouman à Roch Hachana est une ville juive. La plupart des citoyens ukrainiens quittent la ville, louent leurs appartements à des juifs et tirent une grande partie de leurs revenus de l'année. Et l'hébreu est partout. Il est affiché dans toute la ville, imprimé sur les nombreux dépliants qui circulent et parlé comme langue principale de la majorité des voyageurs. Même les quelques Ukrainiens restants le parlent en essayant de louer leur maison à la dernière minute ou de vendre des chapeaux de fourrure et des bibelots russes.

 

La principale attraction d'Ouman, bien sûr, est la tombe de Rabbi Nach'man. Et ce n’est pas étonnant. Avec deux de ses plus proches disciples comme témoins, Rabbi Nach'man a fait cette promesse convaincante il y a plus de deux siècles :

 

« Quand mes jours seront terminés et que je quitterai ce monde, j'intercéderai pour quiconque viendra sur ma tombe, récitera les dix psaumes du Tikoun HaKlali – et donnera la Tsedaka. Quelle que soit la gravité de ses péchés et transgressions, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour le sauver et le purifier. Je traverserai la Création de long en large pour lui. Par ses péotes, je le sortirai de l'enfer ! (La sagesse de Rabbi Nach'man n° 141).

 

Dire le Tikoun HaKlali sur la tombe de Rabbi Nach'man avec le sentiment accru de conscience spirituelle que j'ai ressenti, c'est une expérience incroyable. En fait, le simple fait d'être à Ouman est une expérience incroyable. Le fait de forger de nouvelles amitiés. L'unité entre les Juifs de tous bords : hassidiques, séculiers, israéliens, français, espagnols, britanniques, argentins, américains, pour n'en citer que quelques-uns. Les applaudissements aux mots « Le roi » le matin de Roch Hachana. L'incroyable version de 20 minutes de Léch’a Dodi le soir de Chabat dans le Kloyz (la principale synagogue d'Ouman à Breslev) tout en dansant sur la mélodie de Rabbi Nach'man.

 

Ensuite, il y a le fait de faire hitbodedoute dans la ville même ou Rabbi Nah'man et ses principaux disciples l'ont fait. Recevoir une bénédiction de Rav Chalom Arouch. Entendre les inspirantes paroles  de Torah en anglais de Rav Lazer Brody, Rav Chaim Kramer et Rav Nosson Maimon. Marcher le jour de Roch Hachana, spirituellement pur après être allé au mikvé à 2 heures du matin, suivi du service des Slih'otes au Kloyz, du service de Chah’arit au lever du soleil, puis de Vidouï (confession des pêchés) à Hachem sur la tombe de Rabbi Nach'man.

 

Ouman Roch Hachana est impossible à décrire en quelques paragraphes. C’est un lieu révélé de la Providence Divine. Un lieu de prière sincère. Un lieu de réalisation de la conscience et de l'ascension spirituelles. Un lieu qui change la vie, où les événements, les personnes et les opportunités se rencontrent de manière incroyable.

 

Mais le sentiment qui m'a le plus marqué pendant que j'y étais a été le sentiment d'être invité. Aussi étrange que cela puisse paraître, j'ai senti que Rabbi Nah'man m'avait invité.

 

Après tout, Rabbi Nah'man lui-même a dit : « Que vous mangiez ou que vous ne mangiez pas ; que vous dormiez ou que vous ne dormiez pas ; que vous priiez ou que vous ne priiez pas (avec une concentration appropriée) ; assurez-vous simplement que vous êtes avec moi pour Roch Hachana » (Tzaddik, # 404).

 

Traduit par Carine Illouz

 

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