Éviter la colère

Il faut savoir que tous les blâmes et avertissements contre la colère, s’appliquent aussi lorsque la colère de l’homme est parfaitement justifiée...

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Le bien face au mal
 
Une des tactiques les plus efficaces du mauvais penchant, consiste à plonger l’homme dans la mélancolie, soit en accentuant ses fautes et ses insuffisances à ses yeux, soit en lui cachant totalement le bien qu’il recèle en lui dans les domaines matériels et spirituels. Ainsi, l’homme est attiré sans raison dans son filet de tristesse et de désespoir. En effet, chacun possède beaucoup de bien et prodigue beaucoup de bienfaits et si on considère tout ce bien en soi-même, on peut se renforcer en pensant que puisqu’on a déjà réalisé des bienfaits, on pourra mériter d’en accomplir d’autres à l’avenir. Ainsi, on sera toujours joyeux et rien ne pourra nous faire chuter de notre joie.
 
A quoi cela est-il comparable ? A un homme qui possède une échoppe au marché et gagne des millions à chaque instant. Quelqu’un vient le narguer : Tu n’as pas fait attention ? A l’instant, tu viens de perdre cent mille Euros ! Que vas-tu faire ?
 
Le commerçant lui répond : Cela doit-il m’attrister ? A chaque instant je gagne des millions, je ne peux pas perdre mon temps à songer à quelques milliers d’Euros. Je réfléchirai à ce problème plus tard, à la tombée du jour et je chercherai alors quelle fut ma faute afin de ne pas récidiver. Maintenant, poursuis ton chemin, car tu m’empêches de gagner mes millions.
 
Ainsi, au lieu de nous attrister de nos pertes et de gaspiller ainsi un temps précieux, on peut gagner à chaque instant des millions en continuant à accomplir des commandements, tandis que chacun d’entre eux apporte la joie et vaut plus que des millions, comme il est écrit (Psaumes 19) : “Les préceptes d’HaChem sont droits… ils sont plus précieux que l’or”. A l’heure de la prière dans l’isolement et de l’examen de conscience, on doit faire ses comptes et corriger ce qui est nécessaire.
 
Par conséquent, l’homme doit être sage et ne pas considérer le mal qui est en lui, mais seulement les aspects positifs qu’il possède ; les développer et s’en réjouir toute la journée, tout en consacrant quotidiennement un temps à son examen de conscience. Il observera aussi ses aspects négatifs, pour tenter de les corriger. Le reste du temps, il demeurera dans la joie, sans jamais prendre garde au mal.
 
La colère
 
Le défaut de la colère est extrêmement grave, car il endommage et détruit la vie de l’homme coléreux et celle de tout son entourage.
 
La colère se manifeste sous différentes formes et degrés :
 
Certains se mettent en colère intérieurement et vont chagrinés, fulminants et amers. D’autres expriment leur colère avec des paroles dures et violentes. D’autres encore hurlent, maudissent, humilient, sans parler de ceux qui perdent la tête, déchirent leurs vêtements et cassent la vaisselle dans leur furie. Certains se mettent en colère sans raison ; d’autres ont de prétendues bonnes raisons que leur cerveau imagine ; d’autres enfin, ont de très bonnes raisons pour se mettre en colère.
 
Il faut savoir que tous les blâmes et avertissements contre la colère, s’appliquent aussi lorsque la colère de l’homme est parfaitement justifiée ; car si l’homme n’a pas raison, cela est évidemment mauvais, et les avertissements sont alors superflus.
 
Exprimée sous une forme quelconque, toute colère est le résultat d’un manque de foi. Car si l’homme avait la foi qu’ainsi le veut HaChem, il ne se mettrait jamais en colère.
 
Sache qu’il est impossible de fuir d’aucune manière les épreuves susceptibles d’entraîner la colère, car l’homme vient dans ce monde en mission et il doit traverser toutes sortes d’épreuves que le Créateur lui prépare dans le courant de sa vie : problèmes, soucis, contrariétés, actions des gens contre sa volonté, etc. S’il regarde chaque chose avec foi, décide de tout accepter sans s’opposer, s’il se souvient qu’il est placé devant une épreuve de la foi et se comporte selon les trois règles de la foi, alors il ne se met pas en colère.
 
Cependant, s’il sépare les événements de la foi, et les fait dépendre de différentes causes ou même des hommes, il est inévitable qu’il ait une propension à la colère en toutes sortes d’occasions.
 
‘Prodigue-nous la sagesse, l’entendement et la connaissance’
 
Il en résulte que la suppression de la colère dépend de l’intelligence de la foi chez l’homme, afin de connaître HaChem dans toutes Ses voies, de méditer comment se rapprocher de Lui à chaque instant de sa vie. Par conséquent, l’homme coléreux doit répéter ses demandes à HaChem béni soit-Il : Donne-moi l’intelligence de la foi ; donne-moi la connaissance pour croire que rien n’existe hormis Toi, que le hasard n’existe pas, que tout ce qui m’arrive provient de Toi, que personne ne me fait quoi que ce soit sinon Toi, qui fait tout pour moi et pour mon bien.
 
Il doit aussi prononcer avec la plus grande concentration la bénédiction ‘Tu prodigues’ (ata ‘honen) dans la prière des dix huit bénédictions (la Amida) en s’y attardant et en revenant longuement sur les mots : ‘Prodigue-nous la sagesse, l’entendement et la connaissance’ – car ce sont la sagesse, l’entendement et la connaissance qui lui manquent pour sortir de sa colère.
 
Comme le dit le roi Salomon, que son âme repose en paix (Ecclésiaste 7 : 9) : “La colère demeure dans le sein des insensés”. En effet, la colère ne découle que de la folie et plus l’intelligence de l’homme est limitée et plus il se met en colère, comme nous voyons chez les enfants qui sont très coléreux, car leur intellect est limité et ils ne peuvent supporter la moindre contrariété.
 
L’adulte se trouve à un niveau supérieur, car il possède davantage d’intelligence et comprend que tout ne peut aller comme il le voudrait.
 
L’homme croyant se trouve au niveau le plus élevé, puisqu’il comprend que chaque chose possède une raison particulière. Même lorsqu’il subit une dure épreuve, qu’on l’humilie et qu’on lui porte préjudice, il considère tout cela d’après la foi et comprend que le Créateur agit ainsi à son égard afin de le rapprocher de Lui, et qu’il est contraint de surmonter toutes ces épreuves pour effectuer sa réparation dans ce monde. Il ne s’oppose donc pas à ce qui lui arrive et passe à travers tout avec réflexion et compréhension.
 
La conclusion est que même si la colère n’entraînait pas tellement de dommages, selon l’intelligence de la foi, il ne serait pas convenable de se mettre en colère.
 
Avoir pitié de son âme
 
En vérité, la colère endommage le corps et l’âme plus que toutes les fautes écrites dans la Tora, car l’homme coléreux perd tout, même s’il possède la Tora et d’innombrables bonnes actions, comme cela est rapporté dans le saint Zohar. Il est forcé de se mettre en colère et devient alors une bête enragée, perd l’âme sainte avec laquelle il a accompli tous ces commandements ainsi que ses bonnes actions. A la place de son âme sainte, c’est un esprit impur appelé ‘dieu étranger’ qui vient résider dans son corps.
 
Il s’ensuit que l’homme coléreux n’a aucune chance de se corriger pour atteindre un niveau spirituel quelconque, car même s’il accomplit tous les commandements au monde et étudie la Tora jour et nuit, aussitôt qu’il se met en colère, il perdra tout. S’il pouvait commencer ensuite à zéro, ce serait une demi consolation, mais il est situé du mauvais côté, avec le mauvais penchant, et doit travailler durement afin de remonter de l’endroit où il est tombé.
 
Par conséquent, la réparation du coléreux n’est possible que s’il se repent très fortement, c’est-à-dire s’il s’engage à ne plus jamais se mettre en colère, advienne que pourra, et qu’il s’efforce dorénavant de se sanctifier par tous les moyens. C’est alors seulement que son âme sainte lui reviendra.
 
Explication de tous les secrets
 
D’après ce qui précède, nous pouvons comprendre beaucoup de secrets de ce monde-ci :
 
Parfois, l’homme ne trouve pas son conjoint et personne ne comprend pourquoi, puisqu’il est agréable, intelligent et capable. La seule raison est la colère qui a perdu son âme et il a ainsi perdu le conjoint qui était destiné à l’âme perdue.
 
De même, un homme marié dont la femme s’oppose soudainement à lui et ne peut plus le supporter. Elle exige le divorce par tous les moyens et elle est incapable d’expliquer ce qui lui a pris, car auparavant elle vivait avec lui en paix et dans l’amour. Mais soudain cet amour a dégénéré et de son côté, il ne comprend pas que quoiqu’il fasse, cela ne sert à rien et rien ne peut l’apaiser. C’est que sa colère a perdu son âme et sa femme a donc perdu toute affinité avec lui.
 
Parfois, un homme qui avait toute sa raison, perd la tête et devient soudainement fou et personne ne comprend ce qui lui arrive. La cause est la suivante : il a laissé exploser une terrible colère qui a perdu son âme, et à sa place un mauvais esprit réside en lui, le consume et lui cause des souffrances spirituelles inouïes, qu’HaChem ait pitié.
 
Parfois un homme qui trouvait facilement sa subsistance, connaît brusquement et sans raison apparente, un revers de situation. C’est aussi parce que son âme, qui devait recevoir une certaine abondance, a été chassée par sa colère et du même coup, toute l’abondance dont il bénéficiait a disparu elle aussi.
 
De même, toutes sortes de maladies et de maux divers qui s’abattent sur l’homme et pour lesquels on ne trouve aucun remède, sont provoqués par la colère et apparaissent dès que son âme sainte disparaît. Un mauvais esprit occupe sa place et provoque toutes sortes de dommages et de maladies, qu’HaChem ait pitié. Ainsi, on observe que l’âme d’un homme qui se met juste en colère, s’affaiblit, que des angoisses et la mélancolie le harcèlent constamment.
 
Faire un compte juste
 
A la lumière de ce que nous avons écrit, on comprend à quel point chacun doit effectuer son examen de conscience avant que ne se présente l’épreuve de la colère. On doit s’assagir et soupeser si une chose quelconque dans le monde vaut la peine de se mettre en colère et perdre ainsi son âme, son conjoint, sa subsistance, sa santé, sa sainteté et ses commandements.
 
Par conséquent, on ne se reposera pas, tant qu’on n’aura pas fait le maximum pour déraciner de soi l’incroyance et la folie qui conduisent à perdre l’âme de la vie. L’homme priera, demandera et suppliera beaucoup pour qu’HaChem lui vienne en aide, et qu’il ne se mette jamais en colère, advienne que pourra, même lorsqu’on s’oppose à lui, qu’on l’humilie, qu’on ne l’écoute pas, qu’on lui porte préjudice dans son corps et dans ses biens et même lorsqu’il a entièrement raison. Car aucune chose au monde ne justifie que l’on perde son âme sainte et toute l’abondance matérielle et spirituelle qui l’accompagne, et qu’à sa place des forces impures dominent et conduisent à de terribles dommages matériels et spirituels.
 
On comprend maintenant encore mieux les propos du roi Salomon, que son âme repose en paix : “La colère demeure dans le sein des insensés” – car seul un homme insensé et totalement ignorant est prêt à tout perdre et à tomber dans une telle impureté pour le plaisir instantané d’exprimer sa colère.
 
Le dommage occasionné par la colère est terrifiant ! Rien ne vaut la peine de perdre son âme !
 
À suivre…

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