Histoire de la princesse perdue

Il arriva dans la salle de réception où il vit le roi qui trônait avec sa couronne, entouré de nombreux soldats. Tant de musiciens jouaient...

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

 
 
 
[Rabbi Na'hman] répondit et dit : “En chemin, j'ai raconté une histoire et tous ceux qui l'ont entendue ont éprouvé un sentiment de repentir.”
Voici cette histoire…
 
Une fois, il y avait un roi qui avait six fils et une fille. Cette fille était pour lui très précieuse et il l'aimait beaucoup. Il prenait beaucoup de plaisir à sa  compagnie. Un certain jour, alors qu'ils étaient ensemble, le roi se fâcha contre elle. Cette parole sortit de sa bouche :
 
“Que le 'pas-bon' t'emporte !”
 
Le soir, elle alla dans sa chambre. Le lendemain matin, nul ne sut où elle se trouvait. Le père s'affligea terriblement ; il s'en alla la chercher de-ci, de-là… Parce qu'il avait remarqué le chagrin profond du roi, le vice-roi intervint. Il demanda [que le roi] lui accorda un serviteur, un cheval et de l'argent pour ses dépenses. Puis il partit à sa recherche. Il la chercha, chercha, chercha… très longtemps… jusqu'à ce qu'il la trouva.
 
(Voici maintenant le récit de sa recherche et de sa découverte.)
 
Il chemina longtemps dans les déserts, dans les champs et dans les forêts. Il la chercha très très longtemps.
 
Il cheminait dans le désert lorsqu'il vit un sentier sur le côté. Il réfléchit et se dit : “Je vais depuis si longtemps dans ce désert sans pouvoir la trouver !” Empruntons ce sentier ! Peut-être atteindrai-je des terres habitées ?!” Il chemina très longtemps.
 
Ensuite, il découvrit un château avec beaucoup de soldats qui se tenaient autour. Ce château était magnifique et les soldats se tenaient bien ordonnés. Il eut peur que les gardiens ne le laissent pas entrer. Il réfléchit et se dit : “Je vais essayer !” Il laissa son cheval et se dirigea vers la forteresse. On le laissa passer. On ne le retint nullement. Il alla d'une pièce à l'autre sans nul obstacle.
 
Il arriva dans la salle de réception où il vit le roi qui trônait avec sa couronne, entouré de nombreux soldats. Tant de musiciens jouaient de leurs instruments, c'était si beau, si merveilleux… Ni le roi, ni nul autre ne le questionnèrent.
 
Il vit là-bas des mets succulents et appétissants. Il se dirigea vers eux et en mangea. Puis il alla s'étendre dans un coin pour observer ce qui allait se passer. Il vit que le roi ordonnait de faire venir la reine. On alla la chercher. Il y eut là-bas un grand tumulte et une grande joie ! Les musiciens jouèrent et chantèrent de plus belle car on amenait la reine! On installa pour elle un trône, puis on la plaça près du roi. Et cette reine… c'était la princesse disparue !
 
Le vice-roi la vit et la reconnut. Puis la reine lança un regard et remarqua quelqu'un étendu dans un coin. Elle le reconnut aussi. Elle se leva de son trône et se dirigea vers lui, le toucha et lui demanda :
 
–  “Me reconnais-tu ?”
–  “Oui !” répondit-il. “Je te connais, tu es la princesse qui a été perdue !”
 
Puis il lui demanda :
 
–  “Comment es-tu arrivée ici ?”
–  “A cause de la parole de mon père”, lui répondit-elle [“que le 'pas-bon' t'emporte”] car ici, c'est justement l'endroit qui n'est 'pas-bon' !”
 
Il lui raconta combien son père avait de chagrin et depuis combien de nombreuses années il la cherchait. Puis il lui demanda :
 
–  “Comment pourrais-je te faire sortir ?”
–  “Tu ne pourras me faire sortir,” lui répondit-elle “que si tu choisis un endroit et que tu y restes une année entière. Pendant toute cette année, tu devras te languir de moi : comment me faire sortir. Et lorsque tu auras du temps, tu te languiras, désireras et espèreras me faire sortir d'ici. Et tu jeûneras. Et puis, le dernier jour de l'année, tu jeûneras encore et pendant vingt quatre heures… tu ne dormiras pas !”    
 
Il s'en alla et fit ainsi. Puis, à la fin de l'année, le dernier jour, il jeûna et ne dormit point. Il se leva et se dirigea là-bas, chez la princesse, pour aller la sauver. Il vit un arbre. Sur cet arbre poussaient de très jolies pommes. Cela le tenta beaucoup. Il s'approcha… et il en mangea une. Aussitôt qu'il eut mangé la pomme, il s'effondra et fut pris par le sommeil… il dormit très longtemps. Son serviteur essaya de le réveiller, mais il n'y arriva pas. Plus tard, il se reprit de son sommeil.
 
–  “Où suis-je sur cette terre ?” demanda-t-il au serviteur.
 
Ce dernier raconta toute l'histoire.
 
–  “Tu dors depuis très longtemps… il y a déjà plusieurs années que tu dors ! Moi, je vivais de ces fruits…”
 
Le vice-roi s'attrista beaucoup. Il retourna là-bas et la trouva. Elle se lamenta et se plaignit très fort devant lui :
 
–  “A cause d'un jour tu as perdu ! Car si tu étais venu ce jour-là, tu aurais pu me faire sortir ! Soit ! Ne pas manger est une chose très dure ! Surtout le dernier jour : à ce moment, le mauvais penchant se renforce encore plus… Alors, retourne et choisis un endroit ; installe-toi là-bas pour encore une année ! Puis le dernier jour, tu auras bien le droit de manger… mais pas de dormir ! Cependant, tu ne devras pas boire de vin, afin de ne pas t'endormir – car l'essentiel, c'est le sommeil.”
 
Il s'en alla et fit ainsi. Le dernier jour de l'année, tandis qu'il se rendait là-bas, il vit une source qui coulait. La couleur de cette source était rouge et l'odeur était celle du vin.
 
–  “As-tu vu cela ?” demanda-t-il au serviteur. “C'est bien une source ! Il devrait y avoir de l'eau. Mais la couleur est rouge et l'odeur est celle du vin !”
 
Il s'approcha et goûta juste un peu à cette source. Aussitôt, il s'effondra et s'endormit pour de nombreuses années… soixante-dix ans ! De nombreux soldats passèrent avec leur attirail qui les suivait ; le serviteur se cacha à cause des soldats.
 
Plus tard, passa un carrosse dans lequel se trouvait la princesse. Elle s'arrêta près de lui, descendit de son carrosse et s'assit à ses côtés. Elle l'avait bien reconnu. Elle essaya très fort de le réveiller, mais il n'arrivait pas à se réveiller ! Elle se mit à se lamenter sur lui : “Tant d'efforts et de peines, puisqu'il y a tant d'années que tu te sacrifies tellement pour pouvoir me faire sortir… et pour un seul jour où tu aurais pu le faire, tu as vraiment tout perdu !” Elle pleura longuement.
 
–  “C'est pitoyable pour lui… et pour moi ! Cela fait si longtemps que je suis ici ! Et je ne peux par sortir !”
 
Puis elle ôta un foulard de sa tête et écrivit sur lui avec ses propres larmes ; elle le plaça près de lui, se leva et reprit place dans son carrosse. Et elle s'en alla.
 
Plus tard, [le vice-roi] se réveilla.
 
–  “Où suis-je donc sur cette terre ?” demanda-t-il au serviteur.
 
[Le serviteur] lui raconta toute l'histoire… Tant de soldats étaient passé, puis ce fut le carrosse. Elle avait pleuré sur lui… elle avait crié : “Quelle pitié pour lui et pour moi !”. Entre temps, il regarda et vit le foulard près de lui. Il demanda: “D'où vient cela ?” Le serviteur répondit : “Elle a laissé cela ; elle a écrit dessus avec ses propres larmes !” Le vice-roi saisit le foulard et l'éleva face au soleil. Il commença à distinguer les lettres. Il lut ce qui était écrit : ses plaintes et ses cris… et que maintenant, elle ne se trouvait plus au château mais qu'il cherche une montagne en or et un château en perles : là-bas, tu me trouveras !
 
Il abandonna son serviteur et partit tout seul la chercher. Il la chercha de nombreuses années. Il pensa qu'en pays habité, il ne trouverait sûrement pas de montagne en or, ni de château en perles. De fait, il était expert en chroniques et en cartes du monde. “J'irai donc chercher dans les déserts.” Il alla dans les déserts la chercher pendant de nombreuses années.
 
Plus tard, il rencontra un homme très grand dont la taille n'était pas humaine. Il portait un arbre énorme; dans les pays habités, on ne rencontre pas de si grands arbres. Cet homme lui demanda :
 
–  “Qui es-tu ?”
–  “Je suis un homme !” lui répondit-il. Le géant s'étonna et dit :
–  “Il y a longtemps que je suis dans ce désert et je n'ai jamais rencontré d'homme !”   
 
Le vice-roi raconta toute l'histoire… qu'il cherchait une montagne en or et un château en perles. Le géant lui répondit qu'une telle chose n'existait certainement pas ! Puis il le découragea et lui dit :
 
–  “On t'a raconté des bêtises car cela n'existe certainement pas !” Le vice-roi se mit fort à pleurer.
–  “Cela existe certainement ! Cela doit certainement exister !” Mais le géant le découragea.
–  “On t'a raconté des bêtises !” Le vice-roi insista:
–  “Cela existe certainement quelque part !”
–  “A mon avis” dit le géant, ”ce sont des bêtises… mais puisque tu insistes. Ecoute, je suis ministre de toutes les bêtes sauvages. Je vais te rendre service et appeler ici toutes les bêtes sauvages. Elles parcourent le monde entier ; peut-être l'une d'elles sait-elle quelque chose de cette montagne et de ce château.”
 
Il rassembla toutes les bêtes sauvages, de la plus petite à la plus grande et leur demanda. Toutes répondirent qu'elles n'avaient pas vu cela.
 
–  “Vois-tu ? On t'a raconté des bêtises ! Si tu veux m'écouter, rebrousse chemin car tu ne trouveras sûrement pas ; cela n'existe pas dans ce monde !” Le vice-roi insista très fort :
–  “Cela doit sûrement sans nul doute exister !” Le géant lui dit :
–  “J'ai un frère dans ce désert. Il est le ministre de tous les oiseaux. Peut-être savent-ils, eux qui volent si haut dans les airs. Peut-être ont-ils vu cette montagne et ce château. Va vers lui et dis-lui que je t'ai envoyé chez lui.”
 
Il marcha de longues années à sa recherche. De nouveau, il rencontra un autre géant qui portait aussi un arbre immense et qui le questionna comme le premier. Il lui raconta toute l'histoire et ajouta que son frère l'avait recommandé. Mais le géant le découragea de même en disant que cela n'existait pas. Le vice-roi insista très fort :
 
–  “Cela existe certainement !” Le géant lui dit :
–  “Je suis le ministre de tous les oiseaux. Je vais les appeler, peut-être savent-ils ?”
 
Il rassembla les oiseaux et demanda à tous, du plus petit au plus grand. Les oiseaux répondirent qu'ils ignoraient cette montagne et ce château. Il lui dit :
 
–  “Vois-tu ? Cela n'existe certainement pas dans ce monde ! Si tu veux m'écouter, rebrousse chemin car cela n'existe sûrement pas.” Mais il insista très fort et répondit :
–  “Certes, cela existe certainement sur terre !” Le géant lui dit :
–  “Plus loin, dans ce désert, se trouve mon frère qui est le ministre de tous les vents. Les vents courent de par le monde. Peut-être savent-ils quelque chose ?”
 
Il partit de nombreuses années pour chercher. De nouveau, il rencontra un géant qui portait aussi un immense arbre et qui le questionna pareillement. Il lui répéta toute l'histoire. Ce géant le découragea également. Mais le vice-roi le supplia. Le géant lui promit de réunir pour lui tous les vents et de leur demander. Il les appela; tous les vents accoururent. Il demanda à tous, mais aucun d'entre eux ne savait rien, ni de la montagne, ni du château. Le géant lui dit :
 
–  “Vois-tu ? On t'a raconté des histoires !” Le vice-roi se mit à pleurer très fort. Il affirma :
–  “Je sais que cela existe, en toute certitude !…”
 
Entre temps, il vit un autre vent qui venait d'arriver. Le ministre s'emporta contre ce vent :
 
–  “Pourquoi viens-tu si tard ? J'ai pourtant décrété que tous les vents viennent ! Pourquoi n'est-tu pas venu avec eux ?” Le vent lui répondit:
–  “J'ai été retenu car j'ai du transporter une princesse sur une montagne en or avec un château en perles !”
 
Le vice-roi sentit une joie immense. Le ministre demanda à ce vent :
 
–  “Qu'est-ce qui coûte cher, là-bas ?”
–  “Tout est très cher là-bas !”
 
Le ministre des vents déclara au vice-roi :
 
–  “Cela fait déjà si longtemps que tu la cherches et tant de peine tu t'es donné ! Alors, peut-être vas-tu maintenant rencontrer un obstacle à cause [du manque] d'argent ! C'est pourquoi je vais te donner un vase. Lorsque tu plongeras ta main dedans, tu en sortiras de l'argent. Puis il ordonna à ce vent de transporter le vice-roi jusque là-bas.
 
Le vent l'emporta jusqu'au portail. Il y avait là-bas des soldats qui ne l'ont pas laissé entrer en ville. Il plongea sa main dans le vase et en sortit de l'argent avec lequel il soudoya les gardiens. Il entra en ville.
 
C'était une belle cité ! Il se rendit chez un riche habitant et loua pension chez lui car il était nécessaire d'attendre là-bas. Car il faut agir intelligemment – avec sagesse – pour faire sortir la princesse !
 
Comment il la sauva, ça Rabbi Na'hman ne le raconta pas ; mais à la fin, il la fit bien sortir, Amen, Séla !
 
(Traduction du Rabbin Israël Yits'haq Besançon)
 
A suivre… avec l'interprétation fabuleuse du rabbin Shalom Arush.

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