Un miroir magique – Devarim
La menace fit immédiatement son effet et le Ba'al Chem Tov demande au messager de mon père de lui transmettre l'information suivante...
Un miroir magique
“Ne les craignais point, car c'est l'Eternel votre D-ieu, qui combattra pour vous.” (Deutéronome 3:22).
Il arriva un jour que Rabbi Shneur Zalman (le “Alter Rebbe” en yiddish et fondateur du mouvement loubavitch) se trouva dans une ville dans laquelle le feu se déclara dans une maison. Lorsque le Rabbi se trouva sur les lieux de l'incendie, il rencontra un groupe de soldats russes qui étaient en train d'essayer sans succès d'éteindre le feu qui faisait rage. Le Rabbi se tint debout, en face de la maison en feu ; il s'appuyait sur sa canne et fixa du regard quelques instants le feu. Tout d'un coup, et sans explication apparente, le feu s'éteignit.
Les soldats, épuisés par une lutte qui semblait perdue d'avance, n'en croyaient pas leurs yeux. Immédiatement, ils coururent annoncer cet évènement d'un genre particulier à leur général. Après avoir entendu l'histoire, le général russe envoya ses soldats afin de demander à l'Alter Rebbe de venir le voir. Lorsque l'Alter Rebbe se présenta devant le général, celui-ci lui demanda : “Êtes-vous un parent du saint homme juif connu par le nom du Ba'al Chem Tov ?”
Le Rebbe répondit : “Cher monsieur, bien que je ne fasse pas partie de sa famille au sens strict du terme, je me considère comme son petit-fils spirituel ; de fait, je suis un disciple du maguid de Metzritch, le successeur du Ba'al Chem Tov. Cependant, puis-je vous demander pour quelle raison vous me posez cette question ?”
“Lorsque mes soldats m'ont appris que le feu avait été contrôlé après que vous l'ayez regardé pendant quelques secondes, je me suis souvenu d'une histoire qui est arrivée à mon père.”
“Mon père était également un général. Un certain jour, il se trouvait avec ses troupes dans la ville de Mezibouz. Mon père était très inquiet car cela faisait plusieurs semaines qu'il n'avait pas reçu de lettres de la part de sa femme. Il commençait à avoir des pensées funestes sur ce qui avait pu arriver à ma chère mère. Son moral était au plus bas et cela affectait grandement ses relations avec ses soldats. Un de ses officiers lui suggéra d'aller chercher conseil auprès d'un saint homme juif connu par le nom du Ba'al Chem Tov. La réputation de cet homme était grande et on disait de lui qu'il faisait de véritables miracles. 'Sans doute pourra-t-il faire quelque chose pour vous et vous donner des nouvelles de votre femme,' lui dit l'officier.
“Mon père était d'une humeur exécrable. Ne pouvant penser à aucune chose possible à faire, il donna son accord ; il envoya l'officier, qui lui avait suggéré cette idée, rencontrer le Ba'al Chem Tov afin d'arranger une rencontre entre les deux. A la grande surprise de mon père, l'officier revint en lui disant que le secrétaire du Ba'al Chem Tov lui avait dit que le saint homme juif refusait de rencontrer mon père. Piqué à vif, mon père envoya un officier d'un grade supérieur, mais le Ba'al Chem Tov ne modifia pas sa position : il refusait toujours de rencontrer mon père.
Cela était trop pour mon père ; les refus du Ba'al Chem Tov, ajoutés au souci qu'il se faisait à propos de ma mère, l'avaient rendu furieux. Il n'acceptait simplement pas l'idée qu'un simple Rabbi puisse refuser de parler à ses officiers et, à plus forte raison, à lui-même : après tout, n'était-il pas un général d'armée ? Mon père savait connaissait un peu de choses à propos de vos fêtes, ainsi que de vos coutumes. Nous étions quelques jours avant Pessa'h (la Pâques juive). Il envoya de nouveau un officier avec un message spécifique : si le Ba'al Chem Tov refusait encore de le rencontrer, il utiliserait son autorité d'officier de l'armée russe afin d'ordonner à ses troupes d'occuper les maisons juives de la ville. Mon père savait parfaitement les conséquences désastreuses qu'une telle éventualité représentait pour les juifs : du pain et de la nourriture non kachère dans leurs maisons, et pendant la fête de Pessa'h de surcroît !”
“La menace fit immédiatement son effet et le Ba'al Chem Tov demande au messager de mon père de lui transmettre l'information suivante : mon père, le général, était invité à venir rendre visite au Ba'al Chem Tov. Lorsque mon père arriva, il entra dans la salle d'attente ; la porte qui le séparait du Ba'al Chem Tov était entrouverte et il aperçut le saint homme juif assis dans sa salle d'étude. Celui-ci était absorbé par l'étude du livre qui était posé devant lui ; plus tard, mon père apprit que ce livre était le Zohar. Cependant, avant que mon père frappe à la porte afin de signaler sa présence, son attention fut attirée par un grand miroir accroché au mur de la salle d'attente.”
“Mon père s'approcha du miroir et ajuste ses vêtements. Il ne désirait pas donner l'impression au saint homme juif qu'un officier de l'armée russe puisse négliger son apparence. Lorsqu'il regarda dans le miroir, mon père fut abasourdi : ce qu'il voyait était la route qui menait à sa propre ville, plutôt que de s'y voir lui-même ! Tandis qu'il fixait du regard la route, celle-ci se modifiait, l'emmenant devant sa maison. Sans qu'il puisse l'avoir prévu, voici maintenant qu'il voyait l'intérieur de sa maison. Il aperçut sa femme qui était assise à la table du salon, et qui lui écrivait une lettre. Mon père pouvait voir d'une façon très claire la lettre que ma mère lui écrivait. Elle s'excusait du retard de sa réponse : la fin de sa grossesse avait été difficile et elle venait tout juste de donner naissance à un beau petit garçon. Mon père avait toutes les raisons de se réjouir !”
“Mon père était littéralement renversé par la vision du miroir. Lorsqu'il rencontra le Ba'al Chem Tov, il le remercia abondamment. Quelques jours plus tard, la lettre de ma mère arriva… pour annoncer à mon père qu'il avait un nouveau fils en pleine santé. La lettre était identique à celle que mon père avait vue dans le miroir. Cette histoire a tellement frappé mon père qu'il l'a rédigée dans son journal intime.”
“Je suis,” poursuivit le général russe “le fils dont la naissance a été annoncée par le Ba'al Chem Tov.” Mon père avait une dernière information à communiquer à l'Alter Rebbe : “Et je porte toujours sur moi le journal intime de mon père dans lequel est raconté cette histoire.”
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La lumière du Tsadiq
“L'Eternel votre D-ieu vous a fait multiplier, et vous voilà, aujourd'hui, nombreux comme les étoiles du ciel.” (Deutéronome 1:10).
Rachi : “Etaient-ils réellement comme les étoiles ce jour-là ? En fin de compte, ils n'étaient que six-cents milles ! Ainsi, que signifie 'Vous voilà, aujourd'hui, nombreux comme les étoiles du ciel' ? Regardez : vous êtes comparés au jour, c'est à dire que vous existerez toujours, comme le soleil, la lune et les étoiles.”
Rabbi Na'hman de Breslev a écrit (Liqouté Moharan I, 133) :
“La voie des justes est comme la lumière du soleil, qui brille de plus en plus jusqu'à la moitié du jour.” (Proverbes 4:18). Cela signifie que le soleil lui-même brille de la même façon, au petit matin ou en pleine journée. La seule chose qui l'entrave est la terre qui se tient entre nous et le soleil. Par conséquent, sa lumière ne brille pas autant à l'aube que lorsqu'il la répand à travers toute la terre.
Il en va de même pour le Tsadiq. En lui-même, le Tsadiq brille toujours ; l'entrave s'explique seulement par les personnes qui reçoivent sa lumière. Cela s'explique également par l'obstruction de la terre, i.e. le monde. De fait, les personnes ont sombré dans ce monde et elles se trouvent incapables de recevoir la lumière du Tsadiq. (…)
Ceci semble difficile à comprendre : de quelle façon une chose aussi petite que le monde peut-il bloquer [la lumière] aussi grande que celle de la Tora qui est des milliers de fois plus grande que lui ?
Cependant, ceci correspond à l'analogie de la pièce de monnaie que l'on tient devant nos yeux et qui nous bloque la vue d'une grande montagne, même si celle-ci est des milliers de fois plus grande qu'elle. Dans la mesure où la pièce de monnaie se trouve devant nos yeux, elle obstrue notre vision, jusqu'au point où il nous devient impossible d'apercevoir quelque chose qui est bien plus grand.
Ceci est identique à une personne qui vient au monde et qui se perd dans les frivolités, tellement qu'il lui apparaît qu'il n'existe rien de meilleur. Ce monde minuscule l'empêche de voir la grande et élevée lumière de la Tora qui est des milliers de fois plus grande. Ceci est l'exemple du soleil que la terre nous empêche de voir, avec sa grande lumière, même si le soleil est beaucoup plus grand que la terre.
Ceci est également la signification du verset : “La voie des justes est comme la lumière du soleil, qui brille de plus en plus jusqu'à la moitié du jour.” Leur voie est exactement comme la lumière du soleil ! De la même façon que le soleil brille constamment, avec la terre qui est une barrière, même si elle est beaucoup plus petite, les Tsadiqim aussi brillent constamment. Dans leurs cas aussi la terre, c'est à dire les attractions de ce monde, nous empêche d'apercevoir leur grande lumière. Même si en comparaison, ce monde est infiniment plus petit et insignifiant, il obstrue et empêche la lumière des Tsadiqim de nous atteindre.
Tout cela s'explique parce que le monde se tient devant les yeux de la personne et les obstrue, jusqu'au point où elle ne peut pas voir la lumière de la Tora et des Tsadiqim qui est des milliers de fois plus grande. Cependant, il nous suffit d'ôter cette petite obstruction de devant nos yeux et de les détourner de ce monde ; si nous ne le regardons pas, et que nous levons notre tête et nos yeux afin de regarder au-dessus de ce monde bouché, nous mériterons de voir la grande et exaltée lumière de la Tora et des Tsadiqim. La lumière de la Tora et des Tsadiqim est infiniment plus grande que le monde entier et ses attractions.
De même, j'ai entendu au nom du Ba'al Chem Tov qu'il avait dit : “Hélas ! Hélas ! Le monde entier est rempli de lumières et de secrets impressionnants et merveilleux, pourtant, une petite main se tient devant nos yeux et nous empêche de voir la grande lumière.”
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