Le chant: la plume du cœur – Vayélekh

Rabbi Na'hman de Breslev a dit que si le monde entendait ses leçons de Tora avec l'air qui leur est spécifique, il lui serait impossible de se tenir face à elles.

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le Rav Shmuel Stern

Posté sur 06.04.21

“Et maintenant, écrivez pour vous ce Chant, qu'on l'enseigne aux enfants d'Israël et qu'on le mette dans leur bouche, afin que ce Chant me serve de témoignage à l'encontre des enfants d'Israël.” (Deutéronome 31:19)

Dans la paracha Haazinou, Moché Rabbénou (Moïse, notre Maître) nous a ordonné d'écrire un cantique d'un type particulier. 'Hazal (les Sages de la Guémara) nous ont appris que ce chant est le sefer Tora et que la mitswa dont il est question est celle d'écrire un sefer Tora.
 
En faisant référence à la Tora, Moché Rabbénou utilise le mot “chant.” Dans la Guémara Méguila 32a, il est écrit : “À toute personne qui lit [un sefer Tora] sans employer un air plaisant (…), on applique le verset : 'Moi aussi Je leur ai donné des lois malheureuses et des règlements non susceptibles de les faire vivre.' (Ézéchiel 20:25).”
 
Ainsi, la Tora est un véritable chant que nous devons ressentir et apprécier la saveur. De fait, le Ta'AM (la saveur) de la Tora correspond aux “Ta'Amé HaTora” (“les cantillations de la Tora” – sorte de déclamations employées pour les lectures publiques de la Tora). Cela signifie que l'essence de la Tora est de posséder une saveur agréable, un peu comme les aliments qui possèdent une saveur plaisante. Pour ceux-ci, c'est cette saveur qui en rend la consommation attrayante ; il en va de même avec la Tora qui est un chant.
 
Rabbi Na'hman de Breslev a dit que si le monde entendait ses leçons de Tora avec l'air qui leur est spécifique, il lui serait impossible de se tenir face à elles. Si nous entendions ces airs, notre âme sortirait littéralement de notre corps, nous laissant sans vie. Selon Rabbi Na'hman, l'air que nous utilisons pour lire et étudier la Tora est la plume d'oie de notre cœur et de notre âme [et c'est ainsi que nous pouvons réaliser la mitswa de la paracha de cette semaine : écrire un sefer Tora. En chantant le texte que nous étudions, nous écrivons un sefer Tora].
 
Il est écrit : “J'ouvre à mon bien-aimé, mais mon bien-aimé est parti, a disparu ; mon âme s'était évanouie pendant qu'il parlait. Je le cherche et je ne le trouve point, je l'appelle et il ne me répond pas.” (Cantique des Cantiques 5:6).
 
Ce verset signifie que lorsque la Tora est révélée avec le chant qui est le sien – c'est-à-dire avec l'air qu'utilise chaque personne qui l'étudie – notre âme s'évanouit – c'est-à-dire qu'elle sort de sa cellule de prison. Ainsi libérée, notre âme se précipite vers le Palais saint et s'élève, marche après marche, dans son désir ardent et sa grande aspiration de se languir pour ce chant.
 
Ceci est la véritable force du chant de la Tora : réveiller notre désir ardent et notre envie brûlante pour le Créateur. De fait, cet aspect est l'essence de l'étude de la Tora : provoquer en nous un sentiment de dévéqouth (d'attachement) envers Hachem. Le concept de dévéqouth appliqué à l'étude de la Tora correspond au chant de la Tora. C'est ce que nous a ordonné Moché Rabbénou lorsqu'il a utilisé le mot “chant” : “Et maintenant, écrivez pour vous ce Chant…” (Même si dans la paracha, ces mots de Moché Rabbénou semblent s'appliquer seulement au cantique que les juifs ont chanté à cette occasion, la Guémara citée précédemment a déduit qu'ils concernent l'écriture d'un sefer Tora.)
 
L'aspect plaisant de la Tora, ainsi que son goût véritable, se trouvent dans le chant que nous en faisons. Cela est encore plus vrai pour les leçons de Tora du Tsadiq, ainsi que l'a dit Rabbi Na'hman de Breslev : si le monde entendait ses leçons de Tora avec l'air qui leur est spécifique, il lui serait impossible de se tenir face à elles et notre âme sortirait littéralement de notre corps, nous laissant sans vie. C'est-à-dire : lorsque nous mettons notre cœur à notre étude, celui-ci se lie entièrement à notre âme et la suit, même lorsqu'elle quitte notre corps.
 
Le Roi David a écrit : “D-ieu est Roi de toute la terre ; entonnez un solennel cantique !” (Psaumes 47:8). Le Roi David nous apprend que nous devons mettre notre cœur à chanter un chant solennel, c'est-à-dire composé par les mots de la Tora (et surtout pas en chantant des textes dépourvus de sainteté, que D-ieu nous protège !). C'est en chantant de la sorte qu'il nous sera possible de ressentir le goût merveilleux de la Tora ; celui-ci réveillera notre âme pour nous permettre de servir Hachem.
 
Conséquemment, chaque personne doit étudier la Tora en y mettant tout son cœur. Nous devons entonner et chanter – littéralement – la Tora. Grâce à cela, nous donnons aux lois et aux règlements de la Tora un aspect bon et plaisant, tel qu'il est écrit dans la Guémara.
 
Que la volonté de D-ieu soit de nous faire mériter de chanter la Tora lorsque nous l'étudions et d'inscrire sur notre cœur ses lois et règlements. Cela permettra à notre cerveau de saisir cette étude de Tora, un aspect de ”solennel cantique”. Ceci est le but ultime de l'étude de la Tora : que celle-ci réside dans notre cœur et dans tous les cas, dans notre cerveau.
 
C'est ainsi que sera révélé le chant parfait de la Tora dont l'essence se trouve dans le cœur. De fait, les choses qui résident dans notre cœur sont celles qui laissent leurs marques chez chaque personne et qui nous motivent réellement. Il en va autrement pour les choses qui restent seulement dans notre cerveau : elles possèdent peu de chance de nous modifier de quelque façon que ce soit.
 
Ainsi, lorsque Moché Rabbénou nous a ordonné d'écrire un sefer Tora, il a utilisé le mot “chant”. De la sorte, il désirait nous faire comprendre que c'est uniquement en chantant la Tora que nous pouvons opérer un véritable changement et nous rapprocher ainsi d'Hachem.

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