D-ieu, mon ombre #1

Nous avons tendance à penser que nous sommes dans l'ombre de D-ieu, si cela était possible. Pourtant, c'est l'exact opposé qui est vrai…

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le rabbin Pinchas Winston

Posté sur 06.04.21

 Dire que Yossef est la clé du succès n'est pas suffisant, particulièrement à l'époque où nous vivons. De fait, le sixième millénaire est gouverné par la “sefira” nommée “Yessod” et – selon la kabbale – elle correspond à Yossef. Ainsi, l'énergie de la période de mille années dans laquelle nous vivons trouve sa source dans Yossef HaTsadiq. Si nous parvenons à comprendre ce concept, nous pourrons atteindre le même type de succès que Yossef avait atteint de son temps.

C'est la raison pour laquelle notre génération est celle où l'on peut atteindre le succès, comme cela n'a jamais été le cas précédemment. Si l'on pense seulement aux possibilités qu'offre la technologie, nous réalisons qu'il est possible d'accomplir en une année ce qui prenait – aux générations précédentes – une vie entière à réaliser. De plus, Yessod représente également le fondement de la rédemption qui est destinée à être initier par un descendant de Yossef : Machia'h ben Yossef (le Messie, fils de Joseph). Ce pouvoir doit aussi être disponible pendant ce millénaire – comme il l'était à l'époque de Joseph – si nous désirons suivre ses pas.
 
À cette fin, il existe un livre remarquable qui a déjà été publié il y a plusieurs dizaines d'années, même s'il n'est pas suffisamment étudié. Ce livre s'appelle “Nefesh HaChaïm” et son auteur est Rabbi Chaïm Volozhin (1749-1821). Rav Chaïm était le disciple principal du Gaon de Vilna et le fondateur de la yéchiva de Volozhin, en 1802. Cette institution devint rapidement la plus importante et la plus influente des institutions juives en Lituanie. Dans “Nefesh HaChaïm”, l'approche du Rav Chaïm est exposée dans tous ses détails ; c'est dans cet ouvrage qu'il explique l'importance et le pouvoir de l'étude de la Tora et de la réalisation des mitswoth afin de rapprocher chaque personne juive de D-ieu.
 
Ceci ne représente pas tout ce qui est dit dans cet ouvrage. De fait, Rav Chaïm révèle l'incroyable puissance qui a été accordée à l'être humain lorsque D-ieu lui a accordé une âme. Celle-ci est incluse dans les mondes supérieurs et grâce à son aspect spirituel élevé, notre lien avec la Création de l'univers est plus important que nous le pensons généralement.
 
Le Roi David a écrit (Téhilim 121:5) : “C'est l'Éternel qui te garde ; l'Éternel qui est ta droite comme ton ombre.” De la même manière qu'une ombre suit les mouvements de l'objet qui la projette, D-ieu fait en sorte que les mondes “suivent” les actions de l'homme. À propos du verset (Exode 3:14) : “Ainsi parleras-tu aux enfants d'Israël : Mon Nom est 'Je serai ce que Je serai'”, le Midrach pose la question : que veut dire “Je serai ce que Je serai” ? Cela signifie que de la même façon que vous serez avec Moi, Je serai avec vous. C'est ce qu'a voulu dire le Roi David lorsqu'il s'est exclamé : “L'Éternel est ton ombre.” Avec une ombre, si nous rions, elle rit ; si nous pleurons, elle pleure ; si nous sommes en colère, elle est en colère… Ainsi agit D-ieu avec nous, comme une ombre : De la même façon que nous sommes avec Lui, Il nous répondra (Nefesh HaChaïm, ch. 7).
 
Ceci est un concept renversant. De fait, le plus souvent, ce n'est pas la façon dont la majorité d'entre nous pensons à propos de la nature du monde et de la présence de D-ieu. Plutôt, nous avons tendance à penser que nous sommes dans l'ombre de D-ieu, si cela était possible. En d'autres termes, nous imaginons que D-ieu décide ce qui arrive dans le monde et que nous réagissons aux évènements. Nous pouvons être joyeux, mais si D-ieu est en colère après nous, nous devons faire attention. Il est la cause première et nous sommes la conséquence directe.
 
Pourtant, Nefesh HaChaim dit exactement l'inverse. Dans ce livre, il est dit que toute la force, tout le bon – ou le mauvais – que nous pensons venir de D-ieu, vient en fait de nous. Il répond à ce que nous faisons, disons. Nous pensons que nous ne sourions pas parce qu'Il ne nous sourit pas. Cependant, c'est nous qui avons commencé à ne plus Lui sourire et comme conséquence, D-ieu a modifié Son attitude à notre égard.
 
Cette particularité se révèle – entre les lignes – dans l'histoire suivante de la Tora. Lorsqu'Avraham discute avec D-ieu à propos de la destruction de la ville de Sodome, il réussit à faire descendre par D-ieu le nombre de Justes qui étaient exigés dans la ville pour ne pas la détruire : selon D-ieu, il fallait qu'il y est un minimum de cinquante personnes pieuses. Avraham réussit à faire descendre ce nombre à dix. Arrivé à dix, Avraham pensa qu'il était allé suffisamment loin et il mit fin à la discussion. Avraham pensa : “Moins de dix personnes ne purent sauver le monde à l'époque de Noa'h (Noé). De quelle façon moins de dix personnes pourraient-elles sauver la ville de Sodome de sa destruction imminente ?”
 
Avraham a-t-il eu raison d'arrêter son “marchandage” avec le Maître du monde ? Nous ne le saurons jamais car il ne posa jamais la question. Cependant, ce qui est étonnant est la séquence des évènements qui eut lieu à la fin de la discussion. D-ieu dit-il : “Je n'irai pas plus bas que cela !” à la façon d'un marchand qui discute fermement le prix de sa marchandise ? Non. Plutôt, Avraham s'arrêta de “marchander” et s'en alla. Seulement après, D-ieu s'en alla également, tel que nous l'apprend Rachi :
 
“Dès que l'avocat de la défense n'a plus rien à dire, le juge s'en alla aussi.” (Rachi, Béréchith 18:33)
 
Ceci semble indiquer que D-ieu attendait qu'Avraham fasse la prochaine proposition et qu'Il était prêt à sauver la ville de Sodome, même en présence d'un nombre inférieur de dix personnes pieuses. Cependant, lorsque l'avocat de la défense eut terminé son plaidoyer, le juge pensa sans doute : “Si celui-ci a terminé, J'ai également terminé.”
 
Ainsi, Sodome fut détruite et apparemment avec de bonnes raisons (rien n'arrive par accident). Cependant, ceci n'est pas le plus important. Ce qui est essentiel c'est qu'Hachem attendait qu'Avraham poursuive sa discussion. C'est seulement lorsque celui-ci décida dans quelle direction il désirait aller que D-ieu le suivit, comme son ombre, et alla dans la même direction.   
  
 
À suivre…
 
(Auteur et conférencier, le rabbin Pinchas Winston est le directeur de ThirtySix.org)

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