D-ieu, mon ombre # 2

Le point faible d'une personne qui n'a pas la foi est de croire en elle-même et non en D-ieu. Le défaut du Tsadiq est de ne pas croire suffisamment en lui-même, en son pouvoir.

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le rabbin Pinchas Winston

Posté sur 06.04.21

 

Une idée fausse qui est généralement répandue dans ce monde concerne les concepts de récompenses et de punitions. Soyons clairs : ces deux concepts n’appartiennent pas à ce monde ! Nos Sages du Talmud nous ont appris sans le moindre doute que les récompenses pour les comportements positifs dans ce monde seront données dans le Monde à venir (Qidouchin 39b). Quant aux punitions, elles seront infligées aux personnes qui les méritent – que D-ieu nous préserve – en Guéhénom (l’Enfer). Cet endroit est destiné aux personnes qui auront besoin de se rectifier et ce processus aura également lieu après la mort.

Si ce monde avait un lien avec les concepts de “récompense” et de “punitions”, de quelle façon des mauvaises choses pourraient arriver aux bonnes personnes et de bonnes choses aux mauvaises personnes ? Si cela était le cas, où serait la justice ? Certes, ce que nos yeux voient dans ce monde peut souvent nous faire penser que les récompenses et les punitions existent. Les bons comportements entraînent à l’occasion des choses positives, tandis que des comportements répréhensibles précèdent quelques fois des évènements peu joyeux. Cependant, dans tous les cas, il faut se méfier des apparences et il ne s’agit nullement de récompenses ou de punitions. Selon la Tora (Bible), il s’agit d’effets de causes que nous créons nous-mêmes.

Nous devons nous considérer comme le miroir des évènements qui nous entourent : si un évènement nous sourit, c’est certainement parce que nous étions positifs-ves à sa pensée ; si une conclusion s’avère triste, c’est sans doute que nous avions déjà fait le deuil d’une conclusion joyeuse. Si quelque chose nous met colère, c’est parce que nous voulions l’être ; si nous éprouvons de la joie à l’annonce d’un évènement, c’est certainement parce que nous voulons être joyeux-ses. Il en va de même avec D-ieu : dans tous les cas, Il est avec nous comme nous sommes avec Lui. Il est notre véritable ombre. Tout cela n’a rien à voir avec les notions de punitions et de récompenses. Plutôt, nous sommes face à un processus de cause à effet ; c’est pour cette raison qu’il est écrit dans le Midrach (Midrach Tehilim 32:10) :

“Quiconque a confiance en l’Éternel se trouve environné de Sa grâce” (Psaumes 32:10). Cela nous enseigne que même une personne méchante – si elle a confiance en D-ieu – peut être entourée de la Grâce divine !

Ce qui est important de se souvenir est qu’au-delà du succès matériel que nous pouvons rencontrer dans ce monde, nous aurons tous et toutes un “Yom HaDin” (un Jour de jugement) auquel nous serons confrontés-es. Ce jour-là, il sera dit aux méchantes personnes :

“Nous vous avions donné les millions d’euros que vous désiriez tellement, ainsi que les voitures de sports dont vous rêviez… En fin de compte, qu’avez-vous fait avec ?”

D’autre part, au Tsadiq qui n’était pas parfait, on posera cette question :

“Vous désiriez faire tellement de bien dans le monde ! Pour cela, nous vous récompenserons. Cependant, nous voulions également vous accorder les millions d’euros que vous aviez demandés. Si nous ne l’avons pas fait, c’est qu’au fond de vous, vous ne pensiez pas que cela était réellement possible. Où se trouvait votre confiance en D-ieu ? La confiance envers le succès, vous auriez pu l’apprendre de la méchante personne elle-même !”

Cependant, la Sitra A’hra (les forces du mal) fait en sorte qu’il est plus facile pour la méchante personne – ou même simplement pour la personne qui n’a pas l’émouna (la foi) – de croire en son propre succès et au Tsadiq effacé de porter une grande attention à ses faiblesses. D-ieu défie chaque personne et Il fait cela en se servant de la faiblesse de chacune.

Le point faible d’une personne qui n’a pas l’émouna est de croire en elle-même et non en D-ieu. Le défaut du Tsadiq n’est pas de croire en Hachem, mais de ne pas croire suffisamment en lui-même, en son pouvoir. Cela correspond exactement au problème que les espions ont révélé lorsqu’ils rejetèrent Eretz Israël (la Terre d’Israël) :

“Ils revinrent de cette exploration du pays, au bout de quarante jours. Ils allèrent trouver Moché (Moïse), Aaron et toute la communauté des enfants d’Israël, dans le désert de Pharan, à Kadèch. Ils rendirent compte à eux et à toute la communauté, leur montrèrent les fruits de la contrée et lui firent ce récit : ‘Nous sommes entrés dans le pays où tu nous avais envoyés ; oui, vraiment, il ruisselle de lait et de miel, et voici de ses fruits. Mais il est puissant le peuple qui habite ce pays ! Puis, les villes sont fortifiées et très grandes, et même nous y avons vu des descendants d’Anak !… Nous ne pouvons marcher contre ce peuple car il est plus fort que nous.” (Bamidbar 13:25-28, 31)

“Ils dirent cela en montrant leur respect du Ciel…” (Sota 35a)

Cela est-il possible ? Ont-ils pu réellement dire cela ? N’étaient-elles pas les mêmes personnes qui furent les témoins des dix plaies envoyées par D-ieu et qui servirent à détruire l’armée puissante égyptienne, sans mentionner la défaite infligée à ‘Amaleq et le fait qu’elles avaient été nourries par le Ciel pendant leur pérégrination dans le désert ? Pouvaient-elles vraiment penser que les cana’anéens étaient plus forts que D-ieu ?

Plutôt, l’explication est celle de Nefech Ha’Haïm :

“Il est écrit maintes fois dans le saint Zohar que ‘les péchés des hommes sont la cause d’imperfections dans les sphères élevées.’ L’opposé est également exact. Ceci est la signification du verset (Téhilim 68:35) : ‘Proclamez la puissance de D-ieu !’ Le Zohar nous apprend aussi – au début de la paracha Bo – que le verset (Job 1:6) : ‘Or, un jour… ils vinrent se présenter devant l’Éternel.’ Lorsque les forces du mal désirent dénoncer les actions du peuple d’Israël, elles présentent leurs dénonciations devant D-ieu car lorsque le peuple d’Israël agit d’une façon incorrecte, il affaiblit Hachem. D’autre part lorsque les juifs agissent comme ils le doivent, ils donnent un surplus de force à D-ieu. C’est par rapport à cela qu’il est écrit : ‘Proclamez la puissance de D-ieu !’ Grâce à quoi ? Grâce à un comportement adéquat. (Nefech Ha’Haïm ch. 3)

Ainsi, les espions ne désiraient pas dire que le people de Cana’an était plus fort que D-ieu. De fait, ils comprenaient parfaitement que D-ieu crée, soutient et maintient tout ce qui se trouve dans le monde, y compris les cana’anéens. La force des cana’anéens trouve donc sa source en D-ieu.

Cependant, ils argumentèrent : D-ieu a établit le monde d’une telle façon qu’Il agit comme si Sa force dépend de nos actions. La force qu’Il expose reflète celle de la croyance que nous affichons. En ce qui concerne cela, le verset témoigne :

“Le peuple que nous avons vu est celui de gens de haute taille. Nous avons vu des géants, les fils d’Anak, descendants de géants. Nous étions à nos propres yeux comme des sauterelles, et à plus forte raison à leurs yeux !” (Bamidbar 13:32-33)

Cependant, tout le monde ne partageait pas leur opinion. Caleb et Yéhochou’a adoptèrent une attitude différente, plus positive :

Yéhochou’a, le fils de Noun, et Caleb, le fils de Yéfouné – qui avaient eux aussi exploré la contrée – déchirèrent leurs vêtements. Ils parlèrent à toute la communauté des enfants d’Israël en ces termes : ‘Le pays que nous avons parcouru pour l’explorer, ce pays est bon, il est excellent. Si l’Éternel nous veut du bien, Il saura nous faire entrer dans ce pays et nous le livre…” (Bamidbar 14:6-8)

Et c’est exactement cela qui se passa. Hachem aida tout le monde – les femmes, les enfants et tous ceux qui n’avaient pas prêté une oreille attentive à la lamentation des espions – à entrer en Eretz Israël. En fin de compte, le manque de confiance en eux-mêmes ne joua pas en faveur des espions. Il fallut quarante années pour voir disparaître complètement les personnes qui prirent position en faveur des espions, de leurs revendications et de leurs croyances. Cependant, Yéhochou’a, Caleb ainsi que tout le reste du peuple d’Israël entrèrent en Terre sainte, comme D-ieu leur avait promis. Ils avaient cru en Lui, Il crut en eux.

Ainsi, nous possédons la totalité du secret de l’exil et de la rédemption. Nous connaissons maintenant la façon dont la Sitra A’hra (les forces du mal) profite de notre vulnérabilité émotionnelle… et ce qu’il nous reste à faire pour déjouer ses plans : briser notre attitude négative. Nous pouvons faire cela en osant rêver, en désirant passionnément les objets de notre cœur et en visualisant une vie de succès.

Nous pouvons même ressentir le changement émotionnel qui s’opère en nous lorsqu’une inspiration soudaine nous convainc que ce qui nous semblait hors de notre portée se trouve en fait tout prêt de nous. Alors, lorsque nous rencontrons le succès, nous nous émerveillons de la façon dont D-ieu a réorganisé l’univers afin de rendre notre rêve réel. Nous nous émerveillons de notre faiblesse d’avoir douté – même un seul instant – de D-ieu.

Les Yossef de notre histoire sont légion. Même s’il leur arrive de s’oublier momentanément et d’hésiter dans la confiance qu’ils ont envers Hachem, ils se réveillent vite et font marche arrière tant qu’il est encore temps. Ils rectifient le mal qu’ils ont pu faire afin que le Ciel puisse leur donner ce qu’ils désirent avant tout : voir que tout est bien, bon.
 
À suivre…

(Auteur et conférencier, le rabbin Pinchas Winston est le directeur de ThirtySix.org)

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