Guérison : la perspective juive

Quand la vie de la personne est en danger,c'est un appel pour utiliser le temps qui nous reste à vivre dans ce monde de la meilleure façon possible.

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le rabbin Avraham Greenbaum

Posté sur 06.04.21

Un appel à la vie

Un nombre important de personnes ne se rendent pas réellement compte qu'être en bonne santé est une bénédiction… jusqu'au jour où la maladie les touche ou qu'une blessure change le cours de leur vie.
 
Une personne qui est malade, qui souffre, qui est anxieuse ou dépressive peut avoir l'impression qu'elle a atteint le point le plus bas de sa vie. Cependant, si cette personne est prête à entendre la signification profonde du message que sa maladie ou que sa blessure lui envoie, elle vivra d'une façon très différente cette période. La maladie est un appel à la vie ! Si notre vie normale se trouve subitement désorganisée, ceci est pour nous apprendre à être plus conscients de son caractère précieux. Si nous y parvenons, nous pourrons vivre notre vie d'une façon plus pleine : chaque jour, chaque minute… jusqu'à la dernière.
 
Si nous entendons cet appel, nous pourrons transformer les périodes de maladie en des moments privilégiés où nous apprendrons à nous ouvrir à de nouvelles dimensions dans notre vie et à un degré plus profond d'accomplissement et de joie.
 
Nous désirons tous guérir afin de pouvoir atteindre l'ensemble de nos objectifs dans notre vie. Ceux-ci ne peuvent pas toujours attendre que nous nous sentions mieux et que nous recommencions à vivre d'une façon normale.
 
Être guéri, cela signifie pouvoir vivre notre vie dans le plein sens du nom. Vivre bien est une aptitude qui – comme toutes les autres – ne peut s'apprendre que grâce à la pratique. C'est pour cela que nous devons mettre en pratique ce concept maintenant ! C'est aujourd'hui que nous devons décider que nous allons bien vivre ! Prendre cette décision est sans l'ombre d'un doute une des plus importantes que nous pouvons prendre afin de nous diriger vers le chemin de la guérison.
 
Vivre à un niveau plus élevé
 
Les handicaps physiques – ou autres – qui sont souvent la conséquence de la maladie peuvent nous rendre difficile la poursuite de nos activités habituelles. Cependant, nous ne devons pas nous affliger à propos de ce que nous ne pouvons pas faire. Plutôt, nous devons nous concentrer et penser à toutes les choses que nous pouvons faire pour donner un sens plus profond à notre vie, malgré la maladie.
 
Nos handicaps physiques ne doivent pas nous empêcher de mener une vie active et pleine dans les domaines mental et spirituel. Ceux-ci sont précisément les domaines que nous devons chercher en nous-mêmes afin de les développer : c'est cela qui nous permettra d'être véritablement guéris.
 
Préparez-vous à offrir et à explorer de nouveaux chemins à votre façon de penser et à votre âme. Vous apprendrez à vous détendre et à méditer, à réfléchir au sens profond de la vie dans cet univers. Vous prendrez le temps de considérer votre propre destin et votre raison de vivre. Vous découvrirez qui vous êtes réellement.
 
Même si vous êtes actuellement stressés à cause de votre condition physique, votre traitement médical, votre situation émotionnelle, financière ou pour toute autre raison, vous devez prendre toutes les précautions afin de ne pas sombrer dans une anxiété morbide et la dépression. Transformez votre douleur et vos frustrations en prières. Essayez de voir l'aspect positif de la situation dans laquelle vous êtes aujourd'hui.
 
Tandis que nous travaillons sur nous-mêmes, nous devons également travailler pour améliorer nos relations avec les personnes de notre entourage : les membres de notre famille, nos amis et toutes les autres personnes avec lesquelles nous sommes en contact.
 
Si nous souffrons physiquement, ceci doit nous apprendre à montrer notre compassion envers les personnes qui souffrent également. Même lorsque nous cherchons à subvenir à nos propres besoins – et à poursuivre nos objectif dans la vie – nous devons prendre en considération les besoins et la sensibilité des autres. Nous devons développer notre capacité à communiquer et à vivre en coopération avec les personnes que nous voyons. Nous devons être prêts à apprendre d'elles.
 
Guérir notre dimension intérieure
 
De nombreuses personnes pensent que la guérison concerne principalement le retour des fonctions normales du corps. Il est certainement approprié de faire tout ce qui est en notre pouvoir – au niveau physique – pour être guéris. Cependant, malgré tout ce que peut nous apporter la médecine, cela n'est pas suffisant. La raison est que notre corps – même s'il est un aspect crucial de notre existence – n'est qu'une partie d'un ensemble plus grand : NOUS-MÊMES.
 
Nous sommes une personne entière qui possède une identité unique, nos propres pensées, nos sentiments, nos émotions, nos besoins, nos désirs, notre mémoire, notre raison, notre imagination, nos objectifs, nos idéaux, nos aspirations… sans oublier un stupéfiant potentiel inexploité. Le “Moi” essentiel, l'être vivant, penseur, sensible et créatif que nous sommes est ce que les philosophes et les psychologues appellent le “psyché.” Selon la tradition religieuse et mystique, nous appelons cela l'âme, ou l'esprit.
 
Une maladie – ou une blessure – entraînent évidemment des effets profonds sur l'esprit et sur l'âme, en plus des effets premiers sur le corps. Notre condition physique joue un rôle sur notre situation mentale, nos pensées et nos sensations. Cependant, la relation qui existe entre eux n'est pas à sens unique.
 
Notre moral, notre situation émotive, nos sentiments, la perception que nous avons de nous-mêmes et la façon dont nous menons notre vie possèdent une influence significative sur notre santé physique, notre aptitude face à la maladie et aux blessures, la mesure dans laquelle notre corps peut guérir et à quelle vitesse.   
 
De plus, notre état mental, émotionnel et spirituel est réellement la clé de notre joie et de notre bonheur en général dans la vie, dans la mesure où nos sentiments sont la véritable essence de notre vie. Notre santé morale – celle de l'esprit et de l'âme – est ce qui fait la différence entre une vie remplie et satisfaisante et une qui ne l'est pas.
 
Certaines personnes peuvent sembler en bonne forme et posséder une santé physique robuste. En vérité, elles n'ont pas réellement de vie car celle-ci est remplie de vide et de non-sens.
 
Notre docteur a suivi une formation pour soigner notre corps. Cependant, tandis que nous attendons et espérons que notre corps puisse retrouver la forme qu'il avait auparavant, nous devons avoir conscience que notre guérison interne – la guérison des blessures de notre “moi” et de notre âme – repose essentiellement entre nos mains.
 
Dans la mesure où notre esprit et notre âme influencent notre corps, plus nous pouvons soigner et développer notre “moi” intérieur, plus la capacité de notre corps à guérir s'agrandit. Par conséquent, la contribution la plus importante que nous pouvons faire afin d'améliorer notre condition physique consiste à travailler à soigner et à développer notre “moi” intérieur.
 
La vie après la vie
 
Certaines fois, le corps ne peut pas guérir. La maladie peut être chronique, l'état du malade dans une phase dite “terminale”. Nous devons nous souvenir que nous vieillissons tous et que l'état de notre corps se détériore forcément avec le nombre d'années. En d'autres termes, dans tous les cas, notre corps doit mourir.
 
Que nous l'acceptions ou pas, notre corps est une structure finie et matérielle dont la durée de vie est limitée. Un jour ou l'autre, il doit se désintégrer. Si le corps meurt, notre dimension intérieure vit pour l'éternité ! Notre “moi” intérieur et notre âme sont un esprit qui ne possède pas les limites d'une composition physique. Notre esprit est immortel. Pour l'âme, la mort n'est pas la fin, mais un nouveau commencement. La mort est la passerelle qui mène vers un niveau plus élevé de vie, un nouvel état d'être dans un domaine que nous ne pouvons même pas imaginer à sa juste valeur aussi longtemps que nous résidons dans notre corps.
 
La mort est la mort uniquement en relation avec le monde matériel. Cependant, pour notre “moi” essentiel – notre âme – la mort est le tremplin pour un niveau de vie plus élevé, plus intense et nettement plus joyeux dans le domaine spirituel. La raison en est que l'âme possède une aptitude plus grande de se développer dans sa dimension spirituelle lorsqu'elle est libérée du corps physique. Si l'idée de la mort fait peur, c'est parce à cette heure, l'âme se rapproche de la Source de toutes les choses – D-ieu – est que D-ieu fait peur.
 
La maladie peut nous aider à prendre conscience du long chemin que nous avons à parcourir. Un jour où l'autre, chaque personne doit faire face à cette situation. Un était de santé où la vie de la personne est en danger est un appel pour faire la paix avec nous-mêmes et affronter la situation de la mort afin d'utiliser le temps qui nous reste à vivre dans ce monde de la meilleure façon possible. Notre corps peut être faible et douloureux, mais cela n'a pas à ruiner notre intellect. De fait, l'intellect est invincible.
 
Être prêt à accepter l'idée de la mort ne signifie pas que nous allons forcément mourir rapidement. La vie et la mort sont entre les mains de D-ieu seulement. Personne ne meurt avant – ou après – son heure.
 
Nous ne pouvons pas contrôler la mort, mais cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas choisir de vivre d'une manière spécifique face à elle. L'idée est de ne pas passer notre temps à nous préparer d'une façon morbide à la mort. Au contraire, nous devons quitter notre état passif de victime apeurée et anxieuse pour prendre en charge d'une manière active notre vie.
 
Profitons-en pour faire le point sur nous-mêmes ; concentrons-nous sur nos priorités ; mettons de côté tout ce qui est sans intérêt et vain. Disons ce que nous voulons dire aux êtres qui nous sont chers et à nos amis. Réparons ce que nous pouvons réparer dans ce monde et… vivons.
 
Nous devons savoir que la mort permet de nous mener vers une nouvelle vie et par conséquent, nous ne mourons jamais réellement ; plutôt, nous continuerons toujours à vivre. Aujourd'hui, nous sommes vivants dans ce monde, un autre jour, nous serons vivants dans un domaine plus élevé. Que nous soyons ici ou là-bas, le principal consiste à vivre !
 
En décidant de vivre maintenant – même avec les limites que la maladie ou les blessures nous imposent – nous tirons profit de chacun des moments de notre présence en ce monde et en même temps, nous nous préparons de la meilleure façon pour la vie après la vie… plus tard.

À suivre…

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