II faut beaucoup de courage et d'honnêteté pour s'ouvrir à des modes de pensée sortant des sentiers battus. En général, les gens s'attachent fortement aux idées propres à leur milieu social, culturel et éducatif. La guérison peut être une question de vie et de mort. C'est un sujet qui s'entoure parfois de barrières émotionnelles plus fortes que nous ne le pensons peut-être.
Pour ceux qui n’ont toujours considéré les soins médicaux qu'en termes de tabliers blancs, visages masqués, prises de sang, cadrans, compteurs, piqûres intraveineuses, etc., certains concepts de base des enseignements de Rabbi Na'hman concernant la guérison – la foi, la joie, le repentir, la confession, la charité, le chant et la danse – peuvent sembler hors de propos, à la limite inquiétants. Pour saisir la signification réelle d'une méthode qui sort de l'ordinaire, nous devons être assez humbles pour transcender nos idées reçues et en explorer les concepts selon leur véritable étendue et profondeur.
Le système médical conventionnel se concentre presque exclusivement sur le corps humain et ses maux. On peut dire que jusque tout récemment la majorité des médecins n'a pas tenu compte du propriétaire du corps – la personne, sa vie mentale et spirituelle, ses perspectives, sa vie sentimentale et émotionnelle, ses options morales, son mode de vie et ses activités – à peine l'intérêt poli que porte un mécanicien aux clients des voitures qu'il répare.
Le corps est considéré comme une machine, complexe, stupéfiante, extraordinaire, certes, mais une machine, qui est essentiellement la somme de ses composants et peut être « démontée », examinée et « remontée » pour mieux marcher.
Quand quelque chose ne va pas, l'approche médicale normale est d'examiner les symptômes physiques du patient en vue d'identifier des changements pathologiques et leurs causes. Le diagnostic est suivi d'une série de plus en plus sophistiquée de médicaments et de techniques diverses.
Un grand nombre de ces techniques utilise certes les mécanismes stupéfiants d'autorégulation du corps, mais les médecins ont tendance à ne pas en tenir compte, mais plutôt à intervenir, parfois de façon agressive, pour renverser ou stabiliser le processus. S'ils peuvent le faire avant l'apparition de troubles permanents et irréparableses, on dit que le patient est « guéri ».
Tout au long de ce processus, le patient reste généralement passif. Il attend « patiemment » que quelque chose se passe. C'est d'abord la maladie qu'il perçoit et puis ensuite le traitement. Aux yeux d'un grand nombre de médecins, le rôle essentiel du malade est de venir se faire examiner et de prendre les médicaments qui lui sont prescrits.
Rabbi Na'hman de Breslev nous demande d'envisager sous une perspective tout à fait différente les problèmes de santé, de maladie et de guérison. On considère que ce qui se passe dans le corps de l'homme fait partie intégrale de sa vie engénéral. Quant aux symptômes physiques, à part ce qu'ils sont « en soi », ilsrévèlent un langage qui exprime une affection plus profonde, qui marque l'optique, la conduite, la personnalité, et en fait l'âme même de l'individu. « Un petit trou dans le corps – un grand trou dans l'âme », dit à cet effet
Rabbi Dov Ber, le
Maguid de Mezritch (1704-1772).
Qu'est-ce que la maladie?
Supposons que quelqu'un soit de nature faible, fatiguée, tendue. II des vitamines, des tonifiants… des vacances, mais ne constate aucune amélioration dans son état de santé. Il consulte alors un docteur (de médecine conventionnelle ou alternative). Ce dernier lui pose un certain nombre de questions et l'examine. Si le médecin arrive à établir un diagnostic plausible – hypoglycémie, syndrome de fatigue postvirale, diabète, affection cardiovasculaire ou autre chose – le patient admet le fait que c'est là le cœur du problème, et il commence à suivre les traitements prescrits par son médecin.
Mais est-ce le cœur du problème ? Est-ce tout le problème ? Est-ce la vraiment la racine du problème ? Peut-être les symptômes physiques constituent-ils un facteur important d'une maladie existentielle beaucoup plus grave ? C'est une âme qui est fatiguée. Pourquoi ? Qu'est-ce qui, dans la situation de l'individu, dans son entourage, ses habitudes et activités, peut bloquer son épanouissement, son aptitude au bonheur ?
Il se peut que le médecin attribue la fatigue à une consommation excessive d'aliments malsains. Mais peut-on isoler cet élément de la profonde frustration, de la dépression et d'autres facteurs qui ont peut-être poussé cette personne à des abus alimentaires. Sans un examen profond de ces problèmes, le traitement physiologique apportera-t-il plus qu'un changement superficiel ?
On peut en dire autant d'une multitude d'autres désordres physiques. Une maladie de cœur ou une tumeur cancéreuse peuvent révéler une crise beaucoup plus grave dans la vie du patient. De tout temps et dans les différentes cultures, les autorités médicales ont souligné l'influence destructrice d'états mentaux, comme la mélancolie, le chagrin et le désespoir, sur la santé physique. Mais de tels facteurs sont difficiles à mesurer de façon scientifique et ont été grandement négligés par la médecine moderne.
Pourtant, de nombreuses études entreprises ces dernières années ont démontré l'influence du stress, des conflits intérieurs, de la frustration, de la dépression, etc., dans un large éventail de maladies.
Peut-on vraiment faire une distinction entre les maladies du corps et celles de l'âme ? Les adeptes du système médical occidental conventionnel peuvent considérer les traits négatifs et les perspectives négatives du patient comme « malsains », « malades ». Mais ce ne sont là que métaphores pour décrire des conditions physiques tangibles. Mais si la frustration, l'amertume, la colère et d'autres traits sont difficiles à mesurer, n'en sont-ils pas moins réels ?
Comme les problèmes émotionnels et spirituels sont intimement liés aux maladies physiques, est-il valable de traiter ces dernières avant d'apprendre au patient à résoudre les premiers.
II existe aussi des cas où les problèmes spirituels, émotionnels, n'ont pas encore causé de troubles corporels évidents. Peut-on dire alors qu'ils soient moins pathologiques que la tabagie, l'alcoolisme, la drogue ? Est-il sage d'attendre que le mal s'installe avant de chercher à le guérir ? Et qu'en est-il de toutes les sortes de douleurs que nous cachons volontairement ou involontairement ?
La prévention médicale
Le
Rambam écrit : « Un médecin prouve davantage sa compétence en prévenant la maladie qu'en guérissant quelqu'un qui est déjà malade »
(Yalqout Leka'h Tov,
Béchala'h)
. Le leitmotiv de
Rabbi Na'hman dans le domaine de la médecine est de veiller constamment à sa santé – la vraie guérison doit commencer bien avant que la maladie ne frappe. Veiller à sa santé est une
mitswa, un commandement positif : « Garde-toi, prends bien soin de ton âme » (Deutéronome 4:9).
La bonne santé est indispensable à l'accomplissement de notre mission dans ce monde : il va de soi que la faiblesse physique diminue notre capacité à prier, étudier, accomplir des actes de charité et toutes les autres
mitswoth.
Nous devons donc prendre le plus grand soin de notre corps, observer strictement les règles d'hygiène, manger avec sagesse et modération, faire de l'exercice, éviter le tabac et tous les abus. Ce n'est pas par hasard que la Tora nous demande de prendre soin de notre santé, en utilisant l'expression « prends bien soin de ton âme.»
Les traitements mentaux ne sont pas un luxe : ils constituent les fondations mêmes d'une bonne santé physique. Il s'agit souvent de renoncer à des plaisirs immédiats au profit de bénéfices à long terme. On ne peut renoncer aux plaisirs du moment que si on est fermement convaincu que la vie dans ce monde vise un objectif plus élevé. Des facteurs comme le sens de la mission, le courage face aux obstacles et un optimisme général, sont la base d'une bonne santé. « Un cœur joyeux redresse le corps ; un esprit abattu dessèche les membres.» (Proverbes 17:22).
De nos jours, la médecine préventive est en hausse. Le coût de la médecine conventionnelle est un fardeau écrasant même dans les pays les plus riches. Les diagnostics, les médicaments, les opérations et les soins hospitaliers sont devenus tellement onéreux que même les plus riches ne peuvent pas se les permettre. Les assurances santé ont subi une hausse vertigineuse. Les gens qui ont payé l'assurance santé toute leur vie, ont parfois la stupéfaction de se rendre compte qu'en cas de maladie, ils ne sont pas couverts.
Seuls les gens très riches peuvent s'offrir le luxe de soins fournis par l'État, mais le simple citoyen qui prend soin de sa santé devrait s'employer à éviter d'avoir besoin de traitements médicaux en veillant au mieux à sa santé. La foi, la joie, la prière, la méditation, la charité, l'amour et la bonté chers au peuple juif, peuvent conduire au but ultime qui est de nous protéger de toute maladie.
La maladie et la guérison
La maladie peut être quelque chose de terrible. Mais si on la considère comme un phénomène purement physique, on la transforme en supplice vide de sens, qui ne donne pas le moindre réconfort à ceux qui souffrent. La science médicale peut parfois définir les causes physiques de la maladie (ce n'est pas toujours le cas). Mais elle ne peut préciser pourquoi une certaine maladie fait partie de la destinée d'un individu à une période ou une autre de sa vie. Dire qu'un individu a eu une prédisposition génétique ne répond tout de même pas à la question « pourquoi »?
Pourquoi un bébé naîtrait-il déformé ? Pourquoi un enfant, un jeune homme ou une jeune femme dans la fleur de l'âge doivent-ils soudain perdre un pied ou une main ? Croire fermement que D-ieu guide le moindre détail de tout l'univers, qu'Il veille individuellement sur chacun de nous avec amour ne fournit pas de réponses réconfortantes. « Il n'y a ni sagesse, ni compréhension, ni conseils relatifs à D-ieu» (Proverbes 21:30).
Toutefois, la foi nous indique une voie qui nous permet de nous faire à la souffrance. En dernier lieu. D-ieu ne fait le bien. En fait, le fait de croire qu'en toute situation le bien existe quelque part, nous aide à le chercher et le trouver.
Tout en acceptant ce que nous ne pouvons pas modifier, nous devons prendre la responsabilité de ce que nous pouvons changer. La médecine conventionnelle tend à encourager les patients à compter sur le médecin pour réparer les dommages subis par leur corps – « Guérissez-moi !» – leur permettant d'éviter de confronter les problèmes profondément enracinés dans leur mode de vie et leur personnalité et qui sont peut-être à l'origine de leur maladie.
Mais se contenter de combattre des symptômes physiques évidents, peut être dangereux et donner des résultats négatifs. L'affection latente n'est pas guérie, et peut même provoquer de graves désordres par la suite.
Selon la Tora, le mal et la maladie sont souvent envoyés à l'homme pour l'inciter à bien s'examiner. Ils peuvent aussi l'aider à apprécier davantage la vie et la santé. Comment s'est-il servi de son corps ? Qu'a-t-il fait de sa vie ? Quelle est sa vraie mission dans ce monde ?
La compréhension profonde de notre ego est en elle-même une partie vitale du processus de guérison. C'est ce qui nous aide à prendre le contrôle de notre vie et à nous débarrasser des bagages inutiles : mauvaises habitudes, complexes désuets, colère, amertume, etc. Il devient ainsi plus facile d'améliorer les relations avec son conjoint, ses parents, ses enfants, ses amis ou ennemis, avec soi-même et avec D-ieu.
« Se tourner vers D-ieu » ne signifie pas simplement remplacer un genre de fatalisme par un autre, la croyance en des forces aveugles par une force spirituelle inconnue, implacable, qui se trouve « quelque part ». Cultiver la foi en D-ieu implique un changement radical à tous les niveaux de notre être. Nous devons apprendre à percevoir notre être et le monde qui nous entoure sous un angle tout à fait nouveau. Nous devons donner une autre direction à nos facultés de pensée et d'émotion, explorer notre capacité de prendre des décisions, emprunter des sentiers nouveaux, inhabituels.
C'est principalement par la prière que nous pouvons nous imprégner du Pouvoir divin dans notre vie. Il ne s'agit pas seulement de répéter des formules antiques et d'espérer en D-ieu et en Ses bénédictions. Nous devons apprendre une façon nouvelle d'utiliser les mots – nos propres mots – pour définir la bénédiction que nous recherchons et l'introduire dans les situations réelles que nous affrontons à l'intérieur de nous-mêmes et dans le monde ambiant.
À suivre…
(Extrait du livre “
Les ailes du Soleil” par
Avraham Greenbaum, publié aux Éditions de l'Institut Breslev)
Ecrivez-nous ce que vous pensez!
Merci pour votre réponse!
Le commentaire sera publié après approbation