La mitrailleuse s’enraye

Je pouvais entendre le commandant crier pour que j’ouvre le feu avec ma mitrailleuse, mais peu importe où et comment j’appuyais : la mitrailleuse restait muette.

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David Perlow

Posté sur 04.04.21

Au début de ma formation d’élite, mon unité campait dans la belle campagne au nord d'Israël. C'était la première fois que, nous étions des centaines de militaires déployés pour un énorme exercice de tir de nuit. L'excitation était contagieuse chez mes frères d’armes. Pour ma part, j'étais le mitrailleur de l'unité et je savais l’énorme responsabilité de mon rôle.

Récapitulons un instant, pendant plusieurs mois, on m’avait attribué ce qu'on appelle le MAG. C'est une énorme mitrailleuse que je devais porter partout où j’allais. C'est de loin l'une des armes les plus meurtrières rencontrée par un soldat de combat. Elle est lourde, longue, difficile à manier et d’une énorme puissance J’ai eu de la chance de sortir indemne de cette formation, avec cet engin. Une fois, je n'avais pas retiré la goupille pour la verrouiller, j'ai perdu le contrôle et j'ai tiré une balle qui aurait pu me blesser gravement ou mortellement. C'était une expérience vraiment effrayante et par conséquent je ne me suis jamais senti complètement tranquille avec cette bête. Heureusement, cependant, tous les gars de mon unité étaient extrêmement favorables à ce que ce soit moi le soldat solitaire qui porte cette puissante arme. Cet honneur m’a pris la tête et je l’ai confondu avec mon niveau réel de soldat qui doit posséder son arme de l'intérieur comme de l'extérieur.

Cette nuit là, les manœuvres consistaient à courir vite, à escalader des collines, sans savoir vraiment où nous allons. L’enjeu était de monter sur le point le plus élevé pour surplomber la vallée afin de couvrir les autres groupes de soldats qui avançaient au loin. Cela signifiait que tout dépendait de moi, le mitrailleur. Mon arme, le MAG, à la capacité intense de tirer des centaines de balles en quelques minutes, ce qui en fait l’arme idéal pour protéger les soldats. Cette manœuvre me plaçait en première position et je devais être au top de mon jeu afin de tous les couvrir.

La nuit était belle la lune brillait. Il était incroyable de voir des centaines de soldats marcher si vite, un par un dans cette large vallée. Parfois, on pouvait voir un gars tomber de déshydratation ou d’épuisement. Tous savaient où ils devaient aller et je savais que ces soldats comptaient tous sur moi pour éclairer le ciel de mes rafales de feu vers la fin de l'exercice. Tous les soldats s’étaient positionnés. Nous avons tous reçu le signal d’ouvrir le feu, nous étions au bord de l’épuisement. Mon groupe avait déjà escaladé la falaise rocheuse pour atteindre le sommet et nous devions ouvrir le feu. J’étais en position de tir mon cœur battait, je pouvais entendre le commandant crier « MAG, MAG », le signal pour que j’appuie sur la gâchette et bombarde les cibles. Les crampes saisissement mes jambes alors que je tombais littéralement sur mon ventre et me mis en position. J'ai ouvert pour mettre ma chaîne de balles de 120 7,62 mm en mode plein-feu et embrayé l'arme, "ça ne marche pas ! Je dois tirer, tirer ! J’hurlais … Et cliquais sans cesse sur la mitraillette.

"Où est le MAG, où est le MAG ? MAG !! Je pouvais entendre le commandant crier au loin mais peu importe ce que je faisais, la mitraillette restait silencieuse. J'avais essayé de faire tout ce que je pouvais mais en vain ; la sueur coulait sur mon front, alors que je retirais une partie de la chaîne de balles, dans l'espoir que la nouvelle que j’enfonçais dans l'arme, disparaisse sans problème. Mais rien ne fonctionnait. Après quelques instants, l'exercice était terminé. Le tireur de mitraillette à la tête de Golani a maintenant une bonne dose d'humilité.

 

Cet épisode m’a appris plusieurs leçons.

La première est de prendre conscience de notre tendance à vouloir faire les choses sans prière, comme je l’avais fait. Nous pensons que nous pouvons faire tout grâce à nos capacités, notre intelligence, notre force, notre savoir- faire. Nous faisons reposer notre réussite sur nos compétences. La Torah nous met en garde contre cette attitude : comme il est dit « garde toi de penser ma force et la vigueur de mon bras m’ont donné la victoire » Dieu nous accorde à tous des qualités, des pouvoirs que nous devons mettre en œuvre tout en gardant à l’esprit que la réussite et l’échec sont entre Ses Mains.

Souvent on se heurte à un écueil, si tout provient de Dieu, alors je n'ai besoin de ne rien faire. Ce raisonnement est faux. : "Une personne doit faire tous les efforts réels pour réussir, mais une fois que l'événement a eu lieu, considérer le résultat final, comme étant la Volonté de Dieu.

Nos réussites, et nos échecs dépendent de Dieu. Cela élimine le cercle d’émotion qui tourne sans fin et mène ou l'arrogance ou à la dépression. Quel que soit les conséquences de nos actes nous appliquons les trois niveaux d'Emouna, codifiées par le Rambam :

Tout provient de Dieu.

Tout est pour le bien.

Il existe une raison pour chaque chose.

Alors, ou est la clé du succès ?

D'abord, prier avant toute chose, et reconnaître nos dons et talents comme des outils fournis par Dieu, : Le remercier et Le reconnaître dans nos moments de triomphe.

Deuxièmement, si nous échouons, comme je l'ai fait, nous ne nous attristons pas, "Quoi ?!?! Penser que Dieu voulait que j’échoue. "La réponse est oui ! Et en plus, c'est pour mon bien ultime ! Dieu merci, ce n'était qu'un exercice d’entrainement.

Je n'étais pas prêt, à ce moment là, je n’étais pas rodé au combat. Vous imaginez si ?!? Bien sûr, j'étais embarrassé par l’échec, la honte, mais derrière, se cachait un but !

La tristesse engendre des échecs continus. Nous devons simplement faire taire notre tête, accepter ce qui s'est passé, faire de notre mieux pour être honnête et comprendre pourquoi Dieu n’a pas donner la réussite. Ensuite, réessayer de son mieux. La chose la plus courante est que la deuxième tentative est plus réussie et amène à l’objectif fixé.

Je suis revenu à la base, un peu perdu, mais ces principes d'Emouna ont traversé mon esprit. Ouais, ça me faisait mal, je voulais vraiment montrer à tout le monde que c'était moi le meilleur tireur et que c’était la faute de la machine. Mais mon ego a pris la voie de Dieu, Il m'a montré que c'est Lui qui nous permet finalement d’atteindre la cible et que c’est à Lui qu’il faut rendre Honneur.  J'ai accepté mon échec et j’ai repensé au pourquoi je me suis engagé et consacré tout mon temps à m'assurer de bien connaitre mon arme à l'intérieur comme à l'extérieur et qu’elle doit toujours être en bonne état et prête au combat.

À partir de ce moment, j’étais devenu le meilleur que je pouvais être et je savais que rien ne m'empêcherait de le devenir. Prenez-cet exemple, si la Emouna améliore un soldat pour le combat, pourquoi pas vous ?

 

Traduit par la Rabbanite Simha Benchaya

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