Le capitaine tyrannique

Le cœur lourd de tristesse, les soldats des trois divisions emballèrent leurs affaires et obéirent à leur commandant funeste...

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le rabbin Lazer Brody

Posté sur 06.04.21

Nous avons tendance à écouter un officier subalterne tyrannique – le yetser har'a (le mauvais penchant) – qui est le commandant local et qui dirige notre corps en nous faisant poursuivre une variété de désirs nuisibles. Ce commandant local dirige également notre cerveau en nous faisant perdre notre temps en courant après des folies qui ne riment à rien.
 
 
Les dix jours de repentance
 
"Notre Père, notre Roi, nous n'avons pas d'autre Roi que Toi !” (“Avinou Malkenou-/“Notre Père, notre Roi”), prière supplémentaire dite les jours de semaine – après Cha'harith (la prière du matin) et le Chemone 'Esré de Min'ha (la prière de l'après-midi) – prononcée pendant les dix jours de repentir).
 
Selon Rabbi Na'hman de Breslev (Qitsour Liqouté Moharan 1:1), le yetser hatov (le bon penchant) nous incite à rejeter avec mépris les impulsions physiques et la sagesse étrangère, qui représentent la folie, et à nous accrocher à la lumière sainte de la Sagesse divine qui illumine le cerveau. D'autre part, le yetser har'a (le mauvais penchant) nous incite à faire l'exact opposé, tel qu'il est écrit (Proverbes 18:2) : “Le fou ne veut pas de la raison”. Chacun d'entre nous doit donner suffisamment de puissance à son yetser tov dans le but de le faire triompher de son yetser har'a.
 
Cet enseignement de Rabbi Na'hman nous permet de comprendre la raison pour laquelle nous disons pendant les dix jours de repentance la prière “Avinou Malkenou”-“Notre Père, notre Roi”. Il est également aisé de comprendre pourquoi un des versets déclare : "Notre Père, notre Roi, nous n'avons pas d'autre Roi que Toi !” Dans la mesure où le mauvais penchant – le méchant, intrigant, tyrannique et rusé yetser har'a – essaie sans fin de nous faire rebeller contre notre Père le Roi, nous utilisons les dix jours de repentance afin de nous repentir. Cela permet de renforcer notre tendance à faire le bon et à affaiblir notre yetser har'a. La prière d'“Avinou Malkenou”, ainsi que la déclaration selon laquelle nous n'avons pas d'autre Roi à l'exception de D-ieu, nous rappelle deux fois par jour que nous devons faire techouva – nous repentir – et que la techouva représente notre tâche principale pendant les jours intermédiaires entre Roch Hachana et Yom Kipour.
 
Avec l'aide de D-ieu, la parabole suivante nous permettra de comprendre l'importance d'accorder de la force au yetser tov dans le but de vaincre le yetser har'a, avant qu'il ne soit trop tard.
 
Un capitaine tyrannique commandait le bataillon 365 de l'infanterie royale, composée des meilleurs soldats du Roi. Aucun des subordonnés – du commandant de peloton au planton, en passant par le simple soldat – n'aimait le capitaine. Ce dernier manquait de considération, tout en ne se refusant rien. Il ignorait ce qu'est la compassion et il lui arrivait même d'être cruel. Ainsi, pendant les manoeuvres difficiles des jours d'été, il refusait régulièrement de laisser boire ses soldats. Quant à lui, le meilleur vin prônait sur sa table et l'odeur des meilleurs cirages le suivait partout où il allait.
 
Un certain jour, un ordre pressant arriva du palais royal : la Compagnie de l'infanterie royale devait se diriger immédiatement vers le front de l'est, un voyage de trois jours. Sur le chemin qu'emprunterait la Compagnie, des stations arrangées d'avance devaient garantir une nourriture ample et de qualité, ainsi qu'un hébergement tranquille, à l'ensemble des soldats. Dans tous les cas, il fallait que la Compagnie atteigne sa destination en un maximum de quatre jours et qu'elle avertisse de suite le commandant du front de l'est de son arrivée à sa destination finale.
 
Le capitaine tyrannique lut le télégramme du palais royal avec dédain. “Qu'est ce que le Roi peut comprendre à propos du combat ?” pensa-t-il d'une façon affectée. “Il n'existe aucune menace sur le front de l'est ! Si le Roi désire que nous nous joignions au combat, c'est plutôt sur le front de l'ouest que nous avons besoin de nous !” De fait, l'arrogant capitaine ordonna à sa Compagnie de se diriger ver l'ouest. En agissant ainsi, le capitaine faisait l'exact opposé des ordres donnés par le Roi.
 
Le coeur lourd de tristesse, les soldats des trois divisions emballèrent leurs affaires et obéirent à leur commandant funeste. Les commandants des divisions haussèrent les épaules et tentaient de justifier leur décision en se disant : “Après tout, il est notre commandant direct. Nous sommes obligés de suivre ses ordres.” Cependant, la marche vers l'ouest se révéla être un désastre : les soldats ne recevaient pas de nourriture, pas d'eau ; de plus, ils ne trouvaient aucun endroit pour s'abriter pour dormir pendant la nuit. Ils étaient obligés de dormir dans des marécages couverts de boue infectés par les moustiques, les serpents et les scorpions.    
 
Après plusieurs jours d'une telle marche, on aperçut deux chevaux qui venaient de l'est s'approcher à toute allure. Leurs cavaliers étaient des messagers royaux et ils portaient un message rédigé par le Roi lui-même. “Bataillon 365 de l'infanterie royale, vous vous rebellez contre le Roi et vous êtes coupables de trahison ! Changez immédiatement de direction et dirigez-vous vers l'est, comme cela vous a été déjà commandé !”     
 
Les commandants des trois divisions comprenaient maintenant ce qu'ils leur restaient à faire. Ils saisirent le capitaine tyrannique et lièrent ses pieds et ses mains avec des chaînes. “Voici celui qui est coupable de rébellion !” dirent-ils aux messagers. “Emmenez-le devant le Roi. Dites à sa Majesté que le Bataillon 365 de l'infanterie royale restera loyal pour toujours. Nous nous dirigeons immédiatement vers l'est, comme nous l'a demandé le Roi !”  
 
 
* * *
 
Au cours de l'année, il nous arrive d'oublier qu'Hachem, notre Père et notre Roi, est notre Commandant suprême et que nous devons respecter Ses commandements. De fait, nous avons tendance à écouter un officier subalterne tyrannique, le yetser har'a (le mauvais penchant), qui est le commandant local et qui dirige notre corps en nous faisant poursuivre une variété de désirs nuisibles. Ce commandant local dirige également notre cerveau en nous faisant perdre notre temps en courant après des folies qui ne riment à rien. Les dix jours de repentance entre Roch Hachana et Yom Kipour sont les envoyés du Roi ; ils nous permettent de nous rappeler que nous nous rebellons contre le Roi et que nous nous exposons à de graves accusations. C'est pour cette raison que pendant la tefila (prière) d'“Avinou Malkenou” nous disons de toutes nos forces : “Notre Père, notre Roi, nous n'avons pas d'autre Roi que Toi !” Nos efforts pour faire techouva (nous repentir) réaffirment notre allégeance au Roi et nous permet de recevoir la signature royale dans le livre de la vie pour une année heureuse et en bonne santé. Amen.      

 

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