La peur du Ciel

Doit-on vraiment être possédé par une peur constante de notre Créateur ? Soyons honnêtes : cela semblerait nous mettre dans une situation peu confortable et peu enviable...

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le rabbin Ya'aqov Hertzberg

Posté sur 06.04.21

Doit-on vraiment être possédé par une peur constante de notre Créateur ? Soyons honnêtes : cela semblerait nous mettre dans une situation peu confortable et peu enviable. 
 
 
La Tora nous commande (Devarim 10:12): “Et maintenant, ô Israël, qu’est-ce que Hachem, ton D-ieu, te demande? Uniquement, de craindre Hachem, ton D-ieu…”
 
Dans la masse’heth Chabath (31), il est écrit: “Rabbi Yo’hanan a dit, au nom de Rabbi Elazar : ‘La seule chose que D-ieu possède dans Son monde est la crainte du Ciel, tel qu’il est dit : ‘Et maintenant, ô Israël, qu’est-ce que Hachem, ton D-ieu, te demande ? Uniquement, de craindre Hachem, ton D-ieu…’ Également, Rabbi Yehouda a dit : ‘D-ieu a créé Son monde uniquement dans le but que ses habitants Le craigne, tel qu’il est dit (Kohelet 3 : 14) : ‘D-ieu a arrangé les choses de telle sorte qu’on Le craigne.’”
 
Ainsi, il semble que la crainte de D-ieu – la crainte du Ciel – doit représenter notre objectif principal dans la vie ; en fin de compte, n’est-ce pas pour cela que le monde a été créé ?
 
L’importance de cette question est telle qu’il nous faut poser la question suivante : que signifie réellement avoir peur de D-ieu, peur du Ciel ? Doit-on vraiment être possédé par une peur constante de notre Créateur ? Soyons honnêtes : cela semblerait nous mettre dans une situation peu confortable et peu enviable. La question est encore plus opportune si l’on tient compte de l’enseignement du Zohar, selon lequel D-ieu a créé le monde dans le but d’y révéler Son amour et Sa compassion. Ainsi, doit-on craindre D-ieu ou L’aimer ?
 
De plus, il existe de fortes raisons pour nous faire penser qu’avoir peur de D-ieu aboutirait à nous distancer de notre Créateur. De fait, lorsque nous réalisons à quel point nous sommes éloignés d’une pratique idéale des mitswoth, nous pourrions – qu’à D-ieu ne plaise – nier l’existence de D-ieu afin de ne plus ressentir d’une façon continue ce sentiment de gêne, d’imperfection.
 
Expliquons-nous : la peur de D-ieu doit être fondée sur une croyance forte ou – pour être plus exact – sur la connaissance que D-ieu nous aime, qu’Il éprouve de la compassion à notre égard et qu’Il nous pardonne. Alors, même si nous craignons d’être punis et remplis d’un sentiment de crainte envers la grandeur de D-ieu (ce qui représente des bonnes raisons pour nous inciter à ne pas faire quelque chose de mal), nous serons toujours empreints d’un sentiment de joie – même si nous ne réussissons pas faire les mitswoth d’une façon adéquate – car nous saurons que notre Créateur ressent de la compassion à notre égard et qu’Il nous aime. Même si nous ne réussissons pas à faire tout ce que nous devons d’une manière parfaite, nous pouvons encore demander à D-ieu de nous pardonner et de nous aider à nous rapprocher de Lui.
 
Dans le “Liqouté Halakhoth ” (Hilkhoth Pessa’h, 9), Rav Nathan a écrit : “Dans les Seli’hoth (que nous récitons avant Roch Hachana et pendant les Dix jours de repentir), nous récitons : ‘Chez Toi l’emporte le pardon, de telle sorte qu’on Te révère’ (Tehilim 130:4).’ Nous avons confiance que D-ieu nous pardonnera et se sentiment nous permet de ressentir une crainte qui nous autorise à retourner vers D-ieu.”
 
C’est seulement en nous renforçant dans notre compréhension du sentiment de pardon de la part de Dieu que nous pourrons connaître la crainte qui se base sur la joie. La crainte – sans joie – nous amène vers la tristesse et aboutit à nous éloigner de D-ieu. Cependant, si nous comprenons que chez D-ieu, “le pardon l’emporte” et qu’il est possible de rectifier tout ce qui a été abîmé et de transformer nos erreurs en mérites, nous saurons ce qu’est la véritable crainte, tel qu’il est dit dans le verset : “… de telle sorte qu’on Te révère”.
 
Il peut nous arriver d’être le témoin d’une grande souffrance. Dans la mesure où nous avons conscience que – dans ce monde – tout est décidé par D-ieu, nous pourrions alors être accablés par la peur du jugement divin. Lorsque cela arrive, nous devons immédiatement  nous souvenir que tout ce qui arrive dans le monde est toujours pour le mieux. Il est important de nous renforcer avec une emouna pchouta (une foi simple) et de prendre conscience que tout ce que fait le Créateur est réellement pour le bon ultime. En même temps, nous devons reconnaître que nos capacités intellectuelles sont limitées et que nous ne pouvons pas toujours comprendre la façon dont D-ieu exprime Son bon. Alors, nous pourrons rester forts et joyeux dans notre service divin.
 
Dans tous les cas, nous devons faire notre possible pour conserver notre sérénité et notre tranquillité d’esprit. De fait, quel avantage avons-nous à être tristes, à désespérer ou à douter de D-ieu ? La meilleure chose que nous pouvons faire à notre égard consiste à nous renforcer – d’une façon continue – dans notre emouna (foi) en notre Créateur, au-delà des évènements qui constituent notre existence. Dans ce cas, nous récompense nous sera donnée dans les deux mondes. Dans ce monde, nous serons préservés de l’amertume et de la dépression. Nous pourrons vivre une vie d’espoir et de joie. Nous verrons clairement le bon de D-ieu et la façon dont tout ce qui se déroule dans le monde est pour le mieux. Dans le monde futur, nous serons récompensés pour être restés fermes dans notre emouna (foi), pour avoir suivi la Tora, fait les mitswoth et pour ne pas avoir perdu notre temps en posant des question inutiles, en ressentant de l’amertume ou de la tristesse.
 
Par conséquent, l’essence du service divin de notre génération consiste à renforcer notre conviction en la grandeur de la compassion de D-ieu, en Son pardon et en Son amour sans limites. Si nous réussissons à accomplir cela, nous pourrons également augmenter notre crainte du Ciel.
 
Nous pourrions demander : “De quelle façon puis-je accomplir cela ? De quelle façon puis-je triompher de ma propre nervosité et de ma peur ?”
 
La réponse est plus simple qu’on pourrait le croire : avant tout, il faut prier ! Tous les jours, il faut demander à D-ieu de nous aider dans Sa bonté et dans Sa gentillesse, à atteindre la emouna. Il faut demander à recevoir le cadeau de l’espoir et de la joie afin de pouvoir percevoir que le bon représente une partie intégrante de chaque instant de notre existence. Il faut également demander à D-ieu de ressentir à son égard le sentiment de gratitude qui correspond à tous les cadeaux dont le Créateur comble chacun d’entre nous ! Demander à D-ieu de nous aider à nous arrêter de nous concentrer sur ce qui nous manque. De fait, il est dans la nature humaine d’accepter le bon pour acquis et d’être énervé et contrarié lorsque les choses tournent mal.
 
Ensuite, nous devons essayer d’être joyeux, de quelque façon que ce soit: faire des blagues, écouter de la musique entraînante, danser…
 
Lorsque cette attitude fera partie de nous-mêmes – une sorte de seconde nature – nous pourrons triompher de la tristesse, de l’athéisme et de la dépression avec emouna (foi) et sim’ha (joie).
 
Le niveau le plus élevé de sim’ha (joie) et celui dans lequel la tristesse a été transformée en sim’ha. C’est que nous a appris Rabbi Na’hman dans le Liqouté Moharan (II, 33) à propos du verset : “Ils auront retrouvé la joie et l’allégresse: adieu peines et soupirs !” (Yech’ayahou/Isaïe 35 : 10).
 
Puisse Hachem nous aider à approfondir notre emouna et notre peur du Ciel ; puisse le Machia’h venir rapidement et avec une grande miséricorde. Amen.

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