L’épreuve de foi

L’homme doué du libre-arbitre représente la finalité de la création du monde et on comprend donc qu’il bénéficie de la providence divine particulière

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Il délivre les captifs
 
L’homme détenu en prison passe une épreuve de foi. Il doit savoir qu’il est incarcéré selon le décret du Créateur, afin d’expier les fautes qu’il a commises devant Lui, et qu’il ne doit accuser personne de sa situation, ni le juge, ni le procureur, ni le dénonciateur, etc.
 
Certains sont emprisonnés alors qu’ils sont apparemment innocents, en tout cas d’après les lois du pays. En général, ces gens sont remplis d’amertume et de colère pour l’injustice qu’ils subissent. Mais en vérité, s’ils étaient honnêtes avec eux-mêmes, ils sauraient pour quelles fautes HaChem béni soit-Il les punit et ils admettraient qu’il n’y a aucune erreur dans le décret divin.
 
Personne n’est emprisonné sans raison. Le tribunal céleste n’ignore rien de leurs actions et c’est justement qu’ils furent condamnés. Ils doivent donc justifier la sentence qui fut prononcée contre eux, accepter leur punition avec amour et se repentir.
 
Même si une sentence de mort est prononcée contre un homme, il doit savoir que le repentir, la prière et la charité peuvent annuler un mauvais décret. Pour cela, il est nécessaire que le détenu fixe chaque jour un temps pour parler avec HaChem, béni soit-Il, se repentir et prier pour qu’Il le sorte de prison.
 
Le détenu doit confesser ses fautes, les regretter, demander pardon et s’engager à corriger ses actions afin de ne pas récidiver. Il doit redoubler ses prières devant le Saint béni soit-Il, pour qu’Il le prenne en pitié, agisse avec clémence envers lui, et qu’Il attende patiemment son repentir. Il doit supplier le Saint béni soit-Il de l’aider à conquérir son mauvais penchant et de lui donner la force, la sagesse et le bon conseil pour se conduire dorénavant selon la volonté divine.
 
Il doit insister dans ses supplications pour qu’Il l’éloigne des mauvaises fréquentations, des faux amis qui ne suivent pas le bon et droit chemin et qui l’induisent en erreur. Ainsi, il doit augmenter ses prières avec ses propres mots et son langage personnel.
 
Note : Cette notion de l’augmentation des prières et des supplications s’applique dans la majorité des cas évoqués dans ce chapitre, car pour prévenir toute souffrance, que D. nous en préserve, il faut prier plus et se repentir de toutes ses forces, afin de solliciter la compassion divine.
 
Danser et se réjouir en prison
 
L’homme qui vit une telle situation doit savoir que même si cette épreuve est très difficile, nul ne le conteste ; s’il se conforte et l’accepte avec amour, tout se transformera pour le bien. Nous l’apprenons de Joseph le Juste qui fut jeté en prison et – bien qu’il fut innocent – accepta le décret avec amour et une grande joie. Comme il est rapporté par nos Sages de mémoire bénie (Yilkout Chimoni, section VaYéchev) sur le verset (Genèse 39:2) : “Joseph était un homme qui faisait tout prospérer”, Ich matslia’h est traduit en araméen par “homme joyeux”, qui sautille et danse, car en prison, il dansait et chantait sans arrêt.
 
Grâce au mérite de sa foi que tout est pour le bien et parce qu’il était joyeux, il plut au gouverneur de la Rotonde qui le nomma responsable de tous les prisonniers, comme il est écrit (id, 24) : “Le gouverneur de la Rotonde ne vérifiait pas ce qu’il faisait, car HaChem était avec lui, et ce qu’il entreprenait, HaChem le faisait réussir” – c’est-à-dire qu’il agissait à sa guise.
 
Et lorsque son temps d’incarcération prit fin, selon le décret divin, il fut aussitôt élevé aux grandeurs, comme il est écrit (id, 41 : 14) : “On le fit sortir de la geôle, il se rasa et changea de tunique, puis parut devant Pharaon”. Pharaon le nomma immédiatement gouverneur de toute l’Egypte, qui était le plus grand empire de l’époque.
 
Voyez quelle est la force de la foi : Joseph devait – de toute façon – rester en prison un certain temps fixé d’avance. S’il n’avait pas accepté ce décret avec foi, il se serait plaint, aurait gémit, protesté de son innocence, etc. Il aurait sombré dans la dépression, HaChem l’aurait abandonné, il n’aurait pas plu aux yeux du gouverneur de la geôle, et qui sait s’ils ne l’auraient pas tué ou abusé de lui ? Peut-être serait-il resté plus longtemps en prison ? Bref, il aurait beaucoup souffert de son passage en prison et il n’aurait sûrement pas atteint la grandeur à laquelle il était destiné.
 
De nombreux justes ont dû séjourner un certain temps en prison, pour différentes raisons. Ils profitèrent de ce temps et de ces conditions en étant constamment occupés au service d’HaChem. Certains eurent même le mérite d’y écrire des livres. L’un d’entre eux fut l’auteur du Tanya.
 
Ces faits peuvent conforter la foi de celui qui se trouve dans des situations de crises, que ce soit dans cet exil ou dans un autre. Il doit savoir que sa situation provient d’un décret divin et que le reste découle des causes et des effets voulus par le Créateur. Il doit tout accepter avec amour, savoir que tout est pour le bien et que cela se terminera bien.
 
Comme il est écrit (Juges 14 : 14) : “Du fort est sortie la douceur”. Ce thème est développé dans le livre du Zohar, où il est dit que si Israël avait accepté avec amour le décret de rester quarante ans dans le désert (à la suite de la faute des explorateurs), et s’ils avaient traversé le désert dans la joie et la foi et non pas en gémissant et en protestant, ils seraient entrés au terme de ces quarante ans en Israël avec notre maître Moshé, et leur délivrance aurait été définitive.
 
Il ne faut pas oublier que les exemples cités se réfèrent à des justes parfaits, comme Joseph. C’était un grand juste aussi envers HaChem, et il accepta tout avec amour bien qu’il fût innocent. A plus forte raison, tout homme – même celui qui n’est pas parvenu à ce niveau et qui n’est pas non plus complètement innocent – doit accepter tout ce qui est décrété contre lui avec amour.
 
HaChem châtie celui qu’Il aime” (Proverbes 3:12)
 
Un détenu doit savoir qu’HaChem béni soit-Il l’aime, qu’Il écoute sa prière partout et toujours, qu’Il désire sans cesse son repentir ; que s’il se repentit, étudie la Tora, donne la charité, etc., journellement, il est certain que le Saint béni soit-Il le sauvera et qu’il trouvera grâce aux yeux du gouverneur de la prison, comme ce fut le cas pour Joseph le Juste. Il doit encore savoir qu’HaChem béni soit-Il libère les prisonniers et qu’Il dispose de nombreux moyens pour cela.
 
Il est important de souligner qu’il y a une grande accusation dans le Ciel contre celui qui n’utilise pas ce temps pour étudier la Tora, prier et se repentir, car l’homme en prison bénéficie de toutes les conditions favorables : il a beaucoup de temps libre et n’est pas préoccupé par sa subsistance. Tout est organisé par les Cieux et il jouit des conditions les plus favorables pour revenir à D.
 
Selon le sens commun et à plus forte raison d’après la foi, le prisonnier doit être discipliné, accepter l’autorité des geôliers et être bon envers le reste des détenus. L’homme croyant et qui se repent doit bien entendu être vigilant dans ses relations avec autrui et sera donc aimé des autres, de ses compagnons comme de ses gardiens, puisqu’il se conduira avec tous avec civilité et respect.
 
C’est cette bonne conduite qui doit finalement l’aider à obtenir de la part du tribunal céleste son élargissement de la prison. De plus, le temps passé entre les murs de sa geôle sera plus agréable et plus facile, et il ne ressentira plus qu’il est enfermé. Plusieurs anciens détenus ont témoigné devant nous que, durant leur séjour en prison, ils ont eu le mérite de se renforcer dans l’étude de la Tora et dans l’accomplissement des commandements. Cela a allégé leur séjour là-bas et leur a permis une transformation personnelle positive, qui les accompagne pour le reste de leur vie.
 
Nos Sages de mémoire bénie ont enseigné : N’est réellement libre que celui qui s’adonne à l’étude de la Tora. Il s’ensuit très souvent, que ce sont les gens vivant à l’extérieur de la prison qui sont prisonniers de leurs appétits, de leur course effrénée après la subsistance, des ennuis, des confusions, etc. En revanche, certains détenus goûtent la vraie liberté, puisqu’ils ont le mérite de connaître HaChem, qu’ils peuvent Le servir dans n’importe quel endroit, et qu’il leur est égal d’étudier chez eux, au Beit HaMidrach ou en prison.
 
“Je te guérirai de tes plaies”
 
L’homme atteint d’une quelconque maladie, que D. nous en préserve, traverse l’épreuve de la foi et doit agir selon les trois règles de la foi :
 
a) Il doit savoir qu’HaChem est à l’origine de sa maladie et ne doit chercher aucune cause naturelle ou des erreurs qu’il a commises, etc.
 
b) Il doit savoir que c’est pour son bien éternel et en remercier HaChem.
 
c) Il doit examiner ses actions, chercher quelle faute a amené sa maladie et se repentir. C’est seulement après son repentir, qu’il peut prier HaChem béni soit-Il, pour qu’Il le guérisse de sa maladie.
 
“Il le guérira certainement”
 
Il semble que la médecine soit une science parmi les sciences naturelles. Des chercheurs experts investissent avec le plus grand sérieux des sommes colossales et un temps inouï dans leurs investigations et expérimentations, aidés de l’équipement le plus perfectionné. Lorsqu’ils découvrent l’origine d’une maladie et les moyens d’y remédier, ils créent de nouveaux médicaments, de nouvelles thérapies, etc.
 
A première vue, cela apparaît logique et rationnel. Le Créateur a octroyé à l’homme un intellect apte à poursuivre des recherches dans la nature de l’univers afin d’améliorer et de perfectionner la vie. L’homme est tenu d’utiliser son intellect pour ces objectifs positifs ou d’autres qui amènent le plaisir et la joie au monde. Cela a entraîné des découvertes dans de nombreux domaines, dont nous profitons tous, comme l’électricité, différents appareils, une technologie avancée, etc.
 
Dans le domaine de la médecine aussi, on peut s’attendre à ce que l’homme se serve de son intellect et de son entendement donnés par le Créateur, dans le but d’améliorer la vie et d’apporter un soulagement et un remède aux souffrances et aux maux des personnes.
 
Cette vue est renforcée par l’explication de nos Sages de mémoire bénie, sur le verset “Il le guérira certainement” : d’où on apprend que la Tora autorise le médecin à soigner. Et en effet, de nombreux érudits de la Tora s’occupèrent de médecine, parmi lesquels le Rambam, le Baal Chem Tov, etc.
 
La conclusion qui se dégage de nos propos est la suivante : la médecine est une science parmi les autres sciences et au fur et à mesure que l’homme fait des recherches dans ce domaine, il réussit à trouver des médications et des thérapies aux maladies, blessures et autres accidents qui atteignent la santé de l’homme.
 
L’homme est l’objet de la providence
 
Pourtant, tout ce qui précède serait très vrai s’il n’était question que de la guérison du corps, comme chez les animaux, les bêtes, mais lorsqu’il s’agit de l’homme, qui est un être doué du libre-arbitre, nous sommes forcés de reconnaître que la médecine n’est régie ni par la nature ni par aucune loi, mais uniquement par la providence divine particulière!
 
En effet, l’homme doué du libre-arbitre représente la finalité de la création du monde et on comprend donc qu’il bénéficie, plus que toute autre créature, de la providence divine particulière et exacte dans chaque détail de sa vie et en particulier dans le domaine de la santé.
 
Bien que toute la nature soit gérée par le pouvoir divin, béni soit-Il, plus on s’éloigne de l’homme – et qu’on touche des sujets qui ne le concernent qu’indirectement – moins la providence divine individuelle du Créateur est sensible et perceptible.
 
La nature en général est régie par des lois fixes et précises – en particulier les corps célestes – mis à part les événements exceptionnels à travers lesquels le Créateur change ces lois, comme il est écrit (Psaumes 148) : “Il les maintient pour l’éternité ; Il leur a tracé des lois immuables”. Nous disons aussi lors de la bénédiction sur la lune : Il leur a donné (aux astres) des lois et des cycles, afin qu’ils ne dévient pas de leurs courses.
 
Il en résulte que l’essentiel de la providence divine s’exprime dans des domaines qui concernent directement l’homme, comme la recherche de la subsistance, les enfants et la santé, où l’homme traverse des épreuves, où il est possible de l’éveiller et lui suggérer ses erreurs et ses insuffisances spirituelles.
 
À suivre…

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