Face à Hachem

Il est certain qu'au moment de l'épreuve, l'homme ne peut pas deviner ce qui arrivera plus tard ; il ne peut pas prévoir le futur. Aussi s'irrite-il de l'obstacle rencontré...

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Sache devant Qui tu te tiens
 
De ce que nous avons vu précédemment, il s’ensuit que l’homme qui se tient devant un être doué du libre-arbitre et qui le persécute, comme un conducteur arrêté par un agent de police, un mari contrarié par sa femme ou ses enfants, une femme contrariée par son mari ou ses enfants, etc. Dans tous les cas, on doit décider devant qui on se trouve : “Sache devant Qui tu te tiens”. Lorsque l’homme a décidé qu’il se tient devant la foi, c’est-à-dire devant HaChem, béni soit-Il, et non pas face à sa femme, ses enfants, l’agent de police, etc. alors, il ne flattera pas, il ne suppliera pas, il ne fera rien pour influer sur un être doué du libre-arbitre, pour qu’il le laisse ou qu’il l’écoute. A plus forte raison, il ne s’irritera pas contre lui, ne le méprisera pas et ne le maudira pas. Il se tournera vers Celui qui le protège, Lui exposera son problème, car Lui seul – le Créateur – peut l’aider.
 
Il existe ici plusieurs niveaux. Car même lorsque l’homme accepte avec foi ce qui lui arrive, qu’il parle à HaChem, qu’il se repent, mais qu’il tente, malgré tout, de se tourner vers l’individu pour influer sur lui, sa foi en la providence divine individuelle est amoindrie, car finalement cela montre qu’il accorde à l’individu qui lui fait face une existence autonome (comme si cela était possible) et que celui-ci est entièrement libre de ses décisions qui ne dépendent pas exclusivement d’HaChem. Il ne vit donc pas l’authentique foi selon laquelle le monde entier est dans les mains d’HaChem, et qui fait se tourner exclusivement vers HaChem et non vers l’homme.
 
Celui qui dit “J’ai fauté” est un orgueilleux
 
Lorsque l’homme commet des erreurs, des fautes, etc. ce qui ne tient qu’à son libre choix, il doit reconnaître qu’avant son erreur, il avait le choix de ne pas s’égarer, mais maintenant qu’il a fauté, il doit croire que c’est la volonté divine ! Il ne doit pas s’accuser, se culpabiliser et désespérer !
 
L’explication est simple : il est évident que l’homme croyant sait que la réussite de son libre choix dépend de la volonté divine, puisqu’il reçoit l’aide d’HaChem. C’est pourquoi l’homme croyant est tenu de remercier et de louer HaChem. Sinon, cet homme est un orgueilleux puisque c’est comme s’il disait “J’ai réussi”. C’est pourquoi nous disons toujours “avec l’aide des Cieux”, “avec l’aide d’HaChem”, “par la bonté d’HaChem”, “HaChem, Aide-moi !”, etc. Par conséquent, l’homme croyant doit croire que même s’il s’est trompé dans son choix, c’est seulement parce qu’il n’a pas reçu l’aide céleste. Il doit accepter ses échecs avec foi et amour.
 
Si l’homme n’accepte pas ses échecs en croyant qu’ils proviennent eux aussi d’HaChem, c’est une preuve de son orgueil, puisqu’il supporte seul la responsabilité de son échec.
 
C’est aussi le signe qu’il attribue ses réussites à ses mérites, et les formules qu’il prononce “Béni soit HaChem”, “HaChem, aide-moi”, “Tout vient de la bonté d’HaChem”, etc. sont pour lui vides de sens. L’authentique épreuve de la foi arrive lorsque l’homme tombe et échoue, car il doit alors reconnaître que son échec est en accord avec la volonté divine. HaChem lui signifie qu’à présent, il ne bénéficie pas de Son aide. Par conséquent, cet homme ne doit aucunement s’accuser ou se culpabiliser. Il doit se reprendre et repartir du bon pied à partir de cet échec et dès lors choisir justement, car il dispose maintenant d’un nouveau choix : apprendre du passé et prier pour l’avenir.
 
La règle qui se dégage de ce chapitre est la suivante : pour chaque souffrance ou insuffisance, sans exception, l’homme doit croire que c’est la volonté d’HaChem !
 
Pourquoi est-ce ainsi ?
 
L’homme qui se trouve au premier niveau de la foi, c’est-à-dire qu’il croit en la providence divine individuelle, s’oriente avec justesse vers une vie de foi et de bonheur.
 
Mais il lui manque le second niveau, car bien qu’il croie que tout provient d’HaChem, il peut encore avoir des questions et des revendications envers HaChem. “Pourquoi HaChem a-t-Il agi ainsi à mon égard ? Je ne le mérite pourtant pas. Je suis un homme bon. Pourquoi dois-je souffrir ? Pourquoi untel, plus indigne que moi, ne souffre pas autant ? Et d’autres questions similaires, qui sont autant de plaintes et de griefs bien connus.
 
De telles questions et objections dénotent un manque de foi en HaChem, béni soit-Il : puisqu’il croit que tout provient d’HaChem, il est aussi tenu de croire que tout est orienté vers le bien, car HaChem béni soit-Il est bon et n’engendre aucun mal. Il est inconcevable que l’homme dise : “Je crois en HaChem” et qu’il pense simultanément traverser une mauvaise période. Cet homme se contredit, puisque d’après la vérité et la foi, tout est pour le bien. Pour parvenir à une foi parfaite, il est donc nécessaire de passer au prochain niveau.
 
Tout est pour le bien
 
Le second niveau consiste à croire que tout est pour le bien, c’est-à-dire que tout ce qui arrive est pour le bien, bien qu’il semble que cela soit pour le mal.
 
En de multiples occasions, on peut voir clairement comment une chose qui semblait mauvaise peut se révéler être bonne. Il suffit d’un peu de réflexion pour que chacun puisse reconnaître ce fait dans le courant de sa vie. Par exemple, quelqu’un se presse pour se rendre à son travail. Il parvient à la station d’autobus au moment où ce dernier s’apprête à démarrer. Le chauffeur ferme déjà la porte, ignore ses appels redoublés et l’autobus s’éloigne.
 
On comprend que cet individu ne peut accepter avec amour ce qui vient de lui arriver. Soit en raison de l’humiliation infligée par le chauffeur, soit en raison du retard provoqué. Mais lorsqu’il apprend plus tard que ce même autobus a été pris dans un accident de circulation meurtrier, il accepte les choses différemment. C’est avec des larmes d’émotion qu’il remercie HaChem de l’avoir sauvé. Il bénit alors le chauffeur de mille bénédictions, celui-là même qu’il maudissait quelques instants auparavant.
 
Il est certain qu’au moment de l’épreuve, l’homme ne peut pas deviner ce qui arrivera plus tard ; il ne peut pas prévoir le futur. Aussi s’irrite-il de l’obstacle rencontré sur son chemin. En revanche, le Créateur qui connaît le futur, protège l’homme constamment, ainsi qu’il est dit (Psaumes 116) : “HaChem protège les simples”. Même s’il n’arrive aucun accident à l’autobus, il existe de nombreuses raisons cachées – mais connues du Créateur seul – expliquant pourquoi il était bon pour lui de ne pas monter dans cet autobus. L’homme doit croire que ce fut pour son bien, sans accuser ni le chauffeur ni lui-même.
 
Ce n’est qu’un exemple simple et superficiel, mais dans tous les événements qui se produisent dans la vie de chacun, le Créateur a des raisons et des jugements divers justifiant une conduite déterminée. Il est nécessaire que ces décisions soient cachées de l’homme au moment de l’épreuve. Si l’homme fait face à l’épreuve de la foi, il peut comprendre le plus souvent le bien qui se cache sous l’événement. Mais certaines causes restent cachées jusqu’à l’étape ultime de la vie, ou même jusqu’après la mort ou jusqu’à la venue du Machia’h, qui racontera à chacun son histoire et lui révélera le bien qui s’y dissimulait.
 
La règle est que seul le Créateur sait et voit profondément le chemin emprunté par l’homme dans tous les domaines, matériels et spirituels. HaChem est donc le seul à savoir le bien qui germera de chaque chose. Il est donc nécessaire que l’homme ignore  le bien au moment de l’épreuve, sinon il n’y aurait pas d’épreuve. La seule façon de bien passer l’épreuve est seulement grâce à la foi que tout est pour le bien.
 
Non pas selon la piété (‘hassidout), mais selon la loi
 
Si tu penses que la foi que tout est pour le bien est un concept tellement élevé, qu’il n’appartient qu’à une élite parvenue à un haut degré de piété, cela est faux. Il est rapporté dans le Choul’han Aroukh (Ora’h ‘Haïm 230, 5) et c’est une décision contraignante pour tout Israël : “L’homme doit toujours se dire : Toute action d’HaChem est pour le bien”.
 
Chaque Juif est tenu de suivre chaque loi écrite dans le Choul’han Aroukh, les lois du Chabath, les lois de la prière, la lecture du Chema, etc. De même, il est obligé de respecter cette décision légale, d’autant plus qu’elle ne fait l’objet d’autre controverse parmi les rabbins. L’homme doit donc savoir que si le Créateur a ordonné de croire que tout est pour le bien, il est possible d’accomplir ce commandement, grâce à un travail personnel et à l’orientation contenue dans ce chapitre. La Tora ne se trouve pas dans les Cieux, et chacun doit vivre selon la foi que tout est pour le bien.
 
‘Tout’, et non pas ‘presque tout’
 
Le Choul’han Aroukh est explicite : “Tout ce qu’HaChem fait est pour le bien”. Il n’est pas écrit “Presque tout”, mais vraiment tout ! Il est impossible de dire : “Je crois que tout est pour le bien, sauf cette occurrence, cet événement, etc.” La plupart des gens se trompent à ce sujet et même s’ils sont prêts à reconnaître que tout est pour le bien, c’est seulement dans certaines limites et avant qu’il ne leur arrive un incident qu’ils ne peuvent accepter ; ou un événement qui contrarie leurs projets et qui exige un certain sacrifice monétaire ; quelque chose qui atteint leur honneur ou contredit simplement leur volonté. Alors, ils ne sont plus prêts à reconnaître que ‘tout’ est pour le bien. Ils croient alors que tout est pour le bien, sauf dans ce cas précis et ils n’accomplissent pas le commandement statué dans le Choul’han Aroukh, qui spécifie ‘tout’, sans aucune exception.
 
De plus, comme nous l’avons déjà dit, la croyance que tout est pour le bien n’est pas dissociée de la foi en la providence divine individuelle, mais c’est son expression même. Car chaque chose qui arrive est régie par la providence du Créateur, et comme le Créateur n’agit que pour le bien, il en résulte que tout est pour le bien. Si l’homme ne croit pas que cette chose est pour le bien, il ne croit pas qu’elle provient du Créateur. Ces deux choses sont indissociables : si on croit que cela vient d’HaChem, il faut alors croire que c’est bien.
 
 
À suivre…

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